Le droit international commence à distinguer la "politique étrangère" des "affaires internationales". La politique étrangère traite traditionnellement de questions telles que l'équilibre stratégique, la sécurité et la défense qui constituent ses préoccupations principales. Dans la pratique actuelle, ces responsabilités de politique étrangère sont exercées essentiellement par le Gouvernement fédéral. Les affaires internationales comprennent les différents volets de l'économie, les relations scientifiques et culturelles directes.

La croissance des échanges économiques et scientifiques, le développement du transport et des moyens de communication ont intensifié considérablement les relations internationales. C'est ainsi qu'à travers le monde, des provinces et des régions ont dû s'adapter au nouvel environnement mondial, accroître leur présence sur la scène internationale.

Ainsi les républiques et les régions de la Fédération de Russie mènent de façon de plus en plus active leurs affaires internationales dans les limites de leurs compétences et en accord avec la politique étrangère de la fédération. La République Sakha (Yakoutie), elle aussi, développe des relations avec un grand nombre de partenaires étrangers.

Il existe ainsi un accord de coopération entre la Yakoutie et la Ville de Paris signé après ma rencontre avec Jacques Chirac en 1993. Pendant notre long entretien, j'ai été surpris et touché non seulement par sa connaissance de la culture russe mais aussi de l'histoire du peuple sakha. Par la suite, j'ai appris qu'il considère comme un de ses maîtres spirituels René Grousset, membre de l'Académie Française, grand historien orientaliste, qui pensait que les peuples turco-mongols étaient "les races de commandement, les nations impériales" comme les Romains. René Grousset a beaucoup écrit sur les scythes asiatiques connus sous le nom de "Sakas", sur la religion tangraïste. Il est intéressant de noter que le petit-fils de René Grousset, jeune et brillant juriste, Jerôme Socie soit passionné par le JIPTO. Il est actuellement le Directeur Général de la FIDJIP qui est la fédération internationale pour la promotion de ce jeu né en Yakoutie.

J'observe avec un grand intérêt le processus de création de l'Union Européenne. La plupart des Etats de l'Union sont prêts à transférer un solide bloc de compétence aux organes de la Communauté ; ce transfert est particulièrement important dans le domaine monétaire qui est une des fibres les plus intimes de la souveraineté nationale. Les Etats-membres coordonnent leurs politiques étrangères et les questions de sécurité ; ils harmonisent leurs législations.

Mais cette centralisation des compétences étatiques au profit des institutions communautaires est accompagnée par un transfert progressif des autres compétences des Etats vers les entités sub-étatiques. On essaye de mettre au point des mécanismes permettant aux régions de participer activement au sein de l'Union Européenne à l'élaboration des décisions qui, très souvent, en dernière instance, sont à appliquer par les régions.

Une fédération démocratique permet de multiplier des expériences régionales et de diffuser les solutions intéressantes. Sur un niveau régional, on trouve des leaders qui réalisent les grands projets dont l'intérêt, tout en répondant à l'attente de la population locale, dépasse parfois largement le cadre régional.

On peut ainsi tester dans les différentes régions les systèmes législatifs, les méthodes de gestion et les stratégies de développement. Plusieurs experts russes et internationaux pensent que la République Sakha avec son immense territoire, sa population peu nombreuse, son potentiel intellectuel, sa structure économique simplifiée pourrait devenir un des laboratoires pour l'application des nouvelles idées et stratégies.

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