Mare Nostrum Corsica 
La
crise du coronavirus ravage le trafic passagers du port de Bastia,
qui perd près de la moitié de ses voyageurs en 2020 (-46%),
tandis que le fret résiste
Le port de
commerce de Bastia a été inauguré en
1877 et fortement réaménagé
par la Chambre de
commerce et d'industrie (CCI) de Bastia et de
la Haute-Corse entre les années 1980 et 2000 ; celle-ci en a fait réaliser il y a quelques années un film
promotionnel par drone grâce à la
société spécialisée Dronimages.
Bastia
est le principal port de
Corse, tant pour le trafic des marchandises que pour les flux de
passagers :
- En
termes de marchandises,
son trafic de 1 744 937 tonnes transportées (soit environ 1,3
million de mètres linéaires de fret) en 2020
d'après la Chambre
de commerce et d'industrie de Bastia et de la Haute-Corse le
place très loin
derrière les principaux ports continentaux. Cependant, ce trafic
a bien résisté en Corse à la crise du coronavirus,
n'enregistrant en 2020 qu'un recul de 4,2% en tonnes et de 6,5% en
mètres linéaires, toujours selon la CCI de Bastia, et sa structure n'a en fait que peu évolué par rapport à 2019. Exprimé en tonnes transportées, le trafic
marchandises du port de Bastia s'effectue ainsi toujours en 2020 à 58% de ou vers
Marseille, port qui n'est plus desservi conjointement par La Méridionale
et la Corsica Linea, mais seulement par cette dernière compagnie depuis octobre 2019 dans
le cadre d'une délégation de service public.
Le reste du trafic marchandises se partage entre les ports
desservis principalement par la Corsica
Ferries,
aux premiers rang desquels Livorno et Toulon (respectivement pour 19% et 16% du trafic fret bastiais total),
puis
dans cet ordre, Savona, Nice et Genova. À noter que le port
de
Savona-Vado a doublé Nice depuis 2012 pour le trafic fret
avec
Bastia suite à la réouverture d'un lien permanent
entre
le port Ligure et Bastia. En matière de fret,
on ne compte désormais plus que deux principaux opérateurs (Corsica Ferries et la Corsica Linea, dont les
actionnaires sont pour la plupart des transporteurs corses, et qui a repris les dessertes et les parts de marché de La Méridionale sur Bastia depuis octobre 2019), la Moby Lines
venant très loin derrière. À l'instar
des autres
ports corses, le trafic fret du port de Bastia exprimé en
mètres linéaires (hors
hydrocarbures et ciment) est constitué aux trois-quarts
d'entrées contre un quart pour les sorties, ce qui
dénote un fort
déséquilibre entre importations et exportations ;
cette
proportion
demeure assez stable depuis plusieurs années. A noter en 2020
l'arrivée d'un second opérateur sur le ciment, Vicat venant concurrencer la SoMeCa (Lafarge) ;
-
En termes de
passagers,
la situation relative du port était - jusqu'à 2019 - bien
plus enviable :
même si le port avait reculé au troisième rang des
ports français de métropole derrière
l'indétrônable
Calais et désormais aussi loin derrière Dunkerque, Bastia
restait le premier
de
Méditerranée,
devant
Marseille si l'on excepte les croisières (lesquelles
avaient pris
une
importance considérable dans le trafic du port
phocéen
ces dernières années et jusqu'au début de la crise
du coronavirus, qui a marqué un brutal coup d'arrêt pour
le
secteur au niveau mondial, si bien que le trafic du port de Marseille a
diminué au total de 76% en 2020, avec à peine 742 000
voyageurs au total). Le bilan 2020 de l'ensemble des ports
n'étant pas encore connu, la position relative de Bastia reste
à affiner, mais le port Corse a connu une crise sans
précédent avec la perte de 46% de son trafic passagers du
fait de la crise du coronavirus qui a fortement pesé sur le
trafic passagers, surtout sur les lignes internationales vers l'Italie.
