Mare Nostrum Corsica 
- Les nouveautés 2020 sur les lignes de Corse -

Une saison 2020 et des compagnies maritimes durement affectées par les conséquences de la pandémie de coronavirus, mais qui tentent de redresser la barre...
Bastia, juillet 2019 ; photo : Romain Roussel
De gauche à droite, les Mega Express Two de la Corsica Ferries et Piana de La Méridionale derrière la jetée du port de Bastia, en juillet 2019 ; photo : Romain Roussel. Sur décision de la Collectivité de Corse, la Corsica Linea a totalement évincé son ex-partenaire, La Méridionale, des principales lignes de Corse pour le fret (Marseille-Bastia et Marseille-Ajaccio) pour la saison 2020.



Des trafics maritimes en régression sensible depuis une dizaine d'années sur les lignes de Corse

Jusqu'à l'été 2010, les trafics maritimes de la Corse ont connu une hausse quasi-continue, interrompue net depuis, en contrecoup du plafonnement de l'aide sociale, puis de sa suppression en 2014, année également marquée par la fin des subventions des ferries en saison sur Marseille. Les trafics maritimes corses stagnent depuis 2014, malgré les efforts déployés depuis par les armateurs
 


Comme c'est maintenant le cas depuis plusieurs années, avec 3,95 millions de voyageurs sur une année mobile flottante à fin août 2019 (c'est-à-dire sur la période de douze mois qui va de septembre 2018 à août 2019 inclus) selon l'Observatoire régional des transports de la Corse (ORTC), les trafics passagers maritimes de l'île baissent encore par rapport à 2018 (4,09 million, soit -3,5 %). Ils passent même en 2019 sous la barre des 4 millions de voyageurs, à un niveau désormais très loin de leurs records historiques établis en 2010 (4,66 millions de passagers) et ce, même bien avant le déclenchement de la pandémie de coronavirus. Plus en détail, quasiment tous les axes maritimes de la Corse sont en recul plus ou moins prononcé sur la période 2010-2019, comme illustré au graphique ci-dessus, à l'exception de Toulon-Corse et de Corse-Sardaigne (ce dernier n'atteint toutefois pas ses niveaux records). Les plus fortes diminutions sont enregistrées sur les lignes Nice-Corse, qui ont perdu plus de la moitié de leur trafic passagers depuis 2010 ! Comme annoncé par Mare Nostrum Corsica dans un article thématique dédié publié début 2019, le "grand plongeon" du trafic passagers a - hélas - bien eu lieu l'an dernier sur cet axe : sur les 8 premiers mois de 2019, la baisse atteint près de 40% selon l'ORTC, avec des chutes supérieures ou égales à 50% enregistrées sur les liaisons de Nice avec Ajaccio, Ile Rousse et Porto Vecchio, tandis que la ligne de Bastia résiste un peu mieux (-28,9%), malgré le retrait total de la Moby.

Ce phénomène traduit de nouveau une érosion du maritime au profit de l'aérien, qui le devance depuis 2018 sur les lignes de Corse, ce qui prolonge le mouvement amorcé depuis plusieurs années déjà (voir un précédent article thématique de Mare Nostrum Corsica sur ce sujet). Cela tient pour partie à un moindre soutien financier du secteur maritime de la part de la Collectivité de Corse qui, à l'inverse, consacre ces dernières années des sommes de plus en plus élevées au subventionnement des lignes de bord à bord aérien,
assurées par Air Corsica, pour faire baisser le tarif résident du transport en avion. Pourtant, le secteur maritime a plusieurs vertus comparé au secteur aérien : les études de l'ORTC montrent qu'il est générateur de séjours touristiques plus longs, donc plus rémunérateurs pour l'économie insulaire, et il s'agit d'un mode de transport bien moins émetteur de gaz à effets de serre que l'aérien par passager transporté. En d'autres termes, si le transport aérien continue de gagner des parts de marché sur le maritime dans l'avenir, les retombées économiques devraient continuer de diminuer et la pollution subie en Corse s'accroître ! Et ce, d'autant plus que de nouvelles normes environnementales sont entrées en vigueur pour le transport maritime en Méditerranée le 1er janvier 2020 - avec des teneurs maximales des carburants en dioxyde de soufre divisées par sept, cf. article thématique - et que les armateurs font de plus en plus d'efforts pour réduire la pollution de leurs navires, à terre comme en mer. Citons par exemple les initiatives de La Méridionale d'expérimenter un filtre à particules sur le Piana, qui donne d'excellents résultats, la suppression totale de l'usage du plastique à usage unique en cours de déploiement et l'usage d'un carburant encore moins polluant en approche de certains ports sur les navires de la Corsica Ferries - qui propose depuis plusieurs années à ses passagers de compenser ses émissions de carbone en plantant des arbres dans la forêt amazonienne au Pérou - ou encore la récente commande d'un navire plus respectueux de l'environnement, propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL), par Corsica Linea. Quant à l'électrification des navires lors des escales longues à quai, qui vise à éviter les fumées des navires de plus en plus mal acceptées par les riverains, elle ne se pratique pas encore en Corse (où les centrales thermiques fonctionnent encore au fioul lourd...), mais déjà à Marseille et d'ici un à trois ans dans les autres ports accueillant des ferries pour la Corse (Toulon et Nice).


