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Sous le signe des fêtes du Tricentenaire Après
l'Exposition coloniale de 1931, la France d'Outre-mer est à la
mode. En 1935, la Martinique fête le tricentenaire de sa possession
par la France. C'est en effet à cette date que le Normand Belain
d'Esnambuc prit possession de l'île au nom du roi de France. Les moyens mis en uvre pour la commémoration des trois siècles de présence française sont d'autant plus importants que les années précédentes des rumeurs de céssion de l'île aux États-Unis sont apparus. Élus, locaux du Conseil général comme Gouvernement entendent en conséquence souligner l'attachement de la Martinique à la France. Des délégations officielles font le déplacement. Les milieux de Gauche aux Antilles qui revendiquent l'assimilation à la France et les mêmes droits que ceux applicables en Métropole., font de ce moment un test grandeur nature de leur influence et de la volonté populaire d'être assimilée. Le parlement vote un crédit de cinq millions de francs de l'époque pour la commémoration du tricentenaire aux Antilles et en Guyane. La Martinique reçoit à elle seule 900 000 francs pour l'occasion. Un comité d'organisation est créé à Paris avec des personnalités influentes, qui organise expositions, conférences et manifestations officielles. L'Opéra de Paris consacre une soirée entière aux Antilles. En Martinique une statue d'Esnanbuc est érigée sur la place de la Savane, la construction du lycée Schoelcher est activée, le percement de la route du littoral entre Fort-de-France et et Saint-Pierre est commencé. L'image de Victor Schoelcher est partout et les forces de la Gauche Martiniquaise en font leur figure emblématique. Un événement de portée mondiale "L'événement est de portée mondiale". Le journal "cri du peuple" donne le ton des fêtes du tricentenaire à la Martinique dans son édition du 12 décembre 1935. Les Antilles isolées du monde, ont alors l'impression, que le monde a les yeux tournés vers elles. Toute la presse est unanime pour souligner l'attachement des quatre "vieilles colonies" à celle que l'on appelle alors la "mère Patrie". L'ancienneté du lien augmente la fierté du sentiment d'attachement. La Martinique est une "colonie particulière qui ne saurait être comparée au Soudan ou au moyen-Congo" car son degré de civilisation est "sensiblement celui de la moyenne de la Métropole", dit ainsi le journal "l'Effort" du 18 avril 1935. Propos sur lequel surenchérit le leader Socialiste Joseph Lagrosillère dans le journal "la résistance" du 1er août 1935, où il prétend qu'aujourd'hui, on peut affirmer, sans crainte, d'être contredit, que les Antilles ne sont plus des colonies; qu'elles se sont mises au niveau de nos départements dans tous les domaines". Sur ce motif les Antillais réclament une Assimilation qui, inscrite déjà dans les faits et l'histoire, doit s'établir en droit. La presse locale répercute cette revendication populaire. Inlassablement, les journaux reprennent en litanie des expressions telles que"Martinique vieille terre française", sentinelle avancée de la France", "région de culture et de civilisation française". On parle de la "vieille France d'Europe et de la jeune France d'Outremer qui se sont peu à peu rapprochées, réciproquement, pénétrées et mêlées, et sont devenues inséparables". Le journal "la petite patrie", analysant les fêtes du tricentenaire en 1946 rappelle que la question de l'assimilation revenait avec force et vigueur en 1935. De tous les côtés, les collectivités, chambre de commerce, loges maçonniques, associations culturelles, mutualistes, assemblées élues, émettaient des vux tendant à notre assimilation à la France métropolitaine. " 1935, tournant de notre histoire " Pour Armand Nicolas, auteur d'une" histoire de la Martinique", l'année 1935 marque un tournant décisif dons l'histoire de la Martinique. " Politiquement, explique t-il, la poussée des ligues fascistes de 1934 inquiète". socialement, l'année 1935 est aussi "chaude", marquée notamment par" la grève de la faim" qui a une immense portée." Pour la première fois, et spontanément, en février, les ouvriers agricoles et industriels, ceux de la canne, du port comme des communes, déferlent sur Fort-de-France. La campagne sucrière commence, et la question se pose pour une majorité de familles martiniquaises du salaire, compte tenu de la flambée des prix. Compte tenu aussi d'une baisse des salaires de 20% décidée par arrêté du Gouverneur Alfassa. C'est alors la grève dans la compagne martiniquaise. Le 10 février 1935, le gouverneur fait procéder à l'arrestation du leader lrénée Suréna. Cette arrestation met le feu aux poudres. Aussitôt, dans la nuit, un observe des déplacements importants d'ouvriers de la région allant du Robert à Sainte-Esprit. Le lieu de concentration est au Morne Pitault (Lamentin) chez Tripot " le manchot" militant ayant une grande influence. Le 11 février, plusieurs milliers de grévistes marchent sur Fort-de France pour protester et faire entendre au Gouverneur leurs revendications. C'est ce qu'on a appelé " la marche de la faim". Les grévistes sont rassemblés devant le palais du Gouverneur et sur la savane proche. Les Gendarmes à cheval esquissent une charge, sabre au clair, pour disperser la foule. Il y a des blessés. Mais le maire de Fort-de-France, Victor Sévère, ceint de son écharpe, donne l'ordre aux gendarmes de se retirer. Le Gouverneur fait libérer Suréna et un accord de conciliation sur les salaires est obtenu.
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