AVIRON ET TRAUMATOLOGIE

PLAN DE L'EXPOSE

Introduction :

I- Pathologies générales et pratique de l’aviron

  1. Les contre-indications
  2. Les pathologies dues au milieu
  3. Les pathologies dues à la croissance ou aux anomalies morphologiques

II- Traumatologie d’usure par excès de sollicitation locomotrice

  1. Traumatologie de l’épiderme
  2. Traumatologie du thorax et du rachis
  3. Atteintes musculaires d’élongation
  4. Traumatologie des membres inférieurs et du genou
  5. Traumatologie du membre supérieur : chaîne poignet – coude – épaule

III- Traumatologie annexe

IV- Aspect cardio-vasculaire

Conclusion

Bibliographie

 

AVIRON ET TRAUMATOLOGIE D’EXCES

L’aviron est l’une des plus ancienne pratique physique humaine. La navigation à la rame est déjà présente dans la civilisation sumérienne, il y a plus de 5000 ans. Au 18éme et 19éme siècle, l’aviron est l’une des toute première activité physique à se structurer en tant que pratique sportive. Les premières compétitions, les premiers règlements, les premiers clubs, et les premières fédérations apparaissent dés 1850 en France et beaucoup plus tôt en Angleterre…

Cette histoire très longue de la pratique du déplacement à la rame, explique sans doute la très grande stabilité des techniques gestuelles et des technologies (matériel, équipements…). Celles-ci n’ont pratiquement pas évoluées depuis 100 ans. Les seuls changements se situent au niveau des matériaux et des réglages.

Le temps a sans doute permis la conception d’outils (bateau, rames…) et de gestes techniques qui intègrent parfaitement la morphologie et la biomécanique humaine. L’ensemble fait de l’aviron un sport très peu traumatique, malgré la très forte sollicitation énergétique qui le caractérise.

Dans la suite de notre présentation, nous étudierons les rapports entre l’activité sportive et la médecine sportive traumatologique. Ceux-ci se divisent en 4 domaines d’intervention du médecin :

- Les contres indications et le certificat médical d’aptitude.

- Les pathologies liées au milieu de pratique.

- Les pathologies liées à la croissance et aux anomalies morphologiques.

- Les traumatismes d’usure.

- Les pathologies liées aux activités annexes.

- Les aspects cardio-vasculaires.

La partie III de la présentation n’évoquera que rapidement les risques traumatologiques liés à la musculation, aux footings ou sports collectifs souvent associés aux entraînements d’aviron. On retrouve alors les traumatologies classiques : musculaires (crampes, courbatures, contractures, élongations, contusions…), tendineuses (tendinites et ruptures), articulaires (luxations et entorses), osseuses (fractures).

La partie IV propose une approche rapide des problèmes cardio-vasculaires.

Il existe également tout un volet du suivi médical relatif à la physiologie (épreuve d’effort…) avec éventuellement des pathologies cardio-vasculaires, ainsi que des éléments relatifs à la diététique, l’hygiène de vie et la psychologie des sportifs, que nous n’aborderons pas ici.

I- Pathologies générales et pratique de l’aviron :

1- Les contre-indications à la pratique de l’aviron :

    Les contre indications sont rares et relèvent des problèmes de l’équilibre (épilepsie, vertiges), des risques de noyade (trachéotomie…), des anomalies cardio-vasculaires (voir partie IV). Les contres indications temporaires sont les maladies de croissance : cyphoses et épiphysites de croissance notamment du rachis (maladie de Scheuermann), du genou (maladie d’Osgood Shleter), du talon (maladie de Sivers), ainsi que les troubles de la statique rachidienne et les traumatismes graves.

    A un niveau plus général les asthmes non contrôlés, le diabète non équilibré, les mal-formations rénales, l’hypertension et les problèmes endocriniens, contre indiquent de la façon relative à la pratique.

    La vaccination doit être à jour et les pratiquants doivent savoir nager.

    Pour l’établissement du certificat médical, le médecin vérifie particulièrement l’état cardiaque et l’état du rachis. La scoliose n’est pas une contre-indication au contraire.

    Les handicapes moteurs limitent certaines pratiques notamment en bateau court mais pas l’accès à des formes adaptées de pratique.

