Mare Nostrum Corsica
En
très forte reprise pour la seconde année consécutive, le trafic passagers du port de
Bastia se rapproche de son niveau de 2019, tandis que le fret se stabilise
Le port de
commerce de Bastia a été inauguré en
1877 et fortement réaménagé
par la Chambre de
commerce et d'industrie (CCI) de Bastia et de
la Haute-Corse entre les années 1980 et 2000 ; celle-ci en a fait réaliser il y a quelques années un film
promotionnel par drone grâce à la
société spécialisée Dronimages.
Bastia
est le principal port de
Corse, tant pour le trafic des marchandises que pour les flux de
passagers :
- En
termes de marchandises,
son trafic de 1,89 million de tonnes transportées en 2022
régresse de 0,35% en 2022 après les fortes progressions
des années précédentes (+8,95%
en 2021 en particulier), d'après la Chambre
de commerce et d'industrie de Bastia et de la Haute-Corse et reste très
loin
derrière celui des principaux ports continentaux.Ce
trafic
a bien résisté en Corse à la crise du
coronavirus et est supérieur de plus de 4 % à celui de
l'année de référence d'avant crise,
2019, toujours selon la CCI de Bastia. Sa structure n'a en fait que peu évolué par rapport à 2019. Exprimé en tonnes transportées, le trafic
marchandises du port de Bastia s'effectue ainsi toujours en 2022 à 59% de ou vers
Marseille, port qui n'est plus desservi que par la Corsica Linea depuis octobre 2019, à la suite de l'éviction de La Méridionale par le vote de l'Assemblée de Corse dans
le cadre d'une délégation de service public.
Le reste du trafic marchandises se partage entre les ports
desservis principalement par la Corsica
Ferries,
aux premiers rang desquels Livorno et Toulon (respectivement pour environ 21% et 15% du trafic fret bastiais total),
puis
dans cet ordre, Savona, Nice et Genova. En matière de fret,
on ne compte désormais plus que deux principaux opérateurs (Corsica Ferries et la Corsica Linea), la Moby Lines
venant très loin derrière. À l'instar
des autres
ports corses, le trafic fret du port de Bastia est constitué environ aux trois quarts
d'entrées contre un quart pour les sorties, ce qui
dénote un fort
déséquilibre entre importations et exportations ;
cette
proportion
demeure assez stable depuis plusieurs années. À noter depuis 2020
l'arrivée d'un second opérateur sur le ciment, Vicat venant concurrencer la SoMeCa (Lafarge) ;
-
En termes de
passagers,
la situation relative du port était - jusqu'à 2019 - bien
plus enviable :
même si le port avait reculé au troisième rang des
ports français de métropole
derrière Calais et Dunkerque, Bastia
restait le premier
de
Méditerranée,
devant
Marseille hors croisières (lesquelles
avaient pris
une
importance considérable dans le trafic du port
phocéen
avant la crise
du coronavirus, qui a marqué un brutal coup d'arrêt pour
le
secteur au niveau mondial, si bien que le trafic du port de Marseille a
diminué au total de 76% en 2020, avec à peine 742 000
voyageurs au total). Avec la crise du coronavirus, le trafic passagers
du port de Bastia a connu une chute historique de 46% en 2020, plus
prononcée encore sur les lignes internationales vers l'Italie.
Il a de ce fait été devancé par Toulon, qui lui a
ravi en 2020 la place de premier port français de
Méditerranée pour le trafic ferries, avec 1 172 000
passagers cette année-là, et a conservé cette
première place en 2021 avec 1 586 000 passagers (+35% environ)
selon la CCI du Var.
En 2022, avec un trafic de 1,99 million de passagers (1,47 million
en 2021) et un nouveau rebond de 35,8%, après celui de
27,7% déjà enregistré en 2021, le port de
Bastia
n'est plus loin d'effacer ses pertes dues à la COVID-19.
