Mare Nostrum
Corsica
Idée
fausse : Marseille est le seul port
d'importance pour les liaisons maritimes avec la Corse.
Complètement
relancé par la Corsica Ferries, le port de Toulon dépasse
désormais ceux de Marseille et de Nice pour le
trafic passagers avec la Corse.
De longue date, les liens
entre Marseille et la Corse ont été très étroits, que ce
soit sur les plans humain ou commercial. Au niveau maritime, la
primauté du port de Marseille pour les échanges avec la
Corse est bien réelle pour ce qui est du transport
des marchandises : la continuité territoriale est
organisée depuis le port phocéen aux quais duquel
accostent tout au long de l'année sept cargos mixtes à
destination des ports de Bastia, d'Ajaccio, d'Ile Rousse ou de Calvi,
de Propriano et de Porto Vecchio. Il s'agit des navires Girolata, Kalliste et Scandola de la Compagnie méridionale de navigation (CMN) et des Pascal Paoli, Paglia Orba, Monte d'Oro et Monte Cinto
de la SNCM. Au départ de Marseille, ces navires traitent la
très grande majorité du fret avec la Corse, bien avant
les ports de Toulon et de Livorno. Ainsi, en 2006, selon l'Observatoire régional des transports de la Corse
(ORTC), l'axe Marseille-Corse a draîné 1,44 million de
mètres linéaires de fret, loin devant Toulon (250 000
mètres linéaires environ).
S'agissant du
trafic passagers maritime avec la Corse, la situation est nettement
plus nuancée. Comme l'illustre le graphique suivant, toujours
fondé sur les statistiques de l'ORTC,
les ports de Nice, Toulon et Marseille sont au coude à coude ces
dernières années pour ce qui est du trafic passagers avec
la Corse. Ainsi, en 2002, Nice et Marseille faisaient-ils pratiquement
jeu égal avec environ 900 000 passagers chacun sur les lignes
régulières (hors croisières). Cette situation
s'est reproduite depuis 2005 avec toutefois l'émergence d'un
troisième pôle majeur, celui de Toulon, qui a ravi la
première place du trafic passagers insulaire au port de
Marseille en 2005 - pour quelques milliers de passagers à peine
- et qui a depuis réédité cette performance en 2007 et en 2008.
L'évolution
majeure sur la période 2000-2008 est bien l'émergence des
lignes Toulon-Corse, sous l'impulsion de la Corsica Ferries, qui y a
inséré successivement plusieurs de ses navires de la
nouvelle génération : les Mega Express et Mega Express Two, à cheval entre lignes corses et sardes de 2001 à
2003, puis ces mêmes navires à plein temps sur les lignes
de Corse à compter de 2004 et enfin, depuis 2007, est venu s'y
adjoindre le nouveau Mega Express Four.
À chaque fois, le trafic corse du port de Toulon a
évolué favorablement, pour passer de 123 000 passagers en
2000 à plus de 1 030 000 en 2008, soit + 737 % en à peine
huit ans ! Le port de Toulon ne devrait pas s'arrêter là,
car la Corsica Ferries a décidé d'affecter un
quatrième Mega à ses lignes Toulon-Corse pour la saison 2009 : son navire amiral, le Mega Smeralda. Il est à noter que, dans le même temps, le
trafic Marseille-Corse, assuré par les cargos mixtes
déjà cités et, aux périodes de pointe, par les car-ferries Napoléon Bonaparte et Danielle Casanova
de la SNCM a continué de progresser chaque année, sauf en
2004 et 2005 qui ont été marquées par des
mouvements de grève de plus d'un mois à la SNCM. Au total
néanmoins, le trafic passagers du port de Marseille avec la
Corse a atteint en 2008 près de 900 000 passagers
(contre 827 000 en 2000, c'est-à-dire un an avant la mise en
service des premiers Mega Express de la Corsica Ferries).
Les évolutions du trafic passagers du port de Nice avec la Corse
apparaissent un peu plus volatiles : les échanges ont atteint un
sommet en 2002, lorsque les NGV de la SNCM et de la Corsica Ferries
assuraient une desserte très dense de l'île au
départ de la Côte d'Azur, en sus des car-ferries. Depuis,
plusieurs NGV ont été retirés de ces lignes du
fait de l'envolée des prix du carburant et les rotations
- bien qu'assurées par des navires de plus grande
taille, comme les Mega Expressde la
Corsica Ferries - sont un peu moins nombreuses. Le
trafic passagers sur cet axe dépasse quand même
sensiblement les 800 000 passagers en 2008 pour la troisième
année consécutive.
Enfin, on oublie trop souvent l'importance des lignes maritimes entre
l'Italie et la Corse qui, bien qu'en relative stagnation depuis
plusieurs années, représentent tout de même des
flux très conséquents : près de 600 000 voyageurs en 2008
sur les lignes de Savona et de Genova, assurées respectivement
par la Corsica Ferries et par la Moby Lines, et un peu plus de 600 000 également sur
le seul port de Livorno desservi par ces mêmes compagnies. Si,
à l'échelle de la Corse, ces axes apparaissent
désormais nettement distancés par les ports nationaux de
Toulon, Marseille et Nice, leur rôle demeure
particulièrement important sur le port de Bastia sur lequel
elles sont très concentrées. Leur
prépondérance y demeure réelle en très
haute saison : à Bastia, sur le seul mois d'août 2008, la
première ligne maritime est celle de Livorno, avec 211 000
passagers, devant Savona (108 000) et Genova (93 000), les ports de
Nice, Toulon et Marseille ne viennent qu'ensuite avec 71 000 à 81 000 passagers chacun.
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