Mare Nostrum Corsica 
- La SNCM en pleine tempête... - 

Acte III : novembre 2014 - mars 2015, la SNCM en redressement judiciaire suite à son dépôt de bilan et en quête de repreneurs
Le Pascal Paoli à quai à Bastia, en avril 2014 ; photo : Romain Roussel

La question cruciale pour la reprise de la compagnie est celle de la transmissibilité de la délégation de service public qu'elle assure à l'aide de quatre navires mixtes entre Marseille et la Corse.

- Suite de l'article thématique dont la partie précédente est consultable ici :
Acte II : juin - octobre 2014, de la prise de fonction d'Olivier Diehl à la fin du moratoire sur le redressement judiciaire de la compagnie
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La SNCM a déposé son bilan le 4 novembre 2014 et été placée
en redressement judiciaire le 28 : son activité se poursuit et la recherche de repreneurs débute officiellement
Le Mega Smeralda et le Monte d'Oro à Toulon, en octobre 2014 ; photo : Jean-Pierre Fabre
Comme illustré sur la photo de Jean-Pierre Fabre, depuis le 19 octobre 2014, le Monte d'Oro (puis le Paglia Orba), ont pris - pour combien de temps ? - le relai du Méditerranée de la SNCM entre Toulon et la Corse, vers l'Ile Rousse et non plus vers Bastia.

Avec la confirmation du président du directoire de la SNCM, Olivier Diehl, que Transdev et Veolia réclamaient dès le lundi 3 novembre 2014 à la SNCM le remboursement de respectivement 103 et 14 millions d'euros d'avances de trésorerie, la SNCM a effectivement déposé son bilan le mardi 4 novembre au tribunal de commerce de Marseille, une fois achevé le moratoire sur la liquidation judiciaire, qui courait jusqu'au 31 octobre. À l'inverse des élus de la région PACA, Paul Giacobbi a qualifié de "sage bien que tardive, qu'a pris courageusement l'actionnaire principal" la décision de Transdev de déposer le bilan de la SNCM.

Ce dépôt de bilan a initié la procédure de redressement judiciaire afin de désigner le ou les repreneurs de la compagnie, sachant que le tribunal était tenu de faire le choix entre cette option - privilégiée par les actionnaires - et celle de la liquidation judiciaire de la SNCM sous 45 jours. Seul le président de la CCI de Marseille Provence, Jacques Fister, a plaidé ouvertement pour cette dernière solution, la plus radicale. La première audience du tribunal de Marseille consacrée à cette question s'est tenue le 12 novembre et le le tribunal a décidé le 14 novembre de nommer un juge enquêteur, Marc Zanetto, pour statuer sur la situation financière, économique et sociale de la compagnie "afin de l'éclairer pleinement sur la réalité de l'état de la cessation des paiements de la société", contestée par l'intersyndicale de la SNCM (à l'exception du STC). Le tribunal de Marseille a placé la SNCM en redressement judiciaire dans la matinée du vendredi 28 novembre, ce qui signifie que ses dettes ne sont pour l'heure plus exigibles ; cette décision a été suivie le même jour d'un comité d'entreprise exceptionnel de la compagnie sur les conséquences de cette décision. Le mardi 25 novembre, le juge enquêteur avait toutefois d'ores et déjà donné le ton en concluant à un état de cessation de paiement avéré et en requérant une mise en redressement judiciaire avec période d'observation de six mois et une audience intérimaire à deux mois pour faire le point sur la situation (le point d'étape devait avoir lieu le 7 janvier 2015 mais a finalement été reporté au 28 janvier). Depuis le rejet le mercredi 26 novembre 2014 de la démarche en justice du comité d'entreprise européen de Transdev visant à annuler la procédure, le redressement judiciaire de la SNCM ne faisait guère plus de doute.

Interviewé par France info le lundi 3 novembre, Jean-Marc Janaillac, le PDG de Transdev, l'actionnaire majoritaire de la compagnie (à 66%), avait alors indiqué que selon lui "c'est la seule chance d'éviter la disparition pure et simple de la SNCM" fortement redoutée, notamment par les élus de la région PACA qui en redoutent les conséquences sociales et économiques, en particulier pour le port de Marseille. Et ce, d'autant plus qu'une source proche de la Cour de justice européenne rapportée par Le Monde du 4 novembre aurait rappelé ce même jour que les recours introduits par la France pour faire annuler les demandes de remboursement des aides à la SNCM jugées indues "n'ont pas d'effet suspensif" pour ce qui est des près de 200 millions d'euros de remboursements exigés au titre du service complémentaire et que ces sommes doivent désormais être versées à la Commission "à charge pour cette dernière de les conserver jusqu'à la clôture du dossier" qui pourrait n'intervenir qu'en 2016. De ce fait, l'Office des transports de la Corse a au final effectivement exigé de la SNCM le 24 novembre 2014 le remboursement de 198 millions d'euros (168 millions au titre du service complémentaire et 30 millions d'intérêts). Quant aux autres 200 millions d'euros devant être remboursés par la SNCM au titre de ses aides reçues lors de la privatisation, l'obligation de récupérer cette somme serait définitivement acquise suite à l'arrêt de la Cour de Justice du 4 septembre 2014. Compte tenu de ces menaces de remboursement, la direction de la compagnie a estimé par communiqué suite à la décision de placer la SNCM en redressement judiciaire que "cette décision ouvre une nouvelle étape décisive pour l'avenir. L'entrée en redressement judiciaire marque le début de la période d'observation et va permettre de lancer officiellement l'appel d'offres pour les repreneurs", Transdev surenchérissant sur le fait que cette décision "est la seule qui peut permettre de préserver une partie des activités de la SNCM et de sauver un maximum d'emplois".
 


