Raymond Voinquel,
Martine Carol pour le film "Madame du Bary de Christian-Jaque en 1954

Analyse

Christian-Jaque donne ici à Raymond Voinquel la possibilité de faire un travail «pictural». La mise en situation de Martine Carol dans un cadrage doré, double astucieusement le cadrage photographique. La photo devient véritablement peinture. Il est vrai que le sujet s'y prête. Nous avons devant les yeux un tableau du XVIIIè siècle. Il ferme le bas du cadre à droite (en partie clôt par la robe de Martine Carol) en ajoutant un enfant qui tend une coupelle de fruit. Ceci permet de faire rentrer le spectateur dans la «photographie-peinture». C'est une technique qu'utilisait le Caravage, amenant le spectateur au plus près de l'action ou représentation de par cette proximité (par rapport au cadre) de la chose représentée. De plus, par la direction de regard de l'enfant, il dirige en même temps le notre. Participe également à cela la robe blanche qui représente un bon quart de la photographie, et, de par la lumière qui accentue sa présence forme une masse créant un contraste avec le fond (ou arrière plan) dont l'intermédiaire se trouve être le visage de Martine Carol (un peu plus lumineux sur l'original).
Ainsi il met très fortement en valeur le sujet principal grâce à l'influence du cadrage, de la lumière, et grâce à la position des personnages. De par le sujet même du film, il donne à voir une photographie tout à fait originale, jouant à être une peinture de genre où s'y ajoute le travail de la nature morte.