Stage au Musée des Beaux-Arts de Montréal
Xavier Chardeau
Projet OFQJ n° 36019-2006
Séjour du 10 mai au 10 août 2006
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# Introduction
# Objectifs et premières impressions de Montréal
# Le Musée des Beaux-Arts de Montréal
# Analyse et compte-rendu
# Conclusion
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Le stage au Musée des Beaux-Arts de Montréal aurait pu être pour moi une expérience supplémentaire dans une institution culturelle et artistique, un stage de plus parmi ceux que j'ai déjà effectués dans le passé. Mais ce que je recherchais vraiment, c'était prendre un souffle nouveau, porter un regard neuf sur l'art et sur tout ce qui l'entoure. Je voulais prendre du recul par rapport à la situation de la culture et du patrimoine en France, observer ce qui se passe ailleurs, comprendre d'autres méthodes de travail.
Mais je désirais aussi un changement par rapport à ma propre situation, sortir juste un peu du chemin sur lequel je me trouvais pour ensuite mieux l'apprécier et peut-être remettre en question certains éléments de ma vie professionnelle, faire évoluer ma vision du monde qui m'entoure, et mon approche de l'art.
Ce qui est intéressant avec le Musée des Beaux-Arts de Montréal, c'est une certaine proximité avec la France liée à une véritable différence. C'est ce contraste que je recherchais avant tout. Une ville aussi importante et intéressante comme New-York aurait pu par exemple me tenter ; j'ai profité de mon séjour au Canada pour passer quelques jours dans cette magnifique ville, j'y ai visité de nombreux musées ainsi que plusieurs galeries d'art, je me suis totalement imprégné de cette atmosphère palpable de création et d'innovation artistique, et c'est forcément une ville qui m'attire, tant sur le plan culturel que personnel.
Mais ce qui me touchait et m'attirait vraiment à Montréal, c'était avant tout le rapport privilégié avec la France, comme si Montréal était un peu la petite soeur de Paris, avec des similitudes et de nombreuses différences.
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Objectifs et premières impressions de Montréal |
Cette proximité est visible au premier coup d'oeil, déjà par la langue. C'est très agréable de pouvoir traverser un océan, parcourir plus de cinq mille kilomètres, mettre le pied sur un autre continent, et pouvoir parler sa langue natale, avec bien sûr quelques différences linguistiques.
FRANCOPHONIE
C'est ce qui m'a séduit en premier, vivre dans un autre pays et s'imprégner aisément de sa culture sans le lourd barrage de la langue, pouvoir observer comment vivent d'autres Francophones et ainsi pouvoir mieux s'intégrer à leur mode de vie. C'est quelque chose de rare, et ça a été un argument important dans mes démarches.
L'autre point important, lié directement à la langue, c'est l'histoire commune entre la France et le Québec. C'est quelque chose qui m'a d'abord simplement intéressé, puis qui m'a totalement passionné au fur et à mesure que je vivais à Montréal et que je m'adaptais au mode de vie québécois.
J'ai eu l'opportunité de discuter avec des Canadiens francophones à ce sujet et de les assaillir de questions. Ils m'ont expliqué la situation de la langue française au Québec et le contexte de Montréal trente ans auparavant. J'ai ainsi eu l'envie de me documenter sur l'histoire du Canada, sur les événements importants du pays, sur l'évolution de la langue française et du combat pour sa survie. J'ai beaucoup observé tout ce qui m'entourait, j'ai lu la presse, j'ai posé beaucoup de questions autour de moi, et j'avoue que j'ai acquis une grande admiration pour la communauté francophone qui se bat littéralement pour la survie de la langue française qui se fait rare, phénomène que l'on comprend encore mal en France.
VILLE CULTURELLE
Enfin, au niveau purement artistique et culturel, Montréal est une ville riche en festivals, centres d'art, musées, galeries, expositions et manifestations en tous genres. L'hiver, la ville s'endort, ou plutôt se prépare et s'organise pour aborder pleinement l'été. Car à l'approche des beaux jours, c'est un fourmillement d'événements et d'effervescence. Dans un premier temps, j'ai été agréablement surpris par la qualité et l'ambiance qui dominait les diverses manifestations culturelles, comme le Festival des FrancoFolies, le Festival de Jazz ou encore le Festival Juste pour Rire.
Dans un style très différent, ces trois événements m'ont étonné par leur qualité et leur dynamisme. Ici aussi la langue française domine et rassemble des gens originaires des quatre coins du monde, mais unies grâce à la même langue. Davantage qu'en France, on y ressent une vraie cohésion au nom de la francophonie, presque une revendication, et cela crée une énergie créatrice impressionnante. Lors des concerts par exemple, les chanteurs québécois collaborent avec les chanteurs français qui affirment sur scène le plaisir qu'ils ont à se retrouver chaque année dans cette ville grâce à la musique francophone. En ce qui me concerne j'ai pu assister à des concerts d'artistes français que je n'aurais jamais pu voir en France. Et j'ai bien sûr découvert de nombreux talents québécois.