L'exécutif de Corse esquisse les contours de ce que pourrait être la nouvelle SNCM tandis que La Méridionale renforce - temporairement ? - sa flotte en affrétant un fréteur pur et que la SNCM commercialise une offre réduite pour 2015
Le MN Pelican à Toulon-La Seyne, en décembre 2014 ; photo : Jean-Pierre Fabre.
Sur cette photo de Jean-Pierre Fabre prise le 8 décembre 2014 ; le MN Pelican, stationné au quai de La Seyne-Toulon, arbore déjà le drapeau de La Méridionale.



Avant même l'annonce officielle du dépôt de bilan, le président du Conseil exécutif de la Corse, avait esquissé dès le dimanche 2 novembre, dans une interview à Corse Matin spécialement consacrée à la compagnie maritime en difficulté, les perspectives de la desserte maritime de service public de la Corse dans les mois à venir et les contours de ce que pourrait être la nouvelle SNCM. Dans cet entretien, Paul Giacobbi a tout d'abord cherché à rassurer les salariés de la compagnie concernant la transmissibilité à la nouvelle entité qui succèderait à la SNCM en cas de discontinuité juridique de la délégation de service publique (DSP) maritime Marseille-Corse, attribuée conjointement à la SNCM et à La Méridionale pour la période 2014-2023. Assurant être "extrêmement attentif à ce que la Corse, qui est le coeur même de l'activité du délégataire, soit préservée au maximum quant au maintien de l'emploi", il a annoncé qu'il fera "tout, et dans les règles, pour que la DSP soit transmise au repreneur aussitôt que celui-ci sera désigné", ce qui devrait prendre environ deux mois selon lui. Selon ce calendrier, le successeur de Transdev pourrait donc être désigné dès février 2015, si tout se passe bien. Toutefois, dans le cadre du redressement judiciaire, la durée de la période d'observation ayant été fixée à 6 mois (et étant, d'un point de vue légal, renouvelable une fois), le choix du repreneur pourrait prendre davantage de temps. Or, syndicats et direction de la SNCM s'opposent sur la durée à privilégier pour cette période, Pierre Maupoint de Vandeul, représentant la CFE-CGC de la compagnie ayant indiqué dès le 18 novembre lors de la dernière réunion de médiation que Transdev refuse de la financer, rapporte l'AFP. Toujours selon l'AFP qui citerait "une source proche de Transdev", "les syndicats ont demandé le financement de la période d'observation la plus longue possible. Or, la période d'observation doit être la plus courte possible, car il faut trouver rapidement une solution. Nous ne sommes pas dans l'hypothèse pessimiste où il n'y aurait pas de solution à fin février [2015]". Le Monde du 28 novembre 2014 rapporte que la trésorerie de la compagnie lui permettrait de tenir "jusqu'à fin janvier ou début février [2015], mais pas au-delà", ce qui obligerait à aller vite si Transdev demeurait inflexible sur le financement de cette période d'observation ; de fait, le Danielle Casanovaqui effectuait encore des traversées entre Marseille, Alger et Tunis a été désarmé à son tour désarmé à cette échéance pour faire des économies et devra faire un arrêt technique à une date encore indéterminée avan de reprendre la mer pour la saison 2015.   

En attendant, l'activité de la compagnie maritime
se poursuit et, en attendant de statuer sur celle de ses ferries, la SNCM a ouvert comme prévu courant octobre 2014 les réservations de ses quatre cargos mixtes pour l'été 2015. Toutefois, comparés aux huit navires qui naviguaient sur les lignes de Corse pendant l'été 2014, dont quatre ferries de grande capacité (les Danielle CasanovaMéditerranée, Corse et Excelsior - désormais rendu à son propriétaire Grandi Navi Veloci), la capacité commercialisée à ce jour est provisoirement très réduite. Pour l'illustrer, Mare Nostrum Corsica a réalisé à titre d'exemple une simulation sur une semaine particulièrement chargée (la première semaine d'août) des capacités en véhicules proposées par les trois compagnies présentes entre le continent français et la Corse. La simulation porte sur les années 2013, 2014 et sur le prévisionnel provisoire de 2015. Elle montre qu'en dépit d'un léger accroissement de l'offre de la Corsica Ferries et de La Méridionale (voir page des nouveautés 2015 pour le détail des changements), les capacités globales 2015 seraient à ce stade très sensiblement réduites sur les ports de Marseille et de Nice, tandis que les lignes Toulon-Corse seraient relativement épargnées. Dans l'optique d'une programmation définitive de la SNCM qui pourrait s'élever non pas à 4 mais à 6 navires, comme annoncé par Transdev, les capacités globales offertes sur le port de Marseille pourraient toutefois atteindre en 2015 un niveau équivalent à celui observé en 2014.

