Le
1er Avril 2003, une cinquantaine de personnes représentant
35 associations ou groupes répartis dans la France
entière se retrouvaient au service de Pédopsychiatrie
de la Pitié Salpétrière (c'est
dans ce service d'Hôpital de jour qu'Anne Ribes
anime depuis 7 ans le premier atelier potager-fleur
pour enfants en souffrance) à l'initiative de
Belles Plantes, pour échanger et enrichir leur
expérience.
Le Professeur Mazet, Chef du Service, a accueilli les
participants et salué leur démarche qu'il
a comparée à celle de véritable
"chercheurs".
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Pr
Basquin
Le thérapeute a un rôle d’accompagnement de
l’enfant, et le jardinage est une activité qui prend le rôle de
support. L’adulte est l’intermédiaire entre le jardin et l’enfant,
une dimension de liberté doit être conservée. Les enfants autistes
ne peuvent pas entrer en relation avec l’extérieur, en l’occurrence
les plantes représentent l’extérieur, et la relation que l’on peut
avoir avec elles est plus simple, c’est une première étape. Le jardin
peut jouer un rôle thérapeutique dans la mesure où l’on peut s’identifier
au rythme de croissance d’une plante : " Germer, croître, fleurir,
fructifier, mourir. Par conséquent, le jardin impose son rythme,
il faut attendre le développement des plantes, ce qui est une notion
qui fait défaut chez les enfants autistes. De plus le jardinage
a le mérite de donner aux enfants la possibilité de mettre en jeux
son corps ce qui est très enrichissant pour un enfant.
Mme
Martin (psychologue)
Le jardinage permet de participer avec son corps dans l’activité,
tout en apprenant à le maîtriser. Ceci se retrouve dans les différentes
actions menées, comme l’arrosage, la plantation, mais aussi le fait
d’éviter d’écraser les plantes. Le jardin a un rôle de médiateur
entre l’équipe soignante (orthophonistes, psychomotriciens, éducateurs,
enseignants) et le patient.
François
(infirmier)
L’atelier jardin est considéré comme un autre atelier, il reste
un support d’observation et il a un rôle de médiateur entre soignants
et soignés. L’atelier doit être encadré par un spécialiste dans
le domaine (en particulier ici un jardinier), et un soignant, ceci
pour une question de qualité d’accompagnement du patient et une
meilleure gestion de l’atelier, ainsi qu’une disponibilité plus
grande du personnel soignant.
Anne
Ribes (infirmière et jardiniste)
Il y a énormément d’espace dans les hôpitaux dont il faut profiter,
et la nature est un support très riche pour se remettre en contact
avec l’extérieur. Le jardin est complexe par son côté magique et
par les multiples sensations qu’il suscite. Il éveille les 5 sens,
domaine qui est assez compliqué chez les enfants autistes. De plus
il impose son rythme. Il faut laisser à l’enfant un espace de liberté,
tout en lui apprenant le respect des choses.
CATTP
d’Alès (Jean-Louis Riboldi Chef jardinier, Dominique Petit Ergothérapeute,
Marcelle Leran infirmière en psychiatrie)
Le CATTP est un centre d’accueil thérapeutique à temps partiel.
Il y a un jardin situé dans le centre d’accueil et un autre situé
à quelques kilomètres du centre d’accueil, cela permet d’éviter
la sensation d’enfermement des patients, de plus cela incite à aller
vers l’extérieur. La volonté de l’équipe est d’associer la notion
de plaisir au jardinage. De multiples activités sont liées à l’atelier
jardin (comme un déjeuner grillades sur le site.) L’équipe encadrant
l’atelier est constituée d’une équipe soignante et d’un spécialiste
jardinier. Le patient est associé dans le montage de l’activité
(achat du matériel. ) Afin de permettre à l’atelier de fonctionner,
les résultats des ventes des productions se rajoutent à une subvention
du centre Hospitalier.
Charlotte
Dufour (paysagiste)
Travaillant dans un centre public d’aide sociale pour personnes
âgées, Elle crée de façon progressive un jardin dans l’enceinte
du centre. Le jardin est un support pour discuter, se rencontrer,
se connaître, susciter l’imagination, exister à travers ses souvenirs,
transmettre, donner quelque chose, s’investir, éprouver de la joie,
s’approprier un espace, avoir du plaisir à exister.
Claudie
Dubois (jardinière)
Le lieu où se passe l’activité jardinage est à quelques kilomètres
du lieu de vie. Le site a spécialement été retravaillé de façon
à créer des endroits protégés pour l’intimité des patients qui voudraient
s’isoler. L’idée est d’associer le plaisir au jardinage. Jardiner
en équipe c’est rentrer dans une chaîne de production où la vente
des produits est une étape importante pour les résidents, c’est
une façon de valoriser leur travail. Un constat de manque d’outils
permettant de mesurer l’apport du bienfait du jardinage sur les
malades a été fait.
Chantal
Gablier ( Monitrice éducatrice)
L’atelier s’est déroulé (puisqu’il est momentanément suspendu) à
Dreux, dans le service de pédopsychiatrie du centre de rééducation
de diagnostic et de rééducation pour les enfants autistes. L’atelier
jardin est un champ d’observation, repris en équipe éducative par
le pédopsychiatre, le psychologue, la psychomotricienne, et l’orthophoniste.
Il a un rôle éducatif puisqu’il est lié à un atelier cuisine, de
plus il apprend à attendre, la notion de temps se conjugue avec
la notion de vie, un parallèle est fait entre la vie humaine, son
évolution et la vie d’une plante, l’identification à ce rythme de
vie est intéressante. De plus, le jardin est dehors, il est une
étape pour aller vers l’extérieur, hors des murs de l’institution.
Véronique
Moufflers (jardinière et éducatrice technique spécialisée)
L’atelier jardin se passe à l’institut médico-éducatif de Loos,
avec des enfants déficients visuels avec handicaps associés, des
enfants psychotiques, des enfants autistes, des enfants qui ont
des maladies dégénératives, des handicapés physiques, des handicapés
mentaux. L’atelier a un rôle fédérateur, en effet il implique différents
types d’ateliers qui le complètent comme les ateliers menuiserie,
vannerie, et poterie. Il est organisé selon un planning d’activités
(marché de Noël, kermesse), et il est orienté vers une production
et bien sûr une vente auprès des parents, du personnel soignant
et de personnes extérieures. La vente est une période très valorisante
pour les patients qui sentent la qualité de leur travail, tout en
soulignant leur place dans la chaîne de production. Le jardin est
adapté aux handicaps (adaptation de l’espace aux personnes à mobilité
réduite, mais aussi un jardin des 5 sens qui permet aussi de profiter
des plantes.). La remarque a été faite qu’il manque une relation
entre l’équipe soignante et l’atelier jardin, ce qui n’aide pas
dans l’évolution de la thérapie.
Joëlle
Klisz (infirmière en psychiatrie)
L’atelier jardin permet une valorisation du travail par une rémunération
(par exemple pour la tonte), il permet aussi de : réapprendre à,
tenter de retrouver un équilibre, se reconstruire, reprendre confiance
en soi, en l’extérieur, retrouver des repères dans le temps dans
l’espace, de reconnecter avec la réalité et à son passé à ses souvenirs,
se confronter au rythme végétal et saisonnier, ressentir un certain
plaisir et un certain bien-être.
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