Jusqu'en 2011
inclus, le port
de Bastia voyait chaque année passer davantage
de voyageurs que tous les autres ports corses réunis. C'est plus
ou moins vrai selon les années depuis et en 2020, l'avance du
port de Bastia sur le trafic de l'ensemble des autres ports Corses
n'est plus que de 9 000 passagers selon des chiffres de l'Observatoire régional des transports de la Corse (ORTC). En
Corse, Bastia demeure toutefois une plate-forme incontournable, avec un trafic passagers qui représente environ 50,2%
du
trafic passagers global des ports insulaires. Si Bastia maintient bien
ses positions depuis 2013 par rapport aux autres ports insulaires, sur
moyenne période, ses
parts de marché s'effritent depuis plusieurs
années déjà, principalement au profit
d'Ajaccio
et, plus récemment et moins nettement,
d'Ile Rousse ou de Porto Vecchio selon les années. Ce phénomène est notamment
à
rapprocher des
difficultés que traversent
les lignes italiennes, très concentrées sur la place
bastiaise, et qui ont subi de plein fouet la crise du
début de la décennie et plus récemment, celle du coronavirus, ainsi que des limites atteintes par
les infrastructures portuaires bastiaises, faute d'investissements
consentis pour accueillir les navires actuels de plus grande
taille.
À
vingt années d'intervalle (1995, 2005 et 2015), trois vues
du port de
Bastia, premier port
français de Méditerranée pour le
trafic passagers en ferry sur lignes régulières (photos : Romain Roussel).
En 2020, le port de Bastia perd près de 1 million de passagers
d'un coup et surnage à peine au-dessus de la barre symbolique
des 1 million de voyageurs, ce qui le ramène à peu
près à son niveau de 1986...
Suite au renouveau de l'offre maritime en 2016 et 2017
(nouvelle ligne Nice-Bastia et renforcement de Genova-Bastia à
la Moby Lines grâce au Moby Dada et au Moby Zazà, remplacement de la SNCM par Corsica Linea, mise en service du Pascal Lota et du Mega Andrea à la capacité accrue à la Corsica Ferries...), le port de Bastia
avait connu une légère embellie de son trafic passagers en
2016 (+2,6%) et 2017 (+1,6%) selon l'ORTC. Même
si celle-ci aurait pu être plus importante au vu du
développement de l'offre de transport, elle avait permis de
rompre
avec les cinq années précédentes de clôture
du bilan en
négatif, après les nets replis enregistrés en
2011 (-9,8%) et 2012
(-4,7%), puis ceux plus modérés de 2013 (-0,5%), 2014
(-2,0%) et 2015 (-1,4%) !
Pourtant en 2018 (+0,0%) et surtout en 2019 (-2,6%), la situation a
été plus terne selon les chiffres officiels de
la CCI de Bastia.
Il faut dire que les compagnies avaient
fortement réduit leur nombre d'escales en 2019 (-285 au
total sur l'année sur 2 294, soit -11,0% selon la CCI de Bastia),
dans un contexte d'érosion du trafic maritime au profit de
l'aérien, d'un calendrier défavorable des ponts de mai,
et d'une anticipation des reculs de trafics observées aux mois
de juin et juillet. Plus précisément, en 2019, on a ainsi
assisté simultanément à la fin de la programmation
des ferries classiques de Corsica Linea
sur Bastia, qui venaient traditionnellement en renfort des cargos
mixtes mais qui ont été repositionnés sur les
lignes du Maghreb, à la fermeture de la ligne Nice-Bastia de la Moby début 2019, au retrait définitif de La Méridionale fin septembre 2019 et à une réduction sensible des escales de la Corsica Ferries,
notamment sur Livorno en saison. Au final, au vu des corrections
apportées dans l'offre de transport, le bilan 2019
n'apparaissait pas si mauvais, Bastia ayant plutôt mieux
résisté que la moyenne des autres ports Corse (sur
l'île, seuls Bonifacio et Porto Vecchio ont progressé en 2019,
ce dernier port grâce au renforcement de la ligne de la Corsica Ferries opérée depuis Toulon). De
2010 à 2019, les pertes de trafic passagers du port de Bastia représentaient
toutefois plus de 400 000 passagers annuels : Bastia,
dont le trafic portuaire avait
avoisiné les 2,5 millions
de voyageurs lors des années record de 2009 et 2010, concluait
donc 2019 à peine au-dessus de la barre des
2,1 millions de voyageurs et retrouvait un trafic passagers voisin de celui de 2002 !
