B : LA PRATIQUE, OU COMMENT GAGNER DE L'ARGENT
(Après tout, on est là pour ça)
B.1 : Les conseilleurs ne sont pas les payeurs
Un festival de bonnes affaires ce matin sur le Nasdaq!
Après la fièvre de la "nouvelle économie", vous avez sans doute prêté une oreille attentive aux propos d'un de vos collègues, d'un de vos amis, d'un de vos parents qui se sera enrichi en spéculant sur les valeurs dites "TMT" (Techno, Media, Télécom). Et vous vous êtes dit "mais au fait, pourquoi je ne ferais pas du 50% en trois jours sur Yabazoo comme ce con de Mercier ?". Légitime préoccupation, mais qui cache une réalité moins réjouissante : ce con de Mercier, il fait le kakou avec ses 50% sur Yabazoo et il fait le fier autour de la machine à café avec sa plus-value miracle, mais il oublie certainement de se vanter des 80% qu'il a perdus en trois semaines en spéculant sur BonoboSoft.com, le leader poitevin du commerce online d'aiguilles à tricoter en buis. De façon plus générale, on donne toujours en exemple les quelques conducteurs de bus et autres ouvriers agricoles qui ont amassé des millions sur un coup de chance, ils ne représentent qu'une fraction infime des investisseurs boursiers et, ne vous faites pas d'illusions, ils ne doivent leur fortune qu'à une prise de risque maximale et à une chance incroyable. Si vous achetez leurs bouquins et suivez leurs méthodes, vous avez plus de chance de vous retrouver parmi les 99,9% de bons crétins ruinés que parmi les 0,1% de lecteurs satisfaits.
B.2 : Il faut raison garder
Tout sur le rouge! Banco royal!
N'oubliez jamais que vous jouez en bourse ce que vous avez de plus précieux au monde : votre cher argent. N'oubliez pas non plus la valeur de cet argent, on a vite fait de se laisser griser. J'en ai fait récemment l'expérience amère en utilisant ce qui s'appelle la "couverture du règlement mensuel" et qui est en fait une sorte de prêt à taux 0 sur un mois (depuis, ça a disparu, remplacé par le SRD). Je me souviens avoir passé mes ordres, tout excité (vous me comprenez si vous avez déjà passé un achat en bourse, tout le monde se sent excité), l'ordre passe tranquille, je me couche, et le lendemain, je m'aperçois avec horreur que je viens d'acheter des valeurs risquées avec de l'argent que je n'ai pas, ce pour une somme qui représente au bas mot le prix d'une voiture neuve, et que j'ai un mois pour rembourser. Urckh! Alors, selon vous, quelle erreur ai-je commise ?
B.3 : Patience et longueur de temps
Quoi, la Compagnie des Indes n'existe plus? Heureusement que j'ai encore mes emprunts russes!
L'erreur commise en l'occurrence, ce n'était pas de miser de l'argent sur des valeurs technologiques (il s'agissait de technos "saines"), ni d'avoir joué à crédit, mais d'avoir joué sur un mois. Un mois, c'est trop court, on ne sait jamais comment une action peut évoluer sur un mois. Le secret que les traders ne vous diront jamais (et que la plupart ignorent par ailleurs), c'est que sur le court terme, le cours d'une action est parfaitement aléatoire, et qu'il n'existe aucune méthode pour le prédire. En bourse, ceux qui gagnent vraiment, c'est ceux qui gagnent sur le long terme. Ce qui nous amène au point suivant.