Tous ces festivals ne sont pas relégués dans la banlieue de Montréal ou dans un quartier excentré, ils sont organisés au coeur même de la ville et se diffusent dans les rues tout autour. Cela crée une atmosphère festive et joyeuse qui domine la population entière, relayé par les commerces, les cafés, les terrasses de bar et tout ce qui peut contribuer à favoriser l'ambiance caractéristique de Montréal sous le soleil.
CENTRES D'ART
D'un point de vue plus général, on ressent une grande facilité à créer ou à innover. L'importance des centres d'art à Montréal est impressionnante, tant par la qualité et l'originalité, que par le nombre.
La Fonderie Darling par exemple est un centre d'art contemporain qui propose de faire découvrir au public des formes d'art visuel diverses. Elle a la particularité de se trouver dans une ancienne fonderie de métal rénovée en 2002 grâce à Quartier Ephémère, organisme culturel qui cherche continuellement des lieux comportant un véritable potentiel, comme des bâtiments industriels ou de vieux édifices inutilisés. Le contraste entre l'architecture de la fonderie et les oeuvres d'art est surprenant ; malgré de nombreux travaux, les locaux sont restés quasiment intactes, et les structures industrielles souvent colossales ou les salles aux proportions démesurées cohabitent très bien avec l'art contemporain.
De même, Dare-Dare est un centre de diffusion multidisciplinaire de Montréal. Sans local fixe, les organisateurs ont choisi de travailler dans une roulotte, déplacée au gré des manifestations et des expositions dans des parcs ou des lieux mis à leur disposition par la ville. Ils proposent des interventions d'artistes dans des lieux intéressants, ils organisent des promenades ou des tables rondes ouverts à tout le monde autour de thèmes précis, il permettent à des collectifs de s'exprimer, etc.
Reading Montréal est un site internet anglophone, comme un blog, qui publie un article par jour, souvent rédigé par une personne différente, et lié à l'architecture et l'urbanisme de la ville. Les sujets sont très vastes et variés ; ils peuvent être très pointus, et débattre sur un thème sérieux et précis, ou bien beaucoup plus légers, et parler du temps qu'il fait à Montréal ou s'interroger sur l'étymologie du nom d'une rue. Les photographies sont magnifiques et se suffisent souvent à elles-mêmes.
La liste pourrait être longue tellement il y a d'organisations culturelles de ce style qui essaient sans cesse d'innover avec originalité et de poser des questions sur l'art en lien avec notre environnement, en permettant à des artistes de s'exprimer librement ou de dialoguer naturellement avec le public.
ART CONTEMPORAIN & DESIGN
Il est évident que Montréal se dirige très spontanément vers l'art contemporain, sous toutes ses formes. Le design a ainsi une place très importante dans la ville québécoise. Non seulement les événements mettant en scène les arts décoratifs sont nombreux (salons, expositions, galeries, ventes, articles de presse, etc.), mais on sent que les habitants de Montréal ont instinctivement un intérêt pour le design qu'ils insèrent dans leur mode de vie quotidien ou dans leurs discussions, avec pour preuve les nombreux commerces où foisonnent les meubles, les lampes et tous types d'objet utilitaire. Car design est ici pris au sens large, c'est-à-dire l'art appliqué dans chaque élément de la vie, avec souvent un lien direct avec une notion d'utilité liée à un certain esthétisme.
On peut ainsi inclure dans cette même idée d'autres supports artistiques souvent mal considérés ailleurs, mais jugés à Montréal comme de véritables moyens d'expression. Ces supports peuvent être de simples tee-shirts illustrés par des artistes, comportant un dessin, une photo ou une simple citation, et vendus à édition limitée dans des magasins spécialisés ou dans des magasins hybrides, moitié commerce de design, moitié galerie d'art. Car à Montréal la distance entre les différentes formes artistiques, et surtout la hiérarchie que l'on peut appliquer entre elles, est quasi-inexistante. Tout semble être lié, sans discrimination. Une autre forme d'expression très fréquente dans la ville, c'est l'art urbain.
On pense bien sûr aux graffiti, mais l'art dans les rues de Montréal ne se réduit pas uniquement à cela. Il existe une véritable acceptation d'un art de rue de la part de la population. Les murs sont là pour accueillir des fresques, et tout ça est très naturel. Ce ne sont pas de simples gribouillages. Contrairement à Paris où il y a pourtant de nombreux grafiti, ce n'est pas considéré comme marginal. De nombreux commerces n'hésitent pas à commander à des artistes la réalisation de vraies compositions pour les murs mitoyens de leur magasin, et tout le monde trouve cela normal. Cela embellit même les rues de Montréal qui sont ainsi très colorées et très décorées.
