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Juin 1940 : l'appel

à la “ Dissidence ”

La carte d'adhérent des évadés de France

Comme beaucoup de jeunes Martiniquais, Yvon Doppia a répondu à l'appel du 18 juin 1940. Il est ainsi partit en "Dissidence", nom donné par le régime en place à la Martinique à ce moment là et représenté par l'Amiral Robert, haut commissaire de la France. " Nous étions en novembre 1942. J'avais 17 ans et en classe de première au lycée Schoelcher Des jeunes qui étaient partis à la Dominique ou à Sainte-Lucie, on en parlait un peu et j'avais des copains comme Jean Volny qui avait réussi. Un jour, j'ai décidé de partir. Comme eux, j'ai essayé de partir par le Sud et je me suis rendu à Sainte- Luce. J'y ai passé deux jours. Impossible de partir" Barfleur " surveillait les côtes. Je suis rentré sur Fort- de-France chez Mme Volny. Quelques jours plus tard, je suis voir le tailleur de mon père, il s'appelait M. Abott et était d'origine dominicaine. II m'a dit que si je voulais partir, il connaissait des pêcheurs Dominicais gui lui portaient tissu en contrebande et qu'ils arrivaient bientôt au Marigot. Un jour, il m'a fixé un rendez-vous au pour le lendemain à deux heures du matin sur la plage du Marigot. J'ai pris un bus Sur la plage du Marigot, rencontré Firmin Fondelot j'ai nous sommes partis avec les pêcheurs dominicains. J'avais dérobé le pistolet de mort père et c'est ce que j'ai donné comme paiement. On savait que le canal de la Dominique était dangereux parce qu'on y coulait les barques. Plusieurs avaient perdu lu vie comme cela les pêcheurs ont fait toute la traversée à lu rame. Au bout de douze heures, nous sommes arrivés à Roseau. Il était 14 heures. Là, nous sommes allés voir les autorités dans un camp dirigé par un monsieur Peronnette et nous avons été embrigadés là. J'ai triché sur ma date de naissance pour signer mon engagement. En 1943, des hommes comme Marcel Manville, Frantz Fanon, Pierre Mozole sont arrivés. Nous nous connaissions déjà et étant tout le temps ensemble, on nous appelait"les trois mousquetaires ". Nous sommes revenus à la Martinique quelque six mois plus tard pour former le bataillon 5 et nous sommes partis en convoi pour le Maroc. Nous avons été parqués dans un camp à El Hajjeb Nous avons été séparés et je me suis retrouvé à Alger, puis en Corse, pour nous préparer pour le débarquement d'août 1944 à Sainte-Maxime. Nous faisions partie de la 9°division d'infanterie coloniale avec Firmin Fondelot, Zami, Edwige et un Guadeloupéen, Clarin .

L'ordre de l'amiral Robert

Quand éclate la Deuxième guerre mondiale, la liberté politique est suspendue. L'amiral Robert, haut commissaire de la France, s'installe et impose l'ordre vichyste à l'île. Des manifestations de mécontentement éclatent, et dès 1940 les "dissidents" s'embarquent. En 1943, Henry Hoppenot, délégué de la France libre, arrive et reçoit un accueil triomphant.

 

 

1940-1943 : an Tan Sorin en Guadeloupe

“En se prolongeant, l'actuelle très grande stratégie impose chaque jour des réglementations, des contraintes nouvelles...”

C'est le texte d'un des nombreux appels du gouverneur Constant Sorin aux Guadeloupéens. Cet homme qui, " de 1940 à juillet 1943, va diriger l'administration de Vichy en Guadeloupe, était accoutumé à conclure ses discours par la traditionnelle formule " Guadeloupéens, efforcez-vous de donner à ceux qui vous regardent et cherchent à comprendre, le . Spectacle d'une île qui, dans la gène actuelle, comme clams la richesse de jadis, fait de sa vertu d'obéissance au Gouvernement de la France, le soutien et la substance même de son honneur. Vive le Maréchal ! " La dépêche est datée du 4 octobre 1942. Un an plus tard, Sorin disait : " Nul ne peut prédire la fin de la guerre. mais, ce que chaque Guadeloupéen doit, dès maintenant, savoir, c'est que la situation économique mondiale ne redeviendra pas normale dès la fin du conflit. La Guadeloupe devra compter principalement sur ses propres ressources pendant plusieurs années... Il faut donc continuer à mettre en valeur la Guadeloupe. Étendez; vos cultures vivrières, intensifiez votre élevage, exploitez vos mers. Ce travail ne sera pas vain. Il profitera à tous. Chaque Guadeloupéen s'en rendra compte le moment venu signé Sorin". C'est un véritable testament économique et politique que livre ainsi le gouverneur de la Guadeloupe. Plus de Maréchal, les derniers jours du régime de Vichy sont comptés. Bientôt, avant le 14 juillet 1943, Sorin sera raccompagné par des hommes en armes jusqu'à un bateau qui le ramènera en France.