B.4 : Mauvaise technique
La conjonction de Mars et Venus dans le Sagittaire devrait être néfaste à Pechiney, qui est Balance, signe d'eau. (E. Teissier dans Les Echos)
Il existe depuis quelques années une discipline qui fait fureur, et qui s'appelle "l'analyse technique". En gros, il s'agit de deviner, à la simple vue du graphique d'un titre quelconque, comment évoluera le cours dans l'avenir. Pour cela, toutes sortes d'économistes, de mathématiciens et autres experts ont publié leurs méthodes (certains ont même reçu le Nobel d'économie) se basant sur les "bandes de Bollinger", les "moyennes mobiles à X jours" et autres figures du type "la tête et les épaules". Les japonais, pour leur part, sont friands de la méthode des "chandeliers". Peu importe car la pertinence de ces méthodes est la même : nulle. Il a été démontré qu'en choisissant au hasard ses investissements (en jouant aux dés par exemple), on obtenait exactement les mêmes résultats. La raison en est simple : un cours (celui d'une action par exemple) est déterminé par l'offre et la demande de milliers d'acheteurs et de vendeurs, qui sont les intervenants du marché. Certains acheteurs sont de petits épargnants qui veulent faire de grosses plus-values rapidement, d'autres sont des gros fonds de pension qui veulent assurer à leurs sociétaires une rente sans risque, d'autres souhaitent prendre le contrôle de la société en ramassant les droits de vote, d'autres veulent offrir des actions à leurs petits-neveux comme cadeau de première communion pour les initier aux joies de l'économie libérale, d'autres sont des salariés de l'entreprise confiants en l'avenir de leur boîte... et inversement pour les vendeurs, toutes sortes de raisons peuvent guider leurs choix. A tout instant, acheteurs se rencontrent par le biais de la bourse, et le cours fluctue naturellement autour d'un cours que l'on peut considérer comme la "valeur réelle" de l'action. Et il fluctue de façon parfaitement arbitraire, sans qu'il soit possible de prédire ces évolutions avec certitude, car on ne peut tout de même pas sonder tous les intervenants du marché à tous moments. On appelle ça, en mathématiques, le chaos déterministe : les petites causes peuvent produire de grands effets. Imaginons par exemple qu'une banque Thaïlandaise fasse faillite. Le gouvernement local tarde à réagir, cela entraîne la chute de la monnaie Thaïlandaise (le baht, pour votre culture), et la faillite d'autres banques Thaïlandaises qui basent leur activité sur ladite monnaie. Puis par ricochet, toutes les monnaies de la zone asiatique dégringolent. Les bourses du coin s'effondrent, les capitaux occidentaux s'échappent à toute vitesse, qu'ils se reclassent dans bourses occidentales. Du coup, la bourse de Paris gagne 10% en une semaine. Comment le prévoir ? C'est impossible. Ne jouez donc pas votre fortune sur des théories aussi fumeuses, ni sur du court terme, tant de choses peuvent se produire...
B.5 : Propagande et analyse technique
La propagande perd toute efficacité lorsque le peuple s'aperçoit qu'il s'agit de propagande (J. Goebbles)
L'analyse technique (AT dans le jargon) est née aux Etats-Unis, rien d'étonnant dans ce cas à ce qu'elle soit toute imprégnée d'une idéologie assez révélatrice du degré de rigueur scientifique qu'elle renferme. Supposons qu'une action vaille 100 Euros (Ah oui, au fait, à la bourse, on parle en euros). Brusquement, elle se met à monter jusqu'à 110, puis 120 euros. Logiquement, si on a deux sous de bon sens, on se dit "OK, je vends, 20%, c'est une belle plus-value". La logique en effet veut que l'on achète quand une action est bon marché, et qu'on la revende quand elle est chère. Et bien en AT, tenez-vous bien, c'est différent ! Un spécialiste de l'AT vous dira, dans cette situation, que "la résistance des 115 est passée" et que "le ratio de Fibonacci" indique clairement que "on va vers les 140, voire 175 euros". Inversement, si l'action baisse, c'est signe annonciateur des pires catastrophes. A 80, on vous dira : "le seuil des 85 étant enfoncé, on ne peut plus exclure le retour sur la résistance des 70, voire des 55 (Bollinger descendante)". Alors même que, selon toute logique, c'est le moment d'acheter, puisque c'est pas cher. Bref, la mentalité qui se dissimule derrière ce verbiage pseudo-scientifique est toujours la même : les entreprises dont le cours monte, ce sont des winners, donc il faut investir dessus, et comme on investit dessus, ce sont des winners, donc il faut investir dessus, et ce indéfiniment. Par contre, les entreprises qui baissent sont indéfiniment des losers, et resteront toujours des losers dont le cours est voué à descendre jusqu'à des valeurs négatives, car il n'y a rien à en attendre. Les winners et les losers, voilà comment les Américains appréhendent le monde. A ce stade, je pourrais digresser vers le protestantisme luthérien et la prédestination de l'homme qui imprègne la "culture" USienne, mais ce serait abuser de votre temps. L'essentiel est là : laissez donc les yankees croire à l'AT autant que bon leur semble, c'est leur affaire. Après tout, pour que VOUS gagniez de l'argent, il faut bien que d'autres en perdent !