 

Nota Bene
: simulation des capacités en voitures particulières réalisée à titre indicatif à partir des rotations programmées par les compagnies à la date du 28 février 2015 pour les 7 jours de pointe consécutifs allant du vendredi 31 juillet au jeudi 6 août 2015 (et journées équivalentes pour les années antérieures). Simulation sous réserve de nouvelles rotations supplémentaires à prévoir par les compagnies.


Pour la SNCM, plusieurs écueils restent donc encore à surmonter. Tout d'abord, Paul Giacobbi indique que la solution de discontinuité, présentée comme la seule à même d'effacer les demandes de remboursement des aides indûment perçues par la SNCM selon la Commission européenne, suppose qu'il y ait "un nouvel actionnaire avec un capital fondamentalement différent - sans l'Etat" précise-t-il (pour mémoire, l'Etat représente aujourd'hui encore 25% du capital de la SNCM), et "un périmètre d'activités qui n'est plus le même, une restructuration humaine et logistique faite en profondeur". À ces conditions, et si le preneur présente "des garanties de solidité et de professionnalisme", la Collectivité de Corse lui rétrocèderait "la part de mission de service public qu'il aura à accomplir aux côtés de la CMN". Paul Giacobbi met au passage en garde les syndicats de la SNCM contre tout nouveau mouvement de grève qui risquerait selon lui de mener à la liquidation judiciaire de la compagnie et précise que, dans cette éventualité qu'il espère éviter, il confierait alors transitoirement pendant 9 mois à La Méridionale la charge de l'intégralité du service public maritime de l'île...

À la demande de la Collectivité territoriale de Corse, La Méridionale a d'ailleurs affrété un roulier pur, le MN Pélican de la Compagnie maritime nantaise, rapporte Le Marin. Construit en 1999 en Norvège, ce navire battant pavillon français mesure 154,5 mètres de long pour 22,7 mètres de large et peut transporter 1 690 mètres linéaires de fret à la vitesse de 20 noeuds. En théorie, cet affrètement servirait à pallier l'absence des navires de La Méridionale pendant leurs arrêts techniques hivernaux. Il s'agirait toutefois d'une première, le service étant habituellement réduit de manière exceptionnelle ou habituellement assuré par des cargos mixtes de la SNCM. Dès lors, la question se pose de savoir si
l'affrètement du MN Pélican ne pourrait également répondre à un besoin de transport supplémentaire de fret en cas de défaillance de la SNCM ou d'immobilisation imprévue de ses navires mixtes et ce d'autant plus que le navire est désormais stationné depuis début décembre 2014 à Toulon... Devant l'inactivité prolongée de ce navire, un début de polémique a toutefois débuté fin février,2015, l'affrètement du navire (qui court jusqu'au 20 mars mais n'a toujours pas navigué) ayant déjà coûté environ 1,3 million d'euros à la Collectivité de Corse.

Quant au futur renouvellement des navires de la SNCM, celui-ci porterait, selon Paul Giacobbi, sur deux unités au cours de l'actuelle DSP. Ceux-ci seraient "propriété de la société d'économie mixte (SEM) au sein de laquelle la Collectivité territoriale sera majoritaire" qui "aura pour ressources son propre capital, ses recettes liées à la location de ses navires au délégataire de service public et l'excédent de l'Office des transports" et pourra recourir à l'emprunt, précise Paul Giacobbi. Dans le cas d'une reprise par Baja Ferries, son PDG Daniel Berrebi, celui-ci a indiqué dans l'interview à La Provence du 29 novembre 2014 que "la flotte sera conservée puis modernisée" et qu'il "faudra songer à remplacer le Monte d'Oro d'ici à 2016". Rappelons que dans un précédent entretien, l'homme d'affaire évoquait également la possibilité de remplacer le Jean Nicoli par un navire plus adapté aux lignes de Corse.


Les questions de la transmission de la DSP Marseille-Corse, en plusieurs lots, au futur repreneur et de l'effacement des demandes de remboursement des aides jugées illicites par la Commission européenne conditionneront la suite des événements
Le Paglia Orba en mer, en novembre 2014 ; photo : Jean-Pierre Fabre
Le Paglia Orba - ici dans la rade de Toulon, par Jean-Pierre Fabre - est l'un des quatre navires mixtes de la SNCM assurant la DSP Marseille-Corse.

La Collectivité de Corse ne prévoit a priori pas de lancer un nouvel appel d'offres pour la desserte maritime de l'île une fois reprise la SNCM, Paul-Marie Bartoli, le président de l'Office des transports de la Corse, avait toutefois déclaré dans un entretien à France Bleu Corse Frequenza Mora le vendredi 1er novembre qu'il se réservait le droit de dénoncer la délégation de service public (DSP) en cas de désaccord avec le nouveau délégataire et qu'en tout état de cause, les montants des subventions accordées devraient être revus à la baisse à nombre de navires inchangé (les 7 prévus par la DSP, dont 4 à la SNCM) : les sommes accordées prévoyaient en effet une majoration durant les premières années pour tenir compte des difficultés de la SNCM qui n'auraient, selon lui, plus lieu d'être dès la compagnie restructurée. La situation serait en fait encore plus complexe, le secrétaire d'Etat aux transports, Alain Vidalies, ayant depuis cette date confirmé devant l'Assemblée nationale le 17 décembre 2014 que les négociations avec la Commission européenne avaient finalement abouti à un compromis sur la question de la transmissibilité de la DSP au repreneur de la compagnie : en cas de discontinuité de l'activité, la Commission n'exigerait finalement pas le lancement d'un nouvel appel d'offres dans la foulée (l'actuelle concession était censé durer jusqu'en 2023) mais un allotissement.

