Alfred Erbs
Le masque, le déguisement et la fête.Point de vue psychanalytique sur l'Image de SOI et comment le masque s’intègre dans les processus qui construisent l’identité par des jeux de miroirs du cerveau… A l’âge adulte, lorsqu’une femme regarde son visage dans un miroir, elle y voit l’image virtuelle de son visage.Cette image est extérieure à son visage (dans le Soi) et pour être satisfaite de son image, elle a besoin de l'intégrer à son visage réel (dans le Moi).
C'est pourquoi elle a besoin de se
refaire son masque en se maquillant.
Ainsi, elle est elle-même.
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Récemment une exposition sur l’or des Incas montrait comment dans les religions astrologiques des Incas du Pérou, l’or (en temps que narcissisme primaire) représente d’abord Dieu, le dieu Soleil. Puis l’or devient une auréole puis une couronne (celle du roi soleil). Puis l’or devient un masque des yeux (comme un loup), l’oreille (boucle en or), le nez, puis un masque en or du visage complet. L’or n’a pas encore la moindre signification de monnaie, seulement celle d’un narcissisme tout puissant, celle d’une image virtuelle. Ce sera seulement quand l’or recouvrira le ventre que la notion monétaire (d’analité) apparaîtra.
Le Bonhomme Soleil |
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3 La peur du
visage de l’étranger vers 6 mois et demi. Le
Surmoi.
Alors que jusque-là, l’enfant répondait à tous les
sourires d’un peu tout le monde, entre 6 et 8 mois
tout enfant a peur des visages inconnus. Il a peur de tout étranger à son
entourage habituel parce que maintenant il fait la différence entre les
personnes qu'il aime et les autres.
Les expériences de terreur et d'angoisse sont
causées par le sentiment d'étrangeté, c'est-à-dire
par le retrait des frontières du Moi. Cette peur
pour son unicité et pour son intégrité (= l'intégrisme) lorsqu'il voit un
étranger, montre que l’enfant a peur de tout ce
qui n’est pas lui et que l'autre n'est pas encore
intégré ou investi comme un objet
extérieur. Il a peur que l'autre empiète sur
son Moi et sur son territoire. Pour faire la
différence entre lui et les autres, il doit
d'abord acquérir les limites de son Moi qui se
confondent avec sa peau en tant qu'image globale…
Scream
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Venise a par exemple des masques blancs qui à une certaine époque étaient destinés à semer la terreur. Ce sont des masques de fantômes, de doubles. Le fantôme est un mort-vivant, un revenant plus précisément une personne dont on n’a pas fait le deuil. Selon les coutumes, cette personne pourrait revenir pour se venger ou même se réincarner.
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Ce
masque |
L’oiseau de
malheur (protège les médecins contre
le mauvais sort des maladies)
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En Afrique aussi certains masques sont des
morts-vivants : les ancêtres viennent visiter
les vivants et leur imposer leur loi. Ce sont eux
qui disent ce qui est bien et qui est mal et qui
disent à la société ce qu’il faut faire pour être
conforme et pour pouvoir un jour les rejoindre au
pays des morts (=au paradis).Il me semble que la
peur des ancêtres est plus primitive que le Soi et
elle est là dès la naissance Dans le Ça.
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Une variété de masques de
morts-vivants sont constitués par
les masques de Halloween. Ils représentent des
fœtus morts-nés (et autres ivg) dont
la grossesse est symbolisée par la
citrouille. Ces masques (d’origine
Irlandaise) sont particulièrement
négatifs et c’est sans doute pour
cette raison que les fêtes
d’Halloween n’ont pas eu de succès
en France. |
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Les masques |
Un peu plus tard, l’enfant apprend à se moquer de sa peur. Les psys appellent cela le « déni maniaque ». Il apprend en quelques sortes le sens de l’humour… Le clown résultera plus tard de ces processus : au lieu de pleurer le clown se moque de la situation et il rit. Le guignol au lieu d’avoir peur du gendarme se moque, lui aussi de la situation et il tape sur les gendarmes symbole de l’interdit. Il s’agit d’un mécanisme qui court-circuite une situation déplaisante et la remplace par une décharge de rire.
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Le Loup permet de se cacher pour contourner l’interdit.
Il permet aussi de voir sans être vu!
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Venise, par exemple, a des masques appelés Loup
pour se mettre à l’abri du de cette peur du Surmoi
de ceux qui interdisent et qui sont
continuellement là à surveiller pour le compte des
groupes politiques de la ville. D’une manière plus
générale les loups avec des couleurs ou des
verreries servent de déni maniaque à outrepasser
les interdits en tous genres et surtout sexuels.
Carnaval est une fête où l’on se moque des
interdits (du Père), on se moque du phallus
puissant du Père. Un exemple nous est donné par
Bim-Bam Premier de Nice. Le carnaval permet juste
avant le carême de se moquer de toutes sortes
d’interdits alimentaires (on mange les pets de
nones) ou sexuels. Ce jour là toutes les orgies
sont permises y compris celles du sexe… Il sert
aussi à se moquer de la mort (du Christ) dont le
carême est une préparation.
Les masques de fées, de sorciers ou de
magiciens opèrent la même magie bonne ou
mauvaise en donnant une puissance magique à
l’enfant pour transformer magiquement les choses
et les situations…
La
sorcière de Blanche Neige dans le miroir.
La manière d’intégrer une image globale ressemble au processus du sourire qui intègre le visage à cela prêt qu’il s’agit du corps tout entier.
Lorsque l’enfant sait représenter dans son cerveau l’image du corps
entier, il sait voir dans son miroir l’image
globale de son corps. Cette image est
d’abord virtuelle et elle ressemble alors à un
déguisement. Mais au début cette image est
encore extérieure à l’enfant, loin de son corps et
elle mettra de nombreuses années pour être
intégrée au corps à l’âge adulte.
