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Kikoo 2.0
Paris, le 7 octobre 2005

Voici quelques années, j'avais inauguré mes diatribes par une intervention consacrée à une nouvelle race de débiles mentaux : les kikoos. Il s'agit en substance de jeunes crétins qui déboulent sur les forums internet en important leurs habitudes du monde merveilleux du SMS à 0,34 € les deux-cent caractères. Il en résulte un gain de temps de vingt secondes pour celui qui écrit, mais une perte de temps de cinq minutes pour celui qui tente de lire ces enfilades d'onomatopées incompréhensibles.

Depuis cette époque reculée, la race des kikoos a fait florès sur le réseau, souvent aidée par des media complices et avides de ne pas rater la dernière stupidité à la mode. Pourtant, des résistants tels que votre serviteur ont peu à peu émergé, et tentent, vaille que vaille, d'éduquer au quotidien ces jeunes malappris par la méthode dite "du chienchien", qui consiste à leur mettre le nez dans leur caca.

Mais voici peu, une nouvelle race de kikoos est apparue, et telle une souche de bactérie résistante aux antibiotiques, ils sont parvenus à développer un mécanisme de défense contre lequel je voudrais vous mettre en garde. Et paradoxalement, ces neuneus incapables d'écrire "maison" sans faire trois fautes doivent leur salut à un mot particulièrement compliqué : DYSORTHOGRAPHIE.

La dysorthographie est la grave maladie mentale qui consiste à être incapable d'assimiler ou de reproduire des règles orthographiques, même simples, pour des individus disposant par ailleurs de facultés mentales parfaitement normales. C'est une grave pathologie dont la pertinence médicale avoisine celle de l'anorexie post-prandiale chronique contre laquelle se bat courageusement Roland Moreno depuis son service militaire(1). A vrai dire, la dysorthographie n'a pas été découverte d'hier, je me souviens qu'à mon époque, on la connaissait déjà et on la soignait très bien par la torgnolothérapie comportementale du docteur Martinet(2).

A priori, rien ne distingue le kikoo normal du kikoo dysorthographique, les deux variétés emploient le même langage pour étaler leur vacuité intellectuelle à la face du monde. Les différences apparaissent lorsqu'on les attaque sur leur expression écrite. Car contrairement au kikoo ordinaire (kikus vulgaris) qui couinera "pkoi T pa janti avc mwa ?", le kikoo dysorthographique (kikus pipotus) (3) réplique par un cinglant "c pa ma fot chui malad c la dysorthographie". Et aussitôt, notre pauvre taré d'attirer à lui la sympathie et la considération de ses pairs, qui l'encouragent à perséverer dans ses bredouillements informes. C'est vrai, il est si courageux de faire des efforts malgré son "handicap" !

Mais pourquoi s'arrêter aux kikoos ? Cet astucieux stratagème peut aussi bien s'appliquer à d'autre populations injustement brimées. Par exemple, à leur procès, Augusto Pinochet ou Saddam Hussein pourraient fort bien arguer de leur dysdémocratie pour émouvoir le jury. Il faut être ferme envers les terroristes, mais qui résisterait à l'oeil humide d'un malade dysgrattecielique (ou, s'il est un peu en avance, dysseptembre) ? Vous abandonnez votre femme enceinte, êtes-vous pour autant un sale type ? Non, vous êtes un dysnourrisson. Vous êtes si sale que les clochards font un détour quand ils vous sentent arriver ? Vous n'êtes pas un porc, mais un dysdouche. Vous sniffez de l'éther ? Courage, vous êtes dyssolvant.

Et si vous ne foutez rien à l'école, vous n'êtes pas un fainéant de gros branleur, vous êtes un dysergique : un grave handicapé psychomoteur incapable du moindre effort. D'ailleurs, la dysergie est l'un des principaux facteurs prédisposant à la dysorthographie (4).





Bibliographie :

(1) La théorie du bordel ambiant, R. Moreno, Editions de l'Archipel

(2) "Beaten children, happy children", L. Martinet et F. von Knout, American Journal of Paediatry, 1965.06

(3) "Description of kikus pipotus", J.M. Bouffon, A. Liniais et J. Latash III, Taxonomia, 45-332

(4) "The dangerous psychological secondary effects of regular school habits", R. de la Buissonnière et W. S. Sleepings, Bulletin of the Jamaïcan Indolence Society, 1987 vol 3.


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