EFFETS D'UN JARDIN
THERAPEUTIQUE SUR LES TROUBLES DU COMPORTEMENT ET L'HUMEUR DE RESIDENTS
DE MAISONS DE RETRAITE PRESENTANT UNE DEAMBULATION (1)
J. COHEN-MANSFIELD,
P. WERNER
Cet article a été
soumis pour publication en langue anglaise et sera donc publié dans
son intégralité dans l'édition internationale " Research and Practice
in Alzheimer' s Disease " sous le titre: "Visit to an outdoor garden:
Impact on behavior and mood of nursing home residents who pace".
Demandes de TAP : J. Cohen-Mansfield, Ph.D., Research Institute,
Hebrew Home of Greater Washington, 6121 Montrose Road, Rockville,
MD 20852, USA.
Résumé: La déambulation et le
risque de fugue constituent une des principales préoccupation du
personnel des maisons de retraite. Face à ce problème, un certain
nombre de mesures ont été mises en place dans les établissement.
Les pires (actuellement de plus en plus réprimandées) sont les contentions
physiques ou chimiques. Différents travaux ont pu démontrer que
les contentions physiques aggravent, d'une part, l'agitation et,
d'autre part, augmentent considérablement le risque de grabatisation
et de souffrance physique du patient. Al' inverse, un certain nombre
d'auteurs fait état de l'intérêt de zones de déambulation spécialement
adaptées pour ces patients. La mise en place de véritables jardins
thérapeutiques trouve ici toute sa justification. Devant le développement
de telles structures, les auteurs ont voulu, dans le présent travail,
évaluer l'intérêt d'un jardin thérapeutique extérieur sur les troubles
du comportement des résidents vivant en maison de retraite.
Méthode : 12 résidents ont été sélectionnés en raison de leurs troubles
à type de déambulation particulièrement importante (10 femmes et
2 hommes, d'âge moyen 85,7 ans). 58,3% de ces patients présentaient
une démence de type Alzheimer. 41 % de ces patients présentaient
également une pathologie cardiovasculaire, et 33 % des troubles
musculo-squelettiques. Les troubles du comportement à type de déambulation
ont été classés en différentes catégories selon que le patient déambule
sans destination précise, marche dans un but précis, essaie de trouver
la sortie pour quitter l'établissement, ou alors va sans arrêt dans
les chambres des autres patients ou dans la salle d'infirmerie.
De un appareillage informatique a été utilisé pour mesurer le niveau
de déplacement de chaque patient à l’aide d'un appareil de mesure
de l'activité physique (locomètre). Les autres types d'agitation,
agitation physique non agressive, agitation physique agressive,
agitation verbale non agressive, agitation verbale agressive, ont
été également étudiés. L'échelle de Cohen-Mansfield a été ainsi
utilisée, de même que la " Lawton's Modified Behavior Stream " pour
étudier l’humeur de ces patients. De plus, la localisation des résidents
dans l’établissement, leur position (assise, debout, couché..) ont
été étudiées. Les patients ont été séparés en 3 groupes de 4 sujets
et étudiés pendant une période de 10 jours, avant l’utilisation
du jardin thérapeutique, pour connaître leur état de base, puis
pendant une phase interventionnelle (utilisant le jardin thérapeutique)
de 20 jours. Deux visites quotidiennes d'environ une demi-heure
ont été proposées à chaque sujet. Les visites avaient lieu en compagnie
d’un attaché de recherche clinique, et le patient pouvait se déplacer
dans le jardin comme il le souhaitait. Un certain nombre de visites
n'ont pas pu être réalisées parce que le patient n’a pas voulu sortir
de l’établissement ou bien parce que le temps ne le permettait pas
(trop chaud ou pluvieux).
Résultats : Les auteurs ont
pu observer, pendant la période d'intervention avec utilisation
du jardin thérapeutique, une baisse des épisodes de déambulation
et de déplacements intempestifs dans les chambres des autres pensionnaires
(patient revenu dans la maison de retraite). De même, bien que ce
résultat ne soit pas statistiquement significatif, il y a une baisse
des tentatives de fugues. L’activité locomotrice ne semble pas,
par contre, avoir été modifiée. Le niveau d’anxiété a par contre
diminué pendant la période interventionnelle, et l’humeur (quantifiée
par les infirmières) a semblé meilleure. Le temps passé assis s’est
avéré également plus important après l’utilisation du jardin thérapeutique.
De même, les infirmières ont pu observer une baisse de l'agitation
(agitation physique non agressive et agressivité) chez ces patients
après l'utilisation du jardin thérapeutique. Mais aucune modification
sur le degré de confusion n'a été observée.
Discussion : L’utilisation
d’un jardin thérapeutique semble utile chez les résidents des maisons
de retraite qui souffre de déambulation. Il faut cependant noter
que les patients réagissent de façon différente à la possibilité
de se déplacer dans le jardin thérapeutique. Certains semblent un
peu déroutés dans ce nouveau lieu et, au contraire, ne vont pas
se déplacer et s’asseoir. D’autres vont en profiter pour déambuler
encore plus. Il semble que les résidents qui ne sont pas sortis
depuis longtemps de la maison de retraite sont ceux qui ont peur
de s'éloigner de l'accompagnant contre lequel ils restent pratiquement
collés. A noter enfin que dans 29% des cas, le résident n'a pas
voulu quitter l'établissement pour aller dehors. Des études supplémentaires
sont nécessaires afin de mieux préciser quels sont les pensionnaires
qui sont le plus améliorés par ce type d'intervention, et quelle
doit être la nature architecturale du jardin pour être la plus accessible
et la plus efficace possible. Des jardins thérapeutiques existent
déjà en France, notamment dans la région toulousaine.
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