Cela n'avait pourtant rien de comparable avec la situation
désastreuse qu'a connu le port en 2020, la crise du coronavirus
lui ayant fait perdre d'un seul coup 962 000 voyageurs, selon l'ORTC
! Avec seulement 1 149 982 passagers sur lignes
régulières en 2020, le port de Bastia enregistre ainsi en
2020 la pire évolution de son histoire de l'après-guerre,
avec un recul d'environ 46%. Cela le ramène peu ou prou aux
valeurs de trafic enregistrées en 1986, année au cours
duquel le trafic de la première plate-forme portuaire de
l'île avait signé un record avec 1 116 000 passagers. Mais
à l'époque, le trafic avec les ports italiens avait
- pour la première fois - surpassé celui avec la France continentale. Ce n'est plus le cas
aujourd'hui, les trafics maritimes entre pays européens ayant
particulièrement souffert en 2020 du fait du coup d'arrêt
brutal des flux touristiques internationaux induit par la crise. Ainsi,
au port de Bastia, les trafics passagers avec le continent
français ont relativement mieux
résisté, enregistrant tout de même un fort recul de
33,9% selon la CCI de Bastia,
avec un peu plus de 699 000 passagers en 2020 (soit une perte de
358 000 voyageurs par rapport à 2019). Sur l'Italie, le recul
est encore plus terrible : selon cette même source, il
atteint 58,0%, ce qui représente une perte de 614 000
voyageurs en un an, soit une diminution plus importante que le trafic
restant (à peine 445 000 voyageurs en 2020 sur ces lignes
internationales) !
Les évolutions du trafic, tant national
qu'international, n'ont pas du tout été homogènes
entre 2019 et 2020 d'un mois à l'autre de l'année. Avant
la crise du coronavirus, tout était bien parti, avec un
trafic passagers en progression de plus de 17%
sur janvier-février, qui laissait espérer une bonne saison
2020... Il n'en a rien été. Dès mars
et le premier confinement très strict
- instauré le 11 de ce mois -, la limitation
à à peine 100 voyageurs de la capacité des navires
et les fortes restrictions de déplacement aux seuls voyages
essentiels ont fait chuter les trafics de près de 60%,
d'après la CCI. La situation a été encore bien
pire en avril-mai, avec les pleins effets du confinement qui ont quasiment annihilé
comme jamais l'avant saison : respectivement -98% et -91% au port de
Bastia enregistrés en avril et en mai 2020 ! En juin, suite au déconfinement,
la reprise a été très lente à se faire
sentir, les compagnies ayant dû mettre en arrêt nombre de
leurs navires, le port de Nice est resté totalement fermé
aux ferries et les flux touristiques n'ont repris que très timidement,
dans un climat d'incertitude : le trafic a dès lors
continué de chuter de près de 75% par rapport à
juin 2019, les rotations avec l'Italie en particulier n'ayant que
très partiellement repris. Une relative accalmie a
été enregistré en été, puisque les
mois de juillet et d'août ont quand même permis de sauver
en partie la haute saison touristique, grâce à la
levée des barrières à l'entrée dans
l'île et à la reprise des rotations, qui s'est
effectuée par étapes à partir de juillet. Le port
de Bastia n'a donc enregistré que des reculs plus
limités, quoique très conséquents, de 40% en
juillet et de 28% en août selon la CCI. À partir de septembre,
suite à l'instauration de nouvelles mesures de restriction
(tests obligatoires pour les voyageurs en provenance d'Italie dans un
premier temps, puis pour tous les voyageurs et enfin reconfinement
à l'automne à partir de fin octobre), les trafics de
l'arrière-saison ont de nouveau chuté plus fortement, de
31% à 66% selon les mois.
