La place et l'évolution des fantasmes dans l'enfance.  Le rôle des fantasmes dans les images,  dans les dessins,  dans les jeux d'enfants, dans les films et autres médias.  SCREAM et deux autres exemples.

Il peut être intéressant de se demander quel est le rôle des fantasmes dans les images,  dans les dessins ou dans jeux d'enfants, dans les films ou autre encore. On peut se demander comment cela fonctionne, quels mécanismes psychologiques sont en jeu. La valeur d'un dessin ou d'un jeu ou d'un film, est intimement liée à la richesse des fantasmes qui les sous-tendent et qui y font naître les émotions de vie, de mort ou d'amour. Ils  sont totalement conditionnés par la richesse des fantasmes éprouvés dans l'enfance parce qu' ils sont une étape fondamentale dans la vie des images, y compris du narcissisme, de l'Idéal, de l'identité, de l'imagination et de l'intelligence.

 

LES FANTASMES DANS L’ÉVOLUTION PSY DES PULSIONS ET DES IMAGES.

Chaque enfant fait évoluer ses pulsions et ses images intérieures selon des schèmes internes en les adaptant à la réalité extérieure de son environnement.
Nous avons vu, dans l'article sur la psychanalyse, que le cerveau est un miroir, un écran vivant qui structure et contrôle les pulsions par les images et on appelle narcissisme ces jeux du miroir qui brille. Ces jeux de miroirs organisent le Ça (=l'Inconscient), le Soi (=le Préconscient) et le Moi (=le Conscient). Les images et les pulsions s'organisent en fonction de ces trois instances. Les images donnent du sens aux pulsions à ces différents niveaux. En premier les images sont brutes puis au niveau du Ça les images deviennent positivement délirantes. Ce n'est qu'au niveau du Pcs que les images s'organisent en fantasmes puis en toutes sortes de structures automatiques comme la grammaire ou le calcul automatique. Au niveau Cs les fantasmes sont mis en arrière plan au profit de la réalité et de l'intelligence par exemple.

Les pulsions et les images chez le fœtus et chez le bébé.

1 Au plus profond, dans le fœtus, les pulsions et les images viennent de l'intérieur et sont confirmés par l'environnement à travers la mère.

 L'Adn.
Les pulsions qui viennent de l’intérieur du fœtus sont une production de ce qui est écrit dans l'Adn. La forme d'image des pulsions premières est probablement l'image de cet Adn qui les régit, qui les organise et qui leur donne sens et vie.
L'image de l'Adn existe mais n'est  pas représentable. Elle crée le Ça. Parfois on donne le nom de Dieu à cette image qui ne peut pas être représentée ni nommée parce