B.5bis : L'exemple du gap
Moi, je m'habille chez H&M
Ce petit paragraphe pour illustrer l'illustrer l'inanité de l'analyse technique par un exemple précis. On lit fréquemment dans les colonnes des journaux savants que la valeur va "revenir combler un gap laissé béant". Que veut-ce dire? Exemple : chuimoo.com, le cyber-site des jeux online de l'UMTS 3e génération, plonge sur le NASDAQ. Le mardi, il baisse de 10$ à 8,5$ (clôture en soirée). Le mercredi matin, il ouvre à 7,5$, et continue sa descente vers les 7$, puis les jours suivants dans le même sens. Et bien le gap, c'est la plage de cotation non-traitée entre 8,5$ et 7,5$ (ici à la baisse, mais à la hausse c'est pareil). Mais pas de panique, actionnaires malheureux de chuimoo.com, car d'après l'analyste technique, les cours vont revenir "combler le gap". Pourquoi? Personne n'a d'explication logique, mais c'est indispensable que le gap soit comblé, et que la plage de cotation soit traitée "un jour". Observons le graphique ci-dessous :
On voit qu'aux alentours du 10 octobre, il y a un petit gap à la baisse en dessous des 42€. On se dit, con comme on est "bon, ça va remonter pour combler le gap". Effectivement, quelques semaines plus tard, le cours remonte triomphalement pour combler le gap, merci l'analyse technique! Sauf que gap ou pas gap, c'est la même chose. Un cours de bourse fluctue plus ou moins rapidement autour de sa position "d'équilibre", et balaye la zone comprise entre le plus bas et le plus haut avec une certaine constance. En clair, qu'il y ait gap ou qu'il n'y ait pas gap, un cours de bourse a 95% de chances de revenir dans une zone qu'il a déjà visité. Un gap n'est donc pas une zone d'attraction, c'est une zone comme une autre, qui effectivement a de bonnes chances d'être "comblé" un jour, mais pas plus qu'une autre zone. Tout ceci relève de la magie, de la superstition, de la foutaise, mais certes pas d'un quelconque semblant de science.
Pour achever de vous convaincre, j'avais jadis rédigé un petit texte que je crois assez bien tourné, ma foi, à propos de l'Analyse Technique. Je l'avais posté sur un newgroup idoine, en voici une version HTML.
DE L'INANITE DE L'ANALYSE TECHNIQUE
B.6 : Bons fondamentaux
Non mais touchez-moi ça, c'est des bons dividendes cultivés avec amour par des braves polytechniciens de chez nous, pas ces saloperies de net-économie à l'américaine pleines de polyphosphates, enfin! (J.-P. Coffe dans Le Revenu)
L'intérêt d'investir à long terme, c'est qu'il est difficile de perdre de l'argent. Vous voulez vous constituer un petit pécule sûr et rentable pour vos vieux jours ? Ne cherchez pas plus loin, et considérez le PER. Le PER, c'est le Price Earning Ratio, c'est à dire le rapport cours/bénéfice d'une action. Plus il est élevé, plus l'action est chère, et inversement. Traditionnellement, on considère qu'une action avec un PER de 20 est dans des eaux convenables. Cela signifie qu'il faudra 20 ans pour rembourser le prix d'achat rien qu'avec les bénéfices "produits" par cette action (attention, il ne s'agit pas là du dividende versé). Curieusement, si on observe les PER, on s'aperçoit qu'ils fluctuent énormément autour de cette valeur de 20. Certaines sociétés de la nouvelle économie ne font pas de bénéfice, le PER est donc impossible à calculer. J'ai connu Canal Plus à des cours tellement élevés que le PER arrivait à 300 ! Inversement, certaines valeurs françaises du CAC40, donc de bonnes boîtes solides, parfois leaders mondiaux dans leur domaine, se traînent avec des PER inférieurs à 20. Des sociétés plus petites mais très saines, en parfaite santé et sans le moindre risque se retrouvent inexplicablement avec des PER inférieurs à 15. Il existe même, sur la place de Paris, des holdings tout à fait sympathiques dont le PER avoisine les 10 ! Des actions dont le seul tort est de ne présenter aucune espèce de risque (quand on a un PER de 10, on ne risque pas de tomber beaucoup plus bas). Vous y comprenez quelque chose vous ? Non ? Moi non plus, mais j'achète. Ce n'est pas parce que les autres manquent des bonnes affaires qu'il faut se croire obligé de les imiter. Le marché donne toujours raison à une bonne analyse fondamentale (même s'il arrive que ça prenne beaucoup de temps), et une entreprise bien gérée ne réserve que de bonnes surprises à ses actionnaires. Certes, il peut s'écouler des mois, voire des années avant que les cours ne rendent justice à une action délaissée, mais si vous jouez sur le long terme, ce temps joue pour vous.
B.7 : Le meilleur analyste économique...
