A la mémoire de ma mort

Cette pièce m'a été commandée en 1975 par Harry Halbreicht pour le Festival de Royan. Il est bon de se rappeler que, même si ce festival et son directeur pouvait sembler pêcher par des côtés un peu désordonnés, même si un contrôle absolu de la qualité des oeuvres n'était pas toujours effectué, c'était le lieu où la liberté la plus totale était donnée à l'imagination. Seul de son espèce à l'époque, il n'a jamais été remplacé. Dans aucun autre lieu sans doute, une oeuvre du type de celle-ci n'aurait été acceptée. Ecrire une pièce pour quarante-huit voix en quarts de ton, avec certaines parties à quarante- huit parties réelles, et l'entendre chanter, relevait, et relèverait encore aujourd'hui de la plus pure utopie. A cause probablement de cette utopie, cette pièce tient dans ma production une place à part, et très importante pour la suite de mon évolution. C'est à parttir de cette pièce que j'ai commencé à travailler véritablement dans une conception de la polyphonie vraiment libérée des contraintes hierarchiques. L'oeuvre n'a jamais été reprise. J'en possède un enregistrement radio qui montre qu'elle n'est pas inchantable.