qu'elle est "au delà"," transcendantale". L'Adn est le principe et l'essence même de la vie comme les pulsions de vie intérieures. Il est tout puissant et éternel comme le fœtus. Bon nombre "d' Alzheimer" ou de schizophrènes fonctionnent sur ce mode du Ça.
 Au début de la vie, c'est
l'instinct de survie qui prédomine à travers l'Adn. Dans le ventre maternel, les pulsions du fœtus sont liées au corps comme des tensions électriques positives ou négatives. Les pulsions proviennent de toutes les tensions intérieures de son corps et aussi des tensions de la mère et de l'environnement. Ces tensions ont déjà un sens : elles poussent harmonieusement à la vie bien que la mort soit déjà inscrites aussi.
Ces pulsions intérieures veulent être parfaitement conformes au bon déroulement des schèmes de développement inscrit dans l'Adn. Elles veulent aussi être confirmées par l'environnement fœtal maternel/paternel. Elles sont directement imprimées et enregistrées (par des traces mnésiques) dans la mémoire la plus profonde du cerveau en formation. Le foetus doit être parfait .
Tout ce qui n'est pas conforme aux schèmes de l'Adn est destructeur pour le fœtus. Tout ce qui touche à la survie peut devenir féroce.
Notons ici qu'avec un bon et long développement, les pulsions de vie produiront le plaisir, l'amour, la sexualité. L'envie et le plaisir de vivre (cad le narcissisme) proviendront des pulsions de vie d'origine. Les pulsions de mort seront en partie utilisée pour l'agressivité nécessaire et utile comme dans l'instinct animal qui jouit à donner la mort à sa proie et pour toutes les images de sadisme et de masochisme.
Les pulsions et les images  de vie et de mort sont brutes.
Au commencement il y a donc les pulsions de vie et les pulsions de mort mais les pulsions de vie doivent prendre le dessus. 
La lutte entre les pulsions de vie et de mort est souvent représentée par des mythologies semblables à celle de St Michel qui détrône le dragon. Les bons et les mauvais dinosaures des enfants symbolisent les instincts d'origine. On dit que les pulsions et les images primaires sont brutes parce qu'elles sont directement liées aux tensions  et aux excitations qui passent par le corps. Scream illustre une lutte à mort entre le pulsions de vie et les pulsions de mort brutes.
Un bon exemple des pulsions de vie nous est donné par Eve la mère universelle. Eve ou Vivante, porteuse de vie, en hébreu Hawwa est un nom apparenté à la racine signifiant vivre et il traduit les pulsions de vie. Le mot a pour origine le grec Zoé, du mot grec qui signifie vie. Et Zoé provient des divinités de la fécondité bien antérieures aux grecs. On trouve ces divinités dans les mythologies du monde entier. La descendance d'Eve écrasera la tête du serpent et elle aura sa victoire sur le mal, les pulsions de mort.
Ces pulsions premières sont surtout régies par l'instinct de survie de l'espèce.
Les fondements de la vie sociale du groupe animal humain y sont déjà inscrits. Les lois du sang en sont l'expression.  D'elles sont issus, en négatif, les racismes, les haines entre religions. Il y a même, là dedans, les transmissions génétiques des ancêtres morts comme par exemple dans les morts-vivants des religions animistes ou dans les réincarnations. Après la naissance s'y ajouterons les lois du sol, la lutte pour le territoire pour la place au soleil.
Après la naissance, un autre instinct de survie sera celui de la survie alimentaire par la faim d'où découleront le désir, le besoin d'acheter etc... Il y aussi la survie par la respiration. Le bébé respire la vie...
L'argent pour vivre est un autre exemple issu de l'instinct de survie.
2 Les différentes sortes d'images.
Les pulsions ne seront contrôlées par les images extérieures visuelles, acoustiques ou motrices  etc. que progressivement et dans le temps après la naissance et ne feront leur synthèse qu'à l'âge adulte avec la sexualité.
Tout comme pour les pulsions, il existe 5 ou 6 sortes d'images qui servent au miroir du cerveau pour faire toutes sortes de synthèses.
L'image cénesthésique est l'image de base issue de l'Adn.
La conformité des pulsions aux schèmes de l'Adn produit un bien être cénesthésique au fœtus (ou son contraire dans le cas d'une non conformité) . Elles satisfont aussi la mère en grossesse (probablement par un jeu d'hormones). Le fœtus est nourri, logé et blanchi gratuitement. Puisque tout est automatique, il est tout puissant. L'instinct de survie de l'espèce lui confère l'éternité et cela lui convient. L'image issue de ce bien être du fœtus est imprimée dans le cerveau et elle y forme l'image  cénesthésique Il y a l'image que la cénesthésie (= la douceur, la tendresse, tout ce qui est chaleureux, le bien être de la peau, les caresses...) fait naître dans le cerveau.
