Nouveautés saison Corse 2025 : Corsica Ferries, Corsica Linea, La Méridionale, Moby - car-ferries Corse
Mare Nostrum Corsica
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Préfiguration des nouveautés 2025 sur les lignes de Corse -
Saison 2025 : calme plat en surface, mais de possibles manoeuvres en profondeur ?
Après La Méridionale en 2023, la Corsica Ferries pourrait-elle à son tour être prochainement rachetée par CMA-CGM ? Ici, l'arrivée à Bastia du Mega Regina de la Corsica Ferries, en août 2023 ; photo : Romain Roussel.
L'année
2024 a été celle d'un nouveau départ pour La Méridionale et d'une tentative de relance de la Moby Lines, toutes deux en grande difficulté jusqu'ici.
En effet, ces deux compagnies sont récemment passées sous
le contrôle de deux géants mondiaux du transport par
conteneur :
- en juin 2023, La Méridionale a été vendue à 100% par son ancien actionnaire STEF à CMA-CGM,
le troisième armement maritime mondial pour le transport de
conteneurs, pour un peu plus de 130 millions d'euros ;
- en juillet 2023, la Moby est passée, dans le cadre de son redressement, à 49% sous le contrôle du groupe italo-suisse MSC, le leader mondial du transport maritime par conteneur et un des
principaux armateurs de croisière, qui possède
déjà par ailleurs les compagnies de ferries GNV et SNAV et contrôle de fait aussi la Moby depuis lors.
A la suite de leur reprise par
ces groupes puissants, ces deux compagnies ont connu des fortunes diverses en 2024. La Méridionale
a diversifié et développé ses activités sur
la Corse, avec le lancement de la ligne Toulon-Ile Rousse-Livorno,
finalement fermée fin septembre 2024. La Moby a
connu à l'été 2024 de nombreux soubresauts dûs à un manque de
fiabilité de plusieurs ferries, ainsi qu'à des mises sous
séquestres de certains de ses navires pour raisons
financières ou encore à des mesures de rétention administratives,
en raison de manquements en matière de sécurité
constatés lors d'inspections des autorités
administratives françaises ou espagnoles. Aussi, la saison 2024
de la compagnie à la baleine bleue a-t-elle été
assez sérieusement perturbée pour ses passagers, tant sur la Corse que sur
la Sardaigne. En comparaison, la Corsica Ferries et
la Corsica Linea ont connu à l'été 2024 des saisons plus sereines qu'en 2023, avec
une fréquentation relativement stable.
Qu'en sera-t-il en 2025 ? Selon plusieurs médias spécialisés de la presse française et italienne, des discussions seraient en cours entre CMA-CGM et la Corsica Ferries
en vue d'étudier un possible rachat de la seconde par la
première. Il convient de rester particulièrement prudents
à ce stade quant à cette possibilité, qui reste
à confirmer ou à infirmer. Toutefois, si cela se
concluait, il s'agirait d'un changement majeur, qui donnerait à
l'opérateur marseillais une place de premier ordre sur les lignes de
Corse, où il n'occupe aujourd'hui avec La Méridionale
qu'un rôle de second plan. En effet, si l'on
se fonde sur les statistiques officielles pour l'année 2023, cet
ensemble prendrait la première place sur la Corse pour les
passagers et la seconde pour le fret (en 2023, selon les statistiques
de la CCI de Corse, La Méridionale et la Corsica Ferries
cumulent 69 % de parts de marché sur les passagers, hors croisières, et 36 % sur
le transport de marchandises, exprimé en tonnes). Cela
représenterait en tout près de 2,67 millions de passagers
(à 92% transportés par la Corsica Ferries, 8% par La Méridionale) et 1,36 million de tonnes de fret (à 63% transportés par la Corsica Ferries et 37 % par La Méridionale), lignes françaises et italiennes confondues de et vers l'ensemble des ports de Corse en 2023.
Quoi qu'il en soit, le principal défi de l'année et
de la décennie reste la transition écologique. Les
armateurs doivent en particulier prendre des
mesures fortes de décarbonation. En effet, de nouvelles normes environnementales, tant de l'Union européenne que de l'Organisation
maritime internationale (OMI),
s'imposent pour réduire les émissions de gaz à
effet de serre et pour améliorer la qualité de l'air. Une
première étape est entrée en vigueur dès février 2020, avec de nouvelles normes environnementales sur les carburants. Surtout, en 2025, la
Méditerranée passe à son tour au 1er avril en zone SECA
(à faible
émission de soufre des navires), ce qui induit sur les lignes de Corse l'utilisation de carburants
moins soufrés (0,1% maximum, contre 0,5% auparavant) mais plus
coûteux pour les
compagnies. En
outre, la montée en charge de l'inclusion du secteur maritime
dans le système européen des quotas d'émissions, l'ETS, se poursuit : alors qu'en 2024, pour la première fois, 40% des émissions des émissions de C02 des ferries étaient concernées
par ce système, c'est désormais 70% en 2025 (et,
enfin, ce sera 100% à partir de 2026). Cela signifie que les compagnies
ne parvenant pas à réduire suffisamment leurs
émissions devront acquérir des "droits à polluer"
par un système d'échanges entre opérateurs plus ou
moins émissifs ou acquitter sinon d'éventuelles
pénalités financières. Cette inclusion par paliers
du secteur maritime dans le système ETS aura un coût croissant pour les compagnies sur la période 2024-2026. Comme le passage en zone SECA et
d'autres mesures de réduction des émissions des navires
en cours de montée en charge (électrification des navires
à quai et système européen de réduction de
l'énergie employée par les navires, voir détails
dans cet article thématique),
cela se répercutera immanquablement sur les tarifs
facturés aux clients finaux, qu'il s'agisse des passagers ou du
fret des lignes de Corse.
