Mare Nostrum Corsica 
- Préfiguration des nouveautés 2018 sur les lignes de Corse -

Une offre de transport moindre que prévu pour la saison 2018 sur les lignes de Corse 

Après le Big Bang intervenu en 2016 avec la disparition de la SNCM au profit de Corsica Linea et la réorientation des lignes de la Corsica Ferries et de la Moby Lines ces deux dernières années, plusieurs nouveautés sont encore attendues pour 2018. De gauche à droite, les Pascal Lota, Moby Vincent, Pascal Paoli et Mega Smeralda (Bastia, août 2017 ; photo : Romain Roussel).



Des trafics maritimes qui stagnent depuis 2014 sur les lignes de Corse, quelles perspectives pour 2018 ?

Jusqu'à l'été 2010, les trafics maritimes de la Corse ont connu une hausse quasi-continue, interrompue net depuis, en contrecoup du plafonnement de l'aide sociale, puis de sa suppression en 2014, année également marquée par la fin des subventions des ferries en saison sur Marseille. Les trafics maritimes corses stagnent depuis 2014, malgré un rebond récent de l'offre de transport
 


Comme c'est maintenant le cas depuis plusieurs années, avec près de 4,1 millions de voyageurs sur une année mobile flottante à fin août 2017 (c'est-à-dire sur la période de douze mois qui va de septembre 2016 à août 2017 inclus) selon l'Observatoire régional des transports de la Corse (ORTC), les trafics passagers maritimes de l'île demeurent loin de leurs records historiques établis en 2010 (4,66 millions de passagers - premier graphique). Les trafics passagers maritimes corses ressortent donc à un niveau très proche de celui déjà constaté par l'ORTC en 2014 et à la même époque de 2016 et ce alors même que l'on pouvait initialement s'attendre à des niveaux supérieurs. En effet, l'avant-saison aurait dû être plus favorable que celle de 2016 en raison du positionnement des jours fériés, mais, en pleine période électorale, les ponts de mai n'ont pas généré le trafic passagers attendu. Ensuite, la saison 2017 s'annonçait sous de meilleures auspices que les précédentes. Tout d'abord, la situation sociale et actionnariale s'était considérablement apaisée à la Corsica Linea, après la forte agitation des années précédentes à la SNCM dont elle a pris la suite. Si ce contexte plus favorable a bien permis une poursuite de la reprise des parts de marché perdues sur le marché du fret insulaire, pour le trafic passagers, une partie non négligeable des gains de Corsica Linea s'est faite au détriment de sa partenaire La Méridionale, le Monte d'Oro ayant retrouvé sa compagnie d'origine après le ripage de l'an passé (propriété de Corsica Linea, le trafic du Monte d'Oro avait l'an dernier été comptabilisé dans les statistiques de La Méridionale suite à son affrètement pour la saison par cette dernière, manoeuvre visant à justifier vis-à-vis des autorités européennes la discontinuité juridique de Corsica Linea par rapport à l'ex-SNCM...). Les principaux gains de trafic passagers estivaux de Corsica Linea sont venus en août des traversées supplémentaires programmées en 2017 par rapport à 2016 avec le Danielle Casanova, au détriment de la ligne Marseille-Tunis mais au global, l'effet n'est pas massif à l'échelle des transports annuels de la Corse. 