Les images de base et fondamentales sont les images cénesthésiques que donne déjà le cocon. Elles se créent à partir de cette forme de bien être premier du fœtus. Elles veulent être confirmées par l'environnement. Le premier attachement (dont nous avons parlé un peu plus haut) est issu de la cénesthésie intérieure du fœtus et du bébé et confirmée par la cénesthésie de quelqu'un d'extérieur comme la mère ou le père. La cénesthésie jouera un rôle fondamental dans l'évolution vers la sexualité.
La cénesthésie crée l'attachement.
Cette image cénesthésique crée un bon fond au bébé. Plus tard le doudou (l'objet transitionnel de Winnicot ) traduira le jeu de miroir entre la cénesthésie du fœtus et la cénesthésie-réponse de la mère. Ainsi se cré un attachement  (cénesthésique) réciproque.
Cet attachement premier du bébé est un bon exemple de l'instinct de survie produit par les pulsions de vie. L'attachement commence avec le désir d'enfant, l'enfant veut être désiré. Ce désir crée la cénesthésie chez les parents et il deviendra la première forme d'amour et d'attachement du bébé. Un enfant abandonné à sa naissance cherchera sa mère ou même son géniteur durant toute sa vie parce que l'instinct de survie n'a pas trouvés les parents, garants de sa survie, à sa naissance. Le premier attachement n'a pas pu se faire et cela reste enregistré dans la mémoire physique du cerveau (au niveau du Ça) comme un manque de cénesthésie originelle. Parfois longtemps après, les retrouvailles avec un parent physiologique produisent un immense amour-attachement. L'état amoureux procède d'une retrouvaille cénesthésique analogue qui remplit un manque ou qui, simplement, reproduit ce jeu de miroir cénesthésique originel. Le lien qui lie si fortement deux jumeaux provient aussi de cet enregistrement physique cénesthésique dans le cerveau. Les fusions entre deux personnes inséparables, (parfois sado-maso,) procèdent de ce même attachement bloqué en une commune fusion.
Les manques, les vides et les addictions proviennent d'une semblable absence d'attachement primaire. L'addiction à l'alcool, par exemple, est une addiction à l'eau de vie (= le liquide amniotique) et elle concerne un manque intra-utérin qui n'a pas été comblé après la naissance. Le besoin de fumer est un besoin de respirer la vie comme à la naissance.
Tout cela correspond au fonctionnement primaire du Ça qui est une espèce de Moi plus primaire au niveau des pulsions et images primaires. Ce Ça est déjà une synthèse entre pulsions et images et il permet de les contrôler. Cette synthèse se crée dans le miroir écran du cerveau.
Dans le cerveau il y a l'image visuelle.
Avant de voir avec les yeux le cerveau a déjà des images internes. Il en est de même pour les autres images. C'est pour cela que le cerveau peut avoir ses propres visions ou entendre ses propres voix. Comme Jeanne d'Arc par exemple qui avait des visions et qui entendait des voix internes venant de Dieu. Dieu est alors le cerveau en tant que miroir (narcissisme primaire du Ça).
Les premières images visuelles sont noires et blanches et transparentes dans le miroir du cerveau. Dans les rêves, elles se traduisent parfois par un tableau noir ou une page blanche du cerveau. La page blanche des examens sur laquelle rien n'est écrit! Les images visuelles partent de la nuit noire (comme dans la peur du noir des enfants) puis c'est la lutte entre les forces de l'ombre et les forces de la lumière comme dans les combats des Stars Wars ou comme déjà la lutte de Lucifer, le dieu qui porte la lumière et qui s'est révolté contre la Lumière c'est à dire le miroir de notre cerveau. Lucifer sera refoulé dans les ténèbres.
Dans ces ténèbres de la nuit noire arrivent les petites lumières  telles de petites étoiles et la lune qui éclairent la nuit et qui chassent les peurs comme ces petites lumières qu'on met dans les chambres des enfants. Un jour ces petites étoiles deviendront le Dieu soleil (comme chez les Incas ou autres). Telle une auréole (de soleil),  l’image visuelle va revêtir le cerveau puis le visage puis le ventre pour finalement former toute l'image du corps. Toutes les religions astrologiques ont suivi cette même évolution.
Avec l'évolution, la lumière deviendra l'Idéal du Moi, le but final des images étant de créer puis d'intégrer l'Idéal d'un chacun.