2- Les pathologies dues au milieu :

L’aviron se pratique en extérieur toute l’année, ce qui induit des pathologies classiques : O.R.L (rhumes, grippes, typhoïde, rhinites, sinusites, otites, angines, bronchites…), ophtalmologiques (ophtalmies, conjonctivite), cutanées (coup de soleil, mycoses…) ou générales : insolation, infections intestinales, refroidissement, hypo ou hyperthermie, hypoglycémie, déshydratation, asthme, allergies, infections diverses…souvent facilités par l’effort, le froid, l’humidité, le stress et des facteurs psychologiques.

L’ensemble est lié à la température, l’humidité, le soleil, le vent, l’état sanitaire de l’eau, l’hygiène générale, le mode de vie, la promiscuité avec d’autres sportifs (sport collectif) et la sensibilité propre du rameur (surtout en période de fatigue ou de surentraînement). Les carences alimentaires et l’état de fatigue sont toujours des facteurs aggravants.

Traumatologie spécifique du froid :

La crispation des mains sur les poignées induit une réduction de la circulation sanguine et une hypothermie des tissus périphériques des membres supérieurs facilité par la constriction vasculaire due à la thermorégulation. L’ensemble conduit à des lésions dermiques : crevasses, engelures, onglées… et musculaires : algies digitales, perte de mobilité et de contrôle neuro-musculaire, fourmillement, contractures et crampes…

Accidents de navigation et traumatismes liés à la pratique :

Toujours en relation avec le milieu de pratique, deux types d’accidents graves peuvent être retenus :

De plus il existe une traumatologie due à la manipulation des bateaux et du matériel (coups, chocs, mauvaises positions, chutes…)

    3- Les pathologies dues à la croissance ou aux anomalies morphologiques :

En dehors des contres indications listées plus haut, certains problèmes de croissance ou anomalies morphologiques, notamment congénitales, (troubles statiques) révélés par la pratique de l’aviron, peuvent induire des risques de traumatismes.

Les trois points sensibles à surveiller sont : le rachis, les genoux et l’épaule. Les risques sont des luxations ou sub-luxations, des atteintes cartilagineuses ou tendineuses et des conflits inter-osseux.

D.R.C.R : (6)

La Dystrophie Rachidienne de Croissance (maladie de Schewermann, épiphysite de croissance) intervient à partir de 10 ans en limitant le développement des corps vertébraux (surtout chez les garçons), au niveau D6, D7, D8. Il y a lésion des plateaux vertébraux, hernies, arrondissement des angles vertébraux, altération des disques… l’ensemble aboutit à une cyphose dorsale, hyperlordose cervicale et lombaire et plus ou moins scoliose par compensation. L’aviron peut faciliter ou aggraver cette maladie.

L’aviron n’est qu’un révélateur de problèmes existants et qui devront être traités spécifiquement et n’occasionne pas de retard de croissance.

Des aménorrhées existent chez les pratiquantes de haut niveau.

 

    II- Traumatologie d’usure par excès de sollicitation locomotrice.

En dehors des cas des pathologies cités plus haut, qui ne sont pas spécifiques, l’aviron – en lui-même – n’est pas un facteur de traumatisme. Toutefois, il existe toute une série de traumatismes fréquents en aviron, généralement liés à un excès de sollicitation de l’appareil locomoteur.

Il s’agit de pathologies d’usure des tissus : épidermiques, musculo-tendineux, ligamentaires et osseux. On distingue quatre zones : (par ordre de fréquence)

Toutes ces pathologies disparaissent à l’arrêt de la pratique et sont en étroite corrélation avec le volume de l’entraînement. Aucune n’est réellement grave mais toutes gênent considérablement la pratique (algies, perturbation du geste technique…)

    1- Atteinte traumatologique de l’épiderme : main, mollet, fesse et hanche :

    Les frottements de la peau sur les outils (manches des rames, rails et bords du bateau) induisent des irritations et inflammations évoluants en phlyctènes ou en abrasions de la peau avec plaies et saignements.

    Les risques des atteintes épidermiques sont la surinfection et l’arrêt de la pratique du à la douleur et à la cicatrisation. Les lésions sont aggravées par le manque d’hygiène, l’état sanitaire du milieu et la fatigue générale (développement de l’infection, absence de cicatrisation). Un geste crispé, sans relâchement ou incorrecte, du matériel en mauvais état ou usé… sont souvent des facteurs facilitants les atteintes épidermiques. De même certaines peaux sont plus sensibles.