La crise du COVID-19 ne laisse que l'espoir de sauver ce qui peut l'être de la haute saison touristique 2020 corse...
Les côtes de Corse vues de la mer, en juillet 2019 ; photo : Romain Roussel
Les côtes du Cap Corse telles qu'elles se présentent lors d'une arrivée en bateau depuis la mer ; au tiers gauche de l'image, l'île de la Giraglia et son phare (photo Romain Roussel, prise en juillet 2019).

Avant même le déclenchement de la pandémie de coronavirus qui a touché l'Europe à partir de février 2020, le contexte était donc très morose pour les compagnies maritimes. Celles-ci faisaient face dès le début 2020 au renchérissement des coûts de transport lié précisément à l'entrée en vigueur de ces nouvelles normes environnementales. Déjà en difficulté financière, la Moby a échappé de peu courant octobre 2019 à une procédure de mise en faillite demandée par certains de ses créanciers. Elle devait se séparer fin 2019 de ses deux navires amiraux, les Moby Aki et Moby Wonder, qui auraient été remplacés sur les lignes de Sardaigne par deux ferries plus anciens acquis auprès de la compagnie danoise DFDS, mais la vente a finalement achoppé - voir précisions en page des navires - son avenir reste néanmoins très incertain... La Méridionale a quant à elle perdu au profit de Corsica Linea l'ensemble des lignes de Corse dont elle était jusqu'ici délégataire (voir article thématique) et, du fait de cette décision de la Collectivité de Corse, a été contrainte de se retirer des lignes Marseille-Bastia et Marseille-Ajaccio à compter d'octobre 2019 ! Pour autant, elle peut néanmoins compter pour la saison 2020 avec la concession des lignes Marseille-Porto Vecchio et Marseille-Propriano, ce qui lui permet d'être encore présente, même si c'est sous un format réduit, sur les lignes de Corse. Une réduction notable de l'offre de transport ayant déjà été entreprise par les compagnies maritimes en 2019, on pouvait donc espérer au global une relative stabilisation de leurs trafics sur la Corse en 2020, d'autant que les trafics constatés lors de deux premiers mois de l'année par l'ORTC témoignaient d'une hausse encourageante.

Las, la pandémie de coronavirus est venue briser cet espoir, en paralysant quasi-totalement les transports maritimes du début du confinement, intervenu courant février en Italie et mi-mars en France, à mi-mai. Sur cette période, on a assisté à un recul historique des flux passagers transportés par mer, réduits aux seules personnes spécifiquement autorisées à voyager pour raison de force majeure... Dès lors, dans l'attente des statistiques de l'ORTC, les déclarations des compagnies laissent penser à une baisse des flux transportés par mer de 90 à 98% pour les passagers et de 30% à 40% pour le fret sur les lignes de Corse pendant cette période de confinement... Seuls naviguaient quelques navires spécialement armés pour le fret à un rythme un peu ralenti
sur les ports principaux de l'île (Corsica Linea) ou sur celui de Porto Vecchio (La Méridionale) et des navires à capacité passagers très fortement réduite (limitée réglementairement à 100, à comparer à leur capacité théorique de 1 800 à 2 000) de la Corsica Ferries entre Ajaccio, Bastia, Toulon et Livorno, à une cadence extrèmement réduite, nettement inférieure à celle habituellement constatée au plus creux de l'hiver !

Depuis le début du déconfinement, par étapes, la reprise qui se dessine est extrêmement timide et la saison 2020 qui se profile en Corse n'a plus rien à voir avec celle escomptée initialement, ce qui inquiète - à juste titre - les socioprofessionnels du tourisme et les transporteurs. Les compagnies ont multiplié les nouvelles précautions sanitaires prises lors des traversées (capacités réduites, respect des gestes barrière, mise à disposition de gel hydroalcoolique, désinfection renforcée, médecin ou care manager à bord...) mais la reprise n'est pour l'heure qu'extrêmement timide et les trafics de début juin 2020 - en théorie, le troisième ou quatrième plus important trafic mensuel de l'année pour les transports maritimes de la Corse - n'atteignent pas encore ceux d'un mois de plein hiver habituel ! Ainsi, la Moby Lines,traditionnellement présente d'avril à début octobre sur les lignes Italie-Corse, n'a repris ses rotations que mi-juin et son programme estival d'escales est plus que divisé par deux par rapport à celui de 2019, avec une présence extrêmement réduite en juillet ; la Corsica Ferries n'a atteint un rythme quotidien entre l'Italie et la Corse que fin juin 2020 et son programme estival fait l'objet d'ajustements constants en fonction de la demande, même s'il est d'ores et déjà confirmé que la compagnie aux bateaux jaunes assurera cette année encore l'essentiel du trafic passagers estival. En comparaison, les lignes de service public entre Marseille et la Corse de Corsica Linea et La Méridionale sont moins affectées ; ce sont aussi les seules qui continuent de bénéficier de subventions.




La Corsica Ferries entame sa transition écologique et pourrait jouer la carte de la continuité en 2020 !
Bastia, août 2019 ; photo : Romain Roussel
À la Corsica Ferries, la programmation préliminaire des traversées pour la saison 2020 s'inscrit dans le droit fil de celle de 2019 ; sera-t-elle confirmée à l'identique pour juillet-août suite au déconfinement ?.
Ici, le Mega Smeralda de la Corsica Ferries, à son arrivée à
Bastia en août 2019, vu depuis la Citadelle de la ville (photo : Romain Roussel).