L’image (le
narcissisme se joint au corps en plusieurs
étapes : le cerveau, le visage, le ventre,
le sexe (= les pulsions primaires, l’oralité,
l’analité et la sexualité), Les images peuvent
aussi faire leur chemin toute seule
indépendamment des pulsions.
Le double,
l’âme sont aussi des figurations de cette image
virtuelle encore hors du corps.
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Vers trois ans
A partir de trois ans, c’est le vrai âge des déguisements. Ils aideront l’enfant à intégrer son image de lui-même. La petite fille par exemple se déguisera en princesse pour avoir une belle image d’elle-même et beaucoup de narcissisme. Le petit garçon se déguisera en superman pour pouvoir grandir et devenir un jour un homme puissant.
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L’enfant aime se déguiser en
son Idéal en l’image
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Le Père Noël est un Père idéalisé. Son contraire est un Père fouettard surmoi.
Chez l’enfant le père
Noël fait partie des illusions
utiles jusqu’à l’âge de six ans et dix
ans. Il est une illusion illusoire
lorsqu’il est détaché de la réalité
après ces âges-là. Le Père Noel est
aussi un superman, un super père... |
L’épouvantail
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Alien |
Les dinosaures. Les monstres. Les dragons. Les épouvantails |
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Il ya :Vandulf le bon magicien
et son inverse,
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Dessin d’un enfant de six ans : Le feu de Bengale entre les jambes montre que la scène parentale intègre la notion de fête avant six ans comme synthèse entre l’image et les pulsions. On voit aussi l’importance du déni maniaque dans ce dessin pour la fête. Cet enfant se moque de ses parents qui font l’amour et refoule leur acte. |
Jusqu’à six
ans l’enfant apprend à fantasmer
la Scène parentale des parents qui font
l’amour. C’est la forme que prend son
Œdipe entre 0 et 6 ans. Il veut
savoir d’où il vient et qu’il est issu de
l’amour de ses parents. Il apprend ainsi à
faire les premières synthèses entre
ses pulsions sexuelles (encore limitées à cet
âge) et son narcissisme. Ce sont
ces différentes synthèses sexuelles qui
ajoutent à ses images, la magie,
l’enchantement, le plaisir et les érotisations
nécessaires. Ces synthèses
élémentaires de la sexualité pourraient être
illustrées par l’exemple de
simples notes de musique qui au lieu d’être
des notes mécaniques deviennent une
belle musique. La sublimation que l’enfant
sait faire à ses six ans résulte de
cette synthèse psychosexuelle.
Quelques exemples de Perversions des adultes issues de la scène parentale qui servent fréquemment de déguisements.
Les
acteurs utilisent positivement la
scène parentale. Ils s’identifient
aux parents qui font l’amour pour jouer une scène sublimée.
La porno provient du voyeurisme
de la scène parentale (ex les grosses lunettes de
déguisement).
Dans les Perversions sado-maso
les chaines et les menottes sont les symboles du cordon ombilical lien à
la mère.
Le
fétichisme utilise les culottes jarretelles ou
les cheveux comme celles de la mère en tant
qu’image partielle de la scène parentale.
La prostitution permet de
ne pas faire la cour aux femmes et
court-circuite leur narcissisme pour obtenir une
satisfaction pulsionnelle immédiate comme le
fœtus.
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Ces déguisements traduisent des fantasmes de puberté : les pulsions sont encore brutes, mais la sexualité est encore neutralisée comme chez les nones et leur versant sexy de ce catalogue publicitaire de déguisement.
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7 La
puberté.
Un déguisement qui correspond par exemple à la fin de puberté autour de 14-15 ans
est celui de la bonne sœur et de la put…toujours
par couple d’opposés. Le noir et le rouge. Le noir
est une absence de narcissisme : à la
puberté, il n’y a pas encore de sexe ni de
plaisir, le rouge symbolise les pulsions brutes
qui envahissent les jeunes gens à la puberté.
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Ce beau dessin d’ange-démon est aussi un fantasme d’adolescent. L’ange y est l’enfance et le démon les pulsions de la puberté.
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À l’adolescence, il va falloir intégrer l’image masculine et féminine pour pouvoir devenir un vrai homme ou une vraie femme. Il faudra encore intégrer l’image du Père et de la mère pour pouvoir devenir parent… Il faut encore que l’Idéal et le Surmoi disparaissent et que l’adolescent soit à lui-même son idéal et son surmoi, qu’il n’ait pas peur de faire sa vie selon son propre projet sans peur du monde extérieur, de sa famille ou de la société environnante. Tous les masques et déguisements tombent et la réalité prend le dessus… L’adolescent se créé aussi sont image de groupe notamment par la mode.
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Les initiations (bizut)
sont des processus d’identification au groupe
social.
La société imprime la loi (=
le Surmoi)des ancêtres morts dans la peau
(identité) des jeunes)
pour les forcer à être conformes.
A l’adolescence le passage initiatique permet
d’intégrer l’identité individuelle et
groupale.
La mode est une
image sociale.
Elle prend des formes qui correspondent à un
moment donné à une image que se donne la société.
Elle peut, dans certains cas pathologiques, être
une vraie tyrannie. Elle peut être noire négative,
maniaque, etc., mais il est normal que les
adolescents entre 11 et 14 ans aiment la mode. Ils
veulent tous les même jeans, ils
boivent tous le même coca-cola
parce c’est l’âge où ils communient aux ados du
monde entier où ils s’identifient aux jeunes du
monde entier. Lorsque le Moi est assez fort la
mode disparait.
L’uniforme est une image du Surmoi
du groupe social. Le gendarme interdit au nom de
la société.