PATRIMOINE
L'art contemporain sous toutes ses formes est très important à Montréal, peut-être davantage que le patrimoine, qui a néanmoins sa place dans la ville. Les musées ont de riches collections qu'ils mettent en valeur, et le succès est présent auprès du public. Chaque spécialité artistique est mise en valeur par une institution, une association ou un musée.
En ce qui concerne l'architecture par exemple, le CCA (Centre Canadien d'Architecture) est en troisième position au niveau mondial pour tout ce qui concerne la conservation de documents, photographies, plans et ouvrages. Leur activité est très intense avec de nombreuses expositions, publications, collaborations, etc. Et leur succès est le témoin de leur qualité.
Le Musée des Beaux-Arts de Montréal est un musée privé à l'origine fondée sur la structure d'une association "Art Association of Montreal". Très autonome, cette institution gère seule toute l'organisation par le biais d'un conseil d'administration, et trouve elle-même les fonds pour pouvoir acheter des oeuvres d'art par le biais de donations collectées le plus souvent lors de grands bals organisés par l'Association des Bénévoles du MBAM pour les mécènes, afin de compléter leur collection et organiser des expositions pour le public. Cette particularité, qui aurait pu freiner l'activité du musée, est au contraire une force supplémentaire car toute l'équipe est très dynamique pour trouver des aides financières supplémentaires ou de nouvelles donations. Cet esprit se répercute ensuite dans l'ensemble du musée.
Bien sûr le patrimoine culturelle n'est pas comparable à la France, car le Canada est un pays très jeune face à la "vieille Europe". Mais à Montréal, cette faiblesse se traduit par une dynamique qui pousse sans cesse à innover et à se démarquer grâce à des acquisitions originales et des manifestations culturelles de qualité.
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Le Musée des Beaux-Arts de Montréal |
Lorsque je suis arrivé le premier jour au Musée des Beaux-Arts de Montréal, je ne savais absolument pas comment le stage allait se dérouler. Je connais bien les musées, j'ai réalisé de nombreux stages, et la nature du travail que l'on me donne est, je l'avoue, rarement intéressante. Souvent cela se résume à une ligne de plus sur le CV afin de trouver d'autres stages par la suite, et peut-être un jour un vrai travail. Ensuite j'avais quelques appréhensions, car je me demandais si les méthodes de travail étaient vraiment différentes de celles pratiquées par les musées français. Je n'avais jamais travaillé à l'étranger, et j'avais peur d'un trop grand choc culturel.
DIRECTION DU MUSEE
Le musée est dirigé par Guy Cogeval, historien d'art français qui a une très grande expérience des musées. Après avoir débuté au Musée d'Orsay puis au Musée des Beaux-Arts de Lyon, il occupe une place importante au Musée du Louvre en devenant conservateur spécialiste du XIXe siècle et parallèlement professeur à l'Ecole du Louvre. Après quelques années à la direction du Musée national des Monuments Français, il est nommé en 1998 à la tête du Musée des Beaux-Arts de Montréal.
La Conservatrice en chef du musée, Nathalie Bondil, est aussi française et ancienne élève de Guy Cogeval à l'Ecole du Louvre. Spécialisée dans la sculpture du XIXe siècle, conservatrice du patrimoine en France, elle a décidé d'abandonner sa carrière de fonctionnaire pour un poste à Montréal.
PREMIER CONTACT
Je connaissais Nathalie Bondil de réputation, et puisque que j'allais travailler étroitement avec elle, je m'étais rapidement renseigné sur sa carrière et sa façon de travailler auprès de personnes qui la connaissaient ou simplement par une recherche sur ses expositions et ses publications. Je pensais ainsi m'être préparé à la rencontrer d'autant que je connais plusieurs conservateurs français, et je pensais l'avoir cerné avant même de la voir. J'ai pourtant été (agréablement) surpris par notre première entrevue.
C'était ma première matinée, j'étais dans un lieu totalement nouveau pour moi, avec bien sûr une légère angoisse, mais plutôt à l'aise et excité à l'idée de connaître un lieu inconnu. Je lisais tranquillement quelques documents que l'on m'avait donné concernant l'organisation du musée et les expositions en cours, la procédure habituelle pour un nouvel arrivant, quand Nathalie Bondil est arrivé brusquement dans le petit bureau que l'on avait mis à ma disposition. Entrant d'un pas décidé, elle me salue et me souhaite la bienvenue avec un grand sourire chaleureux. L'une de ses premières paroles était très franche, résumant bien sa personnalité, ce qui m'a mis tout de suite à l'aise. J'avais à peine lancé un conventionnel bonjour Madame, quand elle me coupe pour me répondre : "Alors on est à Montréal, on est pas en France, donc on se tutoie, tu m'appelles Nathalie, car ici c'est comme ça que cela se passe !"