TROIS ANNÉES DIFFICILES

An Tan Sorin reste, dans la mémoire collective des Guadeloupéens, comme une période de trois années difficiles. La Guadeloupe était coupée du monde, isolée, terre ennemie dans une zone essentiellement anglo-américaine. La "Jeanne d'Arc " amarrée à quai à Pointe-à-pitre, c'était aussi des lieutenants de vaisseau devenus policiers, qui, à la tête de leurs hommes, mataient d'éventuelles rebellions. Deux officiers de marine, Marche et Vidil, traquaient les Guadeloupéens qui osaient prendre parti pour de Gaulle. Pour ceux qui criaient " Vive de Gaulle ! ", c'était le Fort Napoléon, aux Saintes. Haut-lieu de la concentration des opposants à Vichy. Pour ceux qui, plus calmes, ne supportaient pas d'être embastillés, ne restait que la solution de fuir le pays, de prendre nocturnement un canot saintois et de gagner la Dominique toute proche, de là, s'embarquer sur un bateau anglais, rallier les États-Unis ou l'Angleterre. Certains l'ont fait, de plus en plus nombreux, que l'on a revus, quatre ou cinq ans plus tard, après le débarquement. Leurs familles, longtemps sans nouvelles, apprenaient qu'ils s'étaient couverts de médailles en défendant âprement la Mère Patrie.

UN HOMMAGE DE DE GAULLE

Ces mêmes Guadeloupéens qui recevront, en juillet 1944, du général de Gaulle, au moment de quitter sa résidence d'Alger pour Washington, le télégramme suivant : " Je ne veux pas oublier en venant dans l'hémisphère occidental de saluer la population guadeloupéenne que son patriotisme, sort ardeur et son amour passionné de la liberté ont spontanément à la politique d'asservissement et qui s'est confondue avec ses combattants dans l'année de la France en guerre. La victoire approche qui restaurera toute la France dans la grandeur nationale et la fierté de la République. "

Le Fort Napoléon, aux Saintes à servi de camp de concentration pour les dissidents entre 1940 et 1943

 

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"L'assassinat de Guy de Fabrique: une horreur"

Mon pire souvenir, raconte Amédée-Despointes, c'est à la Martinique qu'il se situe. Dans la canne, j'ai eu une période martiniquaise: j'ai été le Directeur de la sucrerie de Basse-Pointe, même si je m'occupais déjà de canne en Guadeloupe. J'avais comme collaborateur Guy de Fabrique qui s'occupait de toutes ses plantations… L'esprit était très bon. Puis quand il y a eu la libération et que de Gaulle mous a envoyé les communistes avec la fameuse biguine qu'on venait chanter devant chez nous, " vive De Gaulle, Vive De Gaulle, fouèt an tchou béké " - il y a eu un moment de pagaille totale, un syndicaliste très virulent,, et c'est devenu très sérieux : J'en étais arrivé au point où je restais plus à Basse-Pointe le soir. Un jour j'ai dit à Guy : " Fais comme moi, les gens ont perdu les pédales, ils ne savent plus ce qu'ils font, ils peuvent faire n'importe quoi ! ... " Il était bloqué par son travail. Un jour alors que la situation s'était aggravée, je lui ai dit : Guy, c'est sérieux. Ne reste pas : ton patron te donne un ordre, tu dois obéir il est resté... Le lendemain matin, on a annoncé qu'il avait été assassiné dans un champ de canne. A coups de coutelas, dans des conditions épouvantables… Je suis allé le chercher, il était dans une petite jeep, dans laquelle il avait été tué. Nous avons passé toute la nuit à rendre son corps présentable : c'était horrible.. A la suite de ça. Il y a eu une période vraiment très difficile où l'on était en danger constant : d'ailleurs j'avais deux mitraillettes en permanence dans la voiture. Les meurtriers ont été retrouvés et jugés à Bordeaux... On ne leur faisait pas grand chose, mais le bon Dieu s'en est occupé, ils sont tous morts... " '

Les volontaires Antillais ici à l'entraînement dans un camp aux États-Unis, ont ensuite rejoint l'Afrique du Nord

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