Le festival de Cannes est une fête de
l’image et un marché où l’on achète du
narcissisme.
A l’age
adulte.
L'âge adulte achève le narcissisme et l'Oedipe
en les étendant à tout le corps.
Notons ici que le masque et le
déguisement de l’enfant ne sont pas les mêmes
que ceux des adultes. Les femmes qui se
maquillent utilisent un processus de narcissisme
d’adultes alors que le masque de princesse de la
petite fille est un processus d’idéalisation de
l’enfant.
Les masques
et les déguisements ont pour but de donner à
l’enfant une certaine identité qu’il n’a pas
encore ou qu’il n’a pas eue ou qu’il aura un
jour. Ils font partie d’une synthèse et d’une
évolution plus globale que l’on appelle
l’identification. Cette identification permet de
donner au Moi une bonne et belle image de Soi.
La vraie
identité est celle du corps, du Moi
corporel physique telle qu’elle est
inscrite dans le corps (par l’Adn) et résumée
dans le cerveau. Mais il y a aussi au plus
profond du Ça un noyau de
l’identité psychique. Elle traduit, tel un
tampon, l’image inscrite dans le Moi
corporel (= le Ça)
Dès le départ
une part de l’identité physique et psychique est
héritée
des parents, ( le fœtus est même en
fusion avec le corps de sa mère), des
ancêtres (d’où seront issus les
morts-vivants et les monstres) et de la
société. Ce sont toutes ces dimensions qui sont
inscrites dans le Ça.
Le
Surmoi et l’Idéal des ancêtres,
de la société et des parents sont là dès le
début. On appelle Surmoi, le jeu des
instincts et des peurs extérieures
(les forces du mal des films) mais aussi les
structures et les organisations (comme la loi
par exemple). On appelle Idéal aussi bien les
mauvaises illusions que les bons modèles
extérieurs (les forces du bien) à intégrer. Les
ancêtres ont souvent pour fonction de dicter ce
qui est bien et ce qui est mal. La société veut
en faire autant. Les parents servent de modèles
à leurs enfants. Ils leurs donnent les bonnes
limites et structures du Surmoi et les bons
idéaux.
L’identité
corporelle garde une certaine permanence. Le noyau
de l’identité psychique est stable
lui aussi. Le nom et le prénom sont des formes
d’identité qui ne changent pas beaucoup à
travers les âges de la vie. Le prénom donne
l’identité individuelle (de Soi et de Moi). Le
nom de famille comporte l’identité des lignées
des ancêtres inscrite dans le Ça.
* Mais une
partie de l’identité change avec les âges de la
vie. L’identité n’est pas une photo d’identité
plate et unique. Il s'agit d’images vivantes et
changeantes qui s'adaptent aux situations, à
l'âge, etc.. L’identité n’est pas dotée
d’éternité comme le rêvaient déjà les Égyptiens
ni d’une éternelle jeunesse comme le
souhaiteraient la plupart des personnes âgées.
*L’identité
est aussi faite de plusieurs
couches qui se superposent à ce
noyau stable. L’identité est composée d’un
certain nombre de couches comme, par exemple,
ces poupées russes qui représentent souvent cinq
générations matrilinéaires. Parfois, les
noms de la fille, de la mère, de la grand-mère,
de l’arrière-grand-mère et de
l’arrière-arrière-grand-mère sont écrits sous
les socles (en général cinq générations
matrilinéaires).
En premier c’est la
cénesthésie qui organise le noyau corporel.
C’est la
cénesthésie, faite de tendresse, de
caresses, de chaleur et d’un peu d’érotisation
qui sert de
bon fond à l’identification. Cette
érotisation produit, (telles des bulles ou le
picotement des yeux du marchand de sable qui
endort les enfants), les premières images
visuelles hallucinatoires internes. Elle
correspond à l’attachement. Sans cénesthésie,
l’identité est creuse et manque de base solide.
La peau, la matière des doudous ou la matière
des vêtements, correspondent à cette
cénesthésie. Ainsi, se crée l’attachement par un
échange de tendresse et de caresses.
Les pulsions de vie et
de mort font une synthèse avec la cénesthésie et
deviennent les bons et les mauvais sentiments.
C’est la
cénesthésie qui fait le lien entre les affects,
les sentiments et l’image visuelle de
l’identité. Et c’est ainsi que la cénesthésie
transforme les pulsions brutes en Ça.
*1° Avec
l’apparition des images visuelles dans le
cerveau, l’image du bébé fonctionne d’abord sur
le mode hallucinatoire.
L’Image est créée à l’intérieur, dans le cerveau
du bébé, selon des schémas internes issus du
cerveau. Mais il y a encore, là dedans, beaucoup
de désordre au gré des tensions et des grimaces
du bébé.
*2° Puis le
bébé projette ses images internes dans le
monde externe du cosmos (l’astrologie des
devins). Il projette aussi ses sentiments (bons
ou mauvais) et ses peurs dans le monde extérieur
de son environnement (l’animisme des chamans).
Il se crée dans les astres un rudiment
d’idéalisation et il apprend un rudiment de
maîtrise du surmoi et des peurs du monde
extérieur (la peur du loup dans la forêt).
L’enfant sait maintenant gérer l’hallucinatoire
(comme le font les devins) et agir sur
l’environnement (comme le font les chamans).
L’animal a sans doute une identité de ce genre
puisqu’il marque son territoire, son monde
extérieur.
*3 Puis
l’image devient virtuelle,
elle se
réfléchit dans le cerveau comme dans un
miroir. Ainsi commence à se créer
l’identité. Certains psys appellent cette
identité virtuelle, le “Soi“ ou
le “Moi
encore virtuel“. L’enfant peut maintenant
apprendre à rêver et à fantasmer. Beaucoup plus
tard, grâce à ces mêmes jeux de miroir, son Moi pourra
réfléchir avec son intelligence ce qui se passe
dans son cerveau.