TRAVAIL HETEROCLITE ET INTERESSANT
Le problème, qui en définitive n'en était pas un, était que Nathalie Bondil était très occupée, rarement dans son bureau, toujours à courir partout que ce soit au sein du musée ou en voyage à l'étranger. Par conséquent, elle me faisait travailler sur des projets très intéressants, mais ne pouvait pas me suivre régulièrement dans mon travail. J'avais donc du temps libre que je mettais à la disposition des autres conservateurs qui étaient très heureux d'avoir un stagiaire qui pouvait les assister dans leurs propres projets. J'ai ainsi eu l'opportunité de travailler avec des gens très différents sur des recherches hétéroclites et enrichissantes, ce qui m'a permis d'avoir un emploi du temps très diversifié.
La première recherche sur laquelle j'ai travaillée concernait un choix de peintures susceptibles d'entrer dans les collections du musée. Mon travail consistait à réaliser un dossier pour chacune des oeuvres avec toutes les informations pertinentes : recherche biographique de l'artiste afin de savoir s'il a une place importante dans l'histoire de l'art, côte de l'artiste au sein du marché de l'art pour connaître une moyenne de prix au niveau international, liste de musées ou d'institutions conservant des oeuvres de l'artiste en question, recherche d'illustrations de quelques oeuvres caractéristiques ou ayant des éléments similaires avec l'oeuvre étudiée, etc.
L'important était de savoir si l'oeuvre du dossier était une oeuvre importante dans l'histoire de l'art mais aussi dans la carrière de l'artiste. Pour cela, les moyens mis à ma disposition était parfaitement adaptés à une recherche précise et rapide. La bibliothèque était très moderne et agréable, la consultation de leur base de donnée était intelligente et simple, l'accès à internet ultra rapide, et le personnel toujours prêt à aider ou à répondre aux questions si je me trouvais devant une impasse ou un quelconque problème.
Après quelques jours de recherches, j'ai fait le bilan avec Nathalie Bondil sur les différents dossiers. Je n'étais pas considéré comme un simple intermédiaire qui avait réalisé un travail. Puisque j'avais travaillé sur ce projet, la conservatrice m'a demandé de donner mes conclusions et mon avis personnel sur chacune des oeuvres. Ce qui est beaucoup plus enrichissant, car j'ai travaillé sur toutes les phases de la réalisation du projet, de la première recherche avec comme moyens des données brutes jusqu'à la conclusion finale et la prise de décision.
Entre temps, le musée avait reçu une lettre manuscrite de la part d'un visiteur concernant une sculpture de l'artiste Jean Arp (1886-1966) conservée dans la collection permanente. Il s'étonnait de la position de l'oeuvre exposée, présentée différemment dans des ouvrages publiés quelques décennies auparavant. J'étais donc chargé de résoudre cette énigme.
Après plusieurs recherches dans des livres concernant l'artiste, j'ai effectivement été étonné car, sur toutes les illustrations que j'avais pu consulter, la sculpture était présentée de façons différentes, soit à la verticale, soit sur le côté. Ce travail m'a pris plusieurs jours car j'ai élaboré plusieurs hypothèses en fonction de la date de publication, de la date d'exposition de l'oeuvre, de la forme de l'oeuvre, etc. Finalement, j'ai trouvé la réponse très simplement en contactant la Fondation Jean Arp à Clamart. On m'a répondu que, selon l'artiste, il n'y avait pas de position précise des sculptures. L'oeuvre est autonome par rapport aux conventions, telle que la hiérarchie existant entre le haut et le bas, la droite et la gauche. Ce qui importe c'est la forme de l'oeuvre, et non sa place dans l'espace agencé par des règles établies.
J'ai ainsi fait part du dénouement de l'histoire au visiteur dans une lettre, puis j'ai conservé l'état de mes recherches dans le dossier d'oeuvre afin que personne ne se prenne de nouveau la tête sur ce problème après moi.
Je ne ferai pas ici le compte-rendu de toutes les recherches que j'ai réalisées pour Nathalie Bondil, la liste détaillée des activités de l'ensemble de mon stage se trouvant en annexe. Je préfère présenter les autres conservateurs pour lesquels j'ai travaillé.
ART RELIGIEUX ET CANADIEN
Jacques Des Rochers est le spécialiste de l'art religieux et de l'art canadien. Lors de mon stage, il préparait une exposition sur l'ordre de Saint-Sulpice qui a eu une place très importante à Montréal au XIXe siècle et détenait de nombreux bâtiments dans la ville. J'étais chargé de faire des recherches documentaires sur des artistes ayant travaillé pour les Sulpiciens autour de 1900 environ, et pour lesquels il n'existe pratiquement aucune information.