    Le traitement immédiat est simple : antiseptiques classiques (Eosine, Mercryl…), pommades cicatrisantes et le parement des plaies. L’épithéliation est spontanée en quelques jours, les phlyctènes se résorbent et se desquament naturellement.

    Le traitement de fond est essentiellement préventif : tannage de la peau (alcool iodé, Bétadine, formol…), usage de crèmes spéciales, port de gants, coupure des ongles, enlèvement les bagues, montres…et vérification du matériel et de la technique.

    Traumatismes de la main : "la main du Rameur" (3)

    Les frottements main sur main ou main sur poignée conduisent à deux types de lésions cutanées :

    - Excoriation de la peau dorsale par abrasion main gauche (ongles) sur main droite.

    - Atteintes palmaires et de la pulpe des doigts avec 4 niveaux de gravité : inflammation cutanée – décollement dermo-épidermique – ouverture des phlyctènes – saignement des plaies.

    Ces traumatismes sont surtout décrits en Novembre et en Février lors de la reprise des entraînements ou du changement de technique ou de matériel et lors de hausses des volumes d’entraînement.

    L’habitude permet le durcissement de la peau et le développement d’un cal induré par hyper-kératose des zones d’appui. Ce cal induré, s’il est mal placé ou sur-développé peut être la cause de nouvelles lésions.

    (Voir plus loin les autres problèmes tendineux et neurologiques de la main du Rameur)

    2- Traumatologie du thorax et du rachis : (2) (6) (7)

Thorax : la fracture de fatigue : (8)

La fracture de fatigue des côtes du rameur est due à un excès de sollicitation des muscles intercostaux sur des mouvements d’ouverture à l’avant en charge maximale (environ 90N). Elle est favorisée par la fatigue, les contractures musculaires, la déshydratation, les carences en calcium, une diététique incorrecte ou des facteurs psychologiques… 30% des fractures sont invisibles à la radiographie, la scintigraphie est l’outil de diagnostique le plus pertinent. Le traitement est classique pour cette traumatologie et impose 3 semaines d’arrêt. L’augmentation récente de cette traumatologie s’explique par l’augmentation des forces de tractions costale due à l’utilisation de rames plus dures (palettes larges avec levier court) et plus rigides (carbone). L’augmentation du travail de musculation, et parfois un manque de travail d’assouplissement, participent à l’augmentation des fractures de fatigue en aviron.

Rachis : lombalgies, douleurs cervicales (2) (6) (7)

Au niveau lombaire la sollicitation se fait par un mouvement d’amplitude maximale d’hyper-extension à hyperflexion. L’ensemble induit une sur-solliciation de la mobilité vertébrale. La répétition, plus ou moins associée au froids, à l’humidité et à la fatigue, conduit à des courbatures, contractures ou crampes des muscles dorso-lombaires et des micro-traumatismes tendino-ligamentaires qui se manifestent par des algies et des blocages cédant au repos, au massage, à l’étirement ou à la chaleur.

Au niveau cervical les traumatismes sont du même ordre. Ils sont dus à une crispation de la nuque et/ou de la mandibule lors de l’effort, plus ou moins aggravés par des problèmes orthodontiques.

Lorsqu’elles existent, un traitement local des inflammations peut être proposé.

Le traitement préventif est simple : maintien des lombaires au chaud au moyen de tenues adaptées (coupes vent…), hydratation adaptée, vérification des réglages et du geste technique, contrôle de l’état général du sportif (fatigue, surentraînement, diététique, infections…) et éventuellement port d’un lombostat..

Dans les cas de récidive, un travail à plus long terme sur la souplesse (stretching), les régulations posturales (orthodontie), les équilibres musculaires, le contrôle de la tonicité et du stress, peut être proposé. On recherchera toujours des anomalies de croissance (chez les jeunes) ou des anomalies morphologiques (chez l’adulte), ainsi que des hernies ou des traumatismes plus graves (neurologiques…).

La musculation intensive est toujours un facteur aggravant (squats, développés).