En 2020, l'annulation d'un
grand nombre de rotations de ferries n'a pas permis de maintenir un
niveau de remplissage équivalent à celui des
années précédentes du fait de la chute abyssale des flux de voyageurs. Le recul du nombre de
rotations s'est pourtant accéléré à Bastia
en 2020, avec une baisse brutale de 31,2%, selon la CCI. Mais la
diminution du trafic passagers a été telle, que cela n'a
pas suffi pour maintenir le ratio de nombre de passagers par rotation
au-dessus des 400, celui-ci revenant brutalement de 460
passagers par voyage en 2019 à seulement 364 en 2020 ! Ce
mouvement prolonge donc en l'accentuant un mouvement pluriannuel de
baisse du nombre de passagers par rotation effectuée, qui
témoigne d'une perte d'attractivité du vecteur maritime.
La tendance à la diminution du
nombre de
traversées
enregistrée sur le port de Bastia de 2001
à
2005, due pour partie à une rationalisation des
dessertes
de la part
des différentes compagnies et à un accroissement
de la
taille des navires et qui s'était
inversée de
2006 à 2010 a sévèrement repris en
2011 suite au retrait de nombreux navires (NGV Liamone II, Moby Corse
- sur les lignes de Toulon - et Corsica
Express Seconda, pour
ne parler que du port de Bastia) avant de s'infléchir temporairement par
la suite, ce qui a contribué à la diminution du nombre
moyen de passagers par voyage. Outre des effets de la crise de la fin des années 2000, cette
diminution du nombre de voyageurs transportés par navire,
particulièrement marquée en 2010 puis en 2012
et 2013 peut être rapprochée en particulier du
développement de lignes concurrentes de celles de la Corsica Ferries sur l'axe Bastia-Toulon, dans un premier temps par la Moby Lines
(en 2010, ligne arrêtée pour des raisons
financières par la compagnie à la baleine bleue en
février 2011), puis par la SNCM (de
2012 à 2014, la ligne ayant été suspendue
faute de rentabilité courant octobre 2014). En 2015, la
raréfaction de l'offre de transport maritime a permis de faire
remonter à près de 500 passagers par rotation le nombre
de voyageurs sur le port de Bastia. Avec 454 passagers en moyenne sur les 4 720 rotations du port recensées par l'ORTC, les données de 2016 marquent une nouvelle diminution, en lien
notamment avec les débuts difficiles de la Moby
sur
l'axe Nice-Bastia et l'allongement de la période de desserte
par cet opérateur sur des périodes hors saison, par
définition moins porteuses de trafics élevés. En
2017 et 2018, années pendant lesquelles les trafics passagers
ont de nouveau stagné tandis que le nombre de
traversées était un peu plus important, les remplissages
moyens ont chuté à environ 420 passagers par
traversée, soit des niveaux très bas, jamais
observés depuis le début des années 2000. Aussi,
le correctif de l'offre de transport de 2019 semblait-il dans ces
conditions inévitable et avait conduit à revenir
à des niveaux un peu plus acceptables économiquement pour
les compagnies (460 passagers par rotation),
mais qui restaient déjà loin des standards de
l'ordre de 550 passagers atteints à la fin de la décennie
2000...
.

S'il veut rester leader incontesté en Corse, le
port de Bastia devra à l'avenir être plus allant
quant
à l'évolution de ses infrastructures et mieux
adapter ses quais à l'accueil des navires de
plus grande taille qui sont de plus en plus nombreux et deviennent
incontournables. La capacité du port à accueillir
le cargo mixte A Nepita
(navire affrété par la Corsica Linea), qui
mesure
203 mètres de long, a constitué à ce titre une
gageure, sachant que Bastia n'accepte d'accueillir le Mega Express Three de
la Corsica Ferries, à peine
plus long (212 mètres), que hors saison.
Alors que le projet de réalisation éventuelle d'un
nouveau port de Bastia plus au sud, à la Carbonite, se heurte
à des obstacles divers (d'ordre environnementaux et financiers
notamment, au vu du coût très élevé d'une
telle structure et des risques que cela représenterait pour la
préservation d'espèces marines protégées et
de la plage de l'Arinella),
le comblement partiel du quai nord est n'apparaît comme une
première réponse insuffisante à la pénurie d'espaces de stockage des remorques de fret et non au nécessaire accueil d'un
nombre croissant de navires de 180 mètres ou plus (voir articles sur les perspectives 2021 et la controverse
sur le port de la Carbonite et ses alternatives possibles, qu'il
s'agisse d'une digue semi-flottante sur le site actuel ou d'une version
revue du projet de nouveau port au sud de Bastia, nommée Portu Novu).