La Corsica Ferries a ouvert à la vente ses traversées pour la période allant jusqu'à début septembre 2020 le 16 octobre 2019. Il ne s'agit toutefois à ce stade que d'une programmation préliminaire dans laquelle les navires effectuant les traversées ne sont pas nommés explicitement mais par leur caractéristique principale - Mega Express ou Cruise Ferry (ce dernier terme désignant les ferries classiques de la compagnie, tandis que le premier recouvre aussi les jumeaux Mega Andrea et Mega Smeralda). Cette programmation provisoirement "anonyme" permettra à la compagnie aux bateaux jaunes d'ajuster sa programmation finale en fonction de la demande, en affectant sur les lignes les plus prisées ses navires de plus grande capacité. C'est particulièrement vrai cette année, suite à l'épidémie de COVID-19, qui a entraîné une forte réduction de la programmation au printemps ; la compagnie se veut toutefois rassurante pour cet été, indiquant que les navires mis en réserve seront programmés au fil de l'eau pour face face à la demande et que personne ne restera à quai faute de bateau !

En première intention toutefois, la programmation 2020 de la Corsica Ferries sur les lignes de Corse s'incrivait dans la continuité de celle de 2019, avec un volume de traversées équivalent, s'agissant d'un programme estival préliminaire. Il s'agit en soi d'une bonne nouvelle, les compagnies maritimes ayant contracté leur offre de transport ces dernières années. Toutes lignes confondues, les samedis de pointe d'août 2020, la Corsica Ferries pourrait ainsi assurer une douzaine de rotations dans chaque sens entre la Corse et le continent, ce qui reste de loin le réseau le plus dense sur la Corse, même si ce niveau est sensiblement inférieur au record absolu atteint en 2018 (jusqu'à 17). Cela s'explique notamment par l'ouverture de nouvelles lignes hors de Corse de 2016 à 2019 et par le repositionnement des navires sur des lignes en moyenne plus longues.  

Sur les lignes françaises, en sus des rotations sur Toulon, les traversées de et vers Nice se concentrent assez largement depuis 2019 sur le port de Bastia, même si les autres ports de Corse (Ile Rousse, Ajaccio et Porto Vecchio) restent aussi desservis, mais de manière plus sporadique. Depuis quelques années, la compagnie préfère faire naviguer ses navires sur plusieurs lignes au cours de l'année plutôt que de les spécialiser dans une seule : nombre de ses clients, principalement des lignes de Corse, devraient donc pouvoir emprunter l'un ou l'autre de ses ferries la saison prochaine sur leur parcours habituel à une date ou à une autre... 

Sur les lignes Italie-Sardaigne, la capacité de transport se concentre essentiellement sur Livorno-Golfo Aranci, la Corsica Ferries ayant finalment renoncé à l'ouverture de deux nouvelles lignes estivales en 2020 (Civitavecchia et Savona-Golfo Aranci), assurées en Mega Express, annoncées courant avril ! Dans le contexte du coronavirus et des incertitudes sur l'ouverture des frontières, la compagnie aux bateaux jaunes a finalement réduit la voilure sur ses lignes internationales par rapport au programme initial et a en particulier renoncé à desservir pendant l'été 2020 la liaison Toulon-Trapani (Sicile),ouverte en 2019. La Corsica Ferries rouvre néanmoins début juillet 2020 ses lignes avec les îles Baléares, avec une nouveauté cette année. Toulon est de nouveau relié cette saison à Alcúdia, situé au nord est de l'île de Majorque (ce port est plus accessible depuis Toulon que celui de la ville principale de l'île, Palma), activée au printemps 2018 pour célébrer les 50 ans de la compagnie. La compagnie y assure jusqu'à trois allers-retours par semaine. En sus, la Corsica Ferries fait escale régulièrement à Minorque, aussi desservie via le port de Ciutadella cet été, ce qui constitue une nouvelle escale (en 2019, seuls quelques touchers de Port Mahon, à l'autre extrémité de l'île, avaient été effectués). Par ailleurs, la compagnie a également reprogrammé courant février 2020 ses traditionnelles liaisons estivales entre Bastia, Portoferraïo sur l'île d'Elbe et Piombino assurées en navire rapide.

En attendant des précisions sur les navires de sa flotte qui seront affectées aux différentes dessertes, la principale nouveauté de la Corsica Ferries pour 2020 est pour l'heure d'ordre environnemental. La compagnie aux bateaux jaunes met en effet en oeuvre depuis plusieurs mois une nouvelle stratégie de développement durable. Cela se traduit déjà par des actions concrètes de plusieurs ordres : mesures concernant directement les navires (réduction du nombre de traversées, suppression totale de l'usage des matières plastiques à usage unique après celle des sacs plastiques déjà supprimés depuis plusieurs années...), partenariats accrus avec des organisations environnementales (notamment concernant le repérage des cétacés en Méditerranée lors de traversées, grâce notamment à la fondation CIMA) et engagements de forte réduction des émissions de matières polluantes. Ces engagements sont concrétisés notamment depuis l'été 2019 par l'adhésion de la Corsica Ferries à la charte SAILS. Cette charte a également signée simultanément par la plupart des armateurs français (La Méridionale, Corsica Linea, Brittany Ferries...) et par un seul armateur italien (Grimaldi Lines). Mais ils se traduisent aussi concrètement par l'usage d'un carburant encore plus léger que celui prévu par la nouvelle réglementation (0,1% de soufre contre 0,5%) lors des phases d'approche des ports de Nice et de Toulon et lors des escales à quai dans ces ports. La Corsica Ferries est également la première compagnie maritime à prendre publiquement position en faveur d'une zone à émissions réduites en Méditerranée (zone ECA) qui pourrait voir le jour en 2022.

