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A la vue du deuxième opus des aventures cinématographiques d'Indiana Jones, les amateurs de grand frison étaient en droit de penser que la célèbre séquence des wagonnets de mine pourrait un jour donner naissance à une attraction à sensations.

George Lucas, fervent visiteur de Disneyland (en Californie) depuis 1955 (année de l'ouverture du parc), attendra la fin des années 80, et la mise en chantier de Captain Eo, pour autoriser la création d'aventures inspirées des films qui ont fait sa renommée dans les parcs Disney. Juste retour des choses lorsque l'on sait que pour concevoir la fameuse séquence des wagons d'Indiana Jones et le Temple Maudit, Mike McAlister de chez ILM (la société d'effets spéciaux de Lucas) était parti faire des prises de vues vidéo de l'attraction Matterhorn de Disneyland Californie, un grand-huit dans les montagnes du complexe californien.

Après l'excellent Star Tours (installé d'abord sur la côte ouest puis en Floride et au Japon pour finir en France) et le superbe spectacle de cascades recréant les scènes les plus spectaculaires des Aventuriers de l'Arche Perdue (aux Disney-MGM Studios en Floride), Disneyland Paris se devait de proposer à ses visiteurs la possibilitéde vivre des aventures similaires.

Star Tour sera présent dès l'ouverture en 1992 mais les foules qui se pressent pour tenter de dompter les montagnes russes de Big Thunder Mountain poussent les concepteurs à envisager l'installation d'un nouveau roller coaster pour la seconde année d'opération.

Il ne s'écoulera que quelques mois entre les premiers coups de pioches et l'ouverture du Temple du Péril, un court laps de temps au cours duquel tout le monde travaillera d'arrache-pied à la mise en place du magnifique décor de ruines perdues au fond d'une jungle obscure. C'est la société Suisse Intamin, constructeur des simulateurs pour l'attraction Back to the Future dans les parcs Universal, qui se charge de fournir rails et trains. Fait sans précédent dans l'histoire des parcs Disney, le circuit est doté d'un looping, une véritable révolution plébiscitée par le public, pourtant à tendance "familiale", en mal de sensations fortes. L'extrême soin apporté à la thématisation (ruines, statues, campement des archéologues, musique ambiante de John Williams...), et à plus forte raison en cas de visite nocturne quand le site tout entier n'est éclairé que par des torches, font du Temple du Péril une halte obligatoire pour tout aventurier en herbe.

Pour preuve, l'attraction ne désemplit pas du matin au soir, et pour quelques minutes d'adrénaline, chacun se devra d'explorer une heure durant les méandres d'une file d'attente sinuant au beau milieu de la forêt vierge. L'aventure a son prix...

Par Jean-Marc Toussaint (Lucasfilm Mag)

Interview de Tom Morris, créateur de l'attraction pour Disneyland Paris, recueillis par Jean-Marc Toussain et Patrice Girod (Lucasfilm Mag).

Quand il fut décidé, en 1993, d'installer très rapidement une attraction "Indiana Jones" à Disneyland Paris, Tom Morris, l'un des principaux imaginer (artistes-concepteurs) de chez Disney, fut appelé à la rescousse pour superviser l'opération. Morris, grand fan de George Lucas, avait travaillé au début des années 80 au développement de manèges inspirés de Star Wars. Quand Star Tours fut construit, l'artiste fut chargé de la réalisation des bâtiments abritant l'aventure. Il est également l'instigateur du système sonore embarqué à bord de plusieurs attractions Disney comme l'incroyable "Indiana Jones and the Temple of the Forbidden Eye" en Californie. Avec Indiana Jones et le Temple du Péril, l'ancien créateur de Fantasyland a eu la possibilité de mêler son intérêt pour les roller coasters et sa passion pour les aventures cinématographiques d'Indiana Jones.

- Qu'est-ce que cela fait de travailler sur un personnage comme Indy ?

C'est génial. La première fois que j'ai vu Les Aventuriers en 1981, je n'avais aucune idée de ce que cela pouvait être. Tony Baxter, mon patron chez Disney, m'avait obtenu une invitation à l'avant-première grâce à Eric Weston qui, après avoir été chez Disney, a travaillé pour George Lucas. Même le titre était curieux, Les Aventuriers de l'Arche Perdue, qu'est-ce que c'était que ce truc? Je me suis dit : "ouais, j'irais si je n'ai rien de mieux à faire". je ne me doutais pas que le film allait devenir aussi mythique et que le culte dépasserait les frontières des Etats-Unis. Il va sans dire que j'ai adoré le film dès la première vision! je suis également très fan du deuxième et lorsque La Dernière Croisade est sortie, j'était ici, à Paris, en train de travailler sur Disneyland.