*4° Petit
à
petit la
projection des sentiments cénesthésiques
perfectionne ses allers-retours
entre
le corps et l’extérieur. Quand la
cénesthésie de l’enfant a une bonne réponse de
ses parents, sur ce bon fonds s’ajoutent les
images visuelles, acoustiques et motrices du
visage de ses proches. Cela se réalise par la
projection et l’introjection des
images, par des allers-retours
entre
le cerveau et l’extérieur. Le miroir
interne de l’enfant se superpose, alors, au
visage des
parents. Les parents deviennent le
modèle, l’Idéal et cet idéal est intégré dans le
cerveau de l’enfant. (Plus tard l’imitation sera
une évolution de ce système). Les jeux de
miroirs entre les parents et le bébé produisent
le sourire de l’enfant et créent la première
communication. On voit là comment l’enfant se
crée son identité et comment il a besoin que son
identité soit confirmée et reconnue dans le
miroir de ses parents.
Au bout d’un
certain temps, ces allers-retours entre proches
et enfants permettent à l’enfant d’avoir une
image-identité globale d’abord de lui-même puis
de tout l’environnement et, à la fin, le corps
de la mère deviendra le paysage du monde entier…
*5° Petit
à petit (vers 6 ans ?) l’enfant commence
aussi à réaliser des jeux de miroir
avec la société. L’enfant quitte sa
maison pour aller à l’école. L’instinct de
survie revient à la charge pendant la latence et
à la puberté pour faire advenir une identité
sociale
*6° A la
puberté, le corps
force l’identité
corporelle à changer et il s’y
intègre une sexualité nouvelle. La vie
pulsionnelle est forcée de changer.
*7° A
l’adolescence,
le miroir du corps change puisque le corps
change et ainsi le miroir a besoin d’une
nouvelle identité psychique. L’adolescent doit
maintenant trouver sa propre identité. Un peu
plus tard dans l’adolescence,
l’identité se différencie tout
doucement de
celle des parents. L’image se sépare
de celle des parents mais les parents sont
intégrés. L’adolescent
intègre aussi en lui-même les
identifications à
différents groupes et l’identité sociale (sport,
travail surtout, etc.). . L’identité sociale et
l’identité individuelle feront une synthèse à
l’adolescence par le passage initiatique. Et
tout cela se passera encore par les jeux
d’aller-retour dans le miroir du cerveau. West
Side Story est un bon exemple de l’identité
sociale que veulent acquérir les adolescents.
*8° A l’âge
adulte l’identité fait sa synthèse
individuelle grâce à la sexualité et il peut
se crée une identité de couple.
L’adulte intègre
toutes ces identités dans le
Moi. Quand je suis Moi-même, l’image
devient vraie, réelle. (je suis Moi dans ma
tête, Moi dans mon travail, Moi dans le couple,
etc..). .). L’Idéal
et le Surmoi extérieurs sont
considérablement affaiblis parce que l’adulte
est à lui-même son propre Idéal et sa propre
Loi. Il connaît ses limites et ses illusions.
*9° L’image
du corps est à nouveau modifiée autour de la
cinquantaine par la ménopause-andropause puis à
la vieillesse par la régression du corps.
Dans le
développement, l’adulte sait trouver du
plaisir à manger (oralité) à travailler
(analité) et à faire l’amour (sexualité).
Le plaisir est une synthèse individuelle
dont l’orgasme réalise la synthèse de la
sexualité. Il aime faire la synthèse entre le
narcissisme et ces différents modes de
pulsions. Faire ces synthèses donne le plaisir
qui est une la fête individuelle. L'orgasme
aime réaliser une synthèse entre le bon
narcissisme et l'Oedipe.
Mais la fête est davantage une
synthèse sur un mode sociale. Il y a les fêtes
de la nature... Il y a les fêtes sociales qui
ont pour origine le narcissisme astrologique.
Les célébrations des cycles lunaires puis des
cycles solaires (le dieu soleil des Incas ou
des Égyptiens )(Noël, Pâques, les feux de la
st Jean sont des fêtes solaires). Il y a les
fêtes des identités de groupes ou
nationales…etc...
Il
y a aussi les fêtes qui sont des synthèses entre
l’identité individuelle et l’identité
sociale : les communions solennelles, les
rites initiatiques ou les rites de funérailles
ou autres encore.…
L’identité
est aussi liée à l’objet.
L’identification se construit par l’objet soit
par fusion
narcissique avec l’objet, soit par
projection sur l’objet externe puis par son
introjection. L’identité est
intégrée différemment selon que le modèle est
idéalisé ou selon le Surmoi que représente
l’objet de l’enfant. A la fin, l’identité veut
devenir l’identité du Moi. Celle d’un couple se
fait selon des jeux de fusion et selon des jeux
d’objets plus ou moins virtuels ou réels. La
Petite Sirène nous montre comment le bas de son
corps de virtuel (= miroir narcissique) devient
réel et sexué. Pour cela elle a besoin d’un
Prince Charmant. L’homme a besoin d’une
initiatrice. L’identité sexuelle a besoin d’être
confirmée par un objet d’amour initiateur…
C’est cet
ensemble de tous ces processus que l’on appelle
l’identification. De manière simplifiée, on peut
dire qu’il s’agit d’un jeu
du virtuel (c’est-à-dire du narcissisme) et du
corps et inversement.
L’identification
est une synthèse entre le narcissisme et les
différentes sortes de pulsions. L’identité est
faite par l’introjection de l’image dans le corps.
Le narcissisme du miroir fait sa synthèse avec les
pulsions dans le corps. Le résultat, c’est que
l’on a une belle et bonne image de soi et que l’on
devient soi-même pour être bien dans sa peau.