Son trafic passagers est désormais redevenu assez proche de
celui enregistré en 2019 (il manque encore un peu plus de 100
000 voyageurs annuels, soit environ 5% du trafic), alors qu'il
était encore plus de 30% inférieur en 2021 après
avoir été divisé par deux en 2020 ! Jusqu'en
2011
inclus, le port
de Bastia voyait chaque année passer davantage
de voyageurs que tous les autres ports corses réunis.
C'était plus
ou moins vrai par la suite selon les années depuis mais, en
2022, c'est redevenu le cas, Bastia enregistrant dans son
port 148
000 voyageurs de plus que l'ensemble des autres ports Corses
réunis selon des chiffres de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de la Corse. Bastia demeure donc une plate-forme incontournable sur l'île, même s'il a perdu des parts de marché depuis plusieurs
années déjà, d'abord au profit
d'Ajaccio
et, plus récemment,
au profit d'Ile Rousse et de Porto Vecchio. Ce phénomène est notamment
à
rapprocher des
difficultés que traversent
les lignes italiennes, très concentrées sur la place
bastiaise, et qui ont subi de plein fouet la crise du
début de la décennie et plus encore celle du coronavirus, ainsi que des limites atteintes par
les infrastructures portuaires bastiaises, faute d'investissements
consentis pour accueillir les navires actuels de plus grande
taille, qui sont pourtant devenus la norme partout en Europe.
À
vingt années d'intervalle (1995, 2005 et 2015), trois vues
du port de
Bastia,selon les années premier ou deuxième port
français de Méditerranée pour le
trafic passagers en ferry (photos : Romain Roussel).
Après avoir déjà regagné 300 000 voyageurs
en 2021, le port de Bastia en regagne près de 530 000 de
plus en 2022 et revient à près de 2 million de passagers,
proche de son niveau de 2019
Sur la période récente, suite au renouveau de l'offre maritime en 2016 et 2017
(nouvelle ligne Nice-Bastia et renforcement de Genova-Bastia à
la Moby Lines grâce au Moby Dada et au Moby Zazà, remplacement de la SNCM par Corsica Linea, mise en service du Pascal Lota et du Mega Andrea à la capacité accrue à la Corsica Ferries...), le port de Bastia
avait connu une légère embellie de son trafic passagers en
2016 (+2,6%) et 2017 (+1,6%) selon l'ORTC. Même
si celle-ci aurait pu être plus importante au vu du
développement de l'offre de transport, elle avait permis de
rompre
avec les cinq années précédentes de clôture
du bilan en
négatif, après les nets replis enregistrés en
2011 (-9,8%) et 2012
(-4,7%), puis ceux plus modérés de 2013 (-0,5%), 2014
(-2,0%) et 2015 (-1,4%) !
Pourtant en 2018 (+0,0%) et surtout en 2019 (-2,6%), la situation a
été plus terne selon les chiffres officiels de
la CCI de Bastia.
Il faut dire que les compagnies avaient
fortement réduit leur nombre d'escales en 2019 (-285 au
total sur l'année sur 2 294, soit -11,0% selon la CCI de Bastia),
dans un contexte d'érosion du trafic maritime au profit de
l'aérien, d'un calendrier défavorable des ponts de mai,
et d'une baisse structurelle des trafics observés aux mois
de juin et juillet. Plus précisément, en 2019, on a ainsi
assisté simultanément à la fin de la programmation
des ferries classiques de Corsica Linea
sur Bastia, qui venaient traditionnellement en renfort des cargos
mixtes mais qui ont été repositionnés sur les
lignes du Maghreb, à la fermeture de la ligne Nice-Bastia de la Moby début 2019, au retrait définitif de La Méridionale fin septembre 2019 et à une réduction sensible des escales de la Corsica Ferries,
notamment sur Livorno en saison. Au final, au vu des corrections
apportées dans l'offre de transport, le bilan 2019
n'apparaissait pas si mauvais, Bastia ayant plutôt mieux
résisté que la moyenne des autres ports Corse. Toutefois, de
2010 à 2019, les pertes de trafic passagers du port de Bastia représentaient plus de 400 000 passagers : Bastia,
dont le trafic portuaire avait
avoisiné les 2,5 millions
de voyageurs annuels lors des années record de 2009 et 2010, concluait
donc 2019 à peine au-dessus de la barre des
2,1 millions de voyageurs et retrouvait alors un trafic passagers voisin de celui de 2002.