En clair, la DSP serait transmissible par lots au(x) repreneur(s) de la SNCM. Si la direction de la compagnie s'est réjouie de cette nouvelle "qui va dans le bon sens", les inquiétudes des syndicats demeurent réelles, à l'image de la CFE-CGC dont son représentant, Pierre Maupoint de Vandeul, considère que "le transfert en plusieurs lots est particulièrement inquiétant" et que "cette question doit être précisée". En effet, on ignore tout à ce stade des lots qui seraient constitués sur la base des quatre lignes de service public dont la SNCM est délégataire (Marseille-Bastia, Marseille-Ajaccio, Marseille-Ile Rousse et Marseille-Porto Vecchio) et s'il s'agira d'une procédure purement formelle ou d'une réelle mise en compétition des différents repreneurs potentiels de la compagnie, ligne par ligne. Selon Paul Giacobbi toutefois, "il n'y aura qu'un seul repreneur" pour la SNCM, ce qui laisse entendre que l'exécutif de Corse devrait favoriser, en pratique, une offre de reprise globale. Dans la foulée, Alain Vidalies a précisé ce même jour que l'appel d'offres devant permettre de reprendre la DSP, conformément aux accords passés avec la Commission européenne, venait d'être publié par les administrateurs judiciaires de la SNCM ; les candidats potentiels finalement jusqu'au 2 février 2015 pour déposer leur offre de reprise.


Dès le début novembre 2014, l'exécutif de Corse ne cachait pas avoir d'ores et déjà reçu des repreneurs potentiels de la SNCM et notamment Daniel Berrebi, le PDG de Baja Ferries, dont Paul Giacobbi dit qu'il "sort du lot". De fait, les orientations tracées par le président du Conseil exécutifsemblent à ce jour dans le droit fil de celles présentées par le PDG de la compagnie basée au Mexique, qui prévoit de conserver environ 800 emplois pour une flotte réduite sur la Corse aux quatre navires de la DSP au départ de Marseille (dans cette option, les lignes de Nice et de Toulon, déjà fortement réduites, seraient fermées) et à deux ferries assurant principalement la desserte du Maghreb qu'il souhaite fortement développer avec une nouvelle ligne pour le Maroc au départ de Marseille - et non de Sète, comme initialement prévu - et "beaucoup plus de départs de Marseille vers l'Algérie et la Tunisie". 

Alors que les syndicats de la compagnie sont très inquiets d'une possible "faillite organisée" suite à l'enclenchement de la procédure de redressement judiciaire, Daniel Berrebi 
s'était dit quant à lui "optimiste" sur l'issue des négociations en cours entre l'Etat et la Commission européenne quant à la compatibilité de son projet de reprise avec "les attentes de Bruxelles" dès le 29 novembre dans une interview à La Provence. Il met toutefois en garde dans une interview à France Info sur le fait que si les pénalités infligées à la compagnie par la Commission n'étaient pas levées "il n'y aura pas d'offre de notre part et je pense honnêtement qu'il n'y aura aucune offre de personne". Selon lui, cet optimisme se justifie par le fait que son projet pour la SNCM "correspond complètement aux critères demandés par la Commission qui veut une réelle rupture avec l'activité telle qu'elle existe jusqu'à aujourd'hui" car il prévoit "de fermer les lignes de Nice et de Toulon qui sont fortement déficitaires et qui sont une des raisons principales des problèmes avec Bruxelles car il est de notoriété publique qu'avec les revenus de la DSP les lignes de Nice et Toulon étaient subventionnées à perte". Cet optimisme semble plus que partagé par Paul Giacobbi qui rappelle quant à lui dans une interview à Alta Frequenza du 28 novembre que "la jurisprudence de la Cour européenne de Justice a admis qu'une société ne pouvait plus être redevable des remboursements vis-à-vis de l'Union européenne dès lors qu'elle changeait de périmètre, d'actionnaire et qu'elle était restructurée. C'est exactement ce qui va se passer"... Plus récemment, dans une interview à France 3 Corse du 18 décembre 2014, Daniel Berrebi a confirmé que son projet "convient bien" à Paul Giacobbi avec qui il a eu "plusieurs rencontres" et que son intérêt pour la SNCM portait uniquement sur le tout, c'est-à-dire sur les quatre lignes de la DSP Marseille-Corse et sur les lignes du Maghreb et qu'il ne se lancerait pas dans sur un projet de reprise plus parcellaire de la compagnie car "il n'y a aucun intérêt à la morceler" indique-t-il. Tout en respectant les formes du cahier des charges qui prévoit une subdivision ligne par ligne, il a indiqué déposer une offre globale au tribunal de commerce de Marseille, "nous ne sommes pas intéressés du Maghreb sans la Corse" précise-t-il, "il n'y a aucun intérêt de notre part de récupérer des petits brins par-ci, par-là".