Par ailleurs, si des incertitudes demeurent quant
au devenir à terme de la
délégation de service public Marseille-Corse, ce système (qui gagnerait à
être profondément revu
pour permettre de relancer l'économie de l'île à un
coût soutenable pour la collectivité) a été reconduit fin décembre 2022 pour la période 2023-2029, ce qui donne de la visibilité pour plusieurs années à La Méridionale et plus encore à la Corsica Linea, codélégataires.
Dans ce contexte, une première mouture de la programmation estivale 2025 de
l'ensemble des compagnies desservant la Corse (Corsica Ferries, Moby Lines, Corsica Linea et La Méridionale)
a été révélée entre la mi-septembre
et la mi-octobre 2024. Elle laisse encore planer un certain
mystère sur ce à quoi ressemblera effectivement la
desserte de 2025, en ne
levant le voile que partiellement sur les nouvelles tendances. En
particulier, à ce stade, aucune nouvelle ligne n'est
annoncée, ni aucun nouveau navire pour les lignes de Corse ou du
Maroc. Pourtant, certains observateurs laissent entendre que des
ferries devenus
redondants pour leurs opérateurs actuels, comme le Bretagne ou le Normandie de Brittany Ferries ou encore le Stena Vision de Stena Line,
pourraient éventuellement trouver prochainement une place en
Méditerranée. Les programmations définitives des
compagnies des lignes de Corse qui seront révélées
dans les prochains mois pour l'été 2025 permettront sans
doute d'y voir plus clair en la matière...
Pour la saison 2025, la Corsica
Ferries commence à révéler de premières indications sur sa desserte
L'arrivée du Mega Victoria de la Corsica Ferries à Bastia, en juillet 2024 ; photo : Romain Roussel.
La Corsica Ferries a
ouvert à la vente le 11 octobre 2024 un premier programme précis de
traversées pour la période allant du 29 juillet jusqu'au 8 septembre 2025.
N'est spécifié pour le moment le détail exact des
horaires
des navires que de cette période
(avant et après ces dates, seules figurent à
ce stade certaines traversées, pour lesquelles il
est juste indiqué à ce stade si les
traversées devaient être assurées de
jour ou de nuit, avec des durées indicatives de plages horaires des
traversées), les horaires allant de janvier à juillet 2025 devraient être complètement spécifiés
d'ici la fin de l'année 2024. Les horaires de la Corsica Ferries comprennent
depuis deux ans une marge de
sécurité permettant de substituer un
navire à l'autre en fonction de la demande sur chaque axe ou de
rattraper d'éventuels retards dus aux opérations
portuaires ou à la météo.
De fait, la ponctualité est redevenue un point fort de la
compagnie aux bateaux jaunes, qui a réussi aussi à
réduire de plus de 20% ses émissions totales de dixoyde
de carbone en moins de cinq ans, grâce à une politique
active de modération de la vitesse de navigation de ses navires
lorsque l'atteinte d'une vitesse de pointe élevée n'est
pas nécessaire pour assurer le même nombre de rotations.
L'ouverture des réservations concerne les lignes de
Corse, mais
aussi celles de la Sardaigne des Baléares (Majorque et
Minorque), tandis que celles de l'île d'Elbe suivra dans un
second temps, comme c'est habituellement le cas. Bien que les noms des
navires
assurant ces traversées
ne soient pas indiqués,
cette programmation correspond à 10 des 11 ferries de la compagnie
(auxquels devrait s'ajouter d'ici la fin d'année la programmation
estivale du NGV,
affecté principalement à l'île d'Elbe au
départ de Piombino et qui effectue aussi quelques touchers de
Bastia en saison). Cette programmation pourrait
aussi être complétée dans les prochains mois
au fil de l'eau sur la Corse et la Sardaigne pour
faire face à la demande afin que, cette année encore, personne ne
reste à quai
faute
de bateau !
Toutes
lignes confondues et une fois l'ensemble des traversées
programmées, les week-ends de pointe d'août, la Corsica Ferries a
programmé à ce stade pour 2025 jusqu'à onze
rotations dans
chaque sens entre
la Corse et le
continent, ce qui reste de loin le réseau le plus dense sur la
Corse. La compagnie aux bateaux jaunes n'a pas encore confirmé
si elle pérenniserait en 2025 les liaisons
testées pour la première
fois en 2024 au départ de Sète, en Occitanie, qu'elle
a relié pour la première fois au printemps 2024 à Majorque (à raison d'une rotation par semaine
d'avril à juin vers Alcudia, en sus de celles depuis Toulon) et
en juillet à Ile Rousse. Il
s'agissait d'un premier test sur les lignes de Corse, avec
trois rotations sur Ile Rousse lors de la première quinzaine
de juillet 2024, assurées alors par le Mega Express Four. Si elle juge la demande suffisante, la Corsica Ferries pourrait renouveler ces escales et les programmer dans un second temps pour la saison 2025.
S'agissant de la flotte,
l'année 2025 confirme, pour la Corsica Ferries, le déploiement sur la Corse de ses mega cruise ferries de la mer Baltique, acquis par la compagnie aux bateaux jaunes depuis une quinzaine d'années : après les Mega Smeralda en 2008, Mega Andrea en 2015 et Mega Regina
en 2021, c'était au tour du Mega Victoria, mis en service en 2023, de succéder au Corsica Victoria [1].