Mais non Sire, c'est le vent... (Ganelon à Ronceveaux)
C'est vous ! Vous seul connaissez vos moyens, vos habitudes, vos frais de courtage. En outre, les journalistes économiques, plongés dans les résultats et les communications financières, perdent facilement de vue des paramètres tels que la qualité des biens et services fournis par une entreprise, l'image de marque... De plus, si vous travaillez dans un secteur économique, vous en savez autant, voire plus sur ce secteur que les "experts". Du reste, en réfléchissant deux secondes, on s'aperçoit que si les journalistes économiques étaient si compétents en bourse, ils ne seraient pas journalistes économiques. Ils seraient gestionnaires de patrimoine à la Banque du Louvres, voire même rentiers aux Baléares. Donc, n'ayez pas de complexes. Si un conseil boursier vous semble absurde, ignorez-le. Les tuyaux de vos "amis bien informés" sont souvent le meilleur moyen de se ruiner, et la presse économique passe son temps à se tromper. Ces journaux sont utiles pour se faire une idée sur l'activité d'une entreprise, ses perspectives, son endettement, ses dirigeants, mais pour décider s'il faut acheter ou vendre, adressez-vous à celui qui paiera les pots cassés s'il se trompe : vous.
B.8 : Oeufs et paniers
Il ne faut pas mettre tous ses yeux dans le même piano (Luis Bunuel dans Capital)
Il y a dans le monde de la bourse ce que l'on appelle des dictons boursiers, plus ou moins pertinents. Vous entendrez souvent dire qu'il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Qu'est-ce que ça veut dire, et pourquoi ? A priori, miser ses sous sur une seule grosse valeur tranquille, sans surprise, avec un capital important peut paraître une bonne idée. Malheureusement, l'exemple des actionnaires d'Eurotunnel est édifiant, et continue, dix ans après, de traumatiser les épargnants. De prime abord, c'était une excellente affaire. Le cours d'introduction était assez bas, l'utilité du projet ne faisait aucun doute, et tout le monde pouvait constater que le chantier existait, qu'il y avait bien un trou entre la France et l'Angleterre, et en plus, l'état encourageait fermement les actionnaires à souscrire. Donc, un placement de tout repos. L'action est d'ailleurs monté rapidement jusqu'à 120 francs... avant de dégringoler progressivement, jusqu'à 8 francs aujourd'hui. Pourquoi ? Un projet dont les coûts ont été mal estimés, des banquiers véreux, des retards en tous genres, des mésententes entre français et anglais... autant de facteurs qu'aucun petit actionnaire n'aurait pu prévoir. Même en prenant toutes les précautions du monde, vous auriez pu tomber dans le piège, et moi aussi. On ne sait jamais ce qui peut se passer. Voici pourquoi il est indispensable de posséder dans son portefeuille plusieurs actions, mettons une demi-douzaine, afin, en cas de catastrophe, d'amortir les chocs. Si vous aviez placé tout votre argent en eurotunnel à 100 francs, votre perte serait aujourd'hui de 92%, vous seriez donc ruiné. Si vous n'aviez placé que le cinquième de votre patrimoine dans les mêmes conditions, vous auriez perdu dans les 20%, ce qui est désagréable, mais somme toute, c'est les gains d'une année à la bourse. Avec un peu de chance, le reste de votre portefeuille aura compensé cette perte. Mieux, vous pouvez décider de couper vos pertes...
B.9 : Je coupe mes pertes
Je sens que je vais bientôt perdre 20% (Louis XVI)
Un économiste distingué a constaté qu'il y avait quatre types de résultats que l'on pouvait obtenir de la bourse en investissant sur une valeur : un gros gain, un petit gain, une petite perte et une grosse perte. Partant de cette constatation, il en a déduit une manière simple de gagner en bourse : couper les grosses pertes. Dès que vous dépassez un certain seuil de perte sur une valeur (mettons 20%), vendez. Je sais, ça fait mal au cœur, mais si vous faites ainsi, il n'y aura plus pour vous que trois types d'opérations : gros gain, petit gain et petite perte. En moyenne, vous gagnerez donc de l'argent. La méthode est à la portée d'un âne bâté, mais il paraît qu'elle marche. Appliquée au problème de l'action Eurotunnel ci-dessus, vous constatez qu'elle permet de ramener vos pertes à 20% dans le premier cas (tout le portefeuille investi, et à seulement 4% dans le deuxième cas (portefeuille panaché). La ruine est évitée. Cette stratégie nécessite bien sûr une certaine force de caractère, il faut agir sans regrets ni remords.