- Au départ, une attraction avec des wagons de mine était prévue à côté de "Forbidden Eye" aux USA, est-ce l'origine du "Temple du Péril" ?

Exactement. Lorsque nous avons commencé à collaborer avec George Lucas, c'était je pense aux alentours de 1985. Notre premier souci était de créer Star Tours mais nous savions que tôt ou tard nous travaillerions sur un manège inspiré des aventures d'Indy. La conception de l'attraction Indiana Jones à Disneyland a débuté en 1987 et, à l'époque, on avait envisagé qu'en plus de la grande balade mouvementée en Jeep, ce que nous appelons une attraction de type A, il y aurait une plus petite attraction que nous appelons de type C, juste à côté et qui aurait été un grand-huit rappelant les wagonnets du Temple Maudit. Les deux auraient été complémentaires. Après réflexion, il était clair que Disneyland Californie n'avait, d'une part pas besoin de la capacité d'accueil supplémentaire que pouvaient apporter les wagonnets et, d'autre part, que la place faisait cruellement défaut pour mettre les deux attractions côte à côte. Il fut décidé de ne construire que le type A. L'idée du grand-huit est cependant restée présente car nous avions très envi de la réaliser. Disneyland Paris nous est apparu comme l'endroit idéal car le parc avait besoin très rapidement d'attractions supplémentaires sans pour autant installer quelque chose du type A. Il nous est aussi apparu que la demande pour un autre coaster dans le parc était plus forte que prévue. En fait lorsque nous avons ouvert Big Thunder en 1992, beaucoup de gens étaient sceptiques : il y a beaucoup de manèges de ce type en Angleterre et en Allemagne mais il semblait que les coasters n'avaient pas beaucoup de succès en France. Nous sommes allés chez Astérix un samedi après-midi, pour voir le "7 boucles" construit par Vekoma (la société qui a également construit Big Thunder Mountain et Space Mountain à Disneyland Paris), et bien le parc était bondé et pourtant peu de gens allaient sur le coaster. Quelques uns de nos "décideurs" nous ont demandé de mettre la pédale douce et nous n'avons installé que Big Thunder Mountain l'année de l'ouverture. C'est devenu l'attraction la plus populaire du parc! certains jours, il y avait près de trois heures d'attente. on a, tout de suite, eu le feu vert pour mettre en chantier un deuxième grand-huit pour "soulager" les files d'attente. C'est ainsi que le "Temple du Péril" est né si rapidement.

- En fait, vous aviez déjà les plans avant même de prendre la décision...

Pas tout à fait, nous avions le concept, c'est à dire plein de dessins préparatoires qui sont maintenant exposés à la Disney Gallery en Californie. La concrétisation du projet dépendait du fait de pouvoir trouver un manège déjà fabriqué qu'on pouvait adapter à nos plans. Bien sûr, nous aurions aimé pouvoir le concevoir nous-mêmes, puisque nous dessinons toujours nos circuits à l'ancienne - c'est à dire sur papier avant de confier les calculs de faisabilité et de sécurité à un ordinateur - mais puisqu'il fallait que tout soit prêt pour l'été 1993, nous n'avons pas eu le temps. Nous sommes allés visiter une douzaine de parcs pour repérer s'il existait quelque chose correspondant à nos désirs et nous avons trouvé ce modèle qui, je crois, avait été dessiné par le grand ingénieur allemand Anton Schwarzkopf pour le constructeur italien Pinfari. D'une manière ou d'une autre, la société Intamin a récupéré les plans et nous a fourni le manège ; Walt Disney Imagineering se chargeant de construire le décor tout autour.

- Est-ce qu'il était prévu dès le départ qu'il y ait une inversion sur le circuit ?

Absolument, nous avons essayé de pousser un peu les limites de ce qui se fait d'ordinaire chez Disney et nous avons insisté pour qu'il y ait un looping. Bien sûr, nous nous sommes heurtés à des tas de gens qui étaient formellement contre l'idée mais nous savions que Space Mountain allait être construit et qu'il y aurait plusieurs loopings. Nous nous sommes accrochés à notre idée et nous avons gagné. Les visiteurs veulent des manèges plus rapides, plus amusants. Le looping nous paraissait donc une bonne chose à faire. Nous en somme très contents. De plus, sur le plan visuel, cela offre une très grande dynamique de voir les gens, la tête en bas à travers l'arcade du temple.