Mon travail était donc très précis et pointilleux. Après une recherche usuelle sur internet, j'ai trouvé quelques rares oeuvres conservées dans des musées français que j'ai contactés. Ils m'ont ainsi envoyé une très brève biographie, que j'ai peu à peu complété par un travail de fourmi : recherche bibliographique, internet, catalogues de vente, envois de courriers, courriels et fax, etc. Chaque information me donnait une piste supplémentaire qui me dirigeait vers une autre information. J'ai ainsi pu constituer un petit dossier pour chaque artiste, encore très incomplet selon moi, mais suffisant pour l'exposition. Parfois les recherches n'aboutissent pas toujours au résultat espéré, mais il faut savoir se contenter du peu obtenu et accepter ses limites.
Un autre travail que j'ai réalisé pour Jacques Des Rochers, mais qui concernait en fait l'ensemble du musée, était une recherche d'édifices associant bâtiment historique ou patrimonial greffé avec une architecture contemporaine.
En fait, le Musée des Beaux-Arts cherche à s'agrandir et compte pour cela acheter une ancienne église placée juste à côté. Pour pouvoir utiliser correctement l'espace afin d'en faire un lieu d'exposition, mais aussi pour des raisons de sécurité, le bâtiment a besoin de travaux. L'objectif est bien sûr de respecter l'architecture religieuse initiale, mais aussi de procéder à quelques changements avec des ajouts de structures : nouvelles salles, escaliers supplémentaires, etc.
Ce projet pourrait choquer certains personnes désirant conserver intact le patrimoine historique et religieux. Mais en cherchant un peu on s'aperçoit que cette pratique est très fréquente dans le monde, et surtout au Canada. A Montréal par exemple le nombre d'églises est impressionnant, et nombre d'entre elles accueille des condominiums (ou appartements), des boutiques, des musées, etc. L'important est de trouver le juste équilibre entre respect du patrimoine et adaptation de l'architecture contemporaine. Bien sûr il existe de nombreuses exemples qui ne marchent pas, mais lorsque c'est réussi, lorsque l'harmonie a été trouvé, le résultat est surprenant. Ce qui compte c'est de ne pas hésiter à ajouter une architecture très contemporaine, à prendre quelques risques. Car c'est le contraste qui est efficace. Si les promoteurs sont trop prudents, cela peut donner lieu à un édifice un peu "bâtard" voire choquant. Mais lorsque l'architecture est d'avant-garde, elle met au contraire le patrimoine en valeur et peut sublimer l'ensemble.
Mon travail consistait ainsi à constituer un dossier d'édifices de ce genre avec le maximum d'informations disponibles et de documents tels que des photographies, des plans, des articles, etc. Au début, je ne savais pas trop par où commencer, puis peu à peu, après quelques recherches internet, quelques pistes que l'on m'avait données, j'ai pu progressivement trouver une vingtaine de bâtiments que j'ai classés dans une liste selon la pertinence et l'originalité de l'architecture. Le nom qui revenait souvent était celui de l'architecte Jean Nouvel qui s'est constitué une spécialité dans ce genre de rénovation.
Ce dossier a ensuite été utilisé par la direction afin de présenter un projet solide pour obtenir les autorisations nécessaires et trouver des fonds pour la construction auprès de mécènes et de sponsors.
ARTS DECORATIFS
J'ai de même beaucoup travaillé avec Rosalind Pepall, conservatrice des arts décoratifs. Nous nous sommes rencontrés lors d'une réunion d'acquisition, où chaque conservateur propose un choix d'oeuvres de sa spécialité potentiellement intéressantes pour compléter les collections du musée. Rosalind Pepall présentait une chaise de Charles Rennie Mackintosh (1868-1928), artiste décorateur écossais Art Nouveau, et l'un de mes artistes préférés. J'étais fasciné par ce meuble, et c'est comme cela que nous avons discuté de design avec la conservatrice. Comme c'est ma spécialité, elle m'a proposé de l'assister dans certains projets, notamment sur des dossiers d'acquisition.
En fait, pour pouvoir présenter une oeuvre d'art à la commission d'acquisition afin qu'elle soit acquise par le musée, les conservateurs ont besoin de constituer une solide documentation pour pouvoir apporter le maximum d'arguments en vue de l'achat de cette oeuvre. J'étais ainsi chargé de faire des recherches sur des artistes et sur leur travail. Ce travail était passionnant car non seulement je me plongeais dans des livres spécialisés dans un domaine que je connais bien et que j'apprécie beaucoup, c'est-à-dire les arts décoratifs et l'architecture entre la fin du XIXe et le XXe siècle, mais en plus ce n'était pas une recherche "aveugle" et sans but puisque l'objectif était d'apporter des arguments afin de montrer au musée que l'artiste en question est intéressant et que son oeuvre doit donc figurer absolument dans les collections du musée.