Avec l'évolution les noires pulsions deviendront le Surmoi. La peur du noir se transformera en peur des génies de la nature (animisme). La peur du grand méchant loup au fond des bois (=l'inconscient) en est une forme évoluée. Heureusement que les trois petits cochons n'en ont pas peur et ne se feront pas dévorer par ce Surmoi encore animal! Leur peur sera maîtrisée par le travail du troisième petit cochon qui a acquis plus d'analité (de puissance).  C'est ainsi qu'un jour les images brutes deviendront le simple Surmoi par évolution.
Il y a l'image que crée la motricité.
 Un autre instinct est là dès la naissance. L'instinct de survie met en marche l'image motrice qui fait chercher le sein nourricier au bébé.
Plus tard l'image motrice deviendra le besoin de marcher. Cette image motrice brute se manifeste, par exemple, par le besoin de déambuler des Alzheimer.
Elle assume l'agressivité et la puissance. L'animal qui par à la chasse ou à la guerre.
Elle participe à la sexualité qui utilise toute une synthèse d'images.

La motricité participe au langage de la bouche puis à l'écriture par la main.
Il y a l'image que crée l'oreille.
L'image acoustique se chargera d'inventer le mot. Puis avec les autres images, elle formera le langage. le mot entendu est vue par le cerveau puis mise en acte par l'image motrice de la bouche ou la main.
*L'odorat aussi se crée une certaine image du corps (plus ou moins refoulée).
*Les pulsions et les images sont d'abord partielles puis globales. Elles formeront des synthèses successives dans le miroir du cerveau puis du visage et de la bouche (oralité) puis du ventre (analité) et à la fin de la sexualité. Les images, de leur coté, feront toutes sortes de synthèses entre elles pour arriver à la pensée abstraite.

3 Dès le début les pulsions ne veulent pas être séparées des images. Les images se lient aux pulsions et évoluent en même temps. Quelques exemples.
Tout au début, les premières pulsions du corps ne sont pas contrôlées et elles vont dans tous les sens au gré du corps et de l'environnement. Je dirais au gré du vent et du temps... Les cris du bébé n'ont d'abord pas de sens puis ils se lient à la faim par exemple. On dit que ces pulsions et ces images sont brutes parce qu'elles traduisent directement les pulsions de vie et les pulsions de mort. Déjà les pulsions brutes veulent être liées à des images. Très rapidement le cerveau réussit, par les jeux de miroir, à lier les images brutes aux pulsions brutes.
Peut être que la maladie se crée des images à ce niveau des pulsions brutes mais elle le fait à son propre compte et elle a son propre sens. Les psychosomaticiens ont appelé les pulsions brutes séparées de leur image, la pensée opératoire parce que ces pulsions sont brutes et agies sans fantasmes. Elles suivent leur propre chemin non conforme à l'Adn.
Un bon exemple de la liaison pulsions - images nous est donné lorsque nous regardons un film émouvant. Dans ces films, les images vont se lier aux sentiments de vie, d'amour ou de mort pour nous faire pleurer ou être remplis de narcissisme. Souvent, les sentiments sont, directement ou indirectement,
issus des pulsions de vie ou de mort. Quand on pleure de joie par exemple. Mais plus tard, les sentiments pourront aussi être contrôlés par de beaux fantasmes...
Quand les pulsions sont liées aux images, ça fonctionne bien . C'est ce lien à l'image qui donne déjà aux pulsions une structure Œdipienne précoce. L'amour de la mère permet de gérer les pulsions de vie et le père gère les pulsions de mort. Ainsi le Ça assure un  équilibre harmonieux entre les pulsions de vie et de mort.
Ce sont d'abord le ventre maternel et les parents qui suppléent aux limites et assurent la protection et le contrôle du bon fonctionnement du fœtus puis du bébé. Ainsi les pulsions et les images brutes fonctionnent bien chez le fœtus et chez le bébé. Une mère, par exemple, qui fantasme bien pendant qu'elle allaite son bébé, l'apaise et ses fantasmes remplace les fantasmes que le bébé ne peut pas encore en faire. En l'absence de ces fantasmes de la mère, le bébé peut éventuellement ne pas se calmer.
Déliées, les pulsions brutes provoquent des violences. C'est ainsi que lorsque le fœtus ou le bébé ne sont pas protégés par l'environnement, les pulsions brutes et les images brutes deviennent plus ou moins violentes, voire auto destructrices. Le film Scream se situe à ce niveau où les pulsions brutes sont séparées de leurs images et produisent la violence. Lorsque l'environnement ne donne pas d'amour, de tendresse, de satisfaction au fœtus puis au bébé, les pulsions ne peuvent pas se lier aux images.  Dans le film l'Aviator (=Howard Hughes), on voit ce genre de pulsions brutes se transformer en rumination obsessionnelle en liens avec des images de feu délirantes. Les pulsions non liées peuvent devenir destructrices sous toutes sortes de formes.
Autres exemples, le marasme ou le suicide ou d'autres encore, tiennent de là leurs origines parce que les pulsions ne trouvent pas les images nécessaires ( ou ils trouvent des images de régression). Le suicide annule toujours un fantasme de naissance ou met en acte un retour dans le ventre de la mère. La corde de la pendaison, par exemple, équivaut à un mauvais cordon ombilical qui entoure le cou. La noyade volontaire équivaut à un retour dans le liquide amniotique du ventre de la mère.
A la vieillesse, (surtout pendant la nuit vers 2-3heures), beaucoup de personnes âgées sont dominées par les pulsions brutes (et éventuellement par les pensées de mort) parce qu'elles n'ont plus assez de narcissisme pour donner des images à ces pulsions. Le miroir ne brille plus assez. De toute façon, à la vieillesse et vers la fin de la vie, les pulsions de mort auront gain de cause.
Par ailleurs, c'est lorsque les pulsions sont séparées des images que se passeront les mises en acte parce que les pulsions ne sont pas contrôlées par les images et les pulsions sont libres de se décharger.
L'étape des images délirantes. Le plaisir de délirer.
Après les images brutes, un peu plus tard dans son évolution, le cerveau sait produire des images internes (de sa création) aux pulsions internes. Ces images sont encore plus ou moins délirantes.  Les terreurs ou les  monstres nocturnes des petits enfants en sont de petits exemples positifs. L'enfant voit des images qui n'existent pas dans la réalité extérieure. Le délire montre que  ces images sont des créations intérieures du cerveau. Ce genre d'images délirantes nous montre que le cerveau peut se créer par lui-même des images qui ont un sens pour l'intérieur mais qui n'ont pas encore de sens pour l'extérieur. Il existe une usine à images intérieures, une imagination créatrice intérieure au cerveau. Les artistes puisent souvent leur expression à ce niveau où les images viennent de l'intérieur. Les artistes mettent des images sur des pulsions qui n'en ont pas.
A l'inverse, le manque d'images ( cénesthésiques surtout c'est à dire, l'absence de l'attachement premier des parents)) et le vide peuvent créer diverses formes de régressions et d'auto-destructions. La cocaïne donne des images de délire aux personnes en manque d'images et en incapacité d'avoir du narcissisme dans leur miroir du cerveau. La cocaïne est un substitut au manque d'images. L'alcool remplit un vide et produit des images de délire qui déchargent les tensions intérieures....
Les délires des adultes sont des survivances de ces images qui viennent de l'intérieur et qui ont un sens intérieur mais pas de sens extérieur pour l'environnement.
Notons que cette liaison délirante aux pulsions est déjà un progrès : à titre d'exemple, chez les adultes, ces images délirantes peuvent protéger contre les pulsions brutes dites autodestructrices. Elles protègent, par exemple, contre le suicide. Au lieu de se suicider certaines personnes préfèrent décompenser et délirer. 

