En condamnant le
DAL à 12 000 euros
d'amende, ce jugement
crée une nouvelle
infraction pour réprimer
les associations de
lutte de sans logis et
les sans abris
DAL PARIS -
COMMUNIQUÉ
Paris le 25 novembre
2008
La juge de proximité
du tribunal de
police de Paris n'a
certes pas suivi la
réquisition du
Procureur qui avait
réclamé 100 euros
par tente, car
a-t-elle expliqué,
l'embarras sur la
voie publique par le
dépôt ou l'abandon
d'objets (en
principe ordure,
gravats, rebus …),
ne peut être imputé
aux objets déposés,
mais à l'action de
les laisser et les
abandonner. Sur la
voie publique (Art R
644-2 du Code Pénal)
.
Le DAL a toutefois
écopé de la peine
maximum, pour les
quatre « infractions
», à savoir trois
installations de
tentes (un total de
319 tentes), et une
installation de sacs
de couchage,
couvertures,
cartons, bâches
plastiques … soit
750 euros par «
infraction » de 4e
catégorie, multiplié
par quatre, car DAL
est une personne
morale, soit 12 000
euros. La
confiscation des 319
tentes, saisies
depuis plus d'un an
par la police a été
également confirmée.
Le jugement sera
rendu dans 6
semaines, après les
fêtes et la Loi
Boutin.
Ce jugement a pour
objet de satisfaire
la rancune d'un
gouvernement qui
avait dû signer le
14 décembre dernier
l'engagement de
reloger dans un
délai d'un an les
374 familles sans
logis de la rue de
la Banque
majoritairement
d'origine migrante.
Il donne ainsi des
gages à la partie
xénophobe de sa
majorité. A ce jour,
130 familles ont été
relogées, sur 374.
Il s'agit d'un
détournement de cet
article du code
pénal, créé pour
sanctionner le dépôt
et l'abandon de
gravats, de rebus,
ou de poubelles sur
le trottoir.
Ce jugement a des
conséquences graves,
puisque de fait il
crée une nouvelle
sanction applicable
non seulement au
DAL, mais à
n'importe quel sans
abri.
Qu'est ce qui
empêche désormais un
policier muni d'un
carnet à souche de
dresser un tel PV à
un sans abri isolé,
qu'il soit sous
tente, dans un sac
de couchage, ou sous
des cartons.
Le délit
d'encombrement de la
voie publique
s'applique désormais
à des êtres humains
!
Cet amalgame est
insultant pour les
familles sans logis
qui ont combattu
dans la dignité et
sans faillir malgré
la brutalité de la
répression et le
froid, pour vivre
dans un logement
décent.
Ce jugement
répressif vise à
décourager
l'association qui
depuis 18 ans, a
installé des
centaines de
campements, sans
avoir jamais été
poursuivi, et a
obtenu au fil des
luttes le relogement
de dizaines de
milliers de
familles, pour
beaucoup victimes
d'une double
discrimination,
portant sur la
couleur de leur peau
et la faiblesse de
leurs revenus.
Ce jugement est un
message dissuasif
aux autres
associations, ainsi
qu'aux exclus du
logement qui
s'aventureraient à
dénoncer leur misère
et à s'unir pour
réclamer leur droit
à un logement. Il
vient de fait
recréer sous la
forme d'une sanction
financière le délit
de vagabondage.
La loi Boutin en
cours de discussion
met en place de
nombreuses
dispositions
régressives, le
budget du logement
est en baisse, le
Livret A et
l'épargne populaire
sont lourdement
ponctionnés afin de
secourir les banques
et les promoteurs au
lieu des victimes de
la spéculation et
des loyers chers, la
crise du logement
s'aggrave, et les
mesures répressives
s'abattent sur les
précaires, les
exclus et les
mouvements qui les
défendent.
L'association est
réconfortée par les
nombreux messages de
soutien qui affluent
et appellent à
renforcer et rendre
publique ces gestes
de solidarité
L'association
interjettera appel
jeudi matin au
tribunal de police,
rue de Cambrai.
Un appel à la
solidarité pour
faire face à cette
amende et à d'autres
attaques ultérieures
va être lancée.
Droit Au logement
appelle à se
mobiliser :
· Le 1er décembre
2008 pour lancer des
recours DALO contre
l'Etat qui ne fait
pas son travail,
puisque sur 50 000
demandes, seulement
3750 familles ont
été relogées à ce
jour.
Rendez-vous devant
les tribunaux
administratifs lundi
prochain
· Le 14 décembre
2008 au coté des
familles de la rue
de la banque car
l'Etat et le
gouvernement ne
tiennent pas leurs
engagements.