Lancée à l’initiative du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, avec le soutien d’Armateurs de France, la charte SAILS (pour Sustainable Actions for Innovative and Low-impact Shipping) vise à permetre aux compagnies "de poursuivre et formaliser leurs engagements pionniers visant à protéger notre planète et ses habitants". Concrètement, les compagnies signataires s'engagent, "de manière volontaire et au-delà de leurs obligations réglementaires", à mettre en place des actions spécifiques dans tout ou partie des domaines suivants : protection des cétacés, réduction de l’impact sonore sous-marin des navires, diminution des émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre, renforcement des liens avec le secteur scientifique, lutte contre les espèces invasives, optimisation de la performance énergétique des navires ou encore sensibilisation des passagers et meilleure définition des routes maritimes (actions spécifiques pour les compagnies de croisières et de ferries). Pour la Corsica Ferries, cela passe notamment par la participation à des études transverses aux ports de Nice, Toulon et Marseille pour aboutir sur la solution optimale concernant le raccordement à quai des ferries et par le renforcement des actions avec le monde de la recherche en matière de préservation des cétacés. Plus concrètement, un navire sera raccordé au courant quai à Toulon d'ici fin 2020 ou début 2021 (vraisemblablement son navire amiral, le Pascal Lota), puis quatre d'ici fin 2021 et toute la flotte escalant à Toulon à l'horizon 2024. Enfin, la Corsica Ferries s’est engagée à poursuivre les actions déjà mises en place pour optimiser la performance énergétique de ses navires : cela consiste en une réduction du nombre de voyages, une optimisation de la vitesse des ferries et des temps d’escale réduits afin de diminuer nuisances sonores et pollutions. 

La Corsica Ferries devrait aussi prochainement signer la charte '"Euroméditerranéenne en faveur de l'environnement" et est l'un des rares armateurs méditerranéens à avoir publiquement pris parti en faveur de la création d'une zone SECA en Méditerranée, qui permettrait d'aller plus loin que la réglementation actuellement prévue quant aux émissions de dioxyde de soufre. En effet, au 1er janvier 2020 entrent en vigueur de nouvelles normes divisant par sept (de 3,5% à 0,5%) le niveau maximal de dioxyde de soufre devant être émis par les navires en Méditerranée, mais une zone SECA réduirait ces niveaux d'un facteur cinq supplémentaire (à 0,1%, comme cela se pratique déjà en Europe du Nord, voir article sur ces nouvelles normes environnementales plus exigeantes). Pour faire face à ces nouvelles normes tout en restant compétitive, la compagnie serait en train de finaliser une nouvelle stratégie en termes de motorisation de ses navires, dont l'ébauche aurait été dévoilée lors de la signature de la charte SAILS. Elle consisterait à convertir, d'ici 2024, quatre de ses Mega Express - on ignore encore lesquels et selon quel calendrier précis - à une propulsion mixte GNL-méthanol très innovante. 

Par ailleurs, la compagnie aux bateaux jaunes travaillait, avant la pandémie de coronavirus, à un projet de navire neuf dual-fuel, capable d’être alimenté au GNL, qui pourrait être mis en service en 2023, sous réserves de trouver un chantier naval disponible pour assurer une construction à des coûts raisonnables à cet horizon et que la compagnie confirme ce projet dans le contexte post-COVID... Dans ce cas, il pourrait s'agir de la commande d'un navire, avec un autre en option. Le développement de ce ou de ces nouveaux navires a été confié au bureau d'étude Naos design, basé à Trieste (dans la région de Venise). Ils seraient à ce jour encore au stade de prototype. Ils seraient très profilés et pourraient même - sous réserve de confirmation, le design de la coque n'étant pas encore définitif - être dotés d'une étrave de forme inversée. Cela permettrait, selon ses concepteurs, de minimiser la consommation de carburant - donc les émissions polluantes et, par voie de conséquence, le coût des billets - et d'atteindre un niveau optimal de tenue à la mer par tous temps. Selon la revue spécialisée suédoise Shippax, la capacité de ce ou de ces navires serait de l'ordre de 550 voitures et de 1 900 passagers pour une longueur de 175 mètres (limite supérieure pour accoster dans la plupart des ports de Corse - Bastia en particulier, le hub de la compagnie, et dans celui de Nice). Selon cette même source, ils seraient dotés de 116 cabines et leur vitesse avoisinerait les 24,5 noeuds à 85% de la puissance des moteurs. On ignore encore sur quelles lignes ce ou ces navires pourraient à terme être placés, mais leurs caractéristiques sembleraient bien adaptées aux liaisons entre Livorno et Nice avec la Corse.



La Corsica Linea rapatrie finalement le A Nepita sur ses lignes de Corse, où elle ne navigue plus de pair avec La Méridionale...
Bastia, juillet 2019 ; photo : Romain Roussel
Le Vizzavona de Corsica Linea, à Bastia en juillet 2019, avec la pilotine du port à sa droite ; photo : Romain Roussel. Il assure désormais en théorie avec le Pascal Paoli la desserte de la ligne Bastia-Marseille, à la place du Piana de La Méridionale. En pratique, il y est régulièrement remplacé par le Paglia Orba, dont la moindre longueur le rend plus adapté au port Bastiais ; le nouveau A Nepita venant en sus sur Bastia et Ajaccio selon les jours.