Par exemple j'ai surtout travaillé sur l'architecte décorateur Marcel Parizeau (1898-1945) car Rosalind Pepall voulait présenter un ensemble de meubles dessinés par cet artiste. Je me suis donc plongé dans sa carrière et en particulier dans le contexte de l'Ecole du Meuble de Montréal (1935-1958) où il a enseigné.
Dirigé par Jean-Marie Gauvreau (1903-1970), l'Ecole du Meuble était davantage qu'une école, c'était d'abord un véritable mouvement artistique avec profusion d'artistes, de créations et d'innovations, mais c'était surtout le début du design à Montréal. Formé à l'Ecole Boulle à Paris, Jean-Marie Gauvreau revient à Montréal et tente de mélanger plusieurs influences différentes, essentiellement un art traditionnel français avec un art populaire canadien. Il initie ainsi, avec l'aide de Marcel Parizeau, de nombreux étudiants de l'Ecole du Meuble et fait apparaître après la Seconde Guerre Mondiale un style de design caractéristique de Montréal.
Pour ce travail j'ai eu la chance d'entrer au Centre Canadien d'Architecture, qui est un musée et un centre international de recherche dont la mission consiste à sensibiliser le public au rôle de l'architecture dans la société.
Au Musée des Beaux-Arts de Montréal, mon travail a été enrichissant car très hétéroclite et approfondi. Je n'ai jamais été considéré comme un stagiaire de plus que l'on place à côté d'une photocopieuse. J'étais souvent sollicité par des conservateurs intéressants dont la collaboration était toujours agréable et qui me respectaient pour mes connaissances en histoire de l'art, dans une ambiance studieuse et chaleureuse.
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Analyse et compte-rendu |
Les méthodes de travail du Musée des Beaux-Arts de Montréal ne sont pas tellement différentes de celle pratiquées par un musée français. Mais l'organisation, due aux différences culturelles et géographiques, due aussi à l'histoire et à l'héritage des deux pays, fait émerger une mentalité et une vision de l'art qui lui est propre.
Le Musée des Beaux-Arts de Montréal n'est pas un très grand musée comparé par exemple au Musée d'Orsay à Paris. Mais c'est justement le contraste avec son activité, son énergie et son dynamisme qui fait de ce musée une grande institution culturelle.
REUNION DE CONSERVATION
J'ai été invité dès les premiers jours par Nathalie Bondil à assister à une réunion de conservation. J'avais un peu peur d'être impressionné par le côté solennel d'un tel événement. Mais j'ai plutôt été surpris par la bonne humeur qui régnait dans cette réunion. On sentait vraiment une ambiance de travail dans un contexte dynamique et chaleureux. Chacun exposait l'un après l'autre l'avancée de ses projets, essentiellement des expositions, et tout le monde l'écoutait avec respect, l'ensemble de la discussion étant dirigé avec rigueur et simplicité par Nathalie Bondil, tel un chef d'orchestre. Sauf que la partition était ici remplacée par l'agenda des activités du musée. Tous les conservateurs discutaient tranquillement, avec bonne humeur, dans une ambiance studieuse, et c'est justement ce contraste qui donnait à la réunion une dynamique de travail que j'ai trouvée très intéressante. Cet exemple, peut-être anecdotique, résume pourtant bien selon moi l'atmosphère générale de ce musée, et peut-être même de Montréal tout entier.
Le fait d'avoir réalisé, en tant que simple stagiaire, autant de tâches différentes et intéressantes, et d'avoir été considéré comme une personne ayant sa propre expérience et une véritable spécialisation, illustre bien cet aspect que je viens de décrire. Tout le monde semble d'ailleurs être mis sur un même pied d'égalité, la notion de hiérarchie existe très peu. Cet aspect est peut-être une caractéristique de la mentalité québécoise dans le milieu du travail ; mais c'est aussi parce que le musée semble être à échelle humaine. Le personnel n'est pas si nombreux comparé à l'activité du musée, et tout le monde semble bien se connaître.
NATHALIE BONDIL
Nathalie Bondil joue ici un rôle très important qui dépasse celui de conservatrice, elle est une chef d'équipe, une coordinatrice qui connaît tout le monde par son prénom. Elle a toujours une parole chaleureuse pour chacun, elle a toujours du temps à consacrer pour chaque personne qu'elle accueille avec sourire. Elle a une énergie qu'elle transmet à tout son entourage, on sent très vite que son métier est aussi sa passion, et qu'elle y passe beaucoup de temps sans se sacrifier, mais avec un réel plaisir. Elle organise le musée avec un mélange de force et de simplicité, avec une certaine autorité naturelle mais avec aussi beaucoup d'humour et d'empathie. J'avoue avoir été étonné au début car ce n'était pas selon moi la caricature de conservatrice que je connais.