Cela n'avait pourtant rien de comparable avec la situation
désastreuse qu'a connu le port en 2020, la crise du coronavirus
lui ayant fait perdre d'un seul coup 962 000 voyageurs, selon l'ORTC
! Avec seulement 1 149 982 passagers sur lignes
régulières en 2020, le port de Bastia a enregistré ainsi en
2020 la pire évolution de son histoire de l'après-guerre,
avec un recul d'environ 46%. Cela l'a ramené peu ou prou aux
valeurs de trafic enregistrées en 1986, année au cours
duquel le trafic de la première plate-forme portuaire de
l'île avait signé un record avec 1 116 000 passagers. Mais
à l'époque, le trafic avec les ports italiens avait
- pour la première fois - surpassé celui avec la France continentale. Ce n'est plus le cas
aujourd'hui, les trafics maritimes entre pays européens ayant
particulièrement souffert en 2020 du fait du coup d'arrêt
brutal des flux touristiques internationaux induit par la crise. Ainsi,
au port de Bastia, les trafics passagers avec le continent
français ont relativement mieux
résisté, enregistrant tout de même un fort recul de
33,9% selon la CCI de Bastia,
avec un peu plus de 699 000 passagers en 2020 (soit une perte de
358 000 voyageurs par rapport à 2019). Sur l'Italie, le recul
a été encore plus terrible : selon cette même source, il
a atteint 58,0%, ce qui représente une perte de 614 000
voyageurs en un an, soit une diminution plus importante que le trafic
restant (à peine 445 000 voyageurs en 2020 sur ces lignes
internationales) !
Avec 1 468 000 passagers en 2021 selon la CCI de Corse,
le port de Bastia avait connu un début de reprise (+27,7%), sans
toutefois renouer avec ses niveaux de trafic antérieurs, la
perte dépassant encore 30% par rapport à 2019. Le trafic
avec l'Italie était resté très faible (591 000 passagers), quoiqu'en
progression un peu plus rapide que celui avec le continent
français (32,8% contre 24,6%), qui atteignait 876 000 passagers,
selon cette même source. La forte diminution de la programmation
des traversées à l'été 2021 par rapport aux
années d'avant crise du coronavirus et la frilosité des
voyageurs pour franchir les frontières au vu des nombreuses
barrières sanitaires érigées ont contribué
à cette désaffection des lignes Italie-Corse, fortement
ressentie à Bastia. S'y ajoute un confinement encore strict au
printemps 2021, qui a annihilé l'avant saison touristique cette
année-là presque autant qu'en 2020 et le raccourcissement
tendanciel des vacances scolaires d'été, qui pèse
fortement à la baisse sur le mois de juillet, dont les trafics
s'érodent d'année en année en comparaison des
autres mois de la saison estivale..
En 2022, le contexte a été plus favorable, un vent de
reprise de 35,8% redonnant au port de Bastia des trafics plus
conformes à ses niveaux habituels, avec 1,99 million de
voyageurs selon la CCI de Corse.
Ce sont les lignes italiennes, qui avaient le plus souffert pendant la
crise du coronavirus, qui enregistrent les plus fortes reprises, avec
ue hausse spectaculaire de 72,9%, contre +10,8% pour les lignes
nationales. Aussi, les lignes italiennes repassent-elles en 2022 la
barre symbolique du million de voyageurs à Bastia, avec 1 022
000 passagers, et devancent de nouveau les lignes françaises,
qui enregistrent 971 000 voyageurs.