La Corsica Linea a succédé depuis avril 2016 à l'ex-opérateur historique de la Corse, la SNCM, disparue début 2016 après de nombreux rebondissements. Présidée par Pascal Trojani, elle s'est vite imposée comme l'acteur ultra-dominant du fret maritime insulaire, au détriment de son ex-partenaire, La Méridionale. Ayant acquis un cinquième navire mixte, le Vizzavona, en juin 2018, la compagnie aux bateaux rouges s'est servie de ce navire supplémentaire jusqu'ici affecté aux lignes du Maghreb pour répondre à l'appel d'offres des lignes Marseille-Corse en sus de sa flotte habituelle de quatre cargos mixtes. Résultat : le partenariat historique avec La Méridionale a, dans un premier temps, été rompu et, suite à une procédure d'appels d'offres ligne par ligne, la Corsica Linea navigue désormais seule depuis début octobre 2019 et au moins jusqu'à fin décembre 2020 sur les deux principales lignes de fret de l'île (Marseille-Bastia et Marseille-Ajaccio), tout en bénéficiant de montants de subventions plus élevés qu'auparavant ! En plus du Pascal Paoli, sur Marseille-Bastia, la Corsica Linea aligne désormais en théorie le Vizzavona, en remplacement du Piana de La Méridionale ; en pratique, c'est souvent le Paglia Orba, plus adapté à ce port, qui effectue à sa place les rotations, contrairement à ce qui était prévu par le contrat de service public souscrit avec la Collectivité de Corse, qui jugeait ce navire trop obsolète pour en faire l'acquisition et le faire navigueur sous ses propres couleurs [1]. Sur Marseille-Ajaccio, c'est le Jean Nicoli, jusqu'ici affecté principalement à la desserte de Porto Vecchio, qui vient s'ajouter au Paglia Orba en remplacement du Girolata de La Méridionale ; en pratique toutefois, c'est souvent le Vizzavona qui vient en substitution du Paglia Orba sur Ajaccio, pour les raisons expliquées ci-dessus. Continuité en revanche sur Marseille-Ile Rousse, toujours desservie par le Monte d'Oro de Corsica Linea. La Corsica Linea n'est en revanche plus présente sur Porto Vecchio et Propriano, la concession de ces lignes ayant été officiellement attribuée dans un second temps à La Méridionale, seule candidate en lice sur ces lignes (voir article thématique dédié) après le retrait de la Corsica Ferries...

Les rotations des navires mixtes de Corsica Linea sont commercialisées depuis la fin septembre 2019 pour la saison 2020. Les horaires des traversées de nuit sont imposés par le cahier des charges de la délégation de service public et ne devraient pas subir pas de modification notable sur les lignes de Corse par rapport à ceux pratiqués jusqu'en 2019, même dans le contexte post-COVID19. La seule modification sensible par rapport à 2019 concerne l'ajout de rotations supplémentaires, principalement destinées à l'approvisionnement de l'île en marchandises, à certaines périodes en dehors de la pleine saison et l'appoint initialement non prévu d'un nouveau navire, le A Nepita. Pour le fret, l'offre la plus abondante n'est pas exigée en été mais lors des périodes précédant les vacances scolaires : en mars en vue des congés de printemps, en mai-juin en amont de la saison estivale et en novembre, en préparation des fêtes de fin d'année (pour plus de détails, voir l'article thématique détaillant les spécifications du cahier des charges). Il n'est en revanche pas exigé de traversées supplémentaires pour les passagers en été, que la compagnie pourra toutefois programmer en sus si elle le souhaite. Toutefois, depuis la saison 2019, la Corsica Linea ne programme plus de car-ferries de grande capacité comme le Méditerranée et le Danielle Casanova en saison sur la Corse, ceux-ci étant désormais exclusivement dévolus à la desserte de l'Algérie et de la Tunisie au départ de Marseille. Cette desserte a été totalement interrompue - mis à part quelques opérations ponctuelles de rapatriement - dans le contexte de l'épidémie de coronavirus et les conditions de sa reprise pour la saison 2020 restent à préciser. La desserte du Maghreb devait pourtant initialement être renforcée dès la saison 2020 avec l'affrètement pour plusieurs annés d'un cargo mixte supplémentaire pour les lignes algériennes, le A Nepita, qui avait furtivement navigué sous le nom de Jean Nicoli pour le compte de la SNCM en 2007. Ce navire a bien été mis aux couleurs de la compagnie et a rejoint Marseille depuis Perama, en Grèce, le 10 juin 2020. Son entrée en service sur l'Algérie est toutefois reportée sine die en raison de l'incertitude sur l'assouplissement des règles de circulation des voyageurs au-delà des frontières nationales et européennes suite au déconfinement ; aussi vient-il pendant l'été 2020 en renfort des autres navires mixtes de la compagnie sur les deux ports principaux de Corse, Bastia et Ajaccio. Plus précisément, le A Nepita effectue deux allers-retours hebdomadaires sur cahcun de ces ports depuis Marseille du 23 juin à la mi-août 2020 et à partir de la mi-août, un aller-retour quotidien sur Marseille-Ajaccio, de jour dans le sens continent-Corse et de nuit dans l'autre sens.

