Classification et description des malformations utérines
Fréquence
  • Quarante-sept études provenant de 14 pays différents ont été sélectionnées (pour une population statistique de plus de 570000 femmes.
    • La prévalence des malformations utérines dans la population générale est de :
      • 1/201 (0,5%), soit
        • 1/594 (0,17%) chez les femmes fertiles et
        • 1/29 (3,5%) chez les les infertiles.
      • La répartition s¹établit ainsi :
        • utérus cordiformes = 7% ;
        • utérus cloisonnés = 34% ;
        • utérus bicornes unicervicaux = 39% ;
        • utérus bicornes bicervicaux = 11% ;
        • utérus unicornes = 5% ;
        • hypoplasie/aplasie utérine = 4%.

Uterine anomalies. How common are they, and what is their distribution among subtypes? Nahum GG. J Reprod Med, 1998 Oct, 43:10, 877-87

Organogenèse
  • Les deux canaux de Müller, droit et gauche donnent embryologiquement :
    • les trompes de Fallope,
    • l'utérus
    • la partie haute du vagin
  • chronologiquement, les étapes de l'organogenèse sont les suivantes :
    • de 6 à 9 semaines de gestation, ébauche et progression des canaux de Müller ;
    • entre 9 et 10 semaines de gestation, fusion des canaux de Müller ;
    • de 10 à 13 semaines de gestation, résorption de la cloison inter-mullérienne et formation de l’utérus à la 16ème semaine ;
    • de 14 à 20 semaines de gestation, formation du vagin.
Classification
  • Les aplasies utérines : ¤
    • Les aplasies bilatérales des canaux de Müller : ¤
      • L’aplasie complète de l’utérus ¤
      • L’aplasie partielle de l'utérus (syndrome de Rokitansky-Kuster-Hauser) ¤
    • Les aplasies mullériennes unilatérales : ¤
      • L'aplasie mullérienne unilatérale complète caractérisée par l’utérus unicorne vrai ¤
      • L'aplasie mullérienne unilatérale incomplète caractérisée par l’utérus pseudo-unicorne ou l’utérus unicorne avec utérus rudimentaire controlatéral ¤
  • Les hémimatrices : ¤
    • L’utérus bicorne bicervical ¤
      • L’utérus bicorne bicervical avec rétention menstruelle unilatérale ¤
      • L’utérus bicorne bicervical avec vagin et col utérin perméables ¤
    • L’utérus bicorne unicervical ¤
      • L’utérus bicorne unicervical parfait (ou complet) ¤
      • L’utérus bicorne unicervical simple (partiel) ¤
      • L’utérus bicorne unicervical à cornes inégales ¤
      • l’utérus à fond  échancré (l’utérus cordiforme) ¤
  • Les utérus cloisonnés : ¤
    • L’utérus cloisonné total ¤
    • L’utérus cloisonné sub-total ¤
    • L’utérus cloisonné corporéal ¤
    • L’utérus à fond arqué (utérus arcuatus) ¤
    • L’utérus cloisonné asymétrique de Robert ¤
  • Les utérus communicants ¤
  • Les autres malformations utérines ¤
    • Hypoplasie utérine : ¤
    • les malformations congénitales du col et de l’isthme ¤
    • La persistance de reliquats embryonnaires d’origine mésonéphrotique ¤
    • Les filles DES (diéthylstilboestrol ou Distilbène) ¤