Alors que 4 offres ou lettres d'intention avaient été remises aux administrateurs judiciaires au 19 janvier, la recherche des repreneurs a finalement été prolongée jusqu'au 2 février 2015 sur fond de grande tension à la SNCM
Le Monte d'Oro, à Toulon, en décembre 2014 par grand vent ; photo : Jean-Pierre Fabre.
Sur cette photo, l'arrivée au remorqueur du Monte d'Oro à Toulon fin décembre 2014 se fait sur fond de MN Pélican, en haut à gauche de l'image prise par Jean-Pierre Fabre.


Pour autant, rien n'est encore décidé et le tribunal de commerce de Marseille et le Conseil exécutif de Corse, qui devra adouber le repreneur pour lui transmettre, par lots, la DSP Marseille-Corse et sans qui rien ne sera possible, auront donc le dernier mot sur le choix du repreneur. Dans l'interview du lundi 3 novembre, le PDG de Transdev a confirmé que la SNCM intéresserait "cinq ou six (...) compagnies sérieuses, venues de différents pays européens". Outre Baja Ferries, est souvent évoqué le nom de La Méridionale, qui ne s'est pourtant pas
officiellement déclarée, et de compagnies italiennes, grecques ou espagnoles. S'agissant de La Méridionale (et/ou de sa maison mère STEF), Les Echos du 30 novembre 2014 indique que "son plan proposerait à la collectivité corse un périmètre d'intervention plus économique supprimant les escales dans les ports secondaires (Porto Vecchio, Propriano, Ile Rousse)". Dès lors, la compagnie "n'aurait besoin que des quatre cargos pour assurer le service et de moins de 500 salariés", ce qui semblerait une solution extrême, La Méridionale comptant déjà en propre trois navires mixtes en service sur la Corse, ce qui signifierait qu'elle ne reprendrait en sus qu'un seul navire de la SNCM (afin d'avoir deux navires déployés sur Bastia et deux sur Ajaccio), les autres étant alors vendus pour financer le plan social "estimé à près de 200 millions d'euros" selon cette même source.

Par voie de presse en France et en Italie, la Corsica Ferries et la Moby Lines ont quant à elles toutes deux déclaré ne pas être intéressées par une reprise de la SNCM. Cette voie ne serait sans doute pas possible pour des raisons de concurrence pour la première (le Corsica Ferries étant déjà la première compagnie sur les lignes de Corse) ; la seconde préférant se consacrer à la remise à plat de l'actionnariat et au développement de la Tirrenia, ex-compagnie publique homologue italienne de la SNCM, acquise par un consortium mené par la Moby en 2012 mais qui fait actuellement l'objet d'une vive querelle entre actionnaires. En revanche, la compagnie italienne Grandi Navi Veloci, à laquelle la SNCM avait affrété l'Excelsior de mai 2013 à septembre 2014, avait déclaré suivre le dossier et envisager faire une offre de reprise, mais n'a finalement pas donné suite. Parmi les compagnies grecques potentiellement intéressées,
Les Echos du 30 novembre 2014 évoquaient le groupe Epirotiki et on pouvait aussi penser a priori à deux compagnies qui opèrent déjà en Méditerranée occidentale, Anek Lines (qui a affrété plusieurs années de suite certains de ses navires, dont l'El Venizelos, à la SNCM puis à la compagnie sarde GoinSardinia) et Minoan Lines (qui, en lien avec sa maison mère italienne Grimaldi Lines, fait naviguer l'Ikarus Palace, jumeau du Jean Nicoli de la SNCM, sur la liaison italo-espagnole entre Livorno et Barcelona). Enfin, Christian Garin, l'ex-directeur du port autonome de Marseille, avait de longue date pour projet de concrétiser une "solution marseillaise" selon La Provence mais qui ne s'appuierait désormais plus sur le groupe norvégien SIEM, un temps pressenti en 2013, mais sur d'autres investisseurs européens dont l'identité n'a pas été révélée.

Le tribunal de commerce de Marseille ne s'est finalement pas penché sur le cas de la SNCM (comme initialement prévu dès le 7 janvier 2015) mais le 28, ce qui a laissé un peu plus d'une semaine aux administrateurs pour examiner les premières offres de reprise déposées ; de même la date butoir de dépôt, fixée initialement au 19 janvier 2015 à 11h, a finalement été repoussée au 2 février, dans un climat de confusion générale. La situation est restée calme jusque-là en dépit des annonces des principaux syndicats de la compagnie, qui attestent d'une grande tension. Le 6 janvier 2015, à Marseille, la CGT avait ainsi menacé de bloquer les navires de la SNCM "pour six mois ou pour un an" dès la mi-janvier "en cas de vente à la découpe" de la compagnie ou en cas de cession à "un faux repreneur" intéressé par les seuls navires, rapporte l'AFP, et ce bien que les administrateurs judiciaires de la compagnie aient annoncé qu'ils privilégieraient les offres globales de reprise de la compagnie. Pour la CFE-CGC, Pierre Maupoint de Vandeul a déclaré à France 3 Corse le 7 janvier 2015 qu'il s'interrogeait sur le sérieux de l'offre de Daniel Berrebi et remarquait que "tout a été fait pour caler sur cette offre-là" et qu'il y a "un chemin unique depuis des semaines vers ce repreneur qui est inquiétant". Quant au STC, par communiqué en date du 5 janvier, le syndicat corse se dit "opposé à toute privatisation et, par définition, à tout repreneur" rappelant qu'il n'avait "pas discuté en 2005 avec Butler et Veolia" et qu'il ne discutera pas "en 2015 avec Messieurs Berrebi et Garin ou qui que ce soit d'autre" ; il dénonce par ailleurs la position des autres syndicats de la compagnie qui discuteraient déjà avec la direction "des conditions de départ des marins de la SNCM". C'est dans ce climat très tendu que le comité d'entreprise de la SNCM a essayé d'obtenir en justice l'annulation de la procédure d'appel d'offres pour la reprise de la compagnie...