D'une grande capacité (plus de 2 000 passagers) et doté
d'une nombre important de cabines (460 à 700), ces navires
naviguent surtout sur la Corse, principalement sur ses lignes
françaises de et vers Toulon et Nice. Ils desservent aussi
secondairement les Baléares depuis Toulon et la Sardaigne,
également depuis Toulon ou Nice. En effet, la Corsica Ferries
préfère depuis 6 ans maintenant faire
naviguer ses bateaux sur plusieurs
lignes au cours de l'année plutôt que de les
spécialiser dans une seule : nombre de ses clients,
principalement des lignes
de Corse, devraient donc pouvoir emprunter l'un ou l'autre de ses
ferries la saison prochaine sur leur parcours
habituel à une date ou à une autre... Si le nom des
navires
effectuant les traversées n'est plus mentionné lors de la
réservation (ce qui permet à la compagnie de substituer
un navire de plus grande capacité à un autre en cas de
forte demande), il peut généralement être vu plusieurs mois à l'avance sur les horaires
prévisionnels de certains ports (Bastia, Ile Rousse, Toulon...),
accessibles sur la page des liens.
Sur les lignes italiennes, contrairement
aux années
précédentes, il semblerait qu'en 2025 il n'y ait pas de
navire dédié à la ligne Livorno-Bastia
pendant l'été, la programmation initiale de la
compagnie aux bateaux jaunes laissant penser que le Corsica Marina Seconda
serait soit dédié au transport de fret en
Méditerranée (depuis quelques années, ce navire
est de plus en plus
utilisé hors saison pour le transport de véhicules neufs
ou de fret sur des lignes variables en Méditerranée
occidentale), soit vendu. La ligne Livorno-Bastia reste
néanmoins assurée en saison jusqu'à deux
fois par jour par les différents Mega Express de la
compagnie qui se relaient sur cette desserte (et sur celle de la Sardaigne depuis Livorno) à des horaires variables. En 2025, la Corsica Ferries propose aussi en haute saison un aller-retour Piombino-Bastia les samedis, probablement en Mega Express également
(la traversée ne durant que 3h15 et étant la plus courte
sur la Corse), en sus des rotations du NGV en milieu de semaine qui seront probablement
programmées d'ici quelques mois, alors que
la compagnie aux bateaux jaunes n'avait plus programmé de ferry
de grande capacité sur cette ligne durant la saison 2024. La Corsica Ferries confirme aussi son offre au départ de Livorno et Piombino vers la Sardaigne en proposant jusqu'à 3
départs les samedis de pointe durant la saison 2025, comme en 2024 (à bord d'au moins quatre navires rapides de grande capacité, probablement quatre des cinq navires rapides de grande capacité que sont les Mega Express, Mega Express Two, Mega Express Three Mega Express Four et Mega Express Five,
alors qu'à l'été 2024 seuls les numéros 2
et 3 se relayaient de jour et de nuit sur cette desserte).
Sur les lignes françaises, en 2025 encore, en haute saison, les
traversées deviennent plus fréquentes de et
vers Toulon mais aussi de et vers Nice, ce dernier port que la Corsica Ferries relie principalement à Ile Rousse en haute saison grâce à ses Mega Express (mais aussi, plus ponctuellement, à Bastia, Ajaccio et Porto Vecchio),
le port d'Ile Rousse bénéficiant de la traversée
la plus courte depuis le continent français : à partir de
5h de traversée depuis Nice. La desserte de Porto Vecchio depuis Nice ou
Toulon est également confirmée pour la saison 2025, avec jusqu'à 3
départs par semaine dans chaque sens l'été.
Comme Ajaccio et Bastia, à titre principal, et Porto Vecchio
à titre secondaire, l'Ile Rousse est aussi reliée
à Toulon. Le port varois
bénéficie donc entre Corse, Sardaigne et
Baléares, de 4 à 6 escales de bateaux jaunes en
été, ce qui constitue, avec Bastia, le hub principal de la Corsica Ferries.
En outre, sur la Sardaigne depuis le continent français, les
traversées entre Nice, Toulon et Porto Torres apparaissent un peu
plus nombreuses durant l'été 2025 en périodes de
pointe et sont davantage assurées de nuit dans le sens plein les
week-ends de pointe que par le passé.
Pour répondre à une demande croissante de ses passagers de pouvoir disposer d'une cabine, la Corsica Ferries
vise depuis quelques années à accroître la capacité en installations
couchées de sa flotte, qui atteint désormais la 7ème place au niveau
mondial selon le classement établi par la revue de référence suédoise Shippax. Cela passe non seulement par l'acquisition de cruise ferries
de la Baltique, conçus pour les traversées de nuit, mais aussi par des
améliorations apportées aux navires déjà en flotte. Ainsi, le navire
amiral de la compagnie, le Pascal Lota,
a-t-il vu ses installations passagers repensées en 2024 afin de
porter son nombre de cabines de 296 à 330 unités, pour une capacité en
véhicules et passagers inchangée, ce qui permet d'accroître le confort
de la traversée.