L’image quitte le virtuel extérieur et devient
réelle à l’intérieur. Je sais qui je suis et je
suis Moi!
Cette intégration des images dans le corps
varie avec les changements du corps et de l’âge.
Au
fil du temps et au fur et à mesure que l’identification
réalise
l’unité image-corps, la notion de masque et
de déguisement disparait (normalement dès la fin
de l’adolescence).
Lorsqu’une
femme se regarde tout entière dans un miroir, elle
y voit son image virtuelle globale. Grâce au
miroir, elle met
cette image virtuelle dans le corps.
Notons
ici que la femme se
préoccupe de son image. Elle
aime recevoir son narcissisme de son miroir qui
lui reflète son image ou celle que lui reflète
l’entourage.
Elle reçoit son narcissisme de l’extérieur
vers l’intérieur, elle est réceptive.
Elle a besoin d’être reconnue dans son image. Son
identité est davantage construite à partir de son
image (de son narcissisme).
L’homme au
contraire se préoccupe plus de sa valeur. Il a
besoin d’être reconnu pour sa valeur, il a besoin que sa
puissance soit reconnue. Son identité
se joue plus dans sa puissance. Il cherche sa
puissance à l’intérieur de lui et il la sort
vers l’extérieur pour les femmes. Le corps
lui donne son image.
Lorsqu’un homme et une femme font
l’amour, ils échangent leur narcissisme et leur
puissance. Et c’est aussi de même manière que le
Prince Charmant réveille la Belle au Bois dormant
dans cette belle mythologie de l’adolescence.
Le
narcissisme peut venir de l’intérieur ou de
l’extérieur. Le masque et le
déguisement partent de l’image virtuelle pour
s’intégrer dans le corps. Ils peuvent représenter
une image interne fantasmée (comme Bim Bam
premier) ou une image externe (comme le masque
ridiculisé d’un président). Le Roi Soleil se revêt
du dieu Soleil ! Le masque et le déguisement
partent de l’image virtuelle pour s’intégrer dans
le corps. Ils peuvent représenter une image
interne fantasmée (comme Bim Bam premier) ou une
image externe (comme le masque ridiculisé d’un
président)
Le
tatouage donne une image au corps ou inversement
le corps produit son image. Le tatouage sert
d'identité dans bon nombres d’ethnies.
L’image
virtuelle aussi bien que le corps peuvent
éventuellement évoluer séparément.
Dans
ces synthèses, on voit que l’image
virtuelle (et le narcissisme) peut
faire son chemin indépendamment d’abord sous la
bonne forme de l’idéalisation puis, en dépassant
les limites, jusqu’à devenir une illusion ou un
mysticisme. De même les pulsions du corps
peuvent suivre leur chemin à elles (comme dans la
psychosomatique par exemple) .
Ce
poster de Virginie Viard nous permet de
comprendre les étapes qui ont été nécessaires au
créateur pour créer ce vêtement.
1°
Il a fallu que Karl Lagerfeld imagine l’image
(la hallucine) dans sa tête, dans ses fantasmes.
On appelle cela « une image virtuelle
d’origine hallucinatoire interne » parce
qu’elle a été créée et produite dans
l’imagination de KL.
On
reconnaît sur le manteau les fantasmes qui ont
servi à sa création :
Des
ex-voto de morts-vivants
genre Scream. (Le premier album du groupe
Siouxsie and the Banshees s’appelle Sream)
Il serait intéressant de savoir qui
étaient ces visages. Les groupes Métal et les
Gothiques portent de telles médailles ou objets
métalliques.
Des
épingles de castration
féminine.
Une
chaîne de cordon
ombilical comme d’un fœtus mort ( en
lien avec la naissance).
Et
des phallus sadiques en
métal et déplacés sur l’épaule (ces
pointes ressemblent à celles des casques de
l’Empire allemand). [Il faudrait voir si son
père ou grand-père avaient fait la guerre.] En
Allemagne K.L. est surnommé l’Empereur.
L’ensemble
de ces décorations reproduit une scène sexuelle
imaginaire (appelée « scène primitive des
parents qui font l’amour » par Freud). Il
s’agit de l’Œdipe entre 0 et 6 ans. C’est cette
scène primitive qui permet la synthèse de ces
fantasmes. Réaliser ces synthèses forme le génie
de KL.
2°Dans
un deuxième temps, ces fantasmes sont projetés
sur le corps d’une femme et il devient alors, une image virtuelle du
corps, un vêtement = l’équivalent
d’un déguisement.
3°Dans
un troisième temps, cette image virtuelle
devient la mode à partir du
moment où il est socialisé par un défilement de
mannequin. La mode est une image sociale
virtuelle qui sert de modèle au narcissisme du
groupe.
4°
A la fin, la mode deviendra un prêt à porter
c’est-à-dire une vraie image du
corps, un simple vêtement. Le
fantasme a alors disparu de ce vêtement. L’image
n’est plus virtuelle mais réelle. Chanel l’a
vendu en l’adaptant aux clients et sans les
objets en métal (sous le nom de « la Petite
Veste Noire »).
On trouve au
moins quatre jeux d’identification dans le
vêtement créé par K.L..La peau du corps se revêt
d’une image et d’un beau narcissisme.
1 L’identité
Chanel aux
lignes pures et sobres telle que la concevait
Coco Chanel.
2° L’identité K.L. avec les
clous et autres ferrailles .
3° Ces deux identités
deviennent la mode,
c’est-à-dire l’identité
sociale de toutes les personnes qui se
retrouvent dans la simplicité de Chanel ou dans
le gothique de K.L.. La mode est une communion
d’identité universelle ou d’un groupe
social : elle crée une identité sociale.