On aurait toutefois pu s'attendre à une progression réelle des lignes de Corse, l'offre maritime ayant été globalement supérieure en 2017 qu'en 2016 suite aux navires nouvellement mis en service. En effet, la Corsica Ferries et la Moby Lines avaient toutes deux inauguré de nouveaux navires (Pascal Lota pour la Corsica Ferries, Moby Dada pour la Moby), confirmé leurs nouvelles lignes de l'an passé (entre Toulon, Nice et Porto Vecchio, avec des prolongements sur la Sardaigne pour la Corsica Ferries, entre Nice et Bastia pour la Moby) voire même établi de nouveaux liens saisonniers (entre Piombino et Porto Vecchio, avec un prolongement sur la Sardaigne  pour la Corsica Ferries). Toutefois, si ces liaisons ont effectivement drainé de nouveaux voyageurs sur les lignes sardes et sur Porto Vecchio (dont le trafic a atteint un nouveau record historique en août 2017 selon l'ORTC), il semble que sur la Corse ont ait davantage assisté à un ripage des passagers d'un port insulaire à l'autre. Par ailleurs, la fermeture du port de Calvi depuis le 12 août 2016 (le maire de la ville souhaitant le consacrer à la plaisance et aux croisières), qui générait un trafic appréciable en saison, entièrement assuré par la Corsica Ferries, se serait traduite par une perte sèche pour les lignes de Corse. En effet, le port d'Ile Rousse n'en a pas profité : son trafic passagers a stagné en juillet (+1 % selon l'ORTC) et a sensiblement diminué en août (-9 %). Les trafics de la Corsica Ferries ont aussi été défavorablement impactés par l'indisponibilité imprévue du Pascal Lota (qui a endommagé son hélice lors d'une manoeuvre effectuée par grand vent au port de Bastia) pendant la quasi-totalité du mois de juillet. Du fait de cet incident de force majeure, la compagnie aux bateaux jaunes a ainsi été contrainte d'annuler certaines traversées et de réorganiser les plannings de ses autres navires, ce qui s'est notamment traduit par des changements d'horaires et des retards par rapport à la programmation initiale, préjudiciables pour ses passagers et pour l'image de l'armateur. Enfin, la Moby n'a pas véritablement tiré son épingle du jeu pendant la saison 2017 alors qu'elle n'a pas dû faire face à pareille interruption de service sur la ligne Nice-Bastia que l'an dernier, suite à l'incendie du Moby Zazà dans le port de Nice (survenu le 13 août 2016, l'incendie avait alors contraint la Moby à suspendre son service sur cette ligne jusqu'au 9 décembre). En effet, selon des statistiques de l'ORTC, son trafic passagers aurait reculé sur les lignes italo-corses (-4 % en juillet, -7 % en août) et sur Nice-Bastia, après des débuts commercialement difficiles en 2016 et malgré le changement de navire (le Moby Dada remplaçant sur cet axe le Moby Zazà), elle n'aurait pas fait mieux en juillet 2017 qu'en 2016 (en août, la comparaison est faussée car plus de la moitié des traversées avait été annulées l'an dernier suite à l'incendie, mais le trafic passagers de la Moby y est en 2017 deux fois moindre que sur sa ligne Genova-Bastia, pour des capacités de transport pourtant assez voisines).

Globalement, la stagnation des trafics maritimes de la Corse en 2017 (0 % d'évolution de mai à août selon l'ORTC) se traduit de nouveau par une érosion au profit de l'aérien (qui progresse de 9 % sur la même période), prolongeant ainsi le mouvement amorcé depuis plusieurs années déjà (voir un précédent article thématique de Mare Nostrum Corsica sur ce sujet), en dépit des inconvénients de ce dernier mode de transport en termes de durée des séjours et de bilan environnemental. Cette situation contraste très fortement avec celle observée dans le même temps sur la Sardaigne (où le low cost aérien s'est développé quelques années plus tôt qu'en Corse), qui après des années très sombres en 2011-2012 en particulier retrouve une vraie dynamique. Si les chiffres de 2017 affichent une léger repli (-1,5% sur les 9 premiers mois de l'année, selon l'Autorità portuale Nord Sardegna), les trafics maritimes sardes avaient très fortement progressé les années précédentes : de 6,0% en 2015 et de 17,2 % en 2016 pour les seuls ports du nord Sardaigne (Olbia, Golfo Aranci et Porto Torres) !

Les programmations initiales des compagnies communiquées en octobre dernier ont été affinées depuis et son désormais quasi-définitives pour la pluapart d'entre elles pour l'été prochain. Les évolutions très contrastées entre trafics maritimes corse et sarde observées ces dernières années pourraient toutefois inciter les compagnies maritimes présentes sur ces deux marchés (Moby Lines, Corsica Ferries et, dans une moindre mesure, Corsica Linea) à déplacer de l'une vers l'autre une partie de leur capacité de transport, à l'image du Moby Dada, retiré de la ligne Nice-Bastia et placé sur Civitavecchia-Olbia pour le compte de la Tirrenia, compagnie chapeautée par le groupe Onorato Armatori, propriétaire de la Moby...



En 2018, la Corsica Ferries fête ses 50 ans sur les lignes de Corse et poursuit sa diversification
en ouvrant une liaison inédite vers Majorque : Toulon-Alcúdia !

Bastia, août 2017 ; photo : Romain Roussel
À la Corsica Ferries, la grande nouveauté de 2018 est la nouvelle ligne vers Majorque. Ici, le nouveau navire amiral de la Corsica Ferries, le Pascal Lota, passant devant le Mega Smeralda.
Sa mise en service l'an passé favorise cette diversification des lignes de la compagnie ; photo prise à Bastia en août 2017 (Romain Roussel).