Au-delà de la mise en service récente de ces nouveaux navires, plus écologiques (le Mega Regina dispose à la fois de filtres
à particules visant à réduire de
60% les émissions d'oxyde d'azote dans l'air et
d'un branchement électrique à quai (dans les ports qui en
sont équipés, comme Toulon) la compagnie aux
bateaux jaunes déploie progressivement depuis plusieurs années une
nouvelle stratégie de développement durable, appelée Yellow Cares (voir détails sur le site de la compagnie). Cela se
traduit par diverses actions concrètes : des mesures concernant directement les navires
(réduction du nombre de traversées et de la vitesse des navires, suppression totale de
l'usage des matières plastiques à usage
unique après celle des sacs plastiques déjà
intervenue il y a longtemps...), partenariats
accrus avec des organisations environnementales (notamment concernant
le repérage des cétacés en
Méditerranée lors de traversées, grâce
notamment à la fondation CIMA)
et des engagements de forte réduction des émissions de
matières polluantes qui ont donné des résultats
concrets. Pour aller plus loin, elle enisagerait de convertir plusieurs
de ses Mega Express -
on ignore encore lesquels et selon quel calendrier
précis, les incertitudes techniques sur les motorisations
optimales des navires étant encore grandes -
à une propulsion innovante, par exemple
mixte GNL-méthanol. Il semblerait toutefois réaliste de
penser qu'il
puisse s'agir des navires les plus rapides de la flotte, ceux pouvant
atteindre 28 noeuds ou plus de vitesse maximale, à savoir le Pascal Lota, le Mega Express, le Mega Express Two et le Mega Express Three,
sous réserve de confirmation. De fait, courant mai 2023, le site
suédois Shippax révélait que la Corsica Ferries et
le motoriste finlandais Wärtsilä, qui équipe la plupart des
ferries de la compagnie, avaient signé un partenariat pour
simuler numériquement les effets de plusieurs technologies
innovantes (dont le système Energoprofin
qui porte sur la propulsion des navires et un système de
lubrification des coques à l'air afin d'en réduire la
résistance au déplacement dans l'eau) susceptibles de
réduire les émissions de dioxyde de carbone et la
consommation des navires jumeaux Mega Express et Mega Express Two. Enfin, début 2023, la Corsica Ferries a fait l'acquisition
d'un cargo (construit en 2018 et pouvant transporter
à la fois remorques et conteneurs suiavnt un concept innovant), le Rosa dei Venti, loué à la compagnie sarde Grendi, et a pris des participations dans la société Neoline.
Cette société développe un nouveau concept de
cargo à voiles qui devrait desservir l'Amérique du nord
depuis la France dès 2025 à une vitesse de 11 noeuds en
réduisant de 80% les émissions de dioxyde de carbone par
rapport à un navire classique ; ce concept pourrait à
terme inspirer la conception de futures générations de
ferries, en constituant par exemple un système de propulsion
d'appoint pour les rendre encore plus sobres.
En 2025, Corsica Linea et La Méridionale bientôt davantage en concurrence sur les lignes de Corse ?
Le départ du A Galeotta de la Corsica Linea d'Ajaccio, en avril 2024 ; photo : Pascal Lenzi.
La Corsica Linea, qui a succédé depuis avril 2016 à l'ex-opérateur historique de la Corse, la SNCM,
disparue au début de cette année-là après de nombreux rebondissements, a dans un premier temps rompu le partenariat historique avec La Méridionale et l'a évincée des principales lignes de fret de l'île (suite à une procédure d'appels d'offres ligne par ligne organisée par la Collectivité de Corse pour les lignes reliant l'île à Marseille, la Corsica Linea a
navigué seule d'octobre 2019 à fin février 2021 sur
les deux principales lignes
de fret de l'île - Marseille-Bastia et Marseille-Ajaccio - tout en
bénéficiant de montants de subventions plus
élevés qu'auparavant...). Après de multiples
prolongations et rebondissements, les lignes maritimes
ont été réattribuées une première fois en février 2021
par les élus de l'Assemblée de Corse pour les années 2021 et 2022, puis de nouveau fin 2022 à ces deux compagnies pour la période 2023-2029.
De même que les tarifs du fret ont augmenté sur
Marseille-Corse, au grand dam des transporteurs (le tarif du
mètre linéaire est passé de 35€ à
40€, soit une hausse de près de 15%), le coût pour la
Collectivité de Corse a aussi été revu très sensiblement à la
hausse (107 millions d'euros par an sur 7 ans), en raison de
l'explosion des coûts du carburant intervenue entre-temps, que
les compagnies délégataires ont fait combler par les deniers publics.
Cette dernière
réattribution a aussi conduit à une réallocation
des lignes entre codélégataires : comme c'est le cas depuis 2023, la Corsica Linea se
concentre en 2025 sur Marseille-Bastia (avec
deux navires), Marseille-Propriano (jusqu'alors l'apanage de La Méridionale, avec un navire) et Marseille-Ile Rousse (un navire) et La Méridionale sur Marseille-Porto Vecchio (jusqu'alors desservie par la Corsica Linea, avec un navire), les deux compagnies se partageant Marseille-Ajaccio (un navire chacune).
Dans ce
contexte de stabilité attendue de l'organisation de la desserte
maritime Marseille-Corse jusqu'à la fin 2029, les réservations de la Corsica Linea pour l'été 2025 ont été ouvertes le 19 septembre 2024. Comme en 2023 et 2024, sur Marseille-Bastia, la
principale ligne insulaire
pour le fret, la Corsica Linea aligne selon les jours les Vizzavona, Pascal Paoli et le dernier-né de la flotte, nommé A Galeotta en référence au navire amiral de Pascal Paoli.