De fait, les accidents de navire dans le port - jusqu'ici heureusement
sans trop de gravité - ont eu tendance à se
multiplié ces dernières années, le dernier en
date, celui du Paglia Orba de la Corsica Linea, intervenu fin janvier 2021, ayant entraîné une immobilisation du navire de plusieurs mois...
Bastia représente encore malgré tout en 2020 un trafic
passagers équivalent au total de l'ensemble des autres
ports Corses
réunis
Globalement,
avec 2,29 millions
de passagers en 2020, les
ports de Corses voient au global leur trafic diminuer de 41,7% selon l'ORTC.
La chute est donc dans l'ensemble moins catastrophique qu'à
Bastia,
car la majorité des autres ports insulaires dépend moins
du trafic avec l'Italie, àl 'exception notable de Bonifacio.
Cette chute fait
déjà suite à une grande majorité
d'années mauvaises, marquées par des replis depuis 2011. Les
parts de
marché des
différents ports insulaires se déforment peu
depuis 2017, si ce n'est la chute de 2020 enregistrée par
Bonifacio, dont le trafic avec la Sardaigne a pratiquement
été divisé par quatre (-74,6%).
Au
total, avec 50,2% du total, le port de Bastia
a draîné en 2020, comme les années précédentes, un peu plus de la
moitié des passagers
maritimes des lignes de Corse. Seul Porto Vecchio
(-17,2% en 2020) a vu son trafic à peu près résister du fait des lignes de Toulon de la Corsica Ferries. À l'inverse, les chutes ont
été plus marquées à Ajaccio (-31,8%
en 2020), Propriano (-23,2%)
et à l'Ile Rousse (-34,8%) du fait également de la crise du coronavirus et de la contraction de l'offre
de transport des compagnies qui s'en est suivie.
A
Bastia, les lignes italiennes se sont davantage écroulées que les françaises en 2020 et Toulon conserve sa première place

Le
port de Toulon a mieux résisté à la crise et
creuse l'écart avec Livorno en 2020 pour représenter
à laui seul plus d'un tiers du trafic passagers bastiais.
Ici, les Moby Zazà et Mega Andrea arrivant à Bastia, en août 2017 (photo : Romain Roussel).
Fait
notable : en 2019, les lignes maritimes italiennes, en progression de
1,9%, étaient revenues à la hauteur des
françaises, alors en recul de 6,8%, sur le port de Bastia, avec
chacune environ 1 058 000 passagers, selon la CCI de Bastia. Alors que les lignes
italiennes avaient de nouveau supplanté les lignes
françaises sur
le port de Bastia en 2008 puis en 2009 (ce qui n'était
plus arrivé depuis 20031) à la faveur
de
la toujours plus grande concentration des dessertes italiennes sur
l'escale bastiaise et des efforts tarifaires des compagnies Corsica Ferries et Moby
Lines pour
stimuler la demande, les lignes françaises avaient repris le
dessus depuis 2010 sans discontinuer. Mais la suppression de la ligne
de Nice par la Moby à compter de janvier 2019, la réduction du nombre d'escales de la Corsica Ferries
sur ce même port (au profit d'une concentration des rotations sur
Toulon, plutôt redéployées vers Porto Vecchio) et
la fin des car-ferries de Corsica Linea
sur Marseille en saison ainsi que la développement continu du
bord à bord aérien, de plus en plus subventionné
par la Collectivité de Corse au
détriment du mode maritime, pourtant moins polluant et
générateur de plus fortes retombées pour
l'économie corse en termes de séjours touristiques
d'après les études de l'INSEE, ont pesé
significativement sur les trafics du port de Bastia avec le continent
français.
En 2020, la crise du coronavirus a fortement rebattu les cartes,
signant une chute des lignes françaises et un effondrement
encore plus massif des lignes italiennes. Désormais, les lignes
italiennes ne représentent plus à Bastia qu'un peu moins
des deux tiers des lignes françaises, avec respectivement 445
000 et 699 000 passagers en 2020. La situation est toutefois
très fluctuante - au fil des annonces et des restrictions
sanitaires - et non stabilisée, ces niveaux ne semblent donc pas
nécessairement devoir perdurer à
moyen terme...