La Corsica Ferries a ouvert à la vente ses traversées pour l'été 2018 dès le 10 octobre 2017. Une nouvelle fois, la compagnie surprend pour son 50ème anniversaire en ouvrant une nouvelle ligne inédite entre Toulon et Alcúdia, situé au nord est de l'île de Majorque (ce port est plus accessible depuis Toulon que celui de la ville principale de l'île, Palma), en attendant de futures liaisons prévues de Toulon vers Minorque (port de Ciutadella). Les premières liaisons sur Majoruqe ont débuté le 21 avril 2018 à raison de deux allers-retours par semaine en Mega Express, pendant l'ensemble de la saison, les traversées Toulon-Alcúdia s'effectuant soit de nuit, soit de jour (en 9h30 à 11h de traversée selon les voyages). L'ouverture de cette nouvelle liaison est permise par l'accroissement de l'offre de transport consécutive à la mise en service la saison passée de son nouveau navire amiral de grande capacité, le Pascal Lota, dont la compagnie envisage de se doter de deux ferries neufs du même type d'ici 2021. Venu s'ajouter à la flotte déjà existante de la Corsica Ferries, ce ferry rapide construit en 2008 est doté d'une bonne vitesse de pointe (près de 28 noeuds), d'une grosse capacité en garage (près de 700 voitures) mais aussi en passagers (2 200). Il s'agit du quatrième navire d'une série initiée en 2001 ; le Pascal Lota est principalement affecté pendant l'été 2018 à la ligne Toulon-Ajaccio, c'est-à-dire la plus fréquentée des lignes de Corse. Toutefois, la compagnie préfère depuis quelques années faire naviguer ses navires sur plusieurs lignes au cours de l'année plutôt que de les spécialiser dans une seule : nombre de ses clients, principalement des lignes corses, vont donc de nouveau pouvoir l'emprunter en 2018 sur leur parcours habituel à une date ou à une autre. On retrouve donc le Pascal Lota, comme les autres navires de la compagnie, sur une assez grande diversité de lignes corses et sardes cette saison. 

S'agissant des lignes desservies, plusieurs de celles inaugurées à l'été 2016 (Nice-Porto Vecchio, au sud est de la Corse, et Toulon-Porto Torres, sur la côte ouest de la Sardaigne) et à l'été 2017 (Piombino-Golfo Aranci, sur la côte est de la Sardaigne) apparaissent sensiblement renforcées en termes de fréquence pendant l'été 2018. En particulier, le Mega Express Five effectuera plusieurs traversées Nice-Porto Vecchio par semaine de nuit (en 10h), y compris aux horaires les plus demandés (le vendredi soir dans le sens continent-Corse et le samedi soir dans le sens Corse-continent), horaire qui n'avait pas été retenu par la compagnie lors de la saison 2017. Il assurera aussi à l'été 2018 des liaisons Livorno-Porto Vecchio de jour les samedis en 5h45 (ligne qui n'était auparavant que desservie très épisodiquement et en nettement plus de temps  - 8h de jour, 10h de nuit - par le Sardinia Vera) ainsi que quelques rotations Piombino-Porto Vecchio, en complément. 

Sur les lignes Italie-Sardaigne et continent-Corse, la capacité de transport est aussi accrue sur Livorno-Golfo Aranci et surtout sur Nice-Ile Rousse et des évolutions notables interviennent quant aux navires affectés. En effet, durant les étés 2016 et 2017, en sus du Mega Express Three, pilier de la ligne sarde Livorno-Golfo Aranci, c'est essentiellement les Corsica Victoria et son jumeau, le Sardinia Regina, qui venaient en renfort. En 2018, les Mega Express et Mega Express Two viendront en partie se substituer à ces derniers navires qui se partageront quant à eux les lignes au départ de Piombino (pour Bastia et Golfo Aranci) et celles de Savona et de Livorno pour Bastia, en sus du Corsica Marina Seconda, affecté aussi à ces deux liaisons. Le Sardinia Vera continue à desservir la ligne Piombino-Golfo Aranci mais effectuera aussi des liaisons Piombino-Bastia à des horaires permettant une meilleure complémentarité que l'an passé avec la ligne voisine, Livorno-Bastia, et navigue aussi plusieurs fois par semaine sur Nice, principalement vers l'Ile Rousse (en 6h) et, occasionnellement, de nuit vers Bastia. Grâce à cette nouvelle programmation, le port d'Ile Rousse, toujours desservi aussi en Mega Express au départ de Toulon (en 5h30 à 6h30 le plus souvent de jour, mais parfois aussi de nuit) par la Corsica Ferries voit sa place nettement confortée en 2018. Cela constitue une bonne nouvelle pour la micro-région de Balagne, très affectée par la fermeture du port de Calvi pour raisons administratives depuis le 12 août 2016 et dont le trafic portuaire a sensiblement reculé depuis cette décision (Calvi et Ile Rousse confondus, le trafic portuaire de la Balagne a reculé de 14% sur les huit premiers mois de 2017 selon l'ORTC).

