Raymond Voinquel,
Annabella pour le film "Veille d'Arme" de Marcel L'Herbier en 1935

Analyse

Voici représentée la seconde façon dont Voinquel traite l'image de la femme en photographie. Une fois de plus il faut préciser que Annabella est plus lumineuse sur l'original. Annabella ne se détache pas d'un fond noir, mais d'un arrière plan extrêmement lumineux. On peut dire qu'elle est littéralement baignée de lumière. Ce n'est plus la femme sortant de l'ombre, mais la femme qui se trouve en pleine lumière. Cette lumière esquisse les contours de la femme, se reflète sur elle et lui donne une dimension tout autant sculpturale que le traitement inverse (traitement sculptural encore plus flagrant sur une autre photo qu'il fît d'elle sur ce même film).Mais c'est une sculpture dont il n'a pas la froideur, grâce à la lumière, du marbre. Cette lumière lui donne une position aristocratique, supérieure. C"est une sorte «d'ange inacessible» (Patrick Roegiers). Une fois encore, nous trouvons une composition identique aux autres photographies. L'accoudoir du fauteuil sur lequel repose le bras d'Annabella dirige le regard vers la pliure du coude, bras qui à cet endroit nous mène sur le haut de l'épaule où semble reposer le visage dont le regard fixe l'objectif. La frontalité donne une sorte de combat entre l'objectif et Annabella. Voinquel cré^souvent ce jeu entre lui et le modèle. Annabella ne pose pas, mais joue comme face à la caméra. Elle est le personnage du film de Marcel L'Herbier.