Samuel de Perroudet La quasi totalité des indications sur Samuel de Perroudet repose sur les travaux de Madame Lilly Lichty, historienne de la région de Diedendorf Né en 1665 à Gex (Ain), fils de Jean-Jacques de Perroudet, Sieur de Richelieu, Samuel de Perroudet étudia la théologie aux universités de Genève, Lausanne, Basel et fut ordonné pasteur après la réussite de son examen le 28 juin 1696. Il fut d'abord vicaire à Bâle, sans doute à la paroisse française. En 1698 il s'installa à Wolfisheim près de Strasbourg pour remplacer le pasteur Hey à l'église réformée et à l'automne il était le desservant de la paroisse de Rosenwiller près de Saverne. Cette même année les réformés du comté de Sarrewerden décidèrent de recréer une paroisse et demandèrent aux comtes Ludwig Crato et Friedrich Ludwig la permission d'y appeler leur propre pasteur. Les gouvernants acceptèrent le projet et Otto Eberhard Streiff de Lauenstein, propriétaire du château de Diedendorf, obtint que le pasteur résiderait à cet endroit.. On se tourna vers le pasteur Hey en le priant de recommander un candidat. Celui-ci recommanda son vicaire qui maîtrisait parfaitement les deux langues, allemande et française, ce qui était indispensable. Perroudet arriva le 13 décembre 1698 à Diedendorf mais sa nomination comme pasteur français et allemand ne fut envoyée de Sarrebruck que le 24 mai de l'année suivante. Comme il n'y avait ni presbytère ni église il commença par habiter chez les Streiff et le culte se tint dans une salle du château. Une lourde tâche l'attendait. L'église de Diedendorf , édifiée en 1588 par Johann Streiff von Lauenstein, ancêtre du seigneur du lieu, avait souffert de la Guerre de Trente ans, mais n'avait pas été entièrement démolie puisque Juliane Streiff y avait épousé le chevalier Friedrich Quadt de Landskron en 1664 et qu'Otto Eberhard y avait fait inhumer dans le choeur en 1688 son épouse Catherine Justin Steyss von Görnitz qui était morte en couche. Le bâtiment est pourtant qualifié de "zerfallen"... mais il fallait bien convaincre les dirigeants du comté qui se méfiaient des réformés, leur reprochant de vouloir tout attirer à eux. Les négociations traînèrent en longueur et l'autorisation n'arriva qu'en février 1700. Il manquait de surcroît les fonds nécessaires. Perroudet s'attaqua au problème avec autant d'énergie que de prudence, fermement soutenu par Streiff. Il sut attirer le fruit des quêtes dans les paroisses protestantes de différents pays, de Suisse, de Hollande, de Strasbourg, de Francfort, de Deux-Ponts. Streiff et lui-même donnèrent des sommes considérables pour la construction. L'église, luthérienne à l'origine, fut donc reconstruite et laissée aux réformés à deux conditions : que les luthériens aurait aussi le droit de l'utiliser (simultaneum) et que l'église de Burbach encore occupée par les catholiques serait partagée avec les luthériens et non avec les réformés. Le 22 août 1700 l'église pu être inaugurée par le pasteur Hey. Il fallait maintenant organiser la communauté. Un conseil des anciens avait été créé dès avril 1699. Les anciennes paroisses d'Altwiller, Burbach et Rauwiller redevinrent des lieux de rassemblement pour les ouailles dispersées, mais il n'existait d'église qu'à Burbach, et elle ne lui devint accessible qu'en 1707. Le culte se passait donc en plein air si le temps le permettait, dans l'école par mauvais temps. Pour reconstruire d'autres églises Perroudet alla jusqu'à adresser une supplique au roi de Prusse qui intercéda en sa faveur auprès des comte de Nassau. Dans une lettre du 23 avril 1718 Frédéric Guillaume Ier écrivit "à son très cher cousin"pour lui faire comprendre qu'il convenait de "reconstruire les églises dévastées de Rauwiller, Goerlingen et Altwiller et d'y nommer des pasteurs" En 1720 l'église de Rauwiller brûlée pendant la guerre de 30 ans fut reconstruite et en 1723 celle d'Altwiller, ce qui fit qu'il avait désormais quatre églises à sa disposition. Sur le plan spirituel la tâche n'était pas mince non plus. Depuis le renvoi du pasteur Samuel Jenin en 1629 il n'y avait plus eu de pasteur réformé. La conscience religieuse avait peu à peu disparu et les gens continuaient bien de se dire protestants , mais sans vraiment trop se demander ce que cela voulait dire. Perroudet qui avait étudié dans les citadelles du calvinisme qu'étaient Genève et Lausanne remit à l'honneur la piété calviniste. Il arrivait sur un terrain particulièrement pénible où il devait avoir la charge spirituelle d'une communauté de réformés éparpillés dans plus de trente villages sur tout le comté et qui provenaient de différents territoires. Il y avait encore des descendants des premiers réformés de l'époque de Calvin, d'autres arrivés plus récemment après la révocation de l'édit de Nantes en 1685, d'autres après le nouveaux édits de 1698 et les persécutions; il y avait de surcroît des suisses qui émigraient en grand nombre juste à ce moment, tentant leur chance comme bergers ou valets de ferme. Cette émigration précisément donna beaucoup de travail à Perroudet et ce n'est que peu à peu que ces réformés réussirent à s'intégrer dans le tissu luthérien du comté. Même les réformés de la Lorraine voisine considéraient qu'ils relevaient de lui. Pour la seigneurie de Fénétrange, pour des lieux reculés de la Lorraine et de l'évêché de Metz, Diedendorf était la seule paroisse réformée. Les derniers protestants vivant plus ou moins dans l'illégalité dans ces endroits s'y rendaient une ou deux fois par an, affrontant de grands dangers et souvent déguisés et par des chemins détournés, pour participer au culte. Perroudet dut s'adapter à cette population si variée et prêcher dans les deux langues. Les historiens ne s'accordent pas vraiment sur le zèle qu'il mit à accomplir son ministère : Matthis le décrit parcourant inlassablement son vaste domaine d'activité et défaillant d'épuisement en distribuant la Pâque en 1721, mais certaines doléances de ses ouailles se plaignant que le pasteur délaisse aussi bien les membres français qu'allemands de la communauté, laisse supposer le contraire. En tout cas son ministère lui avait laissé le temps d'organiser à Diedendorf sa vie privée. Il avait épousé le 23 janvier 1704 Ursula Altenburger, fille du pasteur de l'église Saint Pierre de Bâle et d'une mère appartenant à la grande famille des Burckardt, et soeur d'un orfèvre strasbourgeois. Elle lui donnera 4 fils, tous décédés en bas âge, et 2 filles. On peut juger des excellentes relations qui s'étaient tissées avec le châtelain de Diedendorf au vu des noms des parrains de ces enfants : ce sont tous des membres de la famille Streiff. Il mourut le 23 janvier 1748 à l'âge, respectable pour l'époque de 82ans. Il fut enterré le 26 janvier dans l'église près de l'hôtel. Sa pierre tombale porte une inscription en latin maintenant complètement effacée mais dont le texte figure dans le registre paroissial. Son épouse qui lui survivra de 4 ans repose à ses côtés dans l'église.
|