Les mannequins représentent de pures images pour
être universelles… Les enfants en s’identifiant
à Superman pourront un jour intégrer leurs
propres images paternelles.
4° À la fin,
le vêtement doit s'adapter à l'identité du Moi du
client qui l'achète. Les uns
l’achèteront sous sa forme gothique.
(Actuellement, il y a des clous sur les
chaussures, sur les sacs, etc. dans toutes les
vitrines). Les autres l’achètent sous la forme
Chanel que K. L. vend aussi sous sa marque.
Le génie de
K. L., c’est de pouvoir créer toutes ces
identités et d’en faire de beaux vêtements.
C’est de la
même manière que la personne humaine fait
évoluer son image.
*Notons ici,
qu’il y a déguisement tant que l’on est dans
l’ordre du fantasme : les clous de KL sont
des fantasmes qui se superposent à l’image vraie
(au vrai vêtement).Un autre exemple nous est
donné par Galliano de l’entreprise C.Dior dont
les vêtements dans les défilés sont plus de
l’ordre du fantasme, de l’art et de l’ordre des
déguisements très haut de gamme.
PS. *Cela nous montre
aussi que chaque marque de vêtements, chaque
chaîne, chaque magasin a besoin d'une
identité et d'une image qui lui est propre,
mais qui répond aussi à une certaine
identité de ses clients.
Pour pouvoir être un modèle, les stars (Arielle
Dombasle ou Mylène Farmer par ex.) et les
mannequins doivent, dans leurs rôles, se faire
une image et
un narcissisme les
plus virtuels (transparents) possibles où le
corps disparaît au maximum.
Dans
le cinéma le processus psy est l’inverse de la
démarche de K.L. Alors que ce dernier part de
ses fantasmes pour aller vers une image
vraie, l’acteur quitte son identité propre
pour s’identifier à une image virtuelle, à un
fantasme, à une image hallucinée ou imaginée par
le scénariste. Son corps se revêt d’une image
qui n’est pas la sienne. Le masque et le
déguisement au cinéma demandent une projection
de l’acteur dans son personnage : il se
confond avec une image de cinéma qui n’est pas
la sienne.
J’ai entendu, à la télé, Jeanne
Moreau expliquer que lorsqu’elle joue un
rôle, c’est son image virtuelle, son miroir qui
change. Elle devient le personnage, le rôle
qu’elle joue…et qu’il est quelquefois difficile
de ne pas se perdre soi-même…
*Les mannequins
nous donnent un autre exemple de personnes qui
veulent avoir une pure image virtuelle comme
celle d’un miroir. Elles veulent avoir un
narcissisme pur et tout-puissant pour que tout
le monde puisse s’identifier à elles et pour
qu’elles puissent être un modèle d’image pure
pour tout le monde.
*Le double, l’âme sont aussi des
figurations de cette image virtuelle hors du
corps.
Alors que le cinéma est une projection
virtuelle visuelle (= issu du
voyeurisme-exhibitionnisme), le théâtre est
moteur, une mise en acte.
Au
théâtre l’acteur se confond avec une
mise en acte dans un rôle.
Il y a beaucoup de
pathologies de l’image du corps et du
narcissisme.
Notons
ici que l’identité peut être faussée, voire
pervertie quand elle résulte d’un faux self,
ou de processus faussés au départ. Les
parents, par exemple peuvent faire prévaloir
leur Idéal sur celui de leur enfant : un jour
il sera grand comme notre Idéal!!! Le prince
Harry n'avait pas voulu être prince au grand
désespoir de la Reine sa mère.
Mais
lorsque l’enfant s’identifie à un faux
Idéal (voire à une
illusion), à un faux Surmoi ou à un faux Moi
(qui ne lui permet pas d’être
lui-même) il acquiert un faux soi. C’est le
cas de tricheurs, voleurs ou
autres menteurs. Chez le petit enfant le
masque et le déguisement marquent la
phase où il intègre le Soi. Si l’adolescent ne
réalise pas entièrement son
identification, le masque et le déguisement
des adultes peuvent devenir des
faux et montrent que le Soi et le Moi n’ont
pas été intégrés.
La
plupart des perversions
résultent d’une perversion du Soi soit
pour l’Idéal soit pour le Surmoi. Les
fétichismes par exemple.
Il y a très souvent
conflit entre l'image et les pulsions,
c'est à dire entre le narcissisme et
l'Oedipe.
Au niveau
individuel. Un exemple de
pathologie du narcissisme.
L’anorexie est un
exemple de
pathologique du narcissisme.
L’anorexie
consiste à garder le narcissisme (c’est-à-dire
l’image), le miroir du corps absolument
pur et extérieur à soi. Ni la
vie, ni le narcissisme ne peuvent plus
pénétrer d’aucune manière dans le corps de
peur de se mélanger à l’aliment ou à
une autre partie du corps qui pourrait ainsi
ternir le narcissisme. C’est une
forme de suicide par une tyrannie totale du
narcissisme. L’impératrice Sissi a
souffert d’anorexie. Elle voulait à tout prix
ressembler à une pure image et
elle maltraitait son corps par une tyrannie de
l’alimentation et par du sport
qui dépassait les limites… Plus tard dans sa
vie, après la perte d’un bébé puis
le suicide de son fils, son anorexie s’est
transformée en « mélancholie »
c’est-à-dire en pensées de suicide avec un
fort désir de se débarrasser de son
corps. Elle disait qu’elle était une
morte-vivante.