Cet aspect tient bien sûr beaucoup à sa personnalité, mais cela est du aussi à un certain esprit de Montréal, que ce soit dans un musée ou ailleurs. En discutant avec des personnes autour de moi, j'ai compris que le conservateur de musée au Québec, et même plus généralement en Amérique du Nord, ressemble très souvent davantage à un chef d'entreprise qui est censé coordonner l'organisation générale, le travail, la rentabilité, mais aussi s'assurer que tout va bien au sein de l'équipe, que l'ensemble de l'entreprise va bien.
STATUT DU MUSEE
Cette différence entre musée québécois et musée français se concrétise dans d'autres aspects de l'institution, notamment au point de vue de la rentabilité justement. La manière de gérer l'argent est très différente d'un pays à l'autre.
J'ai eu la chance de participer à une réunion d'information organisée par Nathalie Bondil et Pascal Normandin, coordonnateur des expositions, pour des étudiants en muséologie de l'Ecole du Louvre en stage dans différents musées au Québec, lors d'un programme d'échange avec l'Université de Montréal. Cette réunion était très claire et m'a donné une vision synthétique de l'organisation du Musée des Beaux-Arts de Montréal, de la situation des institutions culturelles au Canada et du contraste existant entre les musées nord-américains et les musées européens.
Le Musée des Beaux-Arts de Montréal, avec un budget de 17 millions d'euros, est en cinquième position parmi l'ensemble des musées du Canada, derrière le Musée Canadien des Civilisation, le Musée des Beaux-Arts du Canada, le Royal Ontario Museum et l'Art Gallery of Ontario. Mais ce qui fait la spécificité du Musée des Beaux-Arts de Montréal c'est que, contrairement au Musée des Beaux-Arts du Canada à Ottawa ou le Musée d'Art Contemporain de Montréal par exemple, ce n'est pas un musée d'Etat. La principale caractéristique du musée d'Etat se trouve au niveau des subventions qui représentent 90 % du financement, le reste étant géré par le musée lui-même.
Le Musée des Beaux-Arts de Montréal était, lors de sa création en 1860, une simple association culturelle à but non lucratif que l'on nommait The Art Association of Montreal. Aujourd'hui, tout comme le Centre Canadien d'Architecture, le musée est autogéré et trouve ainsi lui-même les fonds nécessaires à son fonctionnement. Il reçoit seulement une petite subvention de la part du ministère de la Culture, mais qui représente à peine la moitié de son financement. Malgré sa position derrière d'autres grandes institutions culturelles, malgré sa modestie par rapports aux grands musées mondiaux, ce musée est le premier musée des beaux-arts privé de l'ensemble de l'Amérique du Nord avec une collection de 35 000 objets et trois pavillons construits successivement entre 1912 et 1991 pour abriter les expositions et les bureaux administratifs.
CARACTERISTIQUE DU MUSEE
Cette situation, au lieu d'être un frein à son fonctionnement, est au contraire un atout. Le fait de vouloir concurrencer les plus grands musées du monde malgré son statut donne au Musée des Beaux-Arts de Montréal une force supplémentaire et une dynamique que l'on trouve rarement dans les plus grands musées d'Etat. Une partie du personnel est employée uniquement pour trouver des fonds auprès d'institutions, de mécènes et de donateurs. Cet esprit se propage parmi les conservateurs et l'ensemble des employés, ce qui donne au musée une atmosphère palpable de travail, d'énergie et de passion.
Le discours de Nathalie Bondil auprès des étudiants, peut-être les futurs conservateurs français, était assez revendicatif en ce qui concerne la liberté que lui procure sa situation au sein du musée. Ce qui a apparemment un peu choqué la nouvelle génération d'historiens de l'art. En effet par rapport à son statut, le Musée des Beaux-Arts de Montréal est parfaitement autonome, ce qui lui donne une totale liberté. Il n'a pas besoin de rendre des comptes à l'Etat, au ministère ou à la ville. Cet aspect est, selon moi, encore mal compris en France où, par rapport aux traditions, l'Etat détient un pouvoir important en ce qui concerne l'organisation des musées et des institutions culturelles.
Le rapport à l'argent n'est donc pas du tout le même. Sur ce plan, le Musée des Beaux-Arts de Montréal ressemble davantage à une entreprise qu'à un musée, selon la vision que l'on a d'un musée en France. Sauf que cette institution est une association culturelle à but non lucratif, son rôle n'est donc pas la spéculation ou l'enrichissement personnel, mais "fidèle à sa vocation qui est d'acquérir et de promouvoir les œuvres des artistes d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs". Sa mission est "d'attirer le public le plus vaste et le plus diversifié qui soit, en lui offrant un accès privilégié au patrimoine artistique universel." (site internet du musée) Nathalie Bondil est ainsi une véritable chef d'entreprise, son dynamisme et son sens de l'organisation sont là pour en témoigner.