En 2020, l'annulation d'un
grand nombre de rotations de ferries n'avait pas permis de maintenir un
niveau de remplissage équivalent à celui des
années précédentes du fait de la chute abyssale des flux de voyageurs. Le recul du nombre de
rotations s'était pourtant accéléré à Bastia
en 2020, avec une baisse brutale de 31,2%, selon la CCI de Bastia.
Mais la
diminution du trafic passagers a été telle, que cela n'a
pas suffi pour maintenir le ratio de nombre de passagers par rotation
au-dessus des 400, celui-ci revenant brutalement de 460
passagers par voyage en 2019 à seulement 364 en 2020 !
L'année 2021 avait fait à peine mieux, avec une reprise du
trafic un peu supérieure à celle du nombre de rotations,
ce qui s'était traduit par une moyenne de 404 passagers par rotation, loin
des niveaux enregistrés dans la deuxième moitié
des années 2000 (plus de 500). Depuis 2011, on observe en effet au
global un mouvement pluriannuel de
baisse du nombre de passagers par rotation effectuée, qui
témoigne d'une perte d'attractivité du vecteur maritime,
concomittant à la réorientation d'une partie importante
des subventions de la Collectivité de Corse
du maritime vers le mode aérien, pourtant porteur de plus fortes
nuisances sonores et environnementales (en termes de bilan carbone
émis par passager transporté) et de séjours
touristiques d'une moindre durée selon l'INSEE... Ce mouvement
contratse avec celui d'une hausse tendancielle du remplissage des
navires et du nombre moyen de passagers transportés qui avait
marqué les années 2000, du fait notamment d'une
politique active de réduction des tarifs des passagers
transportés par mer portée par la Collectivité de Corse
(aide sociale bénéficiant alors à deux tiers des
passagers au global et à l'ensemble des résidents corses)
et du développement des lignes de Nice puis de Toulon par la Corsica Ferries, par la mise en service de ses Mega Express.
Toutefois, en 2022, la reprise du nombre de voyageurs ayant
été plus prononcée que celle du nombre de
rotations, les coefficients de remplissage des ferries remontent
fortement et le nombre moyen de voyageurs par traversée
s'établit désormais à 521 passagers, proche de ses
records. Outre une programmation plus économe en carburant des
rotations, cela tient pour partie aussi à la mise en service de
navires de plus forte capacité en lieu et place de navires plus
anciens de plus petite taille, le Mega Regina en particulier ayant remplacé le Sardinia Regina au sein de la flotte de la Corsica Ferries depuis l'été 2021.
S'il veut rester leader incontesté en Corse, le
port de Bastia devra à l'avenir être plus allant
quant
à l'évolution de ses infrastructures et mieux
adapter ses quais à l'accueil des navires de
plus grande taille qui sont de plus en plus nombreux et deviennent
incontournables. La capacité du port à accueillir
les cargos mixtes A Nepita
et A Galeotta de Corsica Linea, qui
mesurent respectivement
203 et 206 mètres de long, constituent des gageures, sachant que Bastia n'accepte d'accueillir le Mega Express Three de
la Corsica Ferries, à peine
plus long (212 mètres), que hors saison.
Alors que le projet de réalisation éventuelle d'un
nouveau port de Bastia plus au sud, à la Carbonite, se heurte
à des obstacles divers (d'ordre environnementaux et financiers
notamment, au vu du coût très élevé d'une
telle structure et des risques que cela représenterait pour la
préservation d'espèces marines protégées et
de la plage de l'Arinella),
le comblement partiel du quai nord est n'apparaît comme une
première réponse insuffisante à la pénurie d'espaces de stockage des remorques de fret et non au nécessaire accueil d'un
nombre croissant de navires de 180 mètres ou plus (voir articles sur les perspectives 2023 et la controverse
sur le port de la Carbonite et ses alternatives possibles, qu'il
s'agisse d'une digue semi-flottante sur le site actuel ou d'une version
revue du projet de nouveau port au sud de Bastia, nommée Portu Novu).