D.I.M – Dérangement Intervertébraux Mineurs :

Les dérangement intervertébraux mineurs " vertèbres déplacées " lors de mouvements ligamentaires sont à l’origine de pression sur les vertèbres qui causent des contractures réflexes sur les muscles. L’ensemble peut être traité par des massages, de la physiothérapie ou de la mésothérapie. Les problèmes techniques sont souvent des causes directes. L’ensemble peut évoluer vers des sciatiques en L4-L5 avec des algies qui irradient dans les membres inférieurs.

L’évolution possible en Lumbago – pincement discal et hernie discale, est du à un angle trop fort du rachis lors de la fin de coup (fin de traction). L’ensemble conduit à une hyper-cambrure lombaire sur une sollicitation en charge maximale (80N) de L3-L4 et S5-S1. Il convient alors de vérifier les réglages et de limiter l’angle du rachis sur l’arrière par un travail sur la technique.

Des erreurs de technique sur l’avant (attaque dos non tenu) notamment à l’ergomètre, ont également des effets similaires. La prévention est possible par un raccourcissement et une fortification des muscles fessiers ce qui augmente leur sollicitation et induit une compensation par une bascule du bassin supérieur (meilleure tenue du dos à l’arrière).

 

Biocontraintes rachidiennes : "Dos du rameur" (7)

Les biocontraintes de l’aviron sont à l’origine d’une usure du rachis dorso-lombaire due au passage alterné d’une hyperlordose à une cyphose extrême. Il y a surpression sur les vertèbres et usure des corps fibreux (disques).

3- Traumatologie musculaire d’élongation :

Il existe toute une traumatologie musculaire d’élongation : muscles intercostaux, intervertébraux, quadriceps, adducteurs… qui est due à la contraction musculaire violente en position d’étirement maximal en charge maximale (position sur l’avant). La traumatologie est aggravée par l’augmentation des forces mises en œuvres, l’état du muscle (étirement fatigue, niveau de souplesse) ou une insuffisance de relâchement.

Les mêmes causes expliquent les tendinites et les arrachements tendineux (muscles intercostaux, rotule, rachis…)

L’exemple des adducteurs est caractéristique : ces muscles sont sollicités en pointe lors de l’ouverture des jambes à l’avant. En dehors de ce contexte ces muscles sont peut sollicités en aviron et ne font pas l’objet de renforcement particulier car ils sont accessoires du mouvement. Mais lorsque le mouvement se fait avec ouverture des jambes la sollicitation des adducteurs devient maximale car ils deviennent agonistes de l’extension des jambes dans la phase initiale de la traction. Cette contraction explosive d’intensité maximale intervient sur un muscle non préparé et légèrement étiré.

    4- Traumatologie des membres inférieurs et du genou :

Pathologie du genou : (2) (5)

Lors du mouvement d’aviron le genou passe d’une position de flexion à 70° à une position d’extension maximale. La répétition du geste, en charge maximum à cadence élevée induit des fatigues musculaires (crampes, contractures, courbatures) et des micro-traumatismes d’usure au niveau des tendons et des cartilages (articulations fémur/rotule et rotule/tibia). L’ensemble produit des algies diffuses, inflammations, tendinites… locales cédant au repos et des syndromes rotuliens. Les plus fréquents sont : l'hyperpression externe, la subluxation externe permanente ou récidivante et la luxation récidivante, la chondromalacie ou l'ostéochondrie, le syndrome d'engagement, les problèmes de trochlée convexe et de maladie Milgram. L'ensemble est facilité par des anomalies de longueur de segment ou de statique du bassin (troubles orthostatiques) et des réglages incorrects de la barre de pied sur l'avant (hyper-flexion).

Un traitement local des inflammations est nécessaire (AINS, physiothérapie, mésothérapie…), ainsi qu’une vérification des réglages à l’avant et du geste technique (très souvent en cause). L’ensemble prit très tôt n’aura que très peu de conséquence. Toutefois les rameurs sont souvent très discrets sur leurs douleurs et hésitent à les signaler, ce qui peut retarder les traitements et amener des traumatismes plus graves (lésions osseuses ou tendineuses).

Une vérification de l’état général, hygiène de vie, diététique, hydratation, posturologie, problèmes dentaires, longueurs segmentaires et anomalies de croissance ou congénitales est toujours souhaitable. Un travail sur le schéma corporel, les équilibres des chaînes musculaires, la souplesse (stretching), le contrôle de la tonicité et du stress pour maîtriser les crispations, est souhaitable en particulier dans les cas de récidive. Là encore la musculation est toujours un facteur aggravant (squats).

