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Le jeu du journaleux
Paris, le 01 aout 2003

Voici quelques temps qu'au travers de mes diatribes, je répands mon fiel sur l'honorable confrérie de journalistes, arguant de leur malhonnêteté et de leur corruption. Eh bien, je dois faire amende honorable, je me suis trompé. Contrairement à ce que j'ai pu laisser transparaître dans mes propos, la presse Française n'est pas composée que des fils-à-papa recalés de normale-sup coupés des réalités, veules, avides, serviles, paresseux, aux bottes du pouvoir et aussi obséquieux devant les puissants qu'ils sont méprisants envers les petits.
Car ils sont, en plus, incompétents et d'un niveau intellectuel proche de l'indigence.
Pour en apporter l'illustration, considérons la pénible affaire dont Marie Trintignant fut la victime. Voici un sujet qui ne prête certes pas à la gaudriole, et qui devrait inviter, par simple décence, à un peu de rigueur dans le traitement. Qu'apprend-on en écoutant le journal de Canal+, le soir du drame ?
"D'après le chirurgien qui l'a opéré, elle souffre d'une blessure grave à la tête"
On s'émerveillera ici de la perspicacité du médecin Lituanien qui, recevant dans son service une patiente dans le coma avec le crâne défoncé, est capable, après un rapide examen, d'écarter la thèse de la morsure de vipère, de la tuberculose fulminante ou du cancer du bras droit, pour déclarer fermement qu'il a affaire à "une blessure grave à la tête". En voilà un qui a fait dix ans d'études, mais ça n'a pas été inutile, c'est un vrai pro maintenant. On ne peut pas en dire autant, hélas, du journaliste qui a relaté ce nouveau miracle de la science médicale.
Mais peut-être leurs collègues du service public sont-ils plus pertinents ? Voyons le flash du matin sur France 2, le lendemain. On nous montre, lors du reportage, "l'avion dans lequel Jean-Louis Trintignant est arrivé à Vilnius". Un plan passionnant sur un A320 ou un B-737 (je ne suis pas spécialiste) se rangeant bien sagement au parking. Puis, allons sur les lieux du drame. Plan large autant qu'ébouriffant sur "l'hôtel" où la triste affaire s'est déroulée, puis gros plan palpitant sur "la fenêtre". Oh, la belle fenêtre ! Ouverte, avec un rideau blanc qui sort, c'est sûr, on n'en a pas des comme ça chez nous, ça valait le coup d'envoyer une équipe de reportage sur place (aux frais du contribuable). Et comme de coutume, en toute fin de reportage, on nous glisse en deux mots la seule information de quelque intérêt : il semble que Bertrand Cantat n'ai pas commis son geste sous l'effet de l'alcool et des drogues, mais qu'il ait ingurgités ceux-ci ultérieurement, dans le but (bien compréhensible vu les circonstances) de mettre fin à ses jours. Compte tenu de l'affaire, on aurait pu s'attendre à un minimum de conscience professionnelle.
Un sujet plus léger les inspirera-t-il plus, nos écrivassiers du services public ? On apprend le lendemain que le trou d'ozone se rebouche. Tant mieux. Pour replacer les choses dans leur contexte, on nous fait l'historique, en nous rappellant que le trou d'ozone a été découvert en 85 (sans bien sûr nous dire qu'avant, ce trou existait sans doute, mais que personne ne l'avait encore mesuré). Plus surprenant, on apprend que ce trou d'ozone est dû "au CO2 émis par l'industrie" (ce qui doit étonner pas mal de chimistes, on incrimine généralement les CFC(1)). Pourquoi s'est-il rebouché ? Grâce à "des mesures gouvernementales". Soyons précis, de quel ministère ? C'est encore Sarkozy le brillant stratège de cette victoire planétaire sur la pollution ? Quel homme admirable, gloire à lui !
Un seul mot me vient pour qualifier ces reportages : minable. Il faudra un jour expliquer à ces handicapés mentaux que le journal de Jules-Edouard Moustic est une parodie, et non un exemple à suivre.
Toi aussi, ami lecteur, tu peux jouer au jeu du journaleux ! Toi aussi, amuse-toi à relever les maint erreurs & bévues de nos amis les journaleux, et émerveille-toi devant la nullité crasse de cette corporation de privilégiés suffisants et donneurs de leçons.




Et il y aurait du reste beaucoup à dire sur ce soi-disant trou, qui est composé à 70% de mauvaise foi écologienne et à 20% de sensationnalisme médiatique et 10% d'ignorance véritable, mais là n'est pas le sujet de notre diatribe du jour.

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