Appel à rassemblement

Lundi 26 novembre 2007

 

TaPaGeS (TransPédéGouines de Strasbourg) manifestera ce samedi 1er décembre à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre le SIDA. Rendez-vous à 18h00 place Kléber, derrière notre banderole... Faites passer...

contact : http://tapages67.org/contact.html
 

JOURS DE COLÈRE

 

Il faudrait savoir ranger les armes, se ranger tout court, derrière la tristesse. Ne plus crier, ne plus s'énerver. Se laisser aller à la peine, collectivement, dans une messe plus ou moins laïque, avec ces petites bougies et ces silences. Il faudrait taire ces slogans qui dépareillent avec la solennité du rassemblement. Nous serions alors communiantEs contre l'infâme SIDA.

Il faudrait. Mais on ne le fera pas.

C'est ballot mais le SIDA, ça n'a pour visage que celui de ses victimes. Alors on pleure. Si ça avait le visage de ses complices, de ses alliés, on risquerait de s'échauffer. Et on s'apercevrait alors que le 1er décembre ne peut pas être une marche humanitaire.

Le 1er décembre est une journée internationale de lutte, une lutte nécessairement politique. Il faudrait s'entendre sur ce que cela veut dire, « politique ». Pour nous, cela veut dire qu'il y a du conflit, que nous n'avons pas touTEs les mêmes intérêts, que ces intérêts sont trop contradictoires pour ne pas conduire à l'affrontement. Il y a eux et nous. Et nous, en l'occurrence, c'est le plus grand nombre, celui qui souffre, de près ou de loin, de la violence hallucinante du Patriarcat et du Capital.

Donc « nous », c'est le plus grand nombre, mais divisé, éparpillé, artificiellement opposé.
Dans ce nous,
il y a toutes celles que la domination masculine broie, esclavagise ou humilie,
il y a touTEs ceux/celles des pays dits du Sud que nos États font mourir sous la dette, que l'industrie pharmaceutique fait crever par cynisme,
il y a touTEs ceux/celles qui ont subi ou subissent encore la mainmise oppressive des sectes religieuses vaticanesques et autres,
il y a touTEs ceux/celles qui, transpédégouines, se débattent entre la honte, le stigmate, l'injustice et le placard,
il y a touTEs ceux/celles pour qui l'accès au soins relève du luxe,
il y a touTEs ceux/celles qui vont dramatiquement subir les franchises médicales,
il y a touTEs ceux/celles qui à chaque instant risquent d'être arrêtéEs, rafléEs, expulséEs.

Dans ce nous, il y a les putes harceléEs, les tox' pourchasséEs, les taulardEs détruitEs.
Dans ce nous, il y a les quartiers populaires abandonnés.
Dans ce nous, il y a une jeunesse ignorée, bêtifiée à grands coups de campagnes mièvres et hétérocentrées.
Dans ce nous, il y a touTEs les délaisséEs d'une société de victorieux.
Dans ce nous, il y a les peuples.

Nous ça fait donc beaucoup. Ça pourrait faire beaucoup.
Ce n'est pas encore le cas. C'est un « nous » qui ignore qu'il existe. Et cette ignorance est une aubaine pour les marchés, les capitaux, les papes, les Sarkozys.

Nous le savons bien : c'est sous la pression de groupes radicaux, en colère, militants, que les gouvernements, de droite comme de gauche, ont été contraints à agir. Un peu. Toujours à reculons. Chaque fois le minimum.

Il faut poursuivre. Mordre et ne pas lâcher : nous sommes pour l'instant encore minoritaires. Mais ce n'est pas notre destin. D'ailleurs le destin c'est des foutaises : il n'est pas dit que leurs modèles de société sont éternels. Nous pouvons les mettre en échec. Refuser de vivre dans une société où seulEs les malades paient pour les malades, où rien n'existe d'autre que le « chacun pour sa gueule », décomplexé et fier.

Aux « Chacun pour sa gueule » nous opposons « TouTEs ensemble ». Aux recueillements et aux mortifications, les résistances. À la journée de la tristesse, des jours de colère. Et au monde des Sarkozys, un autre monde, où la santé de touTEs primerait sur les intérêts des laboratoires pharmaceutiques, sur la propriété privée des brevets, sur la recherche privatisée. Un monde où la solidarité l'emporterait sur la logique des profits et des polices.
Et la prévention contre le VIH sur l'Ordre puritain, hétérosexiste.

C'est cela le 1er décembre : le premier jour d'une année de lutte qui en comprend 365.




TaPaGeS, le 26 novembre 2007
Transpédégouines de Strasbourg