Malgré sa formation à l'Ecole du Louvre, malgré ses premières années dans des musées français, elle a acquis aujourd'hui une façon de travailler et de gérer le musée comme une véritable conservatrice nord-américaine. Mais sa passion pour l'art et pour son travail domine totalement, le preuve étant son exigence en ce qui concerne la gratuité du musée pour le public.
CONTRASTES & DIFFERENCES
Il est certain que certains aspects de l'organisation d'une institution culturelle comme le Musée des Beaux-Arts de Montréal peut encore choquer en Europe. Les mentalités entre les deux continents sont à ce niveau très différentes.
Un musée nord-américain aura par exemple beaucoup moins de scrupules à utiliser des produits dérivés lors d'une exposition en comparaison avec un musée en France où l'art est parfois idéalisé, voire sacralisé. On a encore du mal à associer art et argent, même dans une institution dont le but n'est pas lucratif, mais de propager l'art à un large public. La preuve étant la publication systématique par le Musée des Beaux-Arts de Montréal de catalogues bilingues, parfois trilingues, avec un volume distinct par langue, afin d'être lu par le plus grand nombre.
Mais les musées en France sont en train de changer à ce niveau, les échanges franco-québecois entre les musées et les universités sont là pour en témoigner. Chaque pays envoie ses étudiants en art afin d'observer et de comprendre des méthodes de travail différentes et enrichissantes. Car si le Québec a beaucoup à apprendre aux musées français, l'inverse est vrai aussi, surtout en ce qui concerne la conservation et la mise en valeur du patrimoine culturel. Un autre exemple prouvant que la France a la volonté d'acquérir de nouvelles méthodes de travail est la nomination de Guy Cogeval au poste de "consultant scientifique" pour la Réunion des Musées Nationaux.
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Conclusion |
Montréal est une ville où tout semble être possible. Il y a dans l'air une atmosphère de création perpétuelle, de renouveau artistique. Les jeunes créateurs et artistes sont mis en valeur, les centres d'art et autres organisations culturelles sont foisonnantes.
L'art et la culture dominent, dans chaque élément de la vie montréalaise. On ressent clairement un mélange de traditions européennes, surtout françaises, dans un contexte de mentalité nord-américaine, proche d'une ville comme New-York, mais avec une meilleure qualité de vie, justement à cause de ce contraste. Montréal est une ville agréable à vivre, apaisante et éphervescente. Dès que le soleil est présent, la vie dans les rues est rythmée par des événements très originaux, culturels et festifs. Les habitants sont accueillants et chaleureux, curieux, toujours prêt à rencontrer de nouvelles personnes, partager des idées, collaborer, avec un réel intérêt pour la nouveauté et le changement.
L'art contemporain est davantage mis en valeur par rapport au patrimoine, contrairement en France où cela semble être l'inverse. Mais grâce au Musée des Beaux-Arts, l'histoire de l'art a aussi sa place à Montréal. Les objets de l'Antiquité cohabitent très bien avec les peintures européennes du XIXe siècle, à côté du mobilier moderne et de l'art canadien. L'ensemble de la collection est régulièrement complété par de nouvelles acquisitions, car l'ambition du musée est de sans cesse s'enrichir de nouvelles oeuvres afin de donner au public une véritable chronologie de l'art. Chaque période historique est représentée par un choix d'oeuvres de qualité. Le simple visiteur est rapidement séduit par la mise en place d'expositions intéressantes, originales, pédagogiques et accessibles. L'équipe de conservation est particulièrement dynamique, comme d'ailleurs le reste du personnel.
Cette caractéristique s'explique par le statut du musée, son autonomie, son exigence, mais aussi par rapport à la concurrence avec d'autres musées qui ont peut-être davantage d'aides financières ou de patrimoine culturel. Des musées qui, malgré leur fort potentiel, ne mettent pas toujours en valeur ce patrimoine et restent confortablement sur leurs acquis. J'avoue avoir été très impressionné par une forte personnalité comme Nathalie Bondil, ce qui m'a obligé à remettre en question mon avis sur le rôle du conservateur, mais aussi sur la muséologie et sur toute l'organisation qui existe autour.
Montréal est une ville qui arrive à associer avec originalité l'art du passé avec la jeune création. A ce niveau la petite soeur de la France semble vouloir rattraper et même dépasser son aîné.
Je pense qu'au niveau culturel et artistique les échanges entre la France et le Québec sont très enrichissants pour chacun des deux pays, tant au niveau de l'organisation que de l'évolution des mentalités. Heureusement il existe un véritable lien et une volonté de se rencontrer, d'échanger des idées, de s'inspirer mutuellement. Le meilleur exemple étant la collaboration entre l'Université de Montréal et l'Ecole du Louvre.
Une organisation telle que l'Office Franco-Québécois pour la Jeunesse contribue à valoriser ces liens et à rapprocher les deux cultures grâce à la francophonie.
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