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Faisons respecter nos convictions
Un nouveau pas a été franchi par le Président
de la République dans l’escalade du dénigrement. En affirmant qu’on
ne pouvait pas « être européen et voter non », il a ajouté l’insulte
au mépris. Beaucoup de Français ne peuvent accepter d’être ainsi mis
au banc par Jacques Chirac et d’entendre à nouveau ses mensonges.
- Il n’est pas vrai que la Constitution
permettrait l’harmonisation sociale par le haut : l’article
III-210-2a interdit au contraire explicitement une telle évolution.
C’est au « fonctionnement du marché intérieur », donc à la
concurrence et au dumping social, qu’elle s’en remet. Cela ne peut
que tirer vers le bas les normes sociales.
- Il n’est pas vrai que la Constitution
permettrait de lutter contre les délocalisations au sein de
l’Union : l’article III-171 exige l’unanimité des 25 Etats pour
légiférer en matière fiscale. Les stratégies de dumping fiscal sont
donc de fait encouragées, et l’harmonie fiscale écartée par
l’article III-172.
- Il n’est pas vrai que la Constitution
permettrait de favoriser le plein-emploi : l’article I-30
assigne à la Banque centrale européenne la stabilité des prix comme
seul objectif principal et permanent, sans que la croissance et
l’emploi ne soient pris en compte. Il constitutionnalise ainsi une
vision libérale de la politique économique qui interdit également le
recours à l’emprunt pour stimuler l’activité.
- Il n’est pas vrai que la Constitution
permettrait l’expression d’une Europe indépendante sur le plan
militaire : l’article I-41-7 dispose que l’OTAN, dominée par les
Etats-Unis, reste « le fondement de sa défense collective et
l'instance de sa mise en œuvre ».
- Il n’est pas vrai qu’une Europe différente
serait impossible à construire. Une Europe qui ne se limite pas
à une vaste zone de libre-échange. Une Europe qui mette le progrès
social et le développement durable au cœur de son action. Une Europe
qui crée les conditions du plein-emploi et d’un développement
harmonieux, au lieu de mettre Etats et salariés en situation de
concurrence. Une Europe véritablement démocratique, qui ne se
construise pas sans les citoyens, mais qui tienne compte de leurs
préoccupations.
- Il n’est pas vrai qu’une renégociation de
la Constitution est impossible. Chacun sait que plusieurs pays
sont, comme la France, susceptibles de voter NON. La renégociation
s’imposera en tout état de cause, car les chefs d’Etat et de
gouvernement ont l’obligation de respecter le libre choix de leurs
électeurs et d’envisager sérieusement et de façon constructive
l’hypothèse de la renégociation.
Si le NON l’emporte, la renégociation
s’imposera. Les multiples concessions consenties actuellement par
Bruxelles devant la progression du NON prouvent que la voix de la
France peut porter.
Contrairement à Jacques Chirac, nous sommes
pro-européens depuis toujours et nous avons été constants dans nos
convictions et dans notre action politique. Ce sont elles qui
fondent nos exigences et légitiment notre refus d’un projet qui
conduit l’Europe à la résignation et à l’impuissance.
Pour mener le combat, la gauche aura besoin dès
demain d’être rassemblée. C’est pourquoi chacun doit savoir garder
son sang froid et pouvoir exprimer ses convictions avec
détermination mais sereinement, hors de toute mise en cause.
Signataires : Jean Pierre BALLIGAND,
député de l’Aisne, Jacques BASCOU, député de l’Aude, Martine
BILLARD, députée de Paris, Alima BOUMEDIENE THIERY, sénatrice de
Paris, Claude GEWERC, président du Conseil régional de Picardie,
Paul GIACOBBI, député, président du Conseil général de Haute Corse,
Joël GIRAUD, député des Hautes Alpes, François HUWART, député d’Eure
et Loir, Bariza KHIARI, sénatrice de Paris, André LAIGNEL, député
européen, Jérôme LAMBERT, député de Charente, Jean LAUNAY, député du
Lot, Marie-Noëlle LIENEMANN, députée européenne, Didier MATHUS,
député de Saône et Loire, Jean-Pierre MASSERET, sénateur, président
du Conseil régional de Lorraine, Kleber MESQUIDA, député de
l’Hérault, Jean MICHEL, député du Puy de Dôme, Didier MIGAUD, député
de l’Isère, Arnaud MONTEBOURG, député de Saône et Loire, Jean Claude PEREZ, député de l’Aude,
Geneviève PERRIN GAILLARD, députée des Deux
Sèvres, Paul QUILES, député du Tarn, Chantal ROBIN RODRIGO, députée
des Hautes Pyrénées, Yves ROME, président du Conseil général de
l’Oise, Laurence ROSSIGNOL, Vice-présidente de la région Picardie,
Claude SAUNIER, sénateur des Côtes d’Armor, Christiane TAUBIRA,
députée de la Guyane, Michel VERGNIER, député de la Creuse,
Alain VIDALIES, député des Landes, Emile ZUCCARELLI, député de Haute
Corse.
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