Mourir au travail, pour le bénéfice de qui ?

Interior’s

Décès non imputable aux risques professionnels ?

 

 

Mourir au travail

 

Noël Michon , notre ami et camarade, est décédé le vendredi 25 mai 2007 vers 11H à l’Hôpital Jacques Monod.

La veille, il était au travail dans les ateliers d’Interior’s, dans la zone « chaises » en fin d’après midi. Seul à son poste de travail, il a fait un malaise entre 15H35 et 16H30 et personne ne l’a entendu tomber. Personne n’a vérifié qu’il était parti de l’entreprise bien qu’il n’ait pas pointé sa sortie.

Aussi, le lendemain matin, deux camarades le trouvèrent par terre, gisant dans une mare de sang noirâtre, vers 8H30. Il avait passé la nuit, seul, dans un état comateux, sur son lieu de travail.

Dès cette vision cauchemardesque, un camarade mit Noël en position latérale de sécurité, il respirait encore. Il fut transporté d’urgence à l’hôpital. Le soir même, nous n’avions plus beaucoup d’illusions sur l’amélioration possible de son état de santé.

Un vaisseau avait éclaté dans le tronc cérébral, trop de temps s’étaient écoulés entre l’heure du malaise et l’intervention des secours, les dégâts étaient irréversibles.

Toute la soirée de jeudi ,ses enfants l’appelèrent sur son portable. Les hôpitaux et la police furent questionnés. Il ne vint à l’idée de personne que Noël pouvait agoniser dans les ateliers d’Interior’s...

 

Noël avait été le premier Délégué Syndical CNT chez Interior’s à l’époque des procès à répétition que le syndicat subissait. Depuis il avait été élu Délégué du Personnel CNT ainsi que d’autres camarades, une fois deux ans et la dernière fois pour quatre ans.

 

Noël Michon est mort dans sa quarante cinquième année, Boulevard Durand, au Havre.

 

 

Accident du travail non reconnu

 

Début juillet le verdict de la CPAM est tombé : la mort de Noël ne sera pas considérée comme un accident du travail.

Le responsable du pole matérialité de l’Assurance Maladie écrit à la famille : « Je vous informe que l’accident de Monsieur Noël Michon ne peut être pris en charge dans le cadre de la législation relative aux risques professionnels.

En effet après avis du médecin conseil, le décès n’est pas imputable aux risques professionnels… »

Au-delà de cette décision que nous contestons, nous pensons en premier lieu à la famille et aux quatre enfants de Noël. Nous pensons que mourir dans des conditions aussi sordides devrait inciter le patronat à faire profil bas et les autorités de la CPAM à un peu plus de réalisme voire d’humanité.

Dans le compte rendu d’enquête il est indiqué que le jour du drame Noël avait travaillé dans un local non ventilé à l’étage, avec un plafond en tôle ondulée d’où une chaleur intense. Notre camarade avait travaillé les bras en hauteur et manutentionné des cartons de plusieurs kilos…Des collègues ont vu Noël en sueur venant se désaltérer à la fontaine (eau réfrigérée) vers 14H45 puis 15H30…Cela n’aurait eu aucune incidence sur son malaise ? De qui se moque-t-on ?

 

 

Sacrée médecine du travail !

 

Dans le procès verbal du CHSCT du 28 mai 2007, il est mentionné que le jeudi 24 mai,( au moment où notre camarade faisait un malaise), le médecin du travail et un membre du CHSCT ont effectué une visite de l’atelier (seulement le rez-de-chaussée !!!) vers 16H-16H15 !!!! Chacun appréciera la situation…

Cette visite était programmée dans le cadre de la préparation de la rédaction de la fiche entreprise établie annuellement par le médecin du travail.

Par ailleurs le médecin du travail avait délivré une fiche médicale d’aptitude à Noël datée du 25 avril 2006 à revoir dans 24 mois…Bref il était bon pour travailler sans contre indications .

Dans un premier temps, c’est la démarche, nous demandons un recours à l’amiable. Si le recours est rejeté la famille aidée par le syndicat saisira le TASS afin de contester la décision et obtenir la reconnaissance de l’accident de travail.

Nous ne nous faisons aucune illusion sur le recours à l’amiable…On ne désavoue pas ses pairs…

 

D’ores et déjà la CNT du Havre demande l’appui de la Confédération mais aussi de tous les travailleurs écoeurés par cette décision, tant sur le plan financier que pour faire campagne afin que : - tout malaise mortel sur le lieu de travail soit considéré comme un accident du travail avec les droits afférents pour la famille, notamment les enfants.

-          tout salarié ne travaille plus seul sur son lieu de travail

-          - toutes les dispositions soient prises pour stopper les accidents du travail, véritable saignée dans les rangs ouvriers depuis des décennies.

 

 

Chaque salarié doit se sentir concerné par cette affaire car demain ce sera peut être son tour avec son lot d’incertitudes, de paperasseries… pour ceux qui restent, au-delà de la douleur de perdre un être cher.

 

Parce que nous ne laisserons pas les enfants de Noël face à l’inadmissible

Parce que nous les aiderons dans le dédale des démarches administratives et juridiques

Parce qu’enfin nous représentons l’Humain et que nous ne sommes pas de vulgaires sacs à viande

 

 

Pour la dignité ouvrière

Solidarité avec les enfants de Noël

 

 Nous avons besoin de 2000 euros pour faire appel au Tribunal des Affaires de la Sécurité Sociale avec notre avocate. Les chèques ,même d’un montant modeste, sont à envoyer à :

syndicat CNT

BP 411

76057 Le Havre Cedex

 

Nous comptons sur tous les camarades pour faire circuler l’information. Nous avons 4 mois pour réunir la somme d’argent demandée.

Hauts les cœurs !

 

Mettre à l'ordre de "CNT Le Havre" avec mention au dos "solidarité enfants de Noël"

La CNT du Havre remercie d'avance tous les donneurs.