A Galeotta est programmé
à la fois sur Marseille-Ajaccio (le week-end) et sur
Marseille-Bastia (en milieu de semaine, lorsque les trafics frets sont
les plus importants, ce qui est très utile sur le port de Bastia
où les taux de remplissages sont très
élevés) bien que
ce dernier port ne puisse, en théorie, accueillir de
manière régulière des navires d'une telle
longueur (en l'occurrence, 206,6 mètres). La Corsica Linea a
en effet obtenu des autorisations permanentes
d'escale pour ses navires de plus de 180 mètres de longueur,
alors même que ceux-ci ne peuvent tourner dans le port en cas de
besoin (pour mémoire, s'agissant des compagnies concurrentes,
les navires de cette longueur ne sont habituellement admis
que hors saison, sauf exception). Mis en service
début janvier 2023, il
s'agit du plus gros cargo mixte en service sur les lignes de Corse,
avec une capacité de 2 560 mètres linéaires de
roll (soit 180 remorques, 20 à 30 de plus que le Pascal Paoli),
plus 150 voitures et une capacité d'environ 900 passagers. Premier navire des lignes de Corse
propulsé partiellement au gaz naturel liquéfié (GNL) sur un quart de la durée de ses voyages, A Galeotta n'a pas besoin d'épurateurs de fumée, qui équipent la plupart des autres navires de la Corsica Linea, pour respecter les nouvelles normes environnementales (pour mémoire, ces scrubbers ouverts
avaient déclenché une polémique à
l'hiver 2022-2023 en raison des rejets d'eau acidifiée,
potentiellement nuisibles à la flore marine, qu'ils
provoquent, notamment en proximité des côtes, en raison de
dérogations de rejets en mer accordées à la compagnie par les
autorités françaises pour plusieurs
années...).
Du fait de ce nouvel entrant sur les lignes de Corse, l'affectation par ligne des autres navires de la Corsica Linea a été revue depuis 2023. Si le Monte d'Oro
est reconduit en 2025 encore sur Marseille-Ile Rousse, le A Nepita
a ripé quant à lui depuis 2023 de Marseille-Porto Vecchio à
Marseille-Propriano. A terme, ce navire, affrété à Stena Line jusqu'en avril 2026, ou bien le Vizzavona, affrété auprès de l'armateur italien Grimaldi Lines jusqu'en 2028 (et dont le retour en mer Baltique au sein de la filiale finlandaise Finnlines de Grimaldi avait un temps été annoncé pour l'automne 2023) pourrait être remplacé par le futur cargo mixte Capu Rossu de la Corsica Linea, dont
le nom a été révélé mi-septembre
2024. En effet, la compagnie aux bateaux rouges a annoncé le 10
janvier 2024 que la filiale Stena RoRo de Stena Line avait commandé un 13ème navire de la série des E-Flexer en vue de le louer avec option d'achat à la Corsica Linea à compter de sa mise en service, annoncée pour mars 2026 sur les lignes de Corse.
Quant au Jean Nicoli, principalement
affecté à Marseille-Ajaccio, il avait été
annoncé lors de la dernière reconduction de la DSP qu'il
devrait
être remotorisé à l'horizon 2027 pour le rendre
plus sobre, tandis que le Paglia Orba, qui effectuait à l'été 2023
une centaine de rotations supplémentaires entre Marseille et la Corse (lignes Marseille-Ajaccio,
Marseille-Propriano ou Marseille-Ile Rousse selon les jours), n'est pas encore programmé à ce jour pour la saison 2025.
Sur les lignes du Maghreb de la compagnie, le ferry Méditerranée,
affecté à la ligne Marseille-Alger, a finalement
été rénové et passé à la
couleur rouge de la compagnie pour la saison 2023 et devrait encore opérer sur cette ligne en 2025. Pour la saison 2025, le Jean Nicoli devrait aussi naviguer sur les lignes Marseille-Algérie, comme en 2023 et 2024. En particulier, la Corsica Lineapourrait
poursuivre son expérimentation de lignes de Sète vers
l'Algérie, comme à l'été 2024, où
cette ligne était assurée à raison
de deux rotations par semaine en été (de fin juin
à mi-septembre) vers
Bejaïa et Skikda. Enfin, le ferry Danielle Casanova
serait quant à lui de nouveau reconduit en 2025 sur la ligne
internationale Marseille-Tunis, qu'il dessert depuis plusieurs
années déjà à titre principal.
Selon plusieurs médias, La Méridionale
envisagerait de transférer sur Bastia sa liaison Toulon-Ile
Rousse-Livorno, inaugurée au printemps 2024 et fermée fin
septembre, et pourrait possiblement y transporter aussi du fret
Le Piana de La Méridionale, dans le golfe d'Ajaccio, en juillet 2024 ; photo : Pascal Lenzi.
Après
de nombreuses turbulences consécutives à la perte de ses
lignes principales de fret (Marseille-Bastia et Marseille-Ajaccio, fin octobre 2019) et
aux mouvements sociaux qui s'en sont suivis, La Méridionale avait
été fortement fragilisée. Absente depuis lors du principal port de fret de l'île, Bastia, sa
présence est désormais réduite à deux
navires
sur les lignes de Corse et à un navire sur la
ligne reliant Marseille à Tanger au Maroc, dont la prolongement
vers Barcelone a été abandonné depuis janvier
2023. Sur la Corse, la compagnie a aussi dû faire face à
l'expansion
continue de la flotte de Corsica Linea, avec laquelle une forme de "divorce" a été
consommée : ainsi, les deux compagnies disposent désormais de systèmes de
réservation séparés (un système unique
était jusqu'en 2019 géré
par la Corsica Linea pour le compte des deux compagnies) et
ne desservent plus qu'une seule ligne en commun (Marseille-Ajaccio), alors que c'était
traditionnellement aussi le cas sur Marseille-Bastia de très longue date (autrefois en
partenariat avec la SNCM,
avant 2016). Son actionnaire unique, le groupe de transport frigorifique STEF, l'a dès lors cédée en juin 2023 au troisième armement maritime mondial CMA-CGM,
également basé à Marseille, ce qui a donné
un nouveau souffle à la compagnie. En effet, le nouvel
actionnaire a d'ores et déjà annoncé la commande de deux nouveaux navires plus
écologiques pour La Méridionale,
qui devraient être mis en service sur les lignes de Corse dès
2027. D'une capacité de 2 181 mètres linéaires
pour 1 000 passagers, leur design extérieur et leurs caractéristiques générales semblent inspirés de ceux des navires que la SNCM
entendait commander au milieu des années 2010 mais qui n'ont
finalement jamais pu l'être, du fait de la liquidation judiciaire
de la compagnie, intervenue début 2016.