De fait, les accidents de navire dans le port - jusqu'ici heureusement
sans trop de gravité - ont eu tendance à se
multiplié ces dernières années, le dernier en
date, celui du Paglia Orba de la Corsica Linea, intervenu fin janvier 2021, ayant entraîné une immobilisation du navire de plusieurs mois...
Bastia représente encore malgré tout en 2022 un trafic
passagers un peu supérieur au total des autres
ports Corses
Globalement,
avec 3,83 millions
de passagers en 2022, les
ports de Corses voient au global leur trafic rebondir de 26,6% en 2022
après les 31,8% déjà enregistrés en 2021
selon la CCI de Corse. Cela n'efface pas encore tout à fait la baisse colossale de 41,7% enregistré en 2020, selon les données de la CCI de Corse mais cela s'en rapproche (le
trafic passagers des lignes maritimes de Corse reste au global, en
2022, inférieur à celui de 2019 de près de 200 000 voyageurs...).
Alors que la chute de trafic passagers était en 2020, dans
l'ensemble des autres ports Corse, un
peu moins catastrophique qu'à
Bastia, de manière symétrique en 2022, la reprise est
plus forte à Bastia qu'ailleurs. En effet, la
majorité des autres ports insulaires
dépend moins
du trafic avec l'Italie, à l'exception notable de Bonifacio,
dont les trafics passagers ont vertigineusement chuté depuis la
crise du coronavirus et fortement repris en 2022. A part ces effets coronavirus qui s'estompent fortement désormais, les
parts de
marché des
différents ports insulaires ne se déforment qu'assez
lentement depuis 2017.
Au
total, avec 51,9% du total, le port de Bastia
a draîné en 2022 un peu plus de la
moitié des passagers
maritimes des lignes de Corse et regagne ainsi en une seule
année 3,5 points de parts de marché à la faveur de
la forte reprise des lignes italiennes. Ajaccio arrive
deuxième loin derrière avec 24,1% mais a vu
aussi ses positions
s'éroder de nouveau de 2,4 points en 2022, après
déjà une baisse de 1,5 point en 2021. C'est le cas
égalmeent d'Ile Rousse (10,3% de parts de marché), dont le trafic global se stabilise en 2022. Porto Vecchio(7,7%
de parts de marché) progresse au même rythme que la
moyenne des autres ports insulaires, Propriano, plus rapidement, mais
avec un trafic passagers qui reste extrêmement bas.
A
Bastia, les lignes italiennes redeviennent très dynamiques en 2022 et Livorno reprend la première place à Toulon
Le
port de Toulon avait mieux résisté à la crise,
mais Livorno, Savona et Genova qui avaient vu leur trafic chuter
en 2020 renouent avec une forte croissance en 2022, respectivement de
+77,9%, +87,2% et +35,1%.
Ici, les Moby Zazà et Mega Andrea arrivant à Bastia, en août 2017 (photo : Romain Roussel).
Fait
notable, en 2019, les lignes maritimes italiennes, en progression de
1,9%, étaient revenues à la hauteur des
françaises, alors en recul de 6,8%, sur le port de Bastia, avec
chacune environ 1 058 000 passagers, selon la CCI de Bastia. Alors que les lignes
italiennes avaient de nouveau supplanté les lignes
françaises sur
le port de Bastia en 2008 puis en 2009 (ce qui n'était
plus arrivé depuis 20031) à la faveur
de
la toujours plus grande concentration des dessertes italiennes sur
l'escale bastiaise et des efforts tarifaires des compagnies Corsica Ferries et Moby
Lines pour
stimuler la demande, les lignes françaises avaient repris le
dessus depuis 2010 sans discontinuer. Mais la suppression de la ligne
de Nice par la Moby à compter de janvier 2019, la réduction du nombre d'escales de la Corsica Ferries
sur ce même port (au profit d'une concentration des rotations sur
Toulon, plutôt redéployées vers Porto Vecchio) et
la fin des car-ferries de Corsica Linea
sur Marseille en saison ainsi que la développement continu du
bord à bord aérien ont pesé
significativement sur les trafics du port de Bastia avec le continent
français.