Le départ de Bastia du Danielle Casanova en avril 2014 ; photo : Romain Roussel.
Le Danielle Casanova en mer, l'un des derniers fleurons des ferries de la SNCM, a été désarmé à son tour fin janvier 2015 en attendant la reprise de la compagnie.


Avant l'ouverture des premières offres des repreneurs potentiels de la compagnie, les dernières nouvelles en date pour la SNCM étaient assez contrastées :

- d'après le journal Econostrum, la compagnie algérienne ENTMV (dont le nom commercial est Algérie Ferries), partenaire historique de la compagnie française, aurait dénoncé début janvier 2015 ses contrats de consignation et de commercialisation qui la liait à la SNCM. La SNCM ne pourra dès lors plus commercialiser conjointement son offre et celle de la compagnie algérienne, ce qui lui permettait de bénéficier d'un effet de réseau grâce à une offre de traversée étoffée. Pour l'heure, un partenariat historique similaire avec la compagnie tunisienne Cotunav tient en revanche toujours ;

- le mercredi 14 janvier 2015, le tribunal administratif de Bastia a débouté la SNCM qui demandait la suspension du titre de recouvrement de près de 168 millions d'euros de créances que lui réclame l'Office des transports de la Corse au titre du service complémentaire effectué de 2007 à 2013, aide finalement jugée illégale par la Commission européenne. La direction de la SNCM a néanmoins déclaré qu'il s'agissait "d'une bonne nouvelle pour notre trésorerie" car la situation de redressement judiciaire ne permet de toute façon pas à l'OTC de recouvrer la créance. De plus, comme le précise l'avocat de la compagnie, Christophe Cabanes, dont les propos sont rapportés par Le Marin, "non seulement la Collectivité territoriale de Corse ne peut pas exécuter ses titres tant qu’une décision ne sera pas rendue sur le fond mais l’ordonnance précise aussi qu’elle ne peut pas compenser les sommes qu’elle lui réclame avec les sommes qu’elle lui doit chaque mois au titre du paiement du service de la délégation de service public". Par ailleurs, s'agissant du contentieux européen sur les aides perçues par la SNCM pendant sa privatisation (220 millions d'euros) l'Etat, comme chaque créancier de la compagnie, a deux moins à compter de l'ouverture de la procédure de redressement judiciaire (qui a débuté officiellement le 28 novembre 2014) pour faire valoir ses droits, après quoi cette dette pourrait ne jamais être recouvrée. N'en déplaise donc aux tenants de la "théorie du complot anti-SNCM", il se pourrait donc que, jouant la montre, l'Etat ne contribue à l'allégement du fardeau de la compagnie s'il n'exige pas rapidement le remboursement de la somme...



Trois offres de reprise sérieuses émanent de Christian Garin, l'ex-directeur du port de Marseille, de Daniel Berrebi, le PDG de Baja Ferries, de Patrick Rocca, président d'un groupe de transport Ajaccien
Le Mega Smeralda et l'Excelsior à quai à Toulon en août 2014 ; photo : Jean-Pierre Fabre.
Aucune des autres compagnies présentes sur la Corse (Corsica Ferries, Moby Lines et La Méridionale) n'a fait d'offre de reprise de la SNCM, pas plus que l'armateur italien GNV qui avait loué l'Excelsior à la SNCM du printemps 2013 à l'automne 2014 (ici à Toulon fin août 2014 sur cette photo de Jean-Pierre Fabre).


À la date du 19 janvier 2015, date du délai initialement fixé pour le dépôt des candidatures, "quatre offres ou lettres d'intention" avaient été remises aux administrateurs judiciaires, qui précisaient dans un communiqué de presse que "toutes ces propositions sont soumises à d'importantes conditions suspensives qui restent à lever". C'est pourquoi un délai supplémentaire avait été accordé jusqu'au 2 février 2015 ; ce délai devait également être mis à profit pour pouvoir "étudier trois nouvelles candidatures", trois autres repreneurs potentiels ayant "confirmé leur intérêt et demandé à bénéficier d'un délai supplémentaire pour finaliser leur offre". Au final, à la
nouvelle date limite fixée aux postulants, ce sont finalement quatre offres de reprise et trois lettres d'intention qui ont été déposées d'après les administrateurs judiciaires de la SNCM. Comme l'annonce un communiqué de presse du 4 février 2015 de la direction de la compagnie : "aucune offre ne propose de reprise partielle : elles concernent l'ensemble des activités au départ de Marseille vers la Corse et le Maghreb" mais toutes "actent la nécessaire réduction du périmètre [...] pour envisager l'équilibre économique".