- La construction fut très rapide, comment cela s'est-il passé ?

Ce fut complètement dingue! je pense n'avoir jamais été impliqué dans une entreprise aussi concentrée dans le temps. De la conception à l'ouverture, il s'est écoulé moins d'un an ; et si on part du moment où nous avons choisi Intamin, il s'est passé moins de neuf mois pour que le manège sorte de terre! Un record sans précédent pour nous, un vrai défi. La seule fois où cela est déjà arrivé, c'était lors de la construction de "It's a Small World" pour l'exposition de New-York en 1964.

- Est-ce pour des raisons de temps qu'il n'y a plus de thématisation et d'animation sur l'attraction ?

Oui, et croyez-moi, on aurait tous adoré y mettre plus de détails. J'espère pouvoir améliorer l'attraction dans le futur. Ce sera peut-être possible si l'un de nos partenaires se décide à la parrainer. Il parait que des discussions sont en cours. Si on y arrive on améliorera les détails comme aux studios Disney-MGM en Floride pour le spectacle de cascadeurs, où l'on a installé plein d'accessoires de films, comme un tank, une Jeep et voire même quelques objets animés, Il faut toujours maintenir un certain niveau de "fraîcheur" au spectacle pour inciter les visiteurs à revenir, c'est la règle chez Disney, on change des éléments de décor, les couleurs, les personnages. On l'a fait sur tous, des Pirates à la Maison Hantée. C'est ce que nous ferons prochainement ici. Si, d'ici trois ou quatre ans on a besoin d'augmenter la capacité d'accueil, on parle éventuellement de construire une deuxième voie identique à la première pour réduire le temps dans les files d'attente. Une idée que nous avions déjà, en 1993, mais il n'existait aucun plan pour réaliser ce projet. Et puis, il n'est pas impossible d'envisager de construire l'attraction de type A à Paris. Ce serait le seul parc Disney qui serait conforme à l'idée originale de deux attractions côte à côte. Je ne peux pas vous dire quand mais il est fort probable que nous construirons d'autres attractions à Paris avant "Forbidden Eye". Nous avons la place pour ça et, d'ailleurs, pendant l'élaboration d'Adventureland à la fin des années 80, nous avions prévu l'emplacement entre les "Pirates" et l'actuel "Temple du Péril", c'est vous dire !

- De quoi vous êtes-vous inspiré dans l'architecture du temple ?

C'est une vision très "hollywoodienne" de la réalité ! c'est un type d'architecture qu'on trouve dans le nord-est de l'Inde mais accommodé à la sauce Disney. Chris Teitz, le Directeur Artistique est cependant resté assez fidèle aux plans originaux même s'il y a eu quelques changements. On avait prévu un tunnel et des tas d'autres trucs mais, comme je vous l'ai dit, le temps nous a manqué.

- Pensez-vous mettre de la musique à bord des wagons comme sur Space Mountain ?

Pourquoi pas, nous l'avons fait pour Forbidden Eye. Pour cette dernière attraction, je me suis chargé de faire un montage préparatoire en prenant les meilleurs extraits composés par John Williams. J'ai pris des instantanés des trois bandes sonores et je les ai assignés aux scènes-clés de l'aventure puis J'ai tout assemblé grâce à un ordinateur. On a confié cette maquette au compositeur Richard Bellis, qui avait déjà recomposé la musique pour Star Tours suivant le même procédé.

- Quelle a été l'influence de George Lucas sur l'attraction ?

Son implication a été plus importante pour Star Tours et Forbidden Eye. Pour le Temple du péril, il nous a laissé carte blanche mais il a tenu à voir les maquettes et nous le tenions régulièrement au courant de l'avancée de nos travaux. Cela dit, il travaille étroitement avec les imagineers aux USA ; il y a beaucoup de réunions où toutes les idées sont évoquées. Il est aussi très à cheval sur l'authenticité. Tous les éléments de ses films, aussi incroyables soient-ils, puisent leurs racines dans la réalité. J'en ai parié avec lui et il m'a sorti sa collection complète du magazine National Géographic pour me montrer où il avait trouvé les idées pour la soupe à la cervelle de singe ou les pierres de Shankara. Il peut tout adapter à sa façon mais il y a une part de vérité dans tout ce qu'il a inventé pour les trois films d'Indiana Jones. Ce comportement très pointu a été d'une grande aide lors de la conception des attractions. C'est d'ailleurs George qui a trouvé le nom "Temple of Péril".

