CAPESTERRE - BELLE-EAU BANANIER / SAINTE-MARIE La pointe de Capesterre est le cap le plus à l'Est de la Basse-terre. La région, face aux alizés était à la "tête de la terre" "Caput terrae". Si l'on en croit le bon père Dutertre re ce serait l'origine du nom. On sait par ailleurs que C. Colomb débarqua dans cette région en 1493 pour l'abondance le l'eau qu'elle recèle. La commune est incontestablement actif son économie s'est développée autour des bananes après qu'on ait abandonné la production sucrière (vers 1945) le bourg est très animé ; il s'est développé autour de son église au clocher hors les murs, de l'hôtel de ville et du marché toujours très fréquenté. La commune s'enorgueillit à juste titre ce ses superbes entrées. Nous avons vu celle du Sud: l'allée Dumanoir prolongée dans le bourg par des "Filaos" aux longues feuilles pendantes ; à l'entrée Nord la route file sous la voûte rouge sang de superbes flamboyants. o
C'est un lieu profondément calme et empreint de gravité. Une toute petit route y conduit, à droite près de la rivière de la Capesterre. On est au bord de la mer, les filaos laissent traîner leur, longues feuilles vertes presque jusqu'à notre hauteur. Des dizaines de tombes sans nom orientées tête vers l'Afrique, de simples tumulus soutenus par les conques de lambis. Certaines tombes sont fleuries... (mais qui se souvient encore de ces malheureux endormis à jamais sous l'humus) - Une dalle demande aux passants "honneur et respect" à la mémoire de nos "ancêtres esclaves"... Près de la rivière Pérou une petite entreprise familiale fabrique de la farine de manioc. U installation et les procédés sont artisanaux ; on râpe la racine, on trempe la "pulpe", on lave, on rince abondamment, on extrait tout le liquide avec une presse manuelle (le "jus" de manioc est en effet toxique, il contient du cyanure), on sèche, on tamise et on sèche la farine obtenue sur de grandes platines chauffées par un feu de bois nourri... On doit prolonger l'opération pour obtenir les cassaves (ou Kassav'). Ces galettes de manioc sont vendues au bord de la route.
C'est après l'abolition de l'esclavage en avril 1848 que les autorités décidèrent l'importation d'Indiens "Coolies' (les nègres refusant désormais de travailler). On eut recours à l'immigration car l'essor de l'économie sucrière exigeait une main-d'œuvre docile. Près de 350 immigrants arrivèrent par le premier convoi en 1854. Ils étaient plusieurs milliers en 1885. Leurs descendants, une forte minorité dans le "Capesterre", continuent de pratiquer le culte de leurs ancêtres (même si les conversions au catholicisme furent nombreuses). A 3 km au Nord de Capesterre, la façade blanche et l'architecture du bâtiment, originale en ces lieux, appellent l'intérêt sinon l'enthousiasme. Le temple est orné d'une douzaine de statues polychromes au centre desquelles trône la divinité la plus vénérée en Guadeloupe Mariaymman (ou Mariémen) . BANANIER "Un pic duquel coulaient des sources d'eau vive de divers côtés... C'était la plus belle chose du monde II voir" Relation du Docteur Chance Médecin de la flotte de C. Colomb C'est ici plus qu'ailleurs que la Guadeloupe mérite son joli nom "d'île aux belles eaux". De Trois-Rivières jusqu'à Goyave la plaine littorale s'élargit, des dizaines de rus ou de cours d'eau plus importants la traversent en direction de l'Est ou du Sud-est. De la côte, le regard suit facilement leur itinéraire. Les bananiers (autrefois c'était des cannes à sucre) couvrent toute la contrée. Puis le paysage monte en pente douce par la forêt de Sainte-Marie jusqu'à la zone montagneuse du Mateliane, de la Capesterre ou de la Soufrière qui trône souveraine. C'est là que naissent toutes ces rivières. Au sortir de leur roche natale, elles se précipitent, juvéniles et impétueuses. C'est sur les flancs Sud-est de la Soufrière que le visiteur découvre les chutes spectaculaires du Carbet (voir plus loin). A mesure qu'elles gagnent la plaine, elles s'assagissent et rejoignent la côte presque en flânant. Bananier est la première bourgade rattachée à cette région dont Capesterre Belle-Eau est la commune maîtresse. C'est un très paisible village de pêcheurs. La rivière du Bananier vient y mourir. Son embouchure, visible du pont sur la N 1 est couverte d'une forêt étrange à susciter le rêve ; les mangles de cette mangrove forment une voûte opaque. Les rais de lumière qui filtrent des feuillages jouent avec l'eau dormante...