Description des malformations utérines

Les aplasies utérines :
dues à une formation insuffisante des canaux de Müller vers la 6ème semaine de gestation.
Les aplasies bilatérales des canaux de Müller :
L’agénésie utérine est la conséquence d’une anomalie de migration des canaux de Müller dans le pelvis, aux alentours de la huitième semaine de gestation.
  • L’aplasie complète de l’utérus
    elle n’a été constatée que sur des fœtus non viables car à l'origine c'est une aplasie mullériennes bilatérales complètes qui s'accompagne d’une agénésie rénale bilatérale incompatible avec la vie.
  • L’aplasie partielle de l'utérus
    à l'origine c'est une aplasie incomplète bilatérale des canaux de Müller, elle est connue sous le nom de syndrome de Rokitansky-Kuster-Hauser. Il associe
    • caryotype féminin normal
    • caractères sexuels secondaire normaux (seins, pilosité...)
    • taille normale
    • aménorrhée primaire
    • présence d’ovaires normaux et fonctionnels (courbes méno-thérmiques biphasiques et dosages hormonaux normaux)
    • absence totale de vagin ; la paroi vésicale et la paroi rectale sont accolées
    • utérus réduit à deux cornes utérines rudimentaires pleines, reliées par un repli péritonéal. L’extrémité externe de chaque corne est reliée au ligament rond et à une trompe bien développée.
      exceptionnellement les deux hémi-utérus rudimentaires sont creusés d'une petite cavité tapissée d'endomètre
    • Les anomalies rénales sont fréquentes
      • aplasie unilatérale du haut de l'appareil urinaire : rein unique ;
      • ectopie rénale.
    • un seul diagnostic différentiel : syndrome de Morris (ou testicule féminisant)

Les aplasies mullériennes unilatérales :

Elle correspondent au développement complet d’un seul canal de Müller.
En fonction de l'importance de l'aplasie de l'autre canal mullérienne, complète ou partielle, on distingue plusieurs types :

  • L'aplasie mullérienne unilatérale complète caractérisée par l’utérus unicorne vrai :
    • rare ;
      un seule corne développée, il est franchement latéro-déviée ;
    • Il n’existe qu’une seule trompe et un seul ligament rond reliésà l'utérus unicorne ;
    • un seul cul-de-sac vaginal bien développé, du coté de la corne unique
    • du côté controlatéral se trouve dans la plupart des cas un ovaire normal parfois accompagné par quelques franges de pavillon.
    • l'aplasie rénale et l'ectopie rénale du coté aplasique utérin sont fréquente.
  • L'aplasie mullérienne unilatérale incomplète caractérisée par l’utérus pseudo-unicorne ou l’utérus unicorne avec utérus rudimentaire controlatéral :
    • une corne bien développée (présence d'une trompe, un ligament rond, un hémi-utérus formé d'un corps utérin, un isthme et un col utérin)
    • la corne rudimentaire
      • son développement est variable
      • il est parfois plein, parfois creusé d’une petite cavité tapissée de muqueuse, communiquant ou pas avec la demi-cavité bien développée
      • l’opacification par hystérographie ne permet pas de franchir le conduit de communication, contrairement à l’utérus bicorne unicervical à cornes inégales ;
      • Il n’existe jamais d’hématométrie dans ces cornes rudimentaires (car selon le principe de Musset : même en présence de l'endomètre, l'isthme est indispensable pour l'établissement des règles) ;
      • des grossesses y ont déjà été décrites.
Les hémimatrices :
Secondaires à un défaut de fusion des canaux de Müller entre la 10e et la 13e semaine de gestation aboutissant à la persistance plus ou moins complète de la dualité des canaux de Müller.
 existe deux variétés

L’utérus bicorne bicervical

 

  • L’utérus bicorne bicervical avec rétention menstruelle unilatérale
    • la rétention est due à
      • soit un hémi-vagin borgne ;
      • soit une atrésie unilatérale d’un hémi-col
    • ce type de malformation est le plus souvent révélé par une dysménorrhée primaire précoce croissante intenses provoquée par la rétention menstruelle du coté de l'hémi-vagin borgne ou du l'hémi-col atrésique,
    • S'il s'agit d'un hémi-vagin borgne, la rétention menstruelle entraîne la formation de l'hématocolpos homolatéral qui peut s'étendre vers
      • l'hémi-col donnant une hématocervix homolatéral
      • l'hémi-utérus donnant une hématométrie homolatérale ;
      • la trompe donnant une hématosalpinx homolatéral
    • S'il s'agit d'une atrésie unilatérale d'un hémi-col, la rétention menstruelle entraîne la formation d'une hématométrie puis un hématosalpinx homalatéraux.
    • Il est souvent difficile de connaître le siège exact de l’atrésie – col ou vagin –
    • L’endométriose ovarienne est fréquente chez ces patientes jeunes présentant un reflux menstruel péritonéal
  • L’utérus bicorne bicervical avec vagin et col utérin perméables
    • Il peut s’agir
      • d’un utérus bicorne bicervical avec vagin cloisonné (deux hémi-vagin perméables)
      • d’un utérus bicorne bicervical avec vagin normal.
    • C'est une dualité des canaux de Müller sur toute la hauteur de l’organe.
    • Il se caractérise par la présence de
      • deux demi-cols,
      • de deux demi-isthmes, et de
      • deux demi-corps utérins indépendants.
      • Les deux hémi-utérus indépendants sont habituellement accolés au niveau de leur col, mais peuvent exceptionnellement être éloignés l’un de l’autre (utérus didelphe).
      • Les deux hémi-utérus peuvent être de taille égale ou différente.
      • Chaque hémi-utérus est vascularisé par une artère utérine unique l’abordant en dehors.
      • Un ligament vésico-rectal sépare souvent les deux hémi-utérus (intérêt chirurgical).