En attendant
leur mise en sevice sur les lignes de Corse en 2027, La Méridionale ne devrait plus desservir jusqu'à fin 2029 dans le cadre de la DSP maritime
Marseille-Corse 2023-2029 que deux ports du sud Corse : Porto Vecchio avec le Girolata, et Ajaccio avec le Piana. Le Piana avait
pourtant été conçu pour la ligne Marseille-Bastia, sur laquelle il naviguait
jusqu'à l'éviction de la compagnie de cette ligne
à l'automne 2019. Les réservations de La Méridionale pour
2025, ouvertes de manière
particulièrement anticipée, dès le 17 septembre
2024, ont confirmé les affectations de ces navires. En revanche, elles n'ont pas confirmé la liaison Toulon-Ile Rousse, inaugurée au printemps 2024 par le Kalliste
et qui devait initialement se prolonger à l'année
(ce qui est obligatoire pour pouvoir la desservir, les lignes
Toulon-Corse étant régies par des obligations de
service public définies par la Collectivité de Corse,
qui prévoit une fréquence minimale de 1 rotation par
semaine en basse saison, afin d'éviter un
phénomène de prédation des lignes de Corse par des
opérateurs qui ne viendraient les desservir qu'en saison). A raison de 3
à 4 rotations par semaine, principalement de nuit, cette liaison, était en concurrence
directe avec celle opérée par la Corsica Ferries. Elle venait aussi concurrencer indirectement la ligne de service public Marseille-Ile Rousse attribuée à la Corsica Linea. Pour cette raison, l'annonce de l'ouverture de cette ligne par La Méridionale avait provoqué une grève de plusieurs jours à
la Corsica Linea et à La Méridionale
mi-mars 2024. Prolongée jusqu'à Livorno, à
l'été 2024, elle a finalement été
fermée, définitivement semble-t-il, fin septembre 2024. En effet, les grévistes avaient obtenu de La Méridionale qu'elle
n'emporte pas du tout de fret sur le tronçon
de route reliant Toulon à Ile Rousse, de telle sorte que la
ligne ne puisse venir concurrencer la liaison Marseille-Ile Rousse de Corsica Linea subventionnée
pour le fret et ainsi faire la démonstration que le service
public maritime ne nécessite pas de subventions pour
être assuré à l'année.
Dès lors, la liaison Marseille-Ile Rousse n'était
semble-t-il plus viable hors saison en étant
réservée au seul transport de passagers, d'où sa
fermeture.
Pour autant, La Méridionale
pourrait ne pas renoncer à la desserte de Toulon en 2025. Selon
plusieurs médias, si la Corsica Ferries ne devient pas elle aussi propriété de CMA-CGM, La Méridionale envisagerait de renouveler sa desserte en
poussant cette fois jusqu'au port de Bastia, dont le potentiel en
matière de transport de fret est bien supérieur à
celui d'Ile Rousse (hors hydrocarbures et ciments, transportés
par d'autres types de navires, le trafic fret du port de Bastia
était au total de 1,72 million de tonnes en 2023, contre 0,19
million de tonnes à Ile Rousse, d'après la CCI de Corse). Cette hypothèse, à ce jour non confirmée par la compagnie, conduirait La Méridionale
a desservir la ligne Toulon-Bastia-Livorno en 2025 ; des plannings
d'horaires prévisionnels pour le segment Toulon-Bastia
régi par les obligations de service public auraient d'ailleurs
dûment été déposés par la compagnie
à l'Office des transports de la Corse au cas où... Dans l'hypothèse, plausible, où La Méridionale souhaiterait aussi y transporter du fret (les navires de la Corsica Linea
étant souvent remplis à pleine capacité de
remorques de fret sur Marseille-Bastia), cette liaison viendrait
directement concurrencer la délégation de service public
maritime sur Marseille. Cette liaison permettrait à la compagnie
de maintenir le Kalliste sur
les lignes de Corse (le navire a été
réaffecté à la liaison Marseille-Tanger
début octobre 2024), ce qui était une des revendications
de certains syndicats de la compagnie qui menançaient de se
mettre en grève illimiter à compter du 1er octobre 2024
s'ils n'obtenaient pas de garanties en ce sens.
Pour l'heure, le Pelagos, acquis
courant 2019 pour répondre à une précédente
DSP, est désormais sans affectation depuis que le Kalliste l'a remplacé entre
Marseille et Tanger. Selon certains médias, il pourrait
être mis en vente et remplacé par un car-ferry à
acquérir par La Méridionale, possiblement un des navires dont la Brittany Ferries, dont CMA-CGM
est également actionnaire, n'aurait plus l'usage en 2025
à la suite de l'entrée en flotte de deux constructions
neuves de type E-Flexers, affrétés à Stena Line.
