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Entres religions et légendes

     de 1900 jusqu'à nos jours, les superstitions, cultes et rapport avec l'au delà, ont été très présents dans la société Martiniquaise. L'abondance de faits divers, liés fortement aux quimbois, de chansons s'inspirant de "visions collectives" en est l'illustration. Sans compter les nombreuses pratiques magico-religieuses La mythologie créole, copieusement alimentée par les soucougnants, volants et zombies dans l'ombre de fromagers, a fait son chemin plus particulièrement en première partie du siècle. Ce qui n'a pas empêché à un grand nombre de Martiniquais de garder une foi sincère visible à travers la ferveur observée lors des pèlerinages par exemple. Un comportement religieux qui s'est étiolé au fil des décennies.

" Il y a un accroissement des pratiques magiques... "

Si à Trinidad, à Surinam, à la Réunion, le < Bon dié coolie> est une cérémonie religieuse, en Martinique, elle reste un rite magique. Rappelons que le principe est de demander quelque chose à la déesse en échange d'une offrande, un cabri, qui est la personnification du mal. Dans la communauté indienne locale, le sacrifice est réalisé avec un mouton...

Dans "Antilles d'hier et d'aujourd'hui" des éditions Désormeaux, il est écrit, dans un texte datant d'une vingtaine d'années, qu'on assiste à une "folklorisation" des cultes, lesquels étaient amenés à disparaître à plus ou moins longue échéance, les cultes hindous n'ayant pas, comme aux Antilles, l'importance qu'ils ont encore à la Réunion, où encore retraites et rites de purification sont assez rigoureusement observés. Pourtant, pour certains prêtres hindous, comme le Pandit Patrick, il y a bien un regain de l'hindouisme un grand , nombre de Martiniquais est attiré par l'hindouisme, que ce soit au niveau des danses, de la culture, de la musique, de la cuisine, de l'ésotérisme..., beaucoup de gens sont attirés par l'hindouisme. Il n'y a qu'à voir la foule gui se déplace chaque fois qu'il y a une Mela. Il y a une recherche spirituelle qu'on ne trouve pus dans d'autres courants. Sans vouloir faire de porter des critiques envers la religion catholique, la messe était célébrée en latin, une langue qui, tout en étant morte, n'en est pas moins qu'on invoque Dieu et qu'on dit Deum, il y urne vibration. Ce qui est loin d'être le cas lorsqu'il s'agit de dire Bondié, Dieu ou God... Quand les fidèles se signaient avec l'eau bénite. Quand le prêtre utilisait l'encens, quand les cierges étaient allumés, cela symbolisait les quatre éléments de la nature nous avons un corps physique (la terre), il y a une certaine température (le feu s'y trouve), il y a les liquides qui circulent en nous (l'eau), et nous respirons (l'air). Le cinquième élément qui anime tout cela, c'est l'esprit. L'eau bénite, l'encens n'existent plus sauf pour les cérémonies particulières, de même que les cierges ont été remplacés par des cierges électriques. Auparavant également, le prêtre faisait une neuvaine et invitait à en faire une lorsqu'il lui était soumis un problème. Il y avait un soutien. À l'heure actuelle, l'individu se trouve livré à lui-même, il cherche donc ailleurs parce qu'il a besoin de quelque chose de spirituel pour l'aider.

Quant à la superstition, elle existera toujours, mais aujourd'hui, la religion accompagne le rite magique. On s'aperçoit par exemple que lorsqu'ils prennent des bains, les gens récitent des psaumes de la Bible. Il suffit d'aller dans les cimetières le jour de la Toussaint pourvoir ce qu'on y découvre. On va vers un accroissement des pratiques magiques. Il suffit encore d'aller du côté des marchandes qui vendent des Plantes et des lotions pour s'en rendre compte.

Un homme sans tête et une main noire...

Laurent a 73 ans. "L'homme sans tête:> et "La main noire" ne sont pas sans rappeler quelques souvenirs qui provoquent chez elle plutôt l'hilarité. Comme de nombreuses personnes, elle avoue encore aujourd'hui l'origine de ces légendes. "Il y avait en effet une chanson sur l'homme sans tête. Les hypothèses allaient bon train sur son auteur On aurait vu deux hommes sortir en pyjama de chez Marbot, à la Croix-Mission. L'un aurait été aperçu sans tête. Mais personnellement, je ne l'ai pas vu. Beaucoup de personnes disaient que c'était une invention du Béké. Mais d'autres pensaient que c'était une pure invention pour lancer un chant. La preuve,c'est qu'il a eu un énorme succès. Il n'en demeure pas moins qu'une bonne partie de la population était effrayée, surtout dans les communes. À un moment, on a imputé tout cela à des malfaiteurs. La main noire terrorisait également... On disait qu'elle avait apparu pour la première fois derrière Desclieux. Le morceau sur cette main noire que l'on voyait n'importe où a fait également un tabac." II reste que cet homme sans tête et cette main noire auront joué de vilains tours à la population.

 

"Pèlerinage :" On venait de très loin, et à pied "

Maria-Virginie a 80 ans. Mais elle a toujours bon pied bon œil. Et elle ne se fait pas prier dès lors qu'on lui demande de ressasser les grandes cérémonies religieuses. Catholique pratiquante, elle ne râle pas un pèlerinage depuis quatre décennies. Notre -Dame de la Saiette, Notre-dame de la Délivrande, Saint-Michel, Fatima n'ont plus de secret pour elle. Et malgré son âge avancé, on peut encore la voir avancer vers les lieux de dévotion sous le soleil dans les interminables files. Quarante ans de pèlerinages, ça use les souliers, dit-on. Mais pas forcément la lucidité. Des choses, elle en raconte. Maria peut confirmer une baisse du nombre des pèlerins depuis ses premières sorties. " Mais bien sur; autrefois, il y aval; beaucoup plus de monde dans ces processions. C'était impressionnant. Un énorme foule venait de partout, et bien souvent à pied, car une bonne partie de la population ne disposait pas de moyens de locomotion. Les voitures n'existaient quasiment pas il y u une quarantaine d'années. Aujourd'hui, les pèlerins sont amenés sur place pur les autobus mis à leur disposition en cette circonstance.

Pour Maria-Virginie, les pèlerinages drainent toujours leur lot de fidèles. Que ce soit à Morne-Rouge, à Sainte-Anne et au François, la même ferveur est présente. Maria-Virginie raconte l'atmosphère avant ces longs périples qui commençaient du reste depuis le domicile. "Les pèlerins arrivaient la veille. Il y avait une tout autre ambiance". Et d'ajouter :"Ce qui a encore changé, c'est que chômage oblige, on a vu au fur et à mesure foisonner des activités autour des lieux de pèlerinages. Tant et si bien qu'on peut tout trouver sur place". Certains y voient des aspects négatifs dénaturant la manifestation. Ce qui est sûr, c'est que cela n'existait pas dans le passé, les participants apportaient leurs repas. "Ah ! C'était une autre époque", s'exclame Maria-Virginie qui tient à souligner qu'elle sera présente à une veillée de prières au Lamentin dans la nuit de la Saint-Sylvestre..

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