L’utérus bicorne unicervical :
Il correspond à la persistance partielle et haute de la dualité des canaux de Müller fusionnés à la partie basse de l’utérus. Il en existe plusieurs types.
On peut distinguer entre quatre  types :

 

 

:

  • L’utérus bicorne unicervical parfait (ou complet) :
    Il est composé  :
    • d'un col unique ;
    • d'un isthme divisé en deux ;
    • deux corps utérins fusiformes distinctes, divergentes et souvent séparées par un ligament vésico-rectal
  • L’utérus bicorne unicervical simple (partiel) :
    il comporte :
    • un seul col ;
    • un isthme unique,
    • deux cornes dont la séparation débute toujours au-dessous de la mi-hauteur théorique du corps utérin.
    • l’union de ces deux cornes constitue à l’intérieur de la cavité commune une sorte d’éperon dont l’arête descend plus ou moins bas en direction de l’isthme.
  • L’utérus bicorne unicervical à cornes inégales :
    • il existe une asymétrie nette des deux cornes.
    • à la différence de l’utérus pseudo-unicorne, le conduit unissant les deux hémi-cavités est toujours perméable et permet la migration des spermatozoïdes et la fécondation.
  • l’utérus à fond  échancré (l’utérus cordiforme) :
    • forme mineure des utérus bicornes unicervicaux marqué par la présence d'un sillon médian bien visible au niveau du fond utérin ;
    • généralement sans valeur pathologique.
Les utérus cloisonnés :
résultant d’une absence de résorption plus ou moins complète de la cloison d’accolement des canaux de Müller entre la 13e et la 18e semaine. Les deux reins sont toujours présents.
Selon l'importance de la longueur de la cloison intracavitaire utérine on distingue
  • L’utérus cloisonné total
  • Il correspond à l’absence complète de résorption de la cloison d’accolement sur toute la hauteur de l’organe.
  • L’aspect extérieur est normal ou presque (légère encoche visible sur le fond utérin).
  • La cloison sépare complètement l’utérus en deux demi-cavités. Elle s'étend sur le corps utérin, l'isthme et  le canal cervical et elle peut
    • soit s’arrêter au niveau de l’endocol
    • soit prolonger par une cloison vaginale longitudinale.
  • Le col est unique, mais présente deux orifices séparés par une cloison fibreuse assez mince, ce qui est différent de l’aspect de l’utérus bicorne bicervical.
  • La cloison, constituée par du tissu musculo-conjonctif, est toujours faiblement vascularisée, et est tapissée de muqueuse sur ses deux faces.
  • L’utérus cloisonné sub-total
  • La cloison s'étend sur le corps utérin, l'isthme et épargne le canal cervical
  • L’utérus cloisonné corporéal
  • la cloison est limitée à de la cavité du corps utérin, de longueur variable mais il n'atteint pas l'isthme utérin.
  • L’utérus à fond arqué (utérus arcuatus)
  • une forme mineure des utérus cloisonnés.
  • L’utérus cloisonné asymétrique de Robert
  • Il s’agit d’un utérus cloisonné dont la cloison n’est pas strictement médiane :
  • elle sépare donc un utérus d’aspect extérieur normal en deux hémi-cavités dont
    • une est borgne, tapissée d’endomètre non fonctionnel (donc pas d’hématométrie),
    • et l’autre est comparable à celle d’un utérus unicorne.
Les utérus communicants :

Ce sont des utérus comportant deux hémi-cavités avec une communication qui se fait toujours au niveau de l’isthme.