Pathologie du pied : "le pied du rameur" (4)

Lors du mouvement d’aviron le pied est fixe par rapport au bateau. Il joue un rôle d'appui, de soutien et de traction. Deux types de traumatismes sont observés :

    5- Traumatologie des membres supérieurs : chaîne poignet – coude – épaule. (1) (3)

Dans le mouvement d’aviron les membres supérieurs ont un rôle essentiel dans la transmission de la force et de la vitesse du dos vers l’aviron. La chaîne d’articulation : poignet – coude – épaule est très sensible aux fautes techniques : mauvaise prise de la rame, absence de relâchement des muscles, exécution gestuelle incorrecte ou crispation lors de la rotation des rames. L’ensemble répété de nombreuses fois induit des traumatismes tendineux caractéristiques des rameurs débutants ou d’un mauvais réglage du matériel. Les atteintes se situent à trois niveaux :

- poignet : ténosynovites et tendinites des extenseurs, tendinite de De Quervain (pouce), tendinite des 1er et 2ème radiaux.

- épaules : conflits sous-acromio-coracoïdien sur un mouvement d’élévation antérieur en rotation interne (E.D.C.A.I), luxation (lors de la manipulation des bateaux).

Dans tous les cas il convient de soigner l’inflammation (AINS, méso ou physiothérapie), de mettre l'articulation au repos (2 à 3 semaines) et de revoir le geste technique et les réglages en supprimant tout motif de crispation et en allégeant les contraintes.

Un travail sur la maîtrise du schéma corporel (notamment poignet / main), la souplesse (étirements) et la proprioceptivité est souvent nécessaire chez le débutant, notamment adulte. Des problèmes dentaires et d'hygiène de vie (diététique…) sont souvent associés à ces traumatismes. La musculation est un facteur aggravant.

E.D.C.A.I (1) – "épaule du rameur"

L’Epaule Douloureuse de Conflit Antéro-Interne intervient par sur-utilisation de mouvements d’élévation antérieure en rotation interne (flexion, adduction, rotation interne). Il y a alors conflit d’opposition entre le Trochin, le sous scapulaire et le bord externe du segment horizontal de l’apophyse coracoïde ce qui comprime les bourses séreuses sous-coracoïdiennes et donne une pathologie d’épaule douloureuse à 3 stades :

La rééducation est essentielle, elle vise à renforcer le grand pectoral et le grand dorsal pour recentrer l’articulation en bas et en arrière.

 

Atteintes neurologiques – "Poignet du rameur"

On observe également des atteintes neurologiques liées à la crispation des poignets et à un excès de sollicitation en hyperflexion - hyperextension de l'articulation. L'ensemble se traduit par des atteintes des canaux carpiens. L'atteinte apparaît généralement sur le tard vers les 30 ans après des années de pratique régulière et une longue expérience. Elle se manifeste avec des délais variables après l'effort mais régresse plus ou moins au repos et donne parfois des paresthésies nocturnes. Elle entraîne des paresthésies douloureuses et plus ou moins hypoesthésies profondes du canal médian et médio-cubital qui imposent plus ou moins l'arrêt.

Le traitement passe par un travail sur le geste et sa décontraction. Dans certains cas l'opération chirurgicale est envisagée.

 

    III- Traumatologie annexe :

    En dehors de la pratique de l'aviron, l'entraînement des rameurs comprend des séances de musculation, de sport collectifs, de footing qui occasionnent divers traumatismes dont le plus répandu est l'entorse. Celle-ci s'explique par une faiblesse de la cheville ou du genou souvent antérieur à la pratique de l'aviron (héréditaire) et aggravé par le sur développement musculaire et d'adaptation spécifique à l'aviron qui occasionne des faiblesses articulaires sur des mouvements non entraînés et violents. Le poids et la taille élevé des rameurs sont des facteurs aggravants.

    La pratique de l'ergomètre est également à l'origine d'une traumatologie voisine de celle de l'aviron notamment au niveau du rachis lombaire et des genoux.

     

    IV- Aspect cardio-vasculaire de l'aviron :

L'aviron est un sport d'intensité aérobie maximale à effort de type force-endurance, mobilisant au maximum les capacités ventilatoires, cardio-vasculaires et respiratoires. Il implique 95% de la masse musculaire et fait appel à toute la circulation périphérique avec une hyperhémie maximale. Lors de la traction il y a une apnée d'effort importante.