Quant à la paire mythique de ferries en provenance de la mer Baltique, composée des Mega Andrea et Mega Smeralda, celle-ci apparaît pour la saison 2018 plus que jamais centrée sur les lignes phare Toulon-Ajaccio (qui gagne encore quelques escales au détriment de la ligne Nice-Ajaccio) et Toulon-Bastia. Les week-ends de pointe, ces navires seront placés prioritairement de nuit sur ces lignes et non plus sur Savona-Bastia, qui hérite en contrepartie de quelques traversées en Mega Express en sus de celles des Sardinia Regina, Corsica Victoria et Corsica Marina. De jour, les Mega Andrea et Mega Smeralda sont aussi en service sur les autres dessertes de la compagnie mais les lignes Toulon-Corse (principalement vers Bastia, Ajaccio et Ile Rousse) semblent plus que jamais en 2018 au coeur de la stratégie de la Corsica Ferries : un grand nombre de navires y sont affectés et y assurent jusqu'à 8 départs dans le sens de plus grande affluence certains jours de pointe (par exemple, les dimanches 19 août et 26 août dans le sens Corse-continent) ! Le rôle central du port de Toulon ressort plus encore de manière évidente si l'on comptabilise aussi les nouvelles desserte en cours d'intensification ou d'expérimentation vers la Sardaigne (Porto Torres) et Majorque (Alcúdia). 

Toutes lignes confondues, les samedis de pointe d'août 2018, la Corsica Ferries assure jusqu'à 17 rotations dans chaque sens entre la Corse et le continent, ce qui constitue un record absolu (avec toujours jusqu'à 4 traversées sur Livorno, principalement vers Bastia). Et le nombre de rotations de la compagnie aux bateaux jaunes pourrait encore augmenter à la marge, la Corsica Ferries ayant tout juste programmé fin décembre 2017 les traversées de son NGV Corsica Express Three Piombino-Portoferraïo (Ile d'Elbe) pour la saison 2018, mais pas encore le prolongement habituel de certaines d'entre elles vers Bastia. Ces traversées sont traditionnellement commercialisées dans un second temps : elles l'ont été fin janvier 2018. Les traversées du Corsica Express Three suivent une programmation différente de celle de l'été 2017 dans le sens Italie-Corse : départs les mercredis et jeudis en saison de Piombino à 17h35, escale à Portoferraïo sur l'île d'Elbe à 18h15 et arrivée à Bastia à 20h ; retour de Bastia pour Piombino à 7h les jeudis et vendredis, escale à l'île d'Elbe à 8h30 et arrivée sur le continent à 9h25.



Corsica Linea (MCM, ex-SNCM) et La Méridionale naviguent toujours de concert sur Marseille-Corse,
en attendant les nouvelles entités régionales maritimes corses annoncées pour l'horizon 2021
Marseille, mai 2016 : photo : Jean-Pierre Fabre.
Pour la saison 2018, la Corsica Linea passe de une à deux rotations hebdomadaires en ferry sur Marseille-Corse. Photo du Danielle Casanova prise à Marseille en mai 2016 par Jean-Pierre Fabre. 

La Corsica Linea a succédé depuis avril 2016 à l'ex-opérateur historique de la Corse, la SNCM, disparue début 2016 après de nombreux rebondissements. Désormais présidée par Pascal Trojani, qui a pris le relai du repreneur désigné Patrick Rocca en avril 2016, et dirigée par Pierre-Antoine Villanova, la compagnie installe progressivement ses nouvelles couleurs dans le paysage maritime insulaire. Ses navires passent un à un aux couleurs rouges du consortium : les premiers ont été les Jean Nicoli, Pascal Paoli et Danielle Casanova de mars à juin 2016, puis le Paglia Orba après la saison 2016 et le Monte d'Oro en décembre 2017. D'autres ont revêtu une livrée intermédiaire à dominante blanche : si le Paglia Orba l'a perdue depuis, ce n'est pas le cas du Méditerranée, comme illustré sur la page des photos de 2016-2017. Par ailleurs, les actionnaires de Corsica Linea avaient accepté le principe de céder à terme leurs deux navires mixtes les plus anciens (Monte d'Oro et Paglia Orba) à la Collectivité territoriale de Corse. À compter de l'été 2019, ces navires devaient en théorie constituer une compagnie maritime régionale corse, dont les contours demeurent encore à préciser (en fait, trois entités sont envisagées, l'une possédant les navires et les deux autres - associant dans des proportions variables partenaires publics et privés - pour la desserte des ports principaux et secondaires de l'île, voir l'article thématique dédié). Toutefois, de récents rebondissements font que la vente de ces navires ne devrait finalement pas se faire et le calendrier de créationdes futures entités régionales a été différé à début 2020, si tout se passe désormais comme prévu...