Pour l'avenir, la compagnie aux bateaux rouges a passé commande en juillet 2019 d'un navire neuf, propulsé au gaz naturel liquéfié, dans le cadre du renouvellement de sa flotte, pour une mise en service attendue en 2022. Compte tenu de sa longueur importante (206 mètres), ce nouveau cargo mixte de grande capacité (2 560 mètres linéaires de roll, 150 voitures et 650 passagers) ne pourra pas accoster de manière régulière dans l'actuel port de Bastia. Il est donc vraisemblable qu'il soit principalement dévolu à la ligne Marseille-Ajaccio, où il pourrait remplacer le Paglia Orba. Avant l'épidémie de coronavirus, la Corsica Linea envisageait la commande possible d'un second navire au GNL d'ici la fin 2020  Sans attendre cette mise en service, la Corsica Linea a engagé l'adaptation de sa flotte à l'aide d'épurateurs de fumée, installés à Bizerte en Tunisie sur le Paglia Orba début 2019, plusieurs autres de ses navires ayant suivi, dont le Pascal Paoli (le Vizzavona en étant déjà équipé d'origine, dès son achat à Grimadi Lines). L'usage de ces scrubbers en circuit ouvert fait toutefois polémique car les rejets en mer qu'ils induisent contribueraient à l'acidification du milieu marin selon certaines études. La Corsica Linea bénéficie aussi du courant à quai au port de Marseille, lors des escales longues de ses navires, comme c'est déjà le cas depuis 2017 pour ceux de La Méridionale.

Après de nombreuses turbulences, l'avenir proche de La Méridionale apparaît désormais assuré même s'il s'écrira sous un format réduit sur les lignes de Corse, indépendamment de la crise du coronavirus. Le "divorce" a désormais été consommé avec la Corsica Linea : les deux compagnies disposent désormais de systèmes de réservation séparés (un système unique était jusqu'ici géré par la Corsica Linea pour le compte des deux compagnies) et ne desservent plus de ligne en commun. La Méridionale dessert désormais pour la saison 2020 uniquement deux ports secondaires du sud Corse : Propriano avec le Kalliste, comme c'était le cas jusqu'ici, et Porto Vecchio avec le Piana, conçu pour la ligne Marseille-Bastia sur laquelle il naviguait jusqu'ici. En 2021 toutefois, dans le cadre du nouveau partenariat signé avec la Corsica Linea, La Méridionale troquera la desserte de Propriano pour celle d'Ajaccio (avec un seul navire sur cette liaison).

D'après le journal Le Marin, la brouille entre les deux compagnies aurait trouvé son origine dans la volonté de la Corsica Linea d'absorber La Méridionale. Elle le lui avait proposé début 2018 mais se serait heurtée au refus de l'actionnaire majoritaire de cette dernière - le groupe frigorifique STEF - de céder ses parts de la compagnie aux bateaux bleus... Puis la Corsica Linea aurait chercher à renforcer son offre sur Marseille-Corse au détriment de sa partenaire. Plus précisément, Le Marin suggère que Corsica Linea aurait proposé à La Méridionale de se retirer des lignes principales de fret les plus rentables - Marseille-Bastia et Marseille-Ajaccio - où les deux compagnies opéraient historiquement en alternance un jour sur deux, et aurait tenté de la reléguer sur deux lignes secondaires (au départ de Propriano et d'Ile Rousse). Dans ce schéma évoqué par l'hebdomadaire maritime, comme la Corsica Linea aurait a priori aussi cherché à maintenir son offre sur Porto Vecchio, elle aurait opéré alors avec 5 navires (au lieu de 4) et La Méridionale avec seulement 2 (au lieu de 3 jusqu'ici) ! Cela n'avait pas été considéré comme acceptable du point de vue de La Méridionale. Pour autant, au final, on arrive en 2020 à un schéma très proche avec respectivement 5 et 2 navires mixtes à plein temps sur la Corse, La Méridionale se repliant finalement sur les lignes entre Marseille, Porto Vecchio et Propriano. Autre élément de brouille, rapporté également par Le Marin : la Corsica Linea aurait pu inciter la Brittany Ferries - qui siège à son conseil d'administration - à affréter à la place de La Méridionale le Stena Egeria de la compagnie suédoise Stena Line, sur laquelle comptait la compagnie aux bateaux bleus pour compléter son offre de transport sur Marseille-Bastia. Cela aurait contribué à justifier le fait que La Méridionale se dote en propre d'un quatrième navire, le Liverpool Seaways, désormais rebaptisé Pelagos, finalement acquis courant 2019 et donc l'affectation reste encore à préciser (en sus du Piana, du Kalliste et du Girolata - frété à GNV pour la saison 2020, où il naviguait entre le continent italien et la Sicile avant de revenir temporairement stationner à Marseille du fait de l'épidémie de coronavirus...). Le Pelagos pourrait potentiellement être exploité entre la France et le Maroc, si les conditions le permettent, la compagnie ayant déjà effectué quelques traversées expérimentales avec Tanger.