Chez une jeune fille,
l’anorexie est apparue dans l’ordre
suivant : elle n’a plus voulu
manger de pain (la communion, partager le
pain) puis plus de fromage (le lait
et la puanteur) puis plus de chocolat (un
grand plaisir anal, narcissisme
+analité), puis plus de porc (il ne faut pas
salir le narcissisme, le porc
étant un symbole de saleté, de cochonneries)
ni de viande rouge (=, il ne faut
pas manger le cadavre, il ne faut pas mélanger
le narcissisme avec la
pourriture. Cela rejoint l’image du
mort-vivant). Cela veut dire que le
narcissisme ne doit pas se mélanger avec la
bouche (= l’oralité), avec
l’analité ni avec la sexualité. Le narcissisme
ne doit entrer en contact avec
les pulsions (comme pour les mystiques
d’ailleurs).
Au niveau social .
B.Grunberger
a montré l'importance de
ces conflits. Les systèmes narcissiques et les
systèmes œdipiens ne font pas
toujours bon ménage. Il cite le conflit Lacan,
Nacht à l'intérieur de la
Société de psychanalyse. Il cite les conflits
religieux entre christianisme et
judaïsme. Aujourd'hui il y aurait ajouté
l'islamisme. Il décrit mai 1968 comme une
révolte du narcissisme contre les
systèmes œdipiens paternels.
Tous ces conflits
peuvent
avoir lieux chaque fois qu'il faut faire une
synthèse entre image et pulsions
et aussi bien au niveau du Ça, du Soi ou du
Moi.
Comme nous l’avons vu
pour le masque et les déguisements, la synthèse
narcissisme-pulsions se construit à plusieurs
niveaux.
a) Le
narcissisme pur et les pulsions brutes
évoluent séparément.
L’enfant perfectionne
d’abord les pulsions et le narcissisme
séparément avant de les mettre ensemble.
Les pulsions brutes
sont prises en charge par la cénesthésie (la
tendresse et la chaleur de la mère). Il se crée
tout ce que représente le doudou. La cénesthésie
fait le lien entre narcissisme et pulsions au
niveau du Ça.
Le narcissisme, de son coté, fait briller les
images et les intègre dans le miroir (dans le
Moi). Il est d’abord virtuel et extérieur à
l’enfant (dans le Soi) comme si son cerveau
formait un miroir.
Par tous ces jeux de synthèse, le Ça et le Soi
deviennent Moi. "Wo Es war soll Ich
kommen!"disait Freud.
Voici
un autre exemple de narcissisme séparé des
pulsions :
Le ballon de fête.
Le ballon n’est pas simple à expliquer. Il y a
le ballon, la balle, la boule (la boule de
cristal, les boules du sapin de Noël), (perdre
sa boule) (les boules lourdes de pétanques), la
bulle (même le marché boursier peut faire une
bulle lorsqu’il est détaché de la réelle valeur
des choses !), les bulles (le champagne qui
se vend à cause de ses bulles) (les bulles de
savon des enfants) et il y a le cocon (qui
deviendra le doudou) … Dès le Moyen Âge, on
gonflait des vessies d’animaux et en les
chauffant on les envoyait en l’air. En Chine les
ballons sont en papier et forment parfois les
enseignes des maisons closes (où l'on s'envoie
en l'air). Parfois, le ballon symbolise un gros
ventre illusoire, une grossesse psychologique
(comme on dit).
Voici le cheminement symbolique du ballon de
fête. Les ballons sont gonflés à
l’hélium mot qui signifie ciel. Puis
ils sont envoyés en l’air.
Le ballon monte au ciel où il rejoint les
étoiles et autres lampions du pays de
l’astrologie. Il monte au 7° ciel avant de
s’éclater. Tous les enfants connaissent la
nécessité et le plaisir de faire éclater les
ballons (comme les bulles de savon). Parfois, en
éclatant, le ballon fait pleuvoir des milliers
de paillettes de toutes les couleurs comme feux
d’artifice ! A une certaine époque
l'astrologie nous envoie le Père Noël descend du
ciel en passant par la cheminée… A une autre
époque l’astrologie a
fait venir les Rois mages pour reconnaître le
divin enfant et ils lui offrent des
cadeaux : l’or (=narcissisme anal),
l’encens (= la toute puissance) et la myrrhe (=
l’éternité). A la fin de
l’histoire il peut parfois s'agir de la
réincarnation lorsque le ballon forme à
son tour un gros ventre...
Tous ces exemples nous décrivent le cycle
complet du narcissisme qui évolue sans lien aux
pulsions. L'évolution du narcissisme peut être
positive ou négative.
Les religions et les idéologies, par
exemple, se servent de ce système.
Le ballon représente
le narcissisme indépendant du corps, il est de
l’ordre de l’idéalisation, du rêve. Mais il ne
faut pas que l'Idéalisation comme le ballon
monte trop haut. Il faut qu’il éclate à un
niveau raisonnable, sinon l'Idéal devient
illusion, puis mysticisme. Encore plus haut,
il devient clivage entre l’image (le
narcissisme) encore virtuelle et extérieure du
corps et le corps lui-même. (Autrefois on
appelait certains de ces clivages
schizophrénie).
A l’origine, le
ballon rond ou ovale symbolise le placenta qui
est le plus souvent imaginé de couleur
transparente, translucide. Ce ballon est clair
et il aime monter dans le ciel parce qu’il
représente l’Idéal c'est-à-dire le miroir du
cerveau. Dans les jeux d’enfants, les
Zeppelines et les avions forment une évolution
de ces ballons. Mais quand il s’éloigne trop
du corps ou de la réalité l’Idéal,
devient l’illusion. À travers les idéologies,
l’Illusion voudrait mener le monde.
Le ballon doit être
vide ou en tout cas plus léger que l’air.
Lorsque
le narcissisme fait sa synthèse avec les
différentes pulsions c'est la fête.
Après la phase des pulsions séparées du
narcissisme, se développent trois systèmes,
trois sous-ensembles de neurones, bien
différents et assez indépendants les uns des
autres. Ils s’intègreront au fil du temps dans
le miroir du cerveau. Il s’agit de l’oralité,
de l’analité et de la sexualité.
b) Au
niveau oral : le narcissisme et les
pulsions orales font leur synthèse par la
bouche.