D'ici septembre 2019, avec La Méridionale, la Corsica Linea continue d'effectuer le service public maritime entre Marseille et la Corse dans le cadre d'une délégation de service public dite "de raccordement", en attendant la future DSP dite courte qui devrait courir jusqu'à fin 2020. Toutefois, le nouveau cap de la compagnie, différent de celui avalisé en novembre 2015 par le tribunal de commerce de Marseille, et la future composition de sa flotte restent encore à affiner. En atteste le fait que les navires de la flotte sont tous, à l'exception du Danielle Casanova, proposés à la vente depuis début septembre 2017 sur un site spécialisé dans la vente de ferries (Apollo Duck). Cela ne signifie pas pour autant que les navires seront vendus mais plus vraisemblablement que la Corsica Linea souhaite mieux connaître leur valeur de marché voire saisir d'éventuelles opportunités qui se présenteraient pour recomposer et moderniser sa flotte. En particulier, Pierre-Antoine Villanova a déclaré à l'été 2017 que, plutôt que de le moderniser (ce qui serait très coûteux, plus de 20 millions d'euros), la compagnie envisageait de se séparer du ferry Méditerranée(principalement affecté à la ligne Marseille-Alger) et de le remplacer sur les lignes du Maghreb par un navire mixte à plus forte capacité fret donc. Pour le reste, à moins d'une vente surprise d'un des navires mixtes, les dessertes et fréquences assurées par les navires mixtes restent sensiblement identiques en 2018 sur les lignes de Corse à celles déjà observées en 2017. Les quatre cargos mixtes de l'ex-SNCM (Pascal Paoli, Jean NicoliMonte d'Oro et Paglia Orba) poursuivent donc en 2018 leurs dessertes respectives au départ de Marseille vers Bastia, Ajaccio, Porto Vecchio et l'Ile Rousse, selon le schéma de traversées nocturnes établi par le cahier des charges de la délégation de service public (DSP) maritime. En revanche, la compagnie n'a pas attendu la future DSP courte pour renforcer sa flotte, puisqu'elle affrète auprès de l'armateur italien Grimaldi Lines un cargo mixte supplémentaire à compter de juin 2018, l'Euroferry Corfu - rebaptisé Vizzavona - pour venir renforcer ses lignes entre Marseille, la Sardaigne et l'Algérie.

Une des clefs de la saison 2018 de la compagnie aux bateaux rouges concerne l'intensité de la desserte de la Corse par le ferry Danielle Casanova. La compagnie n'a effectué que deux rotations sur la Corse avec ce navire pendant l'été 2016, puis a commencé à renforcer sa desserte pendant l'été 2017 (une rotation Marseille-Ajaccio par semaine en été). Elle poursuit ce renforcement en 2018 puisque, en sus de celle sur Ajaccio, une rotation hebdomadaire est également prévue sur Marseille-Bastia les week-ends de saison (en traversées de nuit dans le sens Marseille-Corse jusqu'à la mi-août, puis en traversée de jour après cette date ; les retours Corse-Marseille s'effectuant à l'inverse de jour dans un premier temps puis de nuit après la mi-août, selon des schémas horaires calqués sur ceux autrefois mis en oeuvre par la SNCM). À noter que ce renforcement de la desserte estivale Marseille-Corse par le Danielle Casanova de la Corsica Linea pour la saison 2018 devrait entraîner mécaniquement, à nombre de navires inchangés, une diminution du nombre de rotations de la compagnie entre Marseille et Tunis, ligne sur laquelle le navire a jusqu'ici été prioritairement affecté... D'autres rotations supplémentaires les week-ends estivaux avaient été annoncées à bord du Monte d'Oro - dédié à la desserte d'Ile Rousse - mais n'avaient pas été effectuées durant l'été 2017, elles le seront en 2018, de jour (en 10h30 de traversée) ou de nuit, là aussi selon le sens de grande affluence. 

La Corsica Linea n'a en revanche pour l'heure pas ouvert de nouvelles lignes pour la saison 2018 (plusieurs destinations en Méditerranée occidentale au départ de Marseille avaient été évoquées par les nouveaux dirigeants de la compagnie : Baléares, Barcelone, Sardaigne, Sicile...).