La Méridionale comptait sur ce quatrième navire pour solidifier son offre en vue de la délégation de service public de 7 ans qui prendra la relai de l'actuelle à compter de 2021. Sa relégation sur deux lignes de moindre importance est d'autant plus durement ressentie que la compagnie a beaucoup investi ces dernières années, que ce soit en termes de qualité de la flotte que de préservation de l'environnement. Dès 2017, elle a commencé par renouveler son image : les navires de la compagnie ont arboré progressivement une nouvelle livrée, mêlant deux tons de bleus (au lieu d'un seul auparavant). Le logo de la compagnie a été également retouché et une tête de maure est désormais peinte sur le flanc avec l'inscription "Of Corse !" (voir détails en page La Méridionale et sur celles des photos de 2016-2017). Soucieuse de l'environnement, la compagnie méridionale a été la première à bénéficier de la connexion du courant à quai à Marseille (dès 2017, lors des escales longues de ses navires qui passent la journée à quai) et a expérimenté à l'automne 2018 un système de raccordement permettant aussi de limiter les émissions polluantes sur le port d'Ajaccio. En outre, en vue du durcissement des normes d'émissions de polluants dans l'air en 2020, elle a expérimenté pendant six mois à compter du printemps 2019 sur un des moteurs du Piana un nouveau système de filtre à particules, qui aurait donné d'excellents résultats. Ce système, à base de bicarbonate de soude, conçu par Andritz et Solvay, permet d'épurer les fumées émises et pourrait constituer une alternative avantageuse aux scrubbers, critiqués pour leurs rejets en mer et leur manque d'efficacité. D'après Benoît Dehaye, le directeur général de La Méridionale, ce dispositif pourrait permettre d'aller au-delà des nouvelles normes environnentales et d'éliminer "en plus des oxydes de soufre, 99 % des particules fines". Ce système pourrait être généralisé à l'ensemble de sa flotte d'ici la fin 2020. 

Quant à la liaison corso-sarde Propriano-Porto Torres, assurée jusqu'ici jusqu'à 2 à 3 fois par semaine par le Kalliste de La Méridionale en traversée de jour, dans le prolongement de sa traversée de nuit Marseille-Propriano, et qui avait déjà failli totalement disparaître
dès le printemps 2015, faute de rentabilité, celle-ci sera-t-elle pérennisée ? Une desserte de service public devait en effet être lancée pour cette liaison (financée par la Collectivité de Corse, la région sarde finançant quant à elle une nouvelle délégation de service public plus dense entre Bonifacio et Santa Teresa di Gallura, attribuée à la Moby) mais l'appel d'offres aurait été infructueux. Peut-être cette liaison sera-t-elle finalement attribuée avant la fin 2020 ?

Enfin, lors des précédentes DSP, l'
Office des transports de la Corse de l'époque n'avait pas obtenu
des compagnies délégataires - SNCM, puis Corsica Linea et La Méridionale - qu'elles alternent un jour sur deux les traversées vers les ports de Porto Vecchio et Propriano. Déjà identifié comme l'un des points faibles de la précédente convention de service public, cette concentration de la desserte fret de l'extrême Sud sur trois jours de la semaine était un frein pour l'économie du sud de l'île. La DSP Marseille-Corse dite transitoire en vigueur jusqu'à l'automne 2019 n'avait rien changé de ce point de vue-là. Les compagnies délégataires - La Méridionale et Corsica Linea - n'avaient jusqu'ici pas cédé sur ce point, la programmation des départs de Marseille pour Propriano et Porto Vecchio - et vice-versa - s'effectuant généralement les mêmes soirs... Cela  change enfin à compter de février 2020, les deux lignes étaient attribuées au même opérateur, La Méridionale, qui a donc intérêt à alterner les jours de desserte pour assurer chaque soir en semaine un départ de et vers la Corse





En 2020, la Moby Lines réduit drastiquement sa présence sur la Corse : elle passe d'un maximum de 5 à seulement 3 rotations quotidiennes entre l'Italie et Bastia en saison !
Moby Aki à Bastia, en avril 2010 ; photo : Romain Roussel
Ici, 
le Moby Aki qui effectuera quelques traversées sur Genova-Bastia en juin-juillet 2020, avec son jumeau le Moby Wonder, en sus du Moby Corse (photo : Romain Roussel, prise à Bastia en avril 2010). En revanche, le Moby Kiss est retiré des lignes de Corse pour la saison 2020, contrairement à ce que prévoyait le programme initial de la compagnie à la baleine bleue, et le Moby Zazà n'y sera employé qu'en août !.
 
 


De premiers horaires 2020 pour la Corse la Moby Lines avait été commercialisés dès le 17 octobre 2019. Cette programmation s'inscrivait dans la continuité de celle de 2019, malgré les difficultés financières de la compagnie et les changements de navires opérés sur les lignes sardes. En effet, à part la fermeture de la ligne Piombino-Bastia, assurée ponctuellement au cours de la haute saison 2019, la programmation initiale de la Moby pour 2020 sur la Corse était quasi-identique à celle de 2019. Dans la première mouture de ses horaires d'été, la compagnie avait seulement opéré des réaffectations de navires au sein de ses lignes de Sardaigne, en mobilisant sur l'axe Livorno-Olbia des navires de la Tirrenia, les Sharden et Nuraghes. Ce choix avait été suspendu suite à l'échec de la vente du Moby Aki et du Moby Wonder à la compagnie danoise DFDS, et de leur échange avec des navires moins rapides de cet armateur, mais a finalement été rétabli suite à la refonte des horaires de la Moby opéré en juin 2020 suite au déconfinement !

