VIOLENCEDes bandes armées attaquent les touristes pour s'acheter du crack Guadeloupe : destination danger L'ÎLE de la Guadeloupe est en passe de devenir une destination à risque. Attaqués dans la rue ou dans les restaurants par des voyous armés, les touristes sont appelés à la vigilance. Cocotiers, mer turquoise et sable fin; derrière ce cadre idyllique, le touriste découvre bien vite un autre visage des Antilles. Depuis une quinzaine de jours, les braquages de restaurants, les agressions de promeneurs ou de croisiéristes fraîchement débarqués se multiplient. Elles sont le fait de bandes de jeunes d'une vingtaine d'années , certain n'ont que 16 ans - et dont le seul mobile est de se procurer de l'argent facile pour s'approvisionner dans les heures qui suivent en drogue; en l'occurrence des doses de crack. Ce département d'outre-mer est en effet le premier consommateur et producteur de crack de la République française. Leur cille préférée les touristes livrés à eux-mêmes et souvent ignorant tout du contexte de violence urbaine locale. En deux semaines, une dizaine de petits restaurants ont fait l'objet de hold-up dans le triangle d'or du tourisme antillais, qui va de la marina du Gosier, là où arrive la célèbre course du Rhum, aux rivages des stations balnéaires de Saint-François et de Sainte- Anne. « Tirant en l'air avec leur fusil à pompe » Les malfaiteurs n'hésitent pas à semer la terreur et à employer des méthodes inspirées des séries américaines. «Ils sont arrivés en tirant en l'air avec leur fusil à pompe puis ont obligé tout le monde à se coucher par terre. Ils ont ensuite minutieusement délesté les clients et le personnel des sacs, de l'argent et des bijoux », raconte un restaurateur du Gosier. Quatre touristes de Seine et Marne qui faisaient une balade à la fraîche à Saint François en ont été pour leurs frais. Menacés par quatre individus armés d'un sabre et d'un pistolet, ils ont été dépouillés de leurs bijoux et porte monnaie. En mars, déjà, après des agressions semblables de touristes, les compagnies de paquebots américaines, qui font escale à Pointe-à-pitre, avaient averti qu'elles n'accosteraient plus dans ce port si < la paix sociale et la sécurité n'étaient pas suffisamment assurées en Guadeloupe ». Le SRPJ a enregistré cette année une augmentation de 50 %des vols à main armée par rapport à 1998. Le commissariat cite une augmentation de 15 % des agressions depuis janvier sur les touristes. Police et gendarmerie ne savent plus où donner de la tête, déjà très occupées par le trafic de drogue et les conflits sociaux de toutes sortes (une grève en moyenne tous les deux tours). «Les touristes arrivent ici sous informés, ils sont sur un nuage, ce qui en fait des cibles faciles. Les agences de voyage devraient comme en Floride fournir des dépliants sur les précautions à prendre et les quartiers à risques », conseille le commissaire Dominique Bernard, responsable de la sécurité sur l'île. Anne DAUTREMÉPUIS SAMEDI 26 - DIMANCHE 27 JUIN 1999 |