Soucieuse de l'environnement, La Méridionale a été la première à
bénéficier de la connexion du courant à quai
à Marseille (dès 2017, lors des escales longues de ses
navires qui passent la journée à quai)
et a expérimenté à l'automne 2018 un système
de raccordement permettant aussi de limiter les émissions
polluantes sur le port d'Ajaccio. En outre, en vue du durcissement des
normes d'émissions de polluants dans l'air,
elle a expérimenté à
compter du
printemps 2019 un nouveau système de filtre à particules sur un des moteurs du Piana,
qui a
donné d'excellents résultats. Aussi a-t-elle
décidé à l'automne 2021 de déployer ce
dispositif sur l'autre moteur du navire, avant de le valider officiellement en septembre 2022 et de pouvoir aussi faire de Piana le navire le moins polluant de Méditerranée. Ce système, à base de bicarbonate de soude, conçu par Andritz et Solvay, permet d'épurer les fumées émises et pourrait constituer une alternative avantageuse aux scrubbers, critiqués pour leurs rejets en mer et leur manque d'efficacité. Ce dispositif permet d'aller au-delà des nouvelles
normes environnentales et d'éliminer "en plus des oxydes de
soufre, 99 % des particules fines" d'après les responsables de la compagnie. Il avait alors été annoncé que ce système, qui nécessite de
lourdes et coûteuses adaptations, devrait aussi être étendu au Kalliste à
l'avenir, mais cela ne s'est pas encore confirmé à ce jour. La
Méridionale adhère d'ailleurs depuis octobre 2020 au label Green Marine Europe, programme volontaire de certification environnementale reconnu à six armateurs européens (dont également Corsica Linea et Brittany Ferries) qui s'engagent à mesurer leur empreinte environnementale pour mieux la réduire.
Pour la saison 2025, la Moby réduirait
sa présence sur la Corse après la vente d'au moins 4
navires et n'assurerait plus qu'une desserte très épisodique d'Ajaccio
L'arrivée à Bastia du Moby Orli de la Moby Lines,
en août 2024 ; photo : Romain Roussel. Ce ferry est bien
reconduit sur Genova-Bastia en 2025, mais la fréquence de cette
liaison de nuit est un peu réduite, le Moby Orli répartissant désormais ses rotations entre la Corse et la Sardaigne.
Le programme de rotations de la Moby pour
2025 a été révélé le 2 octobre 2024.
Il
préfigure une moindre présence sur la Corse qu'en 2024,
qui avait été marquée par une intention - pas
totalement concrétisée - de renforcement de ses liaisons
Italie-Corse. En effet, le programme préliminaire pour
l'été 2025 ne prévoit plus qu'une à deux liaisons hebdomadaires de et vers
Ajaccio en milieu de semaine en saison, eassurée en alternance par le Moby Tommy et le Moby Ale Due. La compagnie à la baleine bleue avait
pourtant inauguré en grande pompe l'escale intermédiaire
Ajaccienne de ses navires affectés à la desserte de la
Sardaigne (Genova-Porto Torres), assurée avec difficulté
[2] durant la
saison 2024. A ce stade, ne figure
pas non plus la liaison Piombino-Bastia, qui avait aussi
été assuréedans des conditions
dégradées [3] les
week-ends d'été 2024 par le Moby Corse, désormais vendu, puis par le Moby Niki,
principalement affecté à la liaison de l'île d'Elbe
depuis le continent italien (Piombino-Portoferraïo). Cette liaison
Piombino-Bastia pourrait toutefois être ajoutée dans un
second temps, les lignes de l'île d'Elbe étant encore dans
l'incertitude à ce stade pour 2025, dans l'attente du
renouvellement de la concession de service public de la desserte de
l'archipel toscan, dont bénéficie jusqu'ici la Moby
(qui y est présente directement et à travers sa filiale
Toremar).
La desserte Genova-Bastia de la Moby
est habituellement principalement assurée de nuit
dans le sens de plus forte
affluence et de jour, en 7h30, dans le sens creux. En 2025,
contrairement à ce qui avait été observé en
2024, la période de
desserte est raccourcie de la fin mai à la mi-septembre. Surtout, s'il est confirmé sur cette liaison, le Moby Orli ne
l'assurera plus de manière tout à fait quotidienne. Il
partagera ses escales entre Bastia, en Corse, et Olbia, en
Sardaigne à raison d'une à deux fois par semaine, de
manière à ne pas trop réduire la
capacité de la compagnie sur la Sardaigne, sur laquelle la
compagnie a semble-t-il décidé de se séparer du Moby Drea,
sans acquérir à ce stade tout du moins, de navire en
remplacement. En compensation de cette moindre desserte nocturne, viennent en renfort les Moby Aki et Moby Wonder, un peu au-delà des seuls week-ends désormais, durant l'été 2025. Ils assureront
des traversées de jour entre Genova et Bastia, comme en 2020,
2021 et 2024, mais avec une vitesse légèrement
réduite (5h15 à 5h30 de traversée, au lieu de 5h
en 2024 et 4h dans les années 2000). Sur la ligne
Livorno-Bastia,
où la
programmation est passée à une seule rotation par jour
depuis 2020, le Moby Vincent, démoli en Turquie,
avait laissé la place en 2024 au Moby Zazà pour
un aller-retour quotidien en saison en 4h30 de traversée, qui a
accumulé de nombreux retards en raison de la vitesse
insuffisante du navire. Pour autant, le Moby Zazà est reconduit sur cette laison pour la saison 2025.