Reconduite jusqu'à l'été 2019 aux côtés de la Corsica Linea dans le cadre de la délégation de service public "de raccordement" entre Marseille et les ports Corses, La Méridionale ne prévoit pas de nouvelle entrée en flotte à moyen terme (dans le cadre d'une précédente DSP annulée en justice, il était pourtant prévu que le prochain remplacement, celui du Kalliste, intervienne en 2023)Sa programmation pour 2018 s'inscrit donc dans la continuité de celle des années précédentes, avec le Piana principalement affecté à Marseille-Bastia - ligne phare pour le fret - le Kalliste sur Marseille-Propriano et le Girolata sur la liaison Marseille-Ajaccio. En sus des rotations prévues par la DSP, quelques traversées de jour sur Marseille-Propriano avec le Kalliste commercialise aussi en 2018 lors des périodes de pointe (départ de Marseille certains dimanches à 10h, arrivée Propriano à 20h ; retour en traversée de nuit) comme lors des étés 2016 et 2017.

La principale nouveauté de
La Méridionale en 2017 était le renouvellement de son image : depuis, les navires de la compagnie arborent progressivement une nouvelle livrée, mêlant deux tons de bleus (au lieu d'un seul auparavant), le logo de la compagnie a été également retouché et une tête de maure est désormais peinte sur le flanc avec l'inscription "Of Corse !" (voir détails en page La Méridionale et sur celles des photos de 2016-2017). Après le Girolata et le Kalliste début 2017, c'est désormais au tour du Piana d'arborer ces nouvelles couleurs suite à son arrêt technique intervenu début décembre 2017.

Quant à l'avenir de la liaison corso-sarde Propriano-Porto Torres, assurée jusqu'ici jusqu'à 2 à 3 fois par semaine par le Kalliste de La Méridionale en traversée de jour, dans le prolongement de sa traversée de nuit Marseille-Propriano, et qui avait déjà failli totalement disparaître
dès le printemps 2015, faute de rentabilité, celui-ci devrait être clarifié dans les prochains mois. Une desserte de service public serait envisagée pour cette liaison (financée par la Collectivité de Corse, la région sarde financerait quant à elle une possible délégation de service public entre Bonifacio et Santa Teresa di Gallura). Plus précisément, en lien avec son homologue sarde, l'Office des transports de la Corse (OTC) chercherait toujours à négocier l'octroi de subventions européennes (concrètement, la création d'un groupement européen de coopération territoriale, ou GECT) afin de pérenniser cette liaison, déficitaire de plusieurs centaines de milliers d'euros par an selon les déclarations des dirigeants de La Méridionale

Enfin, lors de la précédente DSP, l'
Office des transports de la Corse de l'époque n'avait pas obtenu
des compagnies délégataires SNCM et La Méridionale qu'elles alternent un jour sur deux les traversées vers les ports de Porto Vecchio et Propriano. Déjà identifié comme l'un des points faibles de la précédente convention de service public, cette concentration de la desserte fret de l'extrême Sud sur trois jours de la semaine serait un frein pour l'économie du sud de l'île. Au vu du programme communiqué par les compagnies, la remise à plat de la DSP Marseille-Corse intervenue en octobre 2016 n'a rien changé de ce point de vue-là. Les compagnies délégataires - La Méridionale et Corsica Linea - n'ont pas cédé sur ce point (l'alternance des jours de desserte des ports du sud de la Corse n'était pas imposée par le cahier des charges mais seulement explicitement conseillée dans le rapport de l'OTCadopté le 30 septembre 2016...), et ne le feront semble-t-il pas non plus dans le cadre de la DSP de raccordement courant de l'automne 2017 à l'été 2019 ! La programmation commercialisée pour 2018 atteste que les départs de Marseille pour Propriano et Porto Vecchio - et vice-versa - continuent de s'effectuer toujours les mêmes soirs en 2018...



Contrairement au programme initial, la Moby Lines n'assure finalement pas plus de 4 traversées par jour sur les lignes de Corse pendant la saison 2018, contre 5 en 2017
Bastia, août 2017 ; photo : Romain Roussel
Ici, le Moby Zazà lors de son arrivée à Bastia en août 2017 (photo : Romain Roussel), toujours présent sur les lignes corses de la Moby en 2018 pour desservir Genova-Bastia avec le Moby Corse. En 2018, le Moby Kiss fait son retour sur les lignes de Corse mais le Moby Dada passe sur la Sardaigne. Au final, le nombre maximal de rotations quotidiennes de la compagnie recule de 5 à 4 !
 
