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La conicule est de retour
Paris, le 30 juillet 2006

Chaque année dans le monde, des journalistes sont arrêtés, torturés, assassinés à cause de leurs idées. C'est un scandale, et il faut que ça cesse. Car pourquoi prendre prétexte de leurs idées, je vous le demande ? La seule incompétence de cette caste de parasites serviles suffit à l'honnête homme pour les condamner tous sans appel au peloton d'exécution.

Le dernier exemple en date est celui de la canicule. Rappelons les faits : en août 2003, chose étrange, surprenante et parfaitement inattendue, il a fait chaud et soleil. Comme il est de coutume parmi l'espèce humaine en ces circonstances, quelques-uns de nos anciens les plus faibles ont profité de ce climat impropice pour rejoindre un monde meilleur. L'affaire en serait restée là si un journaliste - sans doute un stagiaire désoeuvré - n'avait eu l'idée de les compter. Il se trouve que dans le même temps, certains personnels des hôpitaux s'agitaient pour avoir plus de moyens (si on les écoutait on leur filerait la moitié du budget et ils trouveraient encore à râler), et un syndicaliste plus malin que les autres a eu l'idée de profiter de l'aubaine pour faire un coup. Il a donc rameuté le ban e l'arrière-ban de tout ce que le pays comptait de journalistes non-vacanciers (pas beaucoup en fait), et leur propose un article sur mesure pour peupler leurs unes désertées et regonfler leurs ventes étiques de l'été. Nos vieux meurent ! Nos anciens périssent ! Les croulants se dessèchent par dizaines de milliers ! Mais que fait le gouvernement ?

Las, le gouvernement s'est comporté avec une incompétence proprement abasourdissante. Il se trouve qu'en août, le gouvernement de la France est en vacances (c'est ce qu'on appelle la vacance du pouvoir). Les journalistes voulaient l'avis du ministre de la santé, ce qui se peut comprendre, mais celui-ci, plutôt que de faire un saut à Paris ou d'envoyer le sous-secrétaire d'état à la climatisation des locaux hospitaliers, décida de les recevoir lui-même sur son lieu de villégiature, dans sa résidence secondaire, au bord de la piscine, en tongs et maillot de bain, tout ça pour expliquer qu'il n'y avait pas de problème et qu'il ne comprenait pas bien pourquoi on venait le déranger pour si peu. Il n'est pas besoin d'être diplômé de Harvard pour saisir que ça faisait quand même mauvais effet. C'est à cette occasion que nombre de français s'aperçurent qu'en août, ils n'étaient pas gouvernés (et au passage, le pays ne semble pas s'en porter beaucoup plus mal).

Bref, début septembre, constatant les dégâts, le bon père Raffarin décide de prendre des mesures pour que ça ne recommence pas l'année suivante. Et comment on fait pour financer les mesures ? Eh bien, c'est très simple, on supprime un jour férié. C'est à dire que non seulement le gouvernement ne reconnaît pas sa responsabilité dans cette affaire, mais en plus il fait payer les pots cassés aux gens qui se défoncent déjà toute l'année pour payer la retraite des vieux. Et vous ne savez pas le pire ? Ce jour férié supprimé, il est NON-PAYE ! Eh oui, c'est l'Etat qui se met directement votre salaire dans la poche, sans même avoir la politesse de passer par la case "impots".

Si ce très intelligent premier ministre avait pris la peine de consulter un document confidentiel appelé "calendrier", il aurait constaté que la Pentecôte 2005 était le seul jour férié du mois de mai, les 1e et 8 tombant un week-end, et qu'en plus, ça tombait une semaine avant un certain référendum. Mais que voulez-vous, le sens politique, on l'a ou on ne l'a pas.

Tout ce battage pour rien, puisqu'en 2004-2005, l'été fut pourri, mais voilà qu'en 2006, figurez-vous, on a encore eu dix jours d'été (soleil et chaleur). Et que croyez-vous qu'il arriva ? Eh oui, CES CONS DE JOURNALISTES REVIENNENT AVEC LEUR CANICULE ! Et cette fois-ci, ils ont le renfort d'un autre parti de débiles, les écologistes.

Attention, je ne parle pas là de scientifiques étudiant les interactions des espèces vivantes dans leur milieu, mais d'une secte de dangereux aliénés qui, depuis les années 70, tentent de convaincre un monde incrédule que c'est une très bonne idée de s'éclairer à la bougie, d'aller au boulot à pied et de faire pousser ses propres poireaux avec son propre compost. L'offensive des écologistes se fit par deux angles d'attaque :

- Premièrement, s'il fait beau et chaud en été, c'est à cause des rejets de gaz carbonique dans l'atmosphère. Il est urgent de se débarrasser de nos voitures, de ne plus prendre l'avion, et si possible, de ne pas trop péter. Tout ça en se basant sur des prévisions d'éminents climatologues qui prédisent un réchauffement de la planète de 0,5 à 3 degrés pour le siècle prochain. Moi, quand je lis des chiffres aussi précis, j'ai toujours tendance à supposer qu'on les a fabriqués au pifotron atomique différentiel à induction de phase. D'autant que si vous aviez interrogé ces mêmes climatologues il y a vingt ans, ils étaient tout aussi unanimes à vous expliquer que nous allions droit à l'ère glaciaire, et qu'il fallait se dépêcher de s'exiler au Sénégal.
- Deuxièmement, quelques centrales nucléaires ont demandé, à titre exceptionnel, de pouvoir effectuer des rejets d'eau plus chauds de trois degrés dans les rivières qui les refroidissent. Il paraît que c'est catastrophique, parce que ça peut ralentir le rythme de croissance de poissons dont, soit dit en passant, les espèces ne sont guère menacées, et ce sur quelques kilomètres en aval des centrales. De cette considérable menace, nos écologistes, ont tiré la conclusion que les centrales nucléaires, c'est pas fiable, ça pollue, il faut les arrêter immédiatement et les remplacer par des moulins à vent.

Et pendant ce temps, dans les maisons de retraite, des petits vieux meurent... d'hyperhydratation. On leur a fait tellement peur avec la canicule qu'ils boivent comme des éponges, et comme tout abus, celui d'eau peut tuer.

De tout ceci, je pense qu'il y a une leçon à tirer : les journalistes, pendant l'été, il faudrait tous les parquer à Guantanamo.

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