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La science chez Rabelais
" Science, sans conscience, n'est que ruine de l'âme. " (Rabelais, Pantagruel, Chap. VIII )
Le terme de science apparaît peu dans les œuvres de Rabelais. Le lexique scientifique est très peu usité dans le Pantagruel, le Gargantua et le Tiers livre. A travers le mot "science" Rabelais désigne une certaine attitude vis à vis du savoir, de la connaissance. Nous avons souvent l’impression que la science signifie la connaissance en tant que science morte. L’exemple le plus constant est celui de la science juridique qui est une connaissance figée chez Rabelais. Rabelais a un certain rapport à la science :
Gargantua évoque les savoirs dans un ordre précis. Le programme des études est le suivant :
Il évoque la sentence de Salomon qui est la suivante : « la science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». En effet, la conscience permet de vérifier les savoirs, les connaissances mathématiques et la culture de l’esprit sont nécessaires pour arriver à une idée de la sagesse des écritures. Selon Plutarque et Erasme, il faut se frotter aux arts libéraux car ils sont très importants comme outils de connaissance. Il s’agit ici de culture au sens étymologique du terme (du latin « colere », mettre en valeur). Et au-delà de ce savoir théorique, il faut mettre en pratique ce qui a été appris. La science abdique face à quelque chose de plus haut qui est la pratique. Dans Gargantua, il y a une rupture entre la pédagogie médicale et la pédagogie renaissante, mais Rabelais émet une réserve à l’égard de cette rupture dans les chapitres XIV et XV qui suivent le chapitre sur le « torchecul » qui, dans sa description détaillée, est très ironique. Rabelais montre une pédagogie médicale qui est stricte. Gargantua ne fait rien de ses journées (cf. chap. XXI), il perd son temps et a une vie quasi-animale. Puis, la pédagogie devient humaniste (cf. chap. XXIII), c’est-à-dire qu’on cultive l’effet inverse où tout est ordonné. L’emploi du temps d’une journée de Gargantua correspond à celui de toute une vie. Cette invraisemblance symbolise la pédagogie des géants qui a une envergure ironique elle aussi. Cet éloge paradoxal renvoie dos à dos la pédagogie humaniste et la pédagogie médiévale. A aucun moment, l’objet du savoir n’est réglé sur le désir. Il est fondé sur le savoir et la science. C’est par la médecine que nous entrons dans les propos de Rabelais. La médecine à laquelle s’oppose Rabelais est dite trationnelle. Les méthodes considèrent que le succès d’une thérapie est valable de façon statistique. Dans ses récits, Rabelais nous fait entrer dans les corps pour en parcourir les organes. Le corps est une sorte de petite machine à avaler des énergies et des matières. Il faut un critère pour mesurer l’expérience et savoir pourquoi une thérapie fonctionne une fois sur quatre, par exemple. Il s’agit de s’intéresser à ce qui unit les organes du corps, c’est-à-dire à ce que Rabelais appelle les humeurs constituées de quatre flux. Si une des humeurs est déséquilibrée cela entraîne la maladie. Soigner, c’est donc tenir un discours sur l’équilibre et les déséquilibres. La médecine est toujours l’identification d’un moment donné dans un mouvement de flux. La vision de la nature est dominée par la notion de flux.
Sophie Longuet
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