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Le Carbet prend sa source à 1300 m sur les flancs de la Soufrière. La roche dure appelée "Andésite" a résisté à l'usure et par trois fois, du haut de ces falaises volcaniques se jette le torrent. La première chute en amont représente un saut de 125 m, la seconde, la plus connue parce que la plus accessible, est moins haute (1 10 m) mais le bassin circulaire qui la reçoit est d'une grande beauté. Pour atteindre la seconde chute, il faut quitter (a N1 à Saint-Sauveur et suivre la D4. La route traverse les plus belles bananeraies de l'île et laisse découvrir de beaux panoramas à mesure que l'on monte. Puis, plus loin, on entre sous la voûte épaisse de (a forêt dense où se remarquent les bambous, les fougères arborescentes. On laisse la voiture à frire de pique-nique et 20 minutes de marche dans l'odeur de résine des gommiers blancs vous conduisent à un cirque vaste et dégagé où se précipite la 2e chute du Carbet. La première chute, en amont donc, est à une heure de marche ; c'est la plus haute (il est vrai qu'elle "rebondit" sur une avancée de la falaise, à mi-course). La rejoindre est plus difficile mais le chemin est bien indiqué. La troisième, 200 m plus bas que Ia première, peut se rejoindre à parti r de la deuxième mais le trajet demande de l'audace et s'adresse plutôt aux randonneurs expérimenté. Ainsi recommandera-t-on de s'y rendre par un itinéraire plus abordable. II faut prendre la D3 à Capesterre, la route traverse Marquisat Et Routhièrs ensuite le chemin forestier qui la prolonge mène en 30 minutes à pied au bas de la plus petite (mais non la tuions belle des trois chutes). Le site y est particulièrement attrayant. La randonnée à destination de la 2e chute permet aussi d'accéder au Grand-Etang et à ses voisins l'étang Madère, l'étang Roche, l'As de pique (voir Gourbeyre) et l'étang Zombi "fréquenté" régulièrement raconte-t-on parle fantôme d'une malheureuse assassinée il y a fort longtemps... Outre le plaisir de la promenade, ce bel itinéraire permet d'observer la flore et la faune particulièrement intéressantes.
A 2 km de Bananier la RN1 longe une très belle bananeraie. C'est le domaine de Bois Debout. L'actuel maître des lieux est le 13e d'une dynastie apparentée à la famille Leger dont le représentant le plus illustre, le poète Saint John Perse passa une partie de son enfance dans la grande demeure. Un peu plus loin, la route est rectiligne, elle est bordée sur plus d'un km par deux doubles rangées de palmiers royaux. C'est l'allée Dumanoir plantée il y a près de 150 ans par Pinel Dumanoir .
Elle est très belle, ombragée, baignée d'une eau peu profonde. Le carrefour qui y mène, par une petite route conduit à l'opposé au hameau de Neuf-Château. SAINTE-MARIE "Ce ne fut qu'en s'approchant de plus près qu'on s'expliqua le merveilleux spectacle : de tous côtés, des cascades écumeuses se précipitaient de hauteurs vertigineuses" Charles Houben (C. Colomb 1935) II fallait trouver de l'eau douce et accorder quelque repos à l'équipage. L'amiral ne pouvait "tomber" mieux quand il accosta en novembre 1493, peut-être ici à Sainte-Marie (le navire amiral portait le nom de la Vierge). Près de la plage, ombragée par des amandiers et des palmiers un monument a été érigé à sa mémoire. Le buste de l'amiral est dressé sur une colonne blanche, sur le piédestal noir et blanc on lit un sonnet laudatif... La réalité de l'événement "sonne" différemment aujourd'hui. C'est d'abord une injonction plus pragmatique à laisser les lieux propres. On lit en effet "Nou Netwayé, alo pa sali". C'est ensuite, dans un autre registre, à quelque 50 m vers la mer une plaque de marbre blanc récente et fixée sur une petite colonne. Elle est dédiée "au caraïbe inconnu". |
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