Au final, pour la saison 2020, les lignes Italie-Corse de la compagnie à la baleine bleue seront donc beaucoup moins denses qu'en 2019, avec un maximum de 3 rotations par jour, contre 5 l'année précédente ! Elles n'ont repris finalement qu'à la mi-juin et sont aussi opérées en partie - avec une programmation très allégée - jusqu'à fin juillet par d'autres navires que ceux affectés à cette desserte en 2019. Ainsi, on ne compte plus en saison qu'une seule traversée quotidienne entre Bastia et Livorno, assurée par le Moby Vincent ; celles du Moby Kiss étant finalement annulées (ce navire assurait en 2019 un aller-retour quotidien au départ de Bastia vers Livorno le matin, avec retour en Corse en fin d'après-midi). Sur Genova-Bastia, on ne retrouve plus retrouve qu'au mois d'août les Moby Zazà et Moby Corse, dont les capacités sont très proches (environ 450 voitures chacun et de 1 200 à 1 400 passagers) et qui assuraient les été précédents une rotation de nuit et une rotation de jour pendant toute la saison. En juillet 2020, la ligne Genova-Bastia est réduite à quelques rotations par semaine, assurées de jour ou de nuit selon les jours. En juin-juillet 2020, seul le Moby Corse est confirmé sur les lignes de Corse, à une cadence très réduite ; il y est épaulé sur l'axe Genova-Bastia par les navires amiraux Moby Aki et Moby Wonder, qui y effectueront quelques traversées de jour en sus de leurs rotations sur Genova et Piombino-Olbia (Sardaigne). C'est la première fois depuis leur retrait de ces liaisons à la fin de la saison 2011 que deux "cubes" de la Moby - c'était alors les Moby Wonder et Moby Freedom, vendu depuis - feront de nouveau escale à Bastia, où ils reprennent sensiblement leur horaire "ancestral", avec une escale en milieu de journée dans le port corse ! En août, les navires amiraux de la Moby retrouveront uniquement les lignes sardes et la ligne Genova-Bastia sa paire de navires habituels. Avant cela, le Moby Zazà est loué aux autorités italiennes, où il héberge des migrants en Sicile et a occupé récemment les titres des journaux italiens suite à la découverte de quelques cas de COVID-19 à bord...

Finalement, la Moby, qui a constitué un groupe armatorial de premier plan, Onorato Armatori, avec les deux compagnies italiennes rachetées en 2010 (la Toremar, qui dessert l'île d'Elbe et la Tirrenia, qui dessert notamment la Sardaigne et la Sicile) ne devra pas faire face dès l'été 2020 à l'échéance de la concession de service public pour ses lignes avec la Sardaigne, l'Etat italien lui ayant accordé un sursis, qui ne pourra toutefois pas excéder 12 mois.
La Tirrenia perçoit en effet d'importantes subventions à ce titre (72 millions d'euros par an) et pourrait se retrouver en compétition pour celle-ci avec la Grimaldi Lines, ce dernier opérateur ayant multiplié les lignes fret et passagers sur les liaisons Italie-Sardaigne ces dernières années. La Moby entend défendre ses positions, avec la construction de deux à quatre navires géants en Chine, destinés à partir de 2022 aux lignes sardes du groupe et à concurrencer les maxi-navires déjà déployés par Grimaldi Lines entre l'Italie continentale, la Sardaigne et l'Espagne (les Cruise Roma et Cruise Barcelona, récemment allongés de plusieurs dizaines de mètres et assurant la liaison Civitavecchia-Porto Torres-Barcelone, présentés ici sur le site de l'armateur).

Enfin, sur les lignes corso-sardes, un bras de fer se joue depuis plusieurs années entre la Moby et la BluNavy (ces deux compagnies sont déjà en concurrence sur l'île d'Elbe depuis plusieurs années). En effet, sur la ligne Bonifacio-Santa Teresa di Gallura, la BluNavy avait pris le relai de la Saremar en avril 2016 (en reprenant son navire, l'Ichnusa), suite à sa liquidation judiciaire, mais avait dû renoncer à son lien hivernal, faute de moyens suffisants. Jusqu'alors la Saremar était la seule compagnie à desservir cette liaison toute l'année, la Moby ne l'effectuant qu'en saison avec le ferry Giraglia, qu'elle a temporairement remplacé au printemps par son jumeau, le Bastiasuite à une importante avarie. La Moby prolongé son activité toute l'année sur cette ligne depuis 2016 et s'est vu attribuée depuis par la région sarde la DSP sur Bonifacio-Santa Teresa di Gallura jusqu'en 2020...

Bastia, août 2019 ; photo : Romain Roussel
De gauche à droite, les Moby Corse, Sardinia Regina, Piana, Moby Kiss (au loin derrière la jetée), Mega Express Two et Mega Andrea à Bastia en août 2019 ; photo : Romain Roussel.

Notes ----------------------------------------------------------------------

[1] En juillet 2018, par décision de l'Assemblée de Corse, la Collectivité de Corse a finalement renoncé à reprendre à son compte les deux navires mixtes les plus anciens (Monte d'Oro et Paglia Orba) de Corsica Linea pour constituer le noyau de sa future compagnie maritime régionale. À compter de l'été 2019, ces deux navires devaient en théorie être cédés pour 10 millions d'euros à cette compagnie, mais la création de cette compagnie a finalement été repoussée à au moins 2021. Une DSP de 7 ans de 2021 à fin 2027 verra donc le jour dans ce cadre avec un partenariat avec les compagnies privées délégataires (Corsica Linea et La Méridionale) et la Collectivité de Corse.


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