B.10 : Je moyenne à la baisse
Bonjour monsieur l'huissier, c'est pourquoi?
La moyenne à la baisse est la technique contraire. Si vous achetez 10 action à 100 euros et que le cours tombe à 80, vous pouvez attendre longtemps avant que ça ne remonte à votre cours d'achat. La moyenne à la baisse est une technique qui permet d'attendre moins longtemps avant de rentrer dans vos frais. Une fois arrivé à 80, remettez le couvert ! Achetez un deuxième paquet de 10 actions à 80 euros. Ainsi, le cours moyen d'achat sur ce titre passera de 100 à 90 euros, ce qui est plus accessible. Evidemment, dans le cas d'un scénario à la Eurotunnel, vous pouvez y laisser votre chemise. Cette stratégie nécessite donc que vous ayez d'une part des liquidités, et d'autre part, si vous me permettez l'expression, des couilles. Réservez donc ce petit jeu aux entreprises installées, rentables, peu endettées et peu susceptible de vous réserver de mauvaises surprises. A éviter avec jmenscoo.com, le site des cyber-communautés de tchate de thread sur wap.
B.11 : Les bons produits
Vous osez appeler ça de l'uranium enrichi? Enrichi au thorium oui!
Encore une méthode pour choisir ses investissements : est-ce que les produits de la société sont appréciés? Si vous répondez positivement à cette question, ça sent la bonne affaire. Cette méthode peut sembler fruste et provinciale, mais elle n'en est pas moins d'une redoutable efficacité. En effet, la mauvaise qualité des produits d'une entreprise reflète les difficultés qu'elle peut avoir à affronter la concurrence, les dissentions internes, le climat social, les désordres dans la production... inversement, un bon produit bien vendu ne peut être le fruit que d'une équipe soudée, d'une direction qui sait où elle va, d'ingénieurs compétents. La bonne image de marque globale d'une société traduit de même l'efficacité d'un service commercial, une dégradation trahit un relachement. La méthode est donc bien moins naïve qu'il y paraît au premier abord. Mieux encore, la fluctuation dans la qualité des produits se produit des mois, voire des années avant que les résultats de l'entreprise n'en soient affectés, de telle sorte qu'il est possible de prévoir l'évolution globale des performances financières de l'entreprise avant même les dirigeants de la boîte. Méditez mes sages paroles et, la prochaine fois que vous appréciez un bien ou un service, demandez-vous si la société ne serait pas cotée, par hasard. Il va de soi que la méthode a ses limites, notamment dans le fait qu'il est difficile d'estimer la qualité des biens produits, par exemple, par la Cogema, à moins que vous ne possédiez une centrale nucléaire (auquel cas cette modeste page ne vous sera d'aucune aide). En tout état de cause, si vous avez le loisir de tester avant d'acheter, faites-le, et si ce que vous voyez ne vous plait pas, n'achetez pas. La bourse fourmille en permanence de bonnes affaires, inutile d'encombrer son portefeuille d'un canard boîteux.
B.12 : Votre pire ennemi...
Connais-toi toi-même (Diogène)
C'est toujours vous! La psychologie même du petit épargnant peut causer sa perte. La peur de perdre de l'argent sur une ligne baissière peut retarder une décision de vente qui pourtant s'impose, et à l'inverse, couper ses pertes trop tôt peut empêcher de profiter d'un rebond. A la hausse, les deux écueils sont l'appât du gain, qui empêche de prendre ses bénéfices en espérant toujours gagner plus, et la timidité, qui fait vendre dès qu'on a réalisé une maigre plus-value. Lorsque l'on prend une décision, on doit toujours revenir aux raisons qui nous ont fait nous intéresser à la valeur, les fondamentaux, l'évolution du cours, le secteur... et toujours garder en tête les sommes que l'on investit, les bénéfices que l'on attend, les perspectives. Le cours d'une action est par nature chaotique, et il est dommage de prendre une décision hâtive sur un accident du cours qui masquerait une évolution de fond. Bref, il faut toujours naviguer sur le fil du rasoir, ne pas hésiter à remettre en question ses certitudes sur une valeur, à refaire fréquemment une analyse, à confronter ses intuitions aux nouvelles réalités du marché. Et comme un petit dessin vaut mieux qu'un long discours, voici un petit graphique mettant en scène de façon très parlante ce qu'il ne faut surtout pas faire...
On peut comparer l'investissement boursier à une navigation où il faudrait à tout moment se garder des excès qui peuvent coûter cher. Voici une petite carte marine de mon crû, qui illustre mes propos.