L'introjection
du narcissisme (de l’image) commence par
l'introjection orale encore
appelée communion dans
le langage courant. Ce narcissisme fait une
synthèse avec les yeux, les oreilles, la
bouche et le visage tout entier. Par la
communion le petit enfant s’identifie à ses
parents, il met leur modèle en lui. L’origine
lointaine de cette communion provient de
l’instinct animal qui fait que les animaux qui
dévorent la même proie, forment un même
groupe. Les animaux communient lorsqu'ils
dévorent le corps et le sang d'une même proie.
Après sa naissance, le bébé prend sa place et
sa part (du gâteau) à la table familiale. La mère veille au
narcissisme familial. La table permet la
communion entre les membres d’une même
famille et sert à créer le narcissisme et
l’unicité familiale. Le cocon
maternel puis le sein puis la table sont les
premiers lieux de communion. Manger à la
table familiale donne unicité à la famille. La
fête de Noël par exemple répète la naissance,
la nativité de chacun des enfants en même
temps que c’est la fête du Soleil (du
narcissisme) et la fête de l’unicité
familiale.
c) Au niveau anal : le narcissisme et les pulsions anales font leur synthèse sur le modèle du ventre.
La deuxième forme de synthèse
narcissisme-pulsions est de type anal.
L’enfant sur son pot se sent le maître du
monde et il jubile. Le narcissisme fait sa
synthèse avec l’analité et donne ainsi le
plaisir de la puissance (y compris la
puissance sexuelle) et le plaisir d’avoir de
la valeur. Il s’agit du plaisir d’un
individu qui fonctionne bien et qui pense
qu’il a sa propre valeur. Le plaisir de
travailler résulte de cette synthèse anale.
Le chocolat (marron) donne un plaisir fort.
La balle ou la
boule lourde et remplie sont de l’ordre
anal et ressemble à la monnaie qui est
faite d’or (= le narcissisme du soleil, la
lumière, la vie) et de choses réelles
comme la matière qui ont une valeur. La
différence entre l’argent avec le ballon c’est
que la monnaie n’est pas remplie de gaz mais
elle est remplie de terre glaise, il doit être
en lien avec la réalité il y a de la matière
dedans (=l’analité) . Avec les ballons on
échange l’Idéal. Avec l’argent on échange le
narcissisme contre de la valeur ou de la
valeur contre de la valeur mais certains
échangent du narcissisme contre du
narcissisme...
Chez les Incas le
dieu est le Soleil. Puis le soleil
devient une auréole puis le soleil devient
l’or (la
couronne du roi-soleil). Puis l’or devient un
masque des yeux (comme un loup), l’oreille
(boucle en or), le nez, puis un masque en or
du visage complet. A la fin le
Soleil devient le roi-Soleil tout
entier.
d) Au
niveau sexuel : le narcissisme et les
pulsions sexuelles font leur synthèse sur le
modèle des systèmes sexuels.
La dimension la plus
évoluée de cet échange de narcissisme et de
pulsions libidinales se trouve dans la
sexualité. La vraie fête est celle qui aboutit
à la fusion
du couple sur le plan individuel. La
sexualité marque l'aboutissement et
l'apothéose du droit au narcissisme et au
plaisir. La cénesthésie (= la chaleur, la
tendresse, l’érotisme) permet de faire la cour
et d'avoir le contact pour aboutir à la fusion
sexuelle entre les corps. Il faut ajouter que
même d’un point de vue psychologique elle
seule réalise la synthèse des synthèses. Cette
synthèse concerne tout le fonctionnement
psychologique et l’orgasme sert de modèle à
tout aboutissement psychologique. Les choses
de la vie sont plus vivantes et plus faciles
lorsqu’elles fonctionnent sur le principe du
plaisir ! L’instinct de survie et le
plaisir de vivre passent par les nombreuses
fonctionnalités et dérivés de la sexualité.
L’instinct de survie passe par le couple et
les enfants. La cénesthésie transforme les
pulsions brutes en amour. C’est l’histoire des
princes charmants, de la belle et de bête et
de toutes ces histoires de prostituées qui
deviennent de grands amours… La sexualité est
à la fois communion et puissance anale en un
échange de cénesthésie, de narcissisme et de
pulsions.
La fête procède de l’échange
de narcissisme (des images, de la
séduction) et des pulsions. Déjà dans les
temps, les plus reculés les hommes célébraient
les fêtes du Dieu Soleil, du narcissisme le
plus ancien… Toutes les religions du monde
utilisent à leur manière les fonctions
psychologiques de ce jeu entre le
narcissisme et les pulsions. Elles appellent
fête, l’aboutissement de la purification, du
sacrifice et de la communion. Les
synthèses par les pulsions amoureuses (par la
cénesthésie) sont individuelles.
1) La fête renouvelle
le narcissisme, la belle image de soi en
donnant une nouvelle image. Elle restaure
l’identité. Les personnes en fête se revêtent
d'un bel habit, signe de leur image
narcissique et de leur identité retrouvée.
2) Elle renouvelle
les pulsions. Elles donnent du phallus. La
danse par exemple est une forme de prélude par
une sexualité socialisée. En société la fête
voudrait être un équivalent social de la
synthèse sexuelle. La musique et la danse y
forment un rituel de l'image acoustique et
motrice comme les danses nuptiales animales.
Le groupe est heureux de se retrouver ensemble
et en communion. On danse, on mange, on boit
et on oublie tous les soucis. On communie au
groupe avec lequel on fait la fête. Chacun
trouve son narcissisme de groupe à condition
aussi d'y trouver sa valeur individuelle.
******************
FIN
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