En 2020, la crise du coronavirus a fortement rebattu les cartes,
signant une chute des lignes françaises et un effondrement
encore plus massif des lignes italiennes. En dépit d'un
léger mieux en 2021, les lignes
italiennes ne représentaient plus à Bastia
qu'environ les deux tiers des lignes françaises en termes de
trafics passagers, avec respectivement 591
000 et 876 000 voyageurs. En 2022, les lignes italiennes, du fait de
leur spectaculaire rebond, devancent de nouveau les françaises
de plus de 51 000 passagers sur Bastia !
Résultant de ces évolutions, en 2022, les
liaisons du port de Bastia sont toujours concentrées sur six
destinations principales. Comme le montrent
les statistiques de la CCI de Corse, avec 26,4% de parts de marché en 2022, le port de
Toulon est de nouveau devancé par celui de
Livorno (27,9%), avec respectivement 526 000 et 556 000 voyageurs. Cela
n'était plus arrivé depuis 2018 (voir graphique
ci-dessous). Savona, qui enregistre en 2022 la plus forte hausse sur
Bastia, avec +87,2% et 339 000 voyageurs, atteint le niveau record de
17,0 points de parts de marché, à la faveur d'une
programmation plus nourrie et assurée en saison par des navires de la Corsica Ferries de plus grosse capacité qu'auparavant (notamment le Mega Express Five en lieu et place du Sardinia Regina). Savona arrive dès lors loin devant Marseille
(12,6 points, en hausse de 19,1% avec 250 000 passagers) et Nice (9,7%,
en baisse 5,9% à 192 000 passagers), toujours d'après les
données de la
CCI de Corse, dont les évolutions reflètent aussi des révisions des
programmations de la Corsica Linea (davantage de rotations supplémentaires sur Bastia en été qu'en 2021) et de la Corsica Ferries (ripage partiel de la ligne de Nice vers Ile Rousse). Les autres ports
desservis sont nettement distancés, comme Genova (111 000 voyageurs,
+35,1%), qui a retrouvé un peu plus de rotations de ferries de la Moby à l'été 2022. Enfin, Piombino et Portoferraïo sur l'île d'Elbe, qui avaient quasiment
cessés d'être desservis depuis la Corse en 2020 (alors que Piombino l'était aussi par la Moby en 2019), ont retrouvé le trafic du navire à grande vitesse de la Corsica Ferries depuis la saison 2021, mais il ne s'agit là que de liaisons
d'appoint en périodes de pointe, qui draînent à
elles deux moins de 20 000 passagers annuels.
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Notes :
[1] De 1986 à 2003 inclus, proximité
géographique
oblige, le trafic du port de Bastia avec l'Italie avait supplanté
celui avec le continent français ; il avait même
représenté
certaines années les deux-tiers du trafic total (jusqu'en
1995).
Il faut dire que le trafic avec l'Italie est désormais
quasi-exclusivement concentré
sur le port de Bastia (si l'on excepte
les rotations Corse-Sardaigne, assurées principalement
depuis
Bonifacio, et les liaisons saisonnières vers l'Ile Rousse et Porto Vecchio de la Corsica Ferries)
tandis
que le trafic Corse-continent français, réparti
sur cinq ports (Bastia
et Ajaccio, mais aussi Ile Rousse, Propriano et Porto-Vecchio),
ne l'est qu'à environ 38% en 2022. Rappelons
également qu'en 2002, on
dénombrait
encore quatre compagnies opérant vers l'Italie au
départ
de
Bastia - soit deux de plus qu'aujourd'hui - avant le retrait de la
filiale Corsica
Marittima de la
SNCM et le
dépôt de bilan de la Happy Lines qui
desservait
la
ligne Bastia-La Spezia...
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