LES ÉTATS-UNIS ET
LES DROITS DE L’HOMME AU TCHAD
Extraits de l’article « TCHAD, LES ARCHIVES DE L’HORREUR »
de Tidiane DIOH
(L’Intelligent - Jeune Afrique n° 2200 du 9 au 15 mars 2003)
« Les milliers de documents
découverts au siège de la D.D.S., l’ex-police politique, révèlent l’ampleur des
crimes perpétrés, entre 1982 et 1990, par Hissein HABRÉ et ses
complices ».
[…]
« Soutien amÉricain
Les États-Unis de Ronald Reagan
considéraient Habré comme un
indispensable rempart contre la volonté expansionniste de Mouammar Kaddafi, le Guide de la Jamahiriya libyenne. Par l'intermédiaire de la C.I.A.,
ils lui avaient apporté un discret soutien
lors de sa prise du pouvoir. Par la suite, ils lui fourniront une aide
militaire massive (plusieurs dizaines de
millions de dollars). Ce que
confirment des documents en provenance du secrétariat à la Défense, récemment déclassifiés à la demande de HRW.
La commission d'enquête du
ministère tchadien de la Justice rapporte que des membres de l'ambassade américaine à N'Djamena « rendaient
quotidiennement visite » au directeur de la D.D.S., «soit pour le conseiller, soit pour échanger des informations».
Dans une lettre du 10 septembre 1986,
le chef de la sécurité de l'aéroport
évoque, pour sa part, un «
conseiller américain à la DDS. monsieur Maurice ».
« Un second document, en date du 25 mars 1985, va plus loin. Il porte la signature du chef d'une délégation de douze personnes sélectionnées dans différents services de sécurité en vue d'un stage « très spécial » aux États-Unis. «Nous avons quitté
N'Djamena le 5 février 1985, à
14 heures, à bord d'un avion U.T.A. à
destination de Paris, indique ce
texte. Après un séjour de vingt-quatre
heures, nous avons quitté Paris le
6 février, vers 10 heures, à
destination de Washington. [...] Nos amis américains accordent une importance
capitale à cette formation. Ils nous
ont promis des matériels. [...] Ils nous ont déclaré en outre que nous ne devons pas seulement assurer la sécurité de notre pays, mais également celle de leurs représentants résidant chez
nous, ainsi que de leurs sociétés.»
Quatre jours après leur retour au Tchad, deux
des stagiaires étaient nommés l'un directeur du service de recherches, l'autre directeur du service photo de la D.D.S..
Plusieurs de leurs «collègues» seront par la suite (en 1992) désignés par la
commission d'enquête comme les « tortionnaires les plus redoutés » du Tchad
! ».