Conformément aux déclarations des dirigeants de la compagnie faites début janvier au journal Le Marin, La Méridionale n'a pas déposé d'offre de reprise de la SNCM. Quant à la participation des autres compagnies étrangères un temps évoquée (comme l'italien GNV, le danois DFDS ou encore le groupe grec Epirotiki), elle ne se serait finalement pas confirmée, ces compagnies préférant vraisemblablement chercher à développer par elles-mêmes des lignes sur le Maghreb par exemple sans s'inscrire dans le processus complexe et tendu de reprise de la SNCM... L'identité des candidats ayant déposé une offre de reprise de la SNCM a été confirmée officiellement le 4 février 2015. Lors de l'audience du tribunal administratif de Marseille du 28 janvier, a été apprécié l'état financier de la compagnie - qui disposerait encore de 42 millions d'euros de liquidités, somme pouvant lui permettre de tenir jusqu'à fin mars 2015 ; aussi la période d'observation de la compagnie se prolonge-t-elle. En termes de délais, la procédure pourrait s'achever "fin mars-début avril" 2015 selon Paul Giacobbi, "afin que la saison ne soit pas fusillée", ce qui risquerait d'être le cas si les choses se prolongeaient car "aujourd'hui, peu de réservations se profilent pour la saison touristique. Le futur repreneur va donc se retrouver avec un flux restreint de touristes et cette situation peut faire perdre des semaines, voire des années" indique-t-il.

Outre l'offre annoncée de longue date par Daniel Berrebi pour le compte de Baja Ferries, la deuxième offre ferme émane de Christian Garin et de son pool d'investisseurs européens, qui seraient de nationalité norvégienne mais il ne s'agirait plus de SIEM industries). D'après Le Marin, l'offre de Christian Garin permettrait de sauvegarder un peu plus d'emplois que celle de Baja Ferries (896 contre 750 à 800) et prévoirait à terme un renouvellement plus important de la flotte de la SNCM (4 à 6 navires pourraient être commandés aux chantiers Sud-Coréens de Daewoo contre 1 - à un chantier non défini à ce stade - dans la proposition de Daniel Berrebi, qui prévoirait la mise en service dès 2018 d'un remplaçant au Monte d'Oro et l'échange du Danielle Casanova contre un autre ferry d'occasion en 2017 ou 2018). Le pavillon serait français de premier registre sur l'ensemble des lignes dans la proposition de M.Garin tandis qu'il en serait de même uniquement sur les lignes de Corse dans la proposition de M. Berrebi qui ferait naviguer "sous pavillon communautaire" avec des officiers français le ou les navires des lignes du Maghreb. En revanche, la proposition de M. Berrebi préserverait l'unicité de la compagnie (la holding de tête, qu'il rebaptiserait France Ferries, naviguerait sous deux noms commerciaux distincts : Maghreb Ferries sur les lignes internationales et U Batellu - "le bateau", en Corse - sur l'île de beauté), tandis que celle de M.Garin consisterait à faire de la SNCM deux entités juridiques distinctes : l'une pour la desserte de la DSP Marseille-Corse, l'autre pour celle des lignes du Maghreb et pour les lignes de Corse hors DSP, avec respectivement 4 et 2 navires. Toutes deux seraient chapeautées par une holding nommée Med Partners. M. Garin envisage lui aussi un changement de nom de la compagnie mais n'aurait pas encore arrêté son choix en la matière. Au final, la proposition défendue par M.Garin apparaît comme nettement plus proche de celle défendue en son temps par Marc Dufour (à ceci près que l'ancien président du directoire de la SNCM prévoyait de construire
ses futurs ferries en France, aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire et qu'il prévoyait une propulsion des nouveaux navires au GNL, ce qui ne semble plus d'actualité) tandis que celle de M.Berrebi semble dans la lignée du plan Poséïdon présenté il y a quelques mois par l'actionnaire sortant, Transdev.

Outre le nombre de salariés repris, les points les plus cruciaux pour l'attribution de la SNCM au futur repreneur seront la solidité de leur dossier financier respectif (les financements à hauteur de 100 millions d'euros de M. Berrebi se partageraient en 20% de fonds propres de Baja Ferries et 80% de prêts bancaires tandis que ceux de M. Garin, limités à 50 millions d'euros, se feraient entièrement par l'émission d'obligations d'entreprise selon Le Marin, non compris le renouvellement envisagé des 4 navires de la DSP
Marseille-Corse dont le financement partenarial avec le chantier Daewoo reste à confirmer), leur compatibilité avec les exigences de la Commission de Bruxelles (une offre détaillée ligne par ligne pour ce qui est des 4 navires de la DSP et une garantie de la discontinuité juridique pour s'affranchir des demandes de remboursement des aides jugées indues) et avec celles de la Collectivité territoriale de Corse (CTC). Les prix de cession proposés pour la flotte actuelle de la SNCM, sommes qui pourraient servir à co-financer le plan social auquel Veolia a finalement déclaré accepter de participer le 13 février 2015, entreront aussi sans doute en compte : ils seraient très bas au regard de la valeur comptable des navires, proche de 230 millions d'euros. D'après Le Marin, les prix totaux de cession proposés varieraient de 7 millions d'euros (dans la proposition de M. Rocca) à 15 millions d'euros pour celle de M. Berrebi en passant par celle de M. Garin (9,5 millions).