- Quels sont les futurs projets communs à Disney et Lucas ?

Bonne question ! Nos relations sont excellentes et je sais que Lucas est très satisfait de notre travail. On a ouvert "Alien Encounter" en Floride, on parle de l'amener en Californie. Captain EO a été retiré de l'affiche partout. Il y a bien sûr d'autres projets à l'étude...

 

C'est reparti pour un tour !!!

Cela faisait déjà sept ans que l'attraction de Disneyland Paris, Indiana Jones et le Temple du Péril avait ouvert ses portes et avait transporté des milliers d'aventuriers dans ses wagonnets. Depuis l'attraction a été remodelée, les "Imagineurs" de Disneyland Paris ont eu une "renversante" idée...

La grande nouveauté était donc l'inversion du sens de la marche de cette montagne russe. Il s'agit de la même attraction, mais, croyez-moi, ce n'est pas les mêmes sensations...

Au total, 80 personnes auront travaillé quatre mois durant, pour rehausser la voie ferrée par endroits, transformer l'arche devenue plus menaçante, ou encore, bouleverser les éclairages... Les wagonnets, quand à eux, ont été modifiés. Ils n'acceuillent plus deux fois quatre passagers mais deux fois six passagers ! ce sont au total des véhicules de 12 passagers chacun que le Temple du Péril acceuille désormais. La nouvelle attraction augmente ainsi sa capacité de 50% et permet d'éviter les files d'attente trop longue.

John Carroll nous précise que "le principal défi fut d'obtenir que chaque train pèse autant avec un total de douze passagers qu'avec les huit qu'il emportait auparavant".

Au-delà des modifications il faut comprendre que le manque de visibilité du parcours du grand-huit procure encore plus de sensations qu'auparavant, au point que Nigel Bratcher, concepteur sur le projet, nous recommande vivement d'y venir "une fois de jour et une fois de nuit, car les sensations sont très différentes !"

 

Données Techniques

(source : Park Fun World)

Indiana Jones et le Temple du Péril... à l'envers ! est un Steel Twister classique crée par la société Intamin. Son parcours est de 600 mètres et dure environ 1min 45 (mais cela peut aller jusqu'à 2min en cas de sortie de tout les trains ce qui occasionne une attente plus longue dans la zone d'unloading).

"Le Temple" possède un lift d'une hauteur de 16 mètres et vous emmène ainsi au sommet de la tour principale du temple.

La descente principale est de 10m et d'une inclinaison d'environ 60°. Après la zone d'embarquement, vous serez amené au pied du lift grâce à une légère inclinaison de la voie. S'ensuit une superbe montée d'où vous pouvez admirer le circuit et tout le parc.

Vous contournerez la pointe du temple puis vous plongerez pour remonter ensuite à l'autre extrémité du temple. Une petite ligne droite précède une chute ce qui vous ramène à la tour principale. Vous refaites le tour puis vous traversez sur une ligne droite toute la longueur du temple. Une descente en courbe vous emmène dans le temple où vous subirez un vertical loop (rotation de 360°) s'ensuit petit camelbacks et virages. Les trains sont composés de 2 wagons comprenant 6 places par wagons.

La vitesse du train n'est pas constante et ne peut l'être. La vitesse varie selon le poids du wagon (nous allons donc plus vite que dans la première version de l'attraction vu que les wagons ont été agrandis.) et selon l'humidité des rails.

Avec la présence de particules d'eau sur les rails, le frottement est réduit ce qui évite de ralentir le wagon. On peut atteindre environ 70 km/h en descente.

Il n'y a aucun accélérateur dans le parcours, le wagon avance grâce à son poids et sa vitesse. D'ailleurs sur les côtés du rail, il n'y a pas de plateforme d'évacuation d'urgences ce qui signifie qu'il est impossible que les wagons s'arrêtent au milieu de parcours ( même si le risque 0 n'existe pas.).

La capacité varie de 1250 à 1300 personnes pas heure, encore une fois, cela peut-être très variable en fonction du temps de réaction des gens pour embarquer et débarquer !

Il y a en tout 5 trains sur l'attraction. En remarquant bien la zone précédant la zone de loading (embarquement et débarquement des passagers), on peut voir un panneau coulissant qui permet de rentrer/sortir les trains du hangar.

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