Raymond Voinquel,
Michel Simon, 1949

Analyse

La représentation de l'homme est un monde complètement différent de celui de la femme. Le traitement est tout à fait particulier. La photographie de Michel Simon en est un exemple frappant.
Il faut d'abord préciser que Voinquel nous montre un Michel Simon dont on a peu l'habitude. C'est un Michel Simon sérieux, renfermé sur lui même, nous présentant un visage calme et réfléchit. Cette attitude inhabituelle s'explique par la démarche de Voinquel, dont j'ai déjà fait mention : révéler la vérité d'un visage, d'une personne. Voinquel connaissait Michel Simon et par là même en donne, par cette photographie, l'un des caractères. Michel Simon tient un livre à la main, dont une page est marquée par l'un de ses doigts. Cette horizontalité du bras et de la main, ainsi que la blancheur de la tranche du livre incliné, ferme le bas de la composition pour mener notre regard au visage et aux yeux de Michel Simon. C'est un visage concentré, assaillit par le doute (dirait Patrick Rogier). On se rend bien compte ici, que l"homme, au contraire de la femme, est marqué par l'ombre, recouvert par l'obscurité. L'homme est en quelque sorte pénétré par le noir d'où la femme ressort. Grâce au rapport de l'ombre et de la lumière, Voinquel apporte ici une grande intensité dramatique. Intensité que nous retrouvons dans nombre de ses autres portraits masculins.Le halo lumineux se trouvant derrière Michel Simon, par contraste, fait ressortir la masse des cheveux, et donne en quelque sorte un caractère divin au personnage. Voinquel le couronne, si l'on peut dire, d'une auréole lumineuse... l'auréole des anges.