Les deux autres lettres d'intention reçues courant janvier pour la SNCM émaneraient d'un entrepreneur suisse, Paul Moulia, au nom de la société Swiss Rail et du chef d'entreprise ajaccien Patrick Rocca, qui dirige le groupe de transport routier Rocca. Toutefois, seule cette dernière lettre d'intention aurait été concrétisée en une offre à la date butoir du 2 février 2015. L'offre aurait été déposée en son nom propre et porterait elle aussi sur les lignes de la DSP Marseille-Corse et sur les lignes internationales. Le projet de Paul Rocca prévoirait, comme celui de M. Berrebi, la fermeture des lignes de Nice et de Toulon mais le journal indique - sans plus de précisions - que les services maritimes de la SNCM seraient développés en Méditerranée "au-delà des pays du Maghreb". Avec le maintien dans la flotte SNCM du navire Corse, qu'aucun autre repreneur potentiel ne souhaiterait conserver, cela constituerait la principale originalité de cette proposition. De ce fait, toujours selon Les Echos, de 700 emplois préservés initialement, la proposition de M.Rocca viserait à atteindre les 1500 emplois d'ici 5 ans, une fois deux navires neufs commandés. D'après les précisions communiquées à Corse Matin le 4 février, Paul Rocca souhaiterait atteindre à terme "une flotte comprise entre 8 et 10 navires, pour arriver à 4 bateaux sur la Corse et 4 à 6 sur le Maghreb, voire au-delà du Maghreb".

La dernière offre, un temps jugée sérieuse mais finalement retirée (sa date butoir était fixée au 20 février 2015), émanait du groupe grec Attica, propriétaire des compagnies Superfast Ferries et Blue Star Ferries qui opèrent entre l'Italie et la Grèce et entre le port du Pirée et les îles grecques. Cette compagnie qui proposait un prix de cessionun peu plus élevé pour la SNCM (20 millions d'euros) n'envisageait toutefois elle non plus de reprendre davantage de 700 emplois. Les dernières lettres d'intentions, jugées moins crédibles par les syndicats, émaneraient de l'italien Giglio Mazzoli et d'Adrien Scarso, au nom de la société Borealia, d'après le journal Le Marin.


Concernant la position de la CTC, même s'il a indiqué dans une interview à Corse Matin le 24 janvier 2015 qu'il n'avait "pas de préférence [...] mais des exigences, claires là aussi. Ces exigences, l'honorabilité, le professionnalisme, des moyens financiers réels, l'attachement au pavillon français..." Paul Giacobbi a d'ores et déjà indiqué que selon lui "force est de constater que la seule offre complète à ce jour est celle de Daniel Berrebi". Peut-être cette offre est-elle la seule à ce stade qui satisfasse "la deuxième volonté par rapport au repreneur" précisée par Paul Giacobbi, à savoir "d'exiger que tout nouveau navire soit acheté dans le cadre de la SEM (société d'économie mixte) au sein de laquelle la CTC sera majoritaire" ? Pas sûr du tout que cette offre recueille pour autant les suffrages du côté du port de Marseille où celles de Christian Garin - qui conserverait davantage d'emplois en France et un périmètre de desserte plus large sur la Corse, incluant Nice et potentiellement aussi Toulon à compter de 2016, pourrait emporter la préférence de plusieurs syndicats... L'offre de Patrick Rocca recueillerait quant à elle d'autres soutiens en Corse d'après Le Marin qui évoque notamment des courriers en sa faveur du sénateur et président du conseil général de Corse-du-Sud Jean-Jacques Panunzi ainsi que de Pierre Mattei, directeur général de la Corsica Ferries, qui évoquerait la possible recherche de solutions amiables aux contentieux l'opposant à la SNCM en cas de reprise par de cette compagnie par le transporteur Corse.


 
Nota Bene : ce graphique représente la flotte de la SNCM effectivement en service, toutes lignes méditerranéennes confondues (Corse et Maghreb) pendant les saisons 1992 à 2015. Il inclut donc les navires affrétés (comme l'Excelsior pendant les saisons 2013 et 2014) et exclut ceux acquis par la compagnie mais qui n'ont pas navigué sur ses lignes (comme le premier Jean Nicoli, acheté à l'été 2006 puis revendu fin 2007) ainsi que les navires loués à des tiers par la SNCM (comme le NGV Liamone un temps affrété par Raromatai Ferries en Polynésie française). Par ailleurs, l'ancien cargo Monte Rotondo a été comptabilisé ici comme fréteur pur en raison de sa très faible capacité passagers. Le point 2015 est provisoire dans l'attente de connaître l'idendité du repreneur officiel de la SNCM et correspond à ce stade au plan Poséïdon présenté par l'actionnaire sortant Transdev. Toutefois, à fin février 2015, seules les traversées de 4 de ces 6 navires sont effectivement programmées sur la Corse, les deux autres navires de la flotte (Méditerranée et Danielle Casanova) n'étant à ce jour programmés que sur les lignes entre Marseille et la Tunisie.



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