Dans le cadre de son plan de restructuration, la Moby s'est séparée à l'issue de la saison 2024 de plusieurs ferries (les Moby Corse, Bastia, Moby Ale et Moby Baby Two ont
été vendus, ces deux derniers pour la démolition) et
disposera donc en 2025 d'une capacité de substitution moindre en
cas d'avarie de navires. Il semblerait qu'elle soit en train de fusionner avec l'autre ex-grande compagnie du groupe,
la Tirrenia,
dont le nom commercial s'efface progressivement, cette fusion
répondant à la nécessité de mieux
contrer la concurrence grandissante
du groupe Grimaldi Lines sur les lignes sardes et siciliennes.
Sur les lignes corso-sardes enfin, la Moby est en concurrence, sur la ligne Bonifacio-Santa Teresa di Gallura, avec Ichnusa Lines (qui a repris le navire Ichnusa de la BluNavy, qui avait elle-même succédé à la Saremar il y a quelques années). Alors que la Moby continuait à desservir la ligne Bonifacio-Santa Teresa en alternance avec les ferries Giraglia et Bastia,
les nombreux incidents et
interruptions du service (le trafic de la Moby sur cette liaison n'a
pas pu être assuré du tout au mois de juillet 2024) ont
fait que la compagnie a annoncé des changements pour 2025. Elle
s'est séparée en septembre 2024 du Bastia, vendu à la compagnie italienne AliLauro pour naviguer dnas le golfe de Napoli. Surtout, elle a annoncé la mise en service
d'un autre navire, en remplacement, sur cet axe pour 2025, le Giraglia multipliant encore les avaries à l'automne 2024. Si cela reste
à confirmer, il pourrait potentiellement s'agir du Liburna, jusqu'ici en service entre l'Italie et l'ïle d'Elbe pour le compte de la Toremar, filiale de la Moby subventionnée par la région Toscane pour le service de cette île.
De gauche à droite sur la photo, le départ du port de Bastia du Mega
Express (premier du nom) de la Corsica Ferries et le Mega Express Five à quai, en juillet 2024 ; photo : Romain Roussel.
Notes ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
[1] Le Mega Victoria vient en remplacement d'un des navires historiques de la Corsica Ferries, le Corsica Victoria,
vendu en février 2023 à la société
albanaise Flipper Lines et rebaptisé Camomilla dans la
foulée, puis Queen Rinas. Son jumeau, le Sardinia Regina avait déjà été vendu en 2021 à un armateur Libyen, et renommé Kevalay Queen par son nouveau propriétaire, mais ne naviguerait désormais plus. Avec l'arrivée du Mega Victoria sur les lignes de Corse en 2023 après celle du Mega Regina en 2021, il reste donc bien toujours à la fois un Regina et un Victoria sur les lignes de Corse de la compagnie aux bateaux jaunes ! De surcroît, si ces nouveaux navires de la Corsica Ferries ne sont pas des jumeaux comme pouvaient l'être les anciens Corsica Victoria et Sardinia Regina, ils sont néanmoins dérivés l'un de l'autre, le Mega Victoria
étant le plus récent des deux, tandis que le Mega Regina offre une capacité véhicules supérieure. Par ailleurs, ils
partagent avec leurs aînés le fait d'avoir
été construits pour une compagnie scandinave, en
l'occurrence la finlandaise Viking Line pour la nouvelle paire de navires (la suédoise Gotlandsbolaget pour l'ancienne).
[2] Durant l'été 2024, la Moby
avait principalement affecté aux lignes saisonnières Genova-Ajaccio et Ajaccio-Porto Torres les ferries Moby Tommy et Moby Ale Due de la Tirrenia
(et non ses jumeaux Athara puis Janas,
comme initialement programmé). Toutefois, la
ligne a connu de nombreux avatars : tout d'abord, le Moby Wonder,
qui a inauguré la liaison début juin 2024, a
été retenu
près d'une semaine à Ajaccio quelques jours à
peine après sa mise en service sur ces lignes, à
la suite d'une inspection de sécurité des
autorités françaises qui ont révélé
plusieurs défaillances. Ensuite, le Moby Tommy
est resté en réparation à Genova de nombreux mois et n'a donc pu assurer ces traversées.
Enfin, le Moby Ale Due a
été placé sous séquestre à Ajaccio
et n'a plus navigué pendant un mois entre le 26 juin et le 26 juillet 2024 à la suite d'un
litige opposant la Moby au groupe SIEM, qui fait par ailleurs retenir un autre navire affrété à la Moby dont il est propriétaire, le Maria Grazia O.,
au port de Sète. Dans ces conditions, la plupart des liaisons
Genova-Ajaccio et Ajaccio-Porto Torres initialement prévues ont
dû être annulées jusqu'à la mi-août 2024 et ont finalement cessé courant septembre.
[3]
La Moby avait initialement prévu de proposer durant la saison 2024 deux escales par semaine (les
samedis et dimanches) au départ de Piombino pour Bastia avec le
Moby Kiss,
qui avait déjà effectué cette liaison en 2019 notamment.
Toutefois, ce navire a connu des difficultés de moteurs et
a donc dû être remplacé par le Moby Corse à compter de la fin juin 2024, ce qui s'est traduit par d'importantes modifications d'horaires, le Moby ayant dû effectuer ses liaisons en plus de celles qu'il assurait sur Genova-Bastia, elles-mêmes en remplacement du Moby Orli qui remplacait quant à lui le Moby Tommy sur la Sardaigne ! Cela a perturbé également la programmation de la Moby sur l'île d'Elbe, sur lesquelles le Moby Niki (ancien Corsica Serena Seconda de la Corsica Ferries)
est également demeuré en arrêt technique
prolongé depuis début juillet avant de finalement
reprendre le relai à la mi-août 2024 aux horaires
programmés.
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