 


Les horaires 2018 pour la Corse la Moby Lines ont été commercialisés fin octobre 2017, avant ceux de la Sardaigne et de l'île d'Elbe puis modifié fin décembre 2017. Dans la foulée des grands changements intervenus depuis la saison 2016, avec l'ouverture mouvementée d'une ligne Nice-Bastia, la programmation 2018 est de nouveau marquée par des modifications notables, avec deux navires de taille moyenne, dont l'un emprunté aux lignes de l'île d'Elbe, qui se relaient sur Nice-Bastia-Livorno et retour en remplacement du Moby Dada. En effet, après deux années peu concluantes en termes de trafic passagers, la ligne Nice-Bastia de nuit est abandonnée à la Moby en 2018 au profit de traversées de jour en saison (jusqu'au printemps toutefois, des traversées de nuit continuent d'être assurées dans la continuité de la programmation de 2017). Celles-ci sont assurées par deux navires de moindre capacité et ne disposant pas ou que de peu de cabines, jusqu'ici affectés principalement à la desserte de l'île d'Elbe et à celle de Livorno-Bastia, les Moby Kiss et Moby Vincent. Le premier de ces navires, construit en 1975 a été sauvé in extremis de la démolition par la Moby il y a deux ans. La compagnie l'avait initialement placé sur la ligne Livorno-Bastia lors de l'été 2016 avant de l'affecter à l'île d'Elbe en 2017, saison au cours de laquelle le navire a connu une importante avarie moteurs en début d'été. Le Moby Niki, initialement programmé sur les lignes de Corse pour la saison 2018, restera finalement sur celles entre l'Italie et l'ïle d'Elbe. Construit en 1974 et racheté en 2017 par la Moby, il n'est autre que l'ex-Corsica Serena Seconda, que la Corsica Ferries avait vendu à une compagnie albanaise début 2011. Avec cette nouvelle programmation sur Nice-Bastia (départs de jour à 8h au départ de Nice, arrivée 15h, et retour Bastia-Nice à 13h30, arrivée 20h30) en remplacement du Moby Dada, la Moby semble davantage se positionner sur le créneau du low cost et tend les horaires de ses navires au risque que cela se ressente sur leur ponctualité (le Moby Dada effectuait la traversée en 8h30 lors de la saison 2017 alors qu'il n'était pourtant pas moins rapide que les navires en ayant pris le relai qui doivent quant à eux l'effectuer en 7 heures...).

L
es projet d'horaires préliminaires publiés par la CCI territoriale de Bastia et de la Haute Corse laissaient penser que le Moby Dada aurait pu être employé de nouveau sur les lignes de Corse en 2018 sur la ligne Toulon-Bastia, ainsi que sur Genova-Bastia en milieu de semaine en sus des autres ferries de la compagnie. Toutefois, la CCI territoriale de Bastia et de la Haute Corse a revu quelques jours plus tard la version des horaires du port de Bastia mise en ligne et le Moby Dada n'y figure plus, pas plus que la liaison Toulon-Bastia de la Moby. L'affectation du Moby Dada pour l'été 2018 a finalement été révélée à la mi-novembre 2017 : le navire est affrété par la compagnie soeur de la Moby, l'ex-compagnie publique Tirrenia, pour la saison 2018 au cours de laquelle il est programmé sur la ligne sarde Civitavecchia-Olbia. À noter aussi que, compte tenu de sa nouvelle affectation, la compagnie à la baleine bleue devra remplacer le Moby Kiss sur les lignes de l'île d'Elbe... Par ailleurs, la compagnie se réserve le droit, comme l'an passé, de remplacer au dernier moment l'un ou l'autre de ses navires par un autre de ses ferries en cas d'affrètement sur des lignes extérieures à la Corse (par exemple, à partir de la seconde quinzaine de septembre 2017 et pendant 57 jours au total, le Moby Dada a servi d'hôtel flottant aux forces de l'ordre espagnoles chargées notamment d'empêcher la tenue du référendum d'autodétermination de la Catalogne...).

Quant à ses lignes Italie-Corse, 
nettement renforcées depuis 2016, on y retrouve de nouveau en 2018 les Moby Zazà et Moby Corse, dont les capacités sont très proches (environ 450 voitures chacun et de 1 200 à 1 400 passagers) naviguant de concert sur la ligne Genova-Bastia, dont la fréquence bi-quotidienne est confirmée désormais tous les jours en saison et non plus seulement les week-ends d'été comme c'était le cas en 2017. En été, les départs de jour s'effectuent à 8h depuis Genova pour Bastia et à 11h en sens inverse, la traversée durant de 6h15 à 7h selon le sens de traversée ; en nuit, les traversées sont programmées à 21h dans les deux sens. 

