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Le Seigneur dévoilé
Paris, le 12 septembre 2002

J'ai lu il y a peu "Le Seigneur des Anneaux", de J. R. R. Tolkien, et je confesse y avoir pris un plaisir coupable. Comme bien des générations de lecteurs avant moi, j'ai été frappé par le personnage de Sauron, le tyran aux pouvoirs maléfiques qui donne son titre au bouquin. Et comme bien des générations de lecteurs avant moi, j'ai été bien déçu lorsque, refermant le dernier tome, je m'aperçois qu'à aucun moment de la trilogie, les héros ne voient de leurs yeux le fameux seigneur ! Jamais l'auteur ne nous le décrit, jamais il n'apparaît, sa présence ne se manifeste que par le truchement de ses serviteurs, les orques, les Nazgûls, les traîtres et les guerriers qui sont sous son contrôle. Mais quelle est donc l'apparence réelle du maître sous ses oripeaux fuligineux (1)? Et bien, après de pénibles travaux d'exégèse, je suis en mesure d'avancer une hypothèse qui semblera hardie à certains esprits médiocres, mais qui s'appuie sur une solide argumentation, que je vous expose brièvement.
Considérons tout d'abord l'Anneau. Son pouvoir corrupteur est légendaire : il causa en quelques heures la perte d'Isildur qui se l'était approprié, et bien plus tard attira la mort sur Boromir. Même de très puissants personnages, tels Elrond, Galadriel ou Gandalf, redoutent plus que tout de porter au doigt l'Anneau Unique, craignant de succomber immédiatement à son infernale puissance. Si l'on excepte Sauron lui-même, seules trois créatures porteront longuement l'anneau sans en périr : Gollum, Bilbon et Frodon, trois frèles créatures à la puissance risible. Certes, ils finissent, après un long moment, à succomber, mais Gollum le porte plusieurs siècles, Bilbon des décennies (avant de réussir à l'abandonner derrière lui), et Frodon le transportera des mois durant, alors même qu'il se rapproche de Mordor et que la puissance de l'Anneau augmente. Rien de commun entre la réaction des Hobbits et de Gollum (qui leur est, d'après Tolkien, apparenté) et celle des humains, qui sont immédiatement consumés par la proximité de la relique. Pourquoi donc une telle immunité de la gent hobbitte ?
Bon sang, mais c'est bien sûr, SAURON EST UN HOBBIT !
Il n'y a pas d'autre explication. Seule la parentée entre le créateur de l'Anneau et ses porteurs peut justifier la lenteur de leur corruption. Et celà explique que jamais Sauron ne sorte de sa tour pour, par exemple, haranguer ses troupes ou narguer ses ennemis, comme le ferait tout seigneur du mal normalement constitué. Il a tout simplement peur d'être hué et moqué pour sa petite taille et son faciès de gnome rigolard, c'est un hobbit honteux ! Et oui, il faut s'y faire, le fléau de Noldor, le maître des Nazgûls, le monarque du Mordor, n'est qu'un vulgaire pied-poilu amateur d'herbe à pipe !
Voilà. Si vous êtes sage, je vous expliquerai mon sentiment sur l'homosexualité de Jesus, les messages marxistes-léninistes dans l'oeuvre d'Enid Blyton et les sous-entendus pédophiles dans les pages roses de l'annuaire. A bientôt mes amis !



Fuligineux adj. : truc noir pas facile à placer dans une poésie. "Dans un champ d'oléagineux,/Sous mon manteau fuligineux,/Mou, un peu cartilagineux,/Ballant et flasque tu gis, nœud." (A. Raimbaud)

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