  • Les deux demi-cavités peuvent appartenir à :
    • un utérus bicorne bicervical sans rétention menstruelle (vagin ou deux hémi-vagins perméables) et deux hémi-col perméables
    • un utérus bicorne bicervical avec hémi-vagin borgne : la communication isthmique dans ce cas est insuffisante pour assurer le drainage des règles et cependant un écoulement noirâtre intermenstruel peut être observé.
    • un utérus cloisonné total,
    • un utérus bicorne cloisonné cervical
Les autres malformations utérines comportent

 

  • Hypoplasie utérine :
    • Il s’agit d’un petit utérus dont
      • l’hystérométrie est inférieure à 70 mm
      • et la distance entre les deux cornes utérines, sur l’hystérographie, est inférieure à 40 mm
      • possibilité d’inversion du rapport col-corps.
      • La capacité utérine est réduite à moins de 3 cc.
    • On distingue classiquement
      • les hypoplasies harmonieuses ;
      • les hypoplasies en T ou en Y.
  • les malformations congénitales du col et de l’isthme,
    • toutes ces malformations utérines s’accompagnent fréquemment, dans environ 20 % des cas, de béance cervico-isthmique.)
  • La persistance de reliquats embryonnaires d’origine mésonéphrotique :
    • tels les canaux de Gartner et les kystes de Gartner qui correspondent à la persistance de reliquats wolfiens
  • Les filles DES :
    ou les femmes porteuses des malformations secondaires à l’imprégnation in utero par le diéthylstilboestrol (Distilbène).
    Il s’agit de malformations utérines fréquentes (80 000 femmes sont concernées en France), elles sont secondaires à l’utilisation, entre 1950 et 1977, d’un œstrogène non stéroïdien administré chez les femmes enceintes menacés de fausse-couche.
    D'après  l’étude de Kauffmann (1977), on trouve :
    • dans 70 % des cas des anomalies utérines :
      • 31 % d’utérus en T avec une cavité hypoplasique ;
      • 19 % d’utérus en T de volume normal,
      • 13 % d’utérus hypoplasiques seuls ;
    • Il a été décrit de multiples d'autres anomalies :
      • dilatations sus-isthmiques,
      • distensions bulbaires des cornes,
      • contractions annulaires des cornes,
      • fonds arqués,
      • synéchies marginales,
      • polypes,
      • diverticules,
      • irrégularités diverses des bords et du fond,
      • et surtout constriction médio-cavitaire. (une constriction supra-isthmique)
      • des utérus pseudo-bicornes, ou présentant des images évoquant un cloisonnement.
      • les trompes semblent parfois articulées à angle droit
      • la diminution de la surface de l’endomètre explique la fréquente diminution du volume menstruel
      • Des troubles de la fertilité et le déroulement des grossesses qui peuvent être expliquer par :
        • la fréquence des avortements spontanés. Sandberg , regroupant plusieurs séries, a démontré que 24% d’avortements spontanés survenaient chez 281 femmes exposées, contre 7 % chez 84 témoins
        • les perturbations de la fonction ovarienne, les anomalies de la maturation ovocytaire,
        • l’endométriose, dont l’augmentation de fréquence a été décrite dès 1984 par Stillman, et qui est souvent directement la conséquence d’une sténose iatrogène du col utérin ;
        • les anomalies du vagin (adénose) et du col utérin ont entraînant, souvent, des sténoses et des anomalies de la glaire cervicale à la suite des traitements abusifs sur ces pathologies
        • les grossesses extra-utérines sont de nombre significativement élevé. Une combinaison de série le situe à 1 sur 24 chez les femmes exposées, contre 1 sur 141 chez les témoins
        • Les fausses-couches tardives et les accouchements prématurés. Le pourcentage d’accouchements prématurés dans les études anglo-saxonnes est compris entre 13 et 30 %. Cette prématurité est rapportée à l’hypoplasie utérine.
        • une augmentation de la présentation par le siège en fin de grossesse,
        • une fréquence accrue des hypotrophies fœtales.
        • une incidence de la pré-éclampsie deux fois supérieure chez les femmes enceintes exposées au DES ; car pour certains auteurs, l’exposition au DES induirait un changement anatomique dans le tractus génito-urinaire qui prédisposerait à l’éclampsie.
 


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