Sur Bastia-Livorno, la Moby change de schéma horaire en 2018 : elle renonce finalement à positionner un navire (le Moby Vincent)
au départ de Bastia le matin à 9h, et à effectuer le retour de Livorno pour Bastia à 14h. Le départ de milieu de journée de Bastia pour Livorno est décalé de 14h à 15h45 compte tenu du fait que c'est désormais l'un des navires venant de Nice, Moby Vincent ou Moby Kiss, qui effectue en alternance la traversée retour Bastia-Livorno (la traversée Livorno-Bastia étant assurée également en alternance par l'un de ces deux navires à 8h15 chaque matin en saison). Il s'agit toutefois là d'un horaire extrêmement serré (45 minutes d'escale seulement à Bastia, contre 1h30 habituellement pour le Moby Vincent jusqu'en 2017) et qui risque de s'avérer difficile à tenir pour le Moby Vincent en particulier. Au total, la Moby assure donc en saison un seul aller-retour par jour entre Livorno et Bastia, soit un de moins qu'en 2017 et deux de moins que les jours de pointe en 2016 ! Au final, toutes lignes de Corse confondues, le nombre maximal de traversées de la Moby passe de 5 à 4 par jour pendant la saison 2018, la Moby devra donc essentiellement compter sur l'allongement de la période de desserte de ses navires (plus importante au printemps notamment) pour accroître son trafic.

Par ailleurs, la Moby avait annoncé à l'été 2016 avoir d'autres projets de développement - non concrétisés à ce stade, on ignore encore s'ils le seront finalement en 2018 - et notamment celui d'une ligne au départ de Barcelona, qui pourrait relier la Catalogne à l'Italie, vraisemblablement à Civitavecchia (d'autres lignes similaires au départ de Barcelona existent déjà : celle de GNV vers Genova et de Grimaldi Lines vers Savona et... Civitavecchia !). L'armateur a en effet constitué un groupe de premier plan, Onorato Armatori, avec les deux compagnies italiennes rachetées depuis 2010 (la Toremar, qui dessert l'île d'Elbe et la Tirrenia, qui dessert notamment la Sardaigne et la Sicile) dont il doit assurer le développement dans un contexte de concurrence accrue avec Grimaldi Lines, notamment sur les lignes sardes où Onorato Armatori est en position fortement dominante (70% du marché passagers et 71% du fret en 2016, selon l'armateur). 


Sur les lignes corso-sardes enfin, un bras de fer se joue depuis plus d'un an entre la Moby et le nouvel entrant de 2016, la BluNavy (ces deux compagnies sont déjà en concurrence sur l'île d'Elbe depuis plusieurs années). En effet, sur la ligne Bonifacio-Santa Teresa di Gallura, la BluNavy avait pris le relai de la Saremar en avril 2016 (en reprenant son navire, l'Ichnusa), suite à sa liquidation judiciaire. Jusqu'alors la Saremar était la seule compagnie à desservir cette liaison toute l'année, la Moby ne l'effectuant qu'en saison avec le ferry Giraglia. La BluNavy avait programmé ses liaisons jusqu'au 30 septembre 2016, dans l'attente d'une subvention intra-communautaire que élus corses et sardes avaient appelé conjointement de leurs voeux pour permettre à la compagnie de poursuivre ses liaisons toute l'année. À ce jour, aucun système de subventionnement n'a encore été mis en oeuvre, même si son principe a été confirmé par les exécutifs corse et sarde et devrait se concrétiser prochainement. Si la BluNavy avait temporairement prolongé son activité jusqu'à fin octobre 2016, elle avait finalement cessé ses rotations le 1er novembre et pendant tout l'hiver 2016-2017, faute de subventions, avant de rouvrir sa ligne au printemps 2017. À l'inverse, la Moby avait pour la première fois prolongé son activité toute l'année et la compagnie à la baleine bleue avait même annoncé avoir pour projet (non réalisé) de mettre deux navires au lieu d'un sur cette ligne pendant la saison 2017, ce qui aurait constitué un monopole sur Bonifacio-Santa Teresa di Gallura... Dernière proposition, restée également sans suite, émanant début novembre 2016 de Vincenzo Onorato, président du directoire de la Moby : que la compagnie à la baleine bleue affrète - au prix du marché - le navire de sa concurrente et reprenne aussi ses navigants ! En attendant les annonces pour la saison 2018, l'Office des transports de la Corse s'inscrit "dans une construction qui se poursuit avec la Sardaigne pour élaborer deux DSP corso-sardes sur deux lignes distinctes, Bonifacio-Santa Teresa di Gallura et Propriano-Porto Torres". La BluNavy n'a pas encore ouvert ses réservations pour la saison 2018, mais ses excellents résultats enregistrés lors de la saison 2017 (+68% en juillet et +27% en août) ne peuvent qu'inciter à l'optimisme quant à l'avenir de la concurrence sur cette liaison... 


Bastia, août 2017 ; photo : Romain Roussel
Les Mega Express, Pascal Paoli et Moby Zazà, à Bastia en août 2017 ; au loin, derrière la jetée, l'arrivée du Mega Andrea et l'île d'Elbe (photo : Romain Roussel).


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