En 2020, les
liaisons du port de Bastia sont toujours concentrées sur six
destinations principales. Les parts de marché des
différents ports
continentaux évoluent toutefois sensiblement en 2020 à la
suite des réorganisations des dessertes des compagnies
maritimes intervenues à plusieurs reprises en urgence dans le
cadre de la crise du coronavirus. Comme le montrent
les statistiques de la CCI de Bastia, avec 34,2% de parts de marché en 2020, le port de
Toulon, qui bénéficie d'une concentration plus grande des
escales de la Corsica Ferries, conforte nettement sa prééminence avec +10 points de parts de marché en 1 an ! La performance du
port de Toulon (392 000 passagers sur Bastia) apparaît d'autant
plus remarquable que c'est le port dont le trafic a le mieux
résisté à la crise pour le trafic passagers avec
Bastia : son recul n'est "que" de 27,7% par rapport à 2019.
Pour mémoire, Toulon ne
représentait
encore en 2000 qu'un trafic symbolique avec la Corse avant que la
Corsica Ferries
ne croie en ses chances de développement et s'y
investisse pleinement à l'année avec ses Mega
Express.
Sur l'ensemble de la Corse, Toulon est premier depuis 2007, très loin devant
Nice et Marseille, avec un trafic passagers - assuré entièrement par la Corsica Ferries - qui était encore supérieur à 1,73 million en
2019 selon la CCI du Var (avant
de revenir à 1,16 million en 2020 à la suite de la crise,
selon cette même source), alors en progression de 9,9% au global
du
fait aussi du développement de nouvelles lignes de la Corsica Ferries, vers les Baléares notamment.
Sur Bastia, arrive
ensuite le port de
Livorno, en fort recul (-54,7%, avec 236 000 passagers en 2020, soit
près de 300 000 de moins qu'en 2019...) puis ceux de Marseille
(-29,8%) et de Nice (-49,2%), d'après les données de la
CCI de Bastia. Les ports ligures de Savona et de Genova, qui ont perdu
beaucoup de rotations de ferries en 2020 avec un trafic très
concentré sur l'été, souffrent aussi beaucoup de la
crise, avec des chutes respectives de 53,5% et de 65,5%. Le port de
Genova desservi par la Moby Lines ne voit ainsi plus transiter que 68
000 passagers avec Bastia en 2020, alors que ce trafic frôlait
encore les 200 000 passagers annuels en 2019 et qu'à son apogée,
il atteignait 245 000 voyageurs par an en 2010 !
Enfin, Piombino a quasiment
cessé d'être desservi depuis la Corse en 2020, alors qu'il
l'était encore par deux compagnies en 2019, seule la Corsica Ferries
y assurant encore quelques escales en périodes de pointe et son
trafic passagers avec Bastia n'est plus qu'anecdotique...
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Notes :
[1] De 1986 à 2003 inclus, proximité
géographique
oblige, le trafic du port de Bastia avec l'Italie avait alors
supplanté
celui avec le continent français ; il avait même
représenté
certaines années les deux-tiers du trafic total (jusqu'en
1995).
Il faut dire que le trafic avec l'Italie est désormais
quasi-exclusivement concentré
sur le port de Bastia (si l'on excepte
les rotations Corse-Sardaigne, assurées principalement
depuis
Bonifacio, et les liaisons saisonnières vers l'Ile Rousse et Porto Vecchio de la Corsica Ferries)
tandis
que le trafic Corse-continent français, réparti
sur cinq ports (Bastia
et Ajaccio, mais aussi Ile Rousse, Propriano et Porto-Vecchio),
ne l'est qu'à environ 42% en 2017. Rappelons
également qu'en 2002, on
dénombrait
encore quatre compagnies opérant vers l'Italie au
départ
de
Bastia - soit deux de plus qu'aujourd'hui - avant le retrait de la
filiale Corsica
Marittima de la
SNCM et le
dépôt de bilan de la Happy Lines qui
desservait
la
ligne Bastia-La Spezia...
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