Parcours
Raymond Voinquel est avant tout un photographe de cinéma. Atypique, il passe aisément du portrait, du nu masculin aux paysages qu'il faisait pour son propre compte. Il participera à de nombreux films (environ 150) tout au long de sa carrière en commençant, apparemment, par "Mon amant l'assassin" de Solange Bussy en 1931. Il terminera en 1977 avec "Fidelio" de Pierre Jourdan. Il fait des photographies de plateau servant à la promotion des films, photos qui ne l'intéressaient que s'il pouvait changer quelque chose. Celles-ci se faisaient dans le décor ou non et selon son propre processus de création.

C'est à Fraize, dans les Vosges, que Voinquel naît en 1912. Ce n'est qu'en 1927 qu'il monte à Paris. Il fera la plonge à La Coupole, avant d'en être le chasseur. C'est là qu'il rencontrera son premier modèle : Adolphe Menjou. Il fera avec lui sa première photo d'acteur devant Le Majestic. Adolphe Menjou est en train de tourner aux studios de Joinville dans le film de Jean De Limur : « Mon gosse de père ». Nous sommes en 1930 et Voinquel va le voir sur le tournage. C'est là qu'il rencontrera le photographe Roger Forster (dont il dit qu'il «a créé ce métier») qui l'engage comme assistant. Ainsi, avec son appareil 20X30 il fait des photos après le tournage des scènes. Son parcours de photographe de plateaux durera de 1931 à 1977, s’émaillant de collaborations avec les plus grands cinéastes. Jean Cocteau, Jean Renoir, Marcel Carné ou Sacha Guitry, pour les français ; mais aussi Alfred Hitchcock, Max Ophuls, Joseph Mankiewicz, Luis Bunuel ou Anatol Litvak feront appel à ses talents d’artistes.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale il va travailler chez Harcourt où le rejoindront (par son entremise) Roger Forster et Aldo. Le travail qu'il y faisait ne l'enchantait pas outre mesure. Le rythme y est effréné et Voinquel pour qui «La photo est un métier d'artisan...» ne peut s’en accommoder véritablement. D'ailleurs il nie l'existence d'un style Harcourt. Pour lui, l'important est de connaître la personne que l'on photographie afin de donner un résultat plus proche de la réalité, de la vérité. Il fera d'ailleurs aménager un bar dans une pièce vide où il prenait un verre avec ceux qu'il devait photographier pour faire connaissance.

Pendant une période il fit également des photographies de mode, mais abandonnera "pour une question d'atmosphère", dira-t-il.

Le photographe cultive également un jardin secret peuplé de photographies de paysages, issues de ses voyages ou promenades dans Paris, mais également de photos de nu. Sa vision particulière du nu masculin le place parmi les précurseurs de cet art.

Après de nombreux clichés et une récompense au festival de Cannes en 1989 pour son travail photographique, Raymond Voinquel mourra en 1994.