Adaptation cardio-vasculaire :

La sollicitation cardio-vasculaire maximale répétée entraîne, modifie et développe les capacités cardio-vasculaires et ventilatoires et amène des adaptations cardio-vasculaires non pathologiques : souffle tricuspide, dilatation ventriculaire droite, extrasystole ventriculaire, troubles de la conduction, bradycardie, BBD, Insuffisance mitrale …

Les contres indications cardio-vasculaires :

Un certain nombre de troubles cardiaques contre indiquent la pratique :

 

Malaise anoxique d’effort :

D'autre part l'effort très intense provoque des troubles ponctuels à l'effort qui cèdent au repos et traduise un manque de préparation ou un excès d'effort (dépassement des limites d'entraînement). Le malaise anoxique d'effort intervient au décours de l'épreuve ou d'un effort d'entraînement intense. Il est du à une baisse de l'apport d'O2 cérébrale suite à une phase d'hyperactivité musculaire associé à une hyperpression thoracique (apnée d'effort ou ventilation retenue) combinée à une dilatation périphérique maximale des capillaires. Ce type d'accident est fréquent chez les rameurs mis en position de surpassement, dépassant leurs limites physiologiques. La place dans le bateau est à ce titre déterminante (rameurs faible physiologiquement mis à la nage ou à la pointe (7 et 8) et qui se retrouvent obligés de se dépasser).

Hypotension orthostatique :

L'hypotension orthostatique est une conséquence fréquente de l'adaptation cardio-vasculaire à l'effort. Elle intervient au repos sur des rameurs très entraînés.

 

 

CONCLUSION

L’aviron n’est pas en soi un sport traumatique, mais il est révélateur des faiblesses et des anomalies de l’organisme. Celles-ci peuvent être d’ordre immunitaire, physiologique, morphologique (croissance ou congénitales), sensorielles, psychomotrices, locomotrices…ou technique.

Toutes les pathologies sont accentuées par l’excès de sollicitation, le stress et les conditions de pratique (froid, humidité, germes infectieux…). La limite entre résistance et déclaration de la pathologie est propre à chaque individu et à son mode de vie : hygiène de vie, histoire sportive, diététique, hydratation…

Le traitement est toujours simple s’il est proposé précocement (un peu de repos suffit parfois). La difficulté est souvent la discrétion des sportifs.

La prévention est toujours très simple et très efficace, mais elle passe par la formation et l’information des sportifs et des cadres, ce qui est plus difficile à mettre en œuvre. Les étirements, une bonne hydratation, le respect des règles de diététiques et d’hygiène de vie sont les meilleures protections du rameur.

 

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

- "Dossier Aviron" - Revue Sport Med’ N°66 - Novembre 1994 – P 6-12

- P Laure "Mémento de médecine du sport" Ed.: Ellipses 1995 – P 31-3

- P Pilardeau "Dictionnaire encyclopédique de pédiatrie en médecine du sport" Ed.: Méditions Carlines - 1997 – P 42

- F.F.S.A - Documentation des formations fédérales

– RG Danowski - JC Chanussot "Rééducation en traumatologie du sport" Ed. : Abrégés Masson 1998

(1) Tome 1 : Membres supérieurs P8

(2) Tome 2 : Membres inférieurs et rachis P122 - 124

- (3) Th Judet - J Busson - A Lacoste "La main du rameur" in : C Leclercq - A Gilbert "Lésions de la main chez le sportif" Ed.: Frison Roche 1997 P167

- (4) H Stephan "Pathologie du pied du rameur" in : L Simon "Le pied du sportif" Ed.: Monographie Masson 1979 P199-200

- P Magnin et JY Cornu "Médecine du sport" Ed.: Ellipse 1997

(5) P 579 Syndromes rotuliens

(6) P 618 Dystrophie rachidienne de croissance

(7) P 652-654 "Dos du rameur"

- (8) C Palierne - A Lacoste - D Souveton "Aviron de haut niveau et fracture de fatigue de côtes" in : J Traumatologie Sportive 1997, 14, P 227-234

 

Franck BOUCHETAL PELLEGRI – Professeur de sport - Formation Sport et Santé - Université Paris Nord - 16 mars 1999