4 Progressivement les images délirantes prennent  de plus en plus de sens et deviennent des fantasmes.
Dans leur évolution, les images donnent de plus en plus de sens et de structure aux images internes. De moins en moins délirantes et elles deviennent des fantasmes. Cela ressemble
un peu aux scènes de cinéma dont les morceaux (scène) de film prennent un sens et une logique globale qui sont alors compris par le Préconscient.  Les fantasmes sont des images encore internes mais mieux structuré par l'extérieur que les images antérieures délirantes. Le rêve par exemple donne davantage de sens aux images et il structure les désordres du délire. Le rêve utilise une structure, un schéma interne ainsi que des images enregistrées dans les  mémoires passées pour organiser et ranger les tensions et les images qui lui sont venues de l'environnement extérieur le jour avant le rêve.

C'est à ce niveau ( Préconscient) que se situent les fantasmes. Ils perfectionnent considérablement le système de délire antérieur.  Ils structurent les phrases des rêves. Ils sous-tendent le jeu des enfants jusque vers dix ans. Le dessin libre et le vrai jeu d'enfant sont organisés par des fantasmes de vie ( la naissance),  de sexualité (l'amour) ou de mort (l’agressivité). Les dessins et les jeux d'enfant sous-tendent un double sens : un sens interne (= le fantasme) et un sens de la réalité externe. Le sens interne sera refoulé vers dix ans et ne sera plus prédominant.
Le premier dessin, par exemple, commence par une décharge nerveuse qui devient d'abord un gribouillis sans sens (un peu délirant) et qui résulte des tensions nerveuses motrices qui passent par la main. Puis ce gribouillis prend un sens interne qui peut être une peur inscrite dans la mémoire interne. Par évolution de  la cénesthésie, ce sens interne sera traduit en symboles sexuels faits de ronds et de bâtonnets. Par évolution et par comparaison avec l'extérieur deux ronds (les yeux) et deux traits (le nez et la bouche) formeront un visage qui est celui de quelqu'un d'autre puis le sien.
Grâce à la symbolisation, l'enfant pourra traduire en dessin des fantasmes de naissance, de sexualité et de mort. Cette symbolisation restera progressivement dans le Préconscient et sera remplacée vers l'âge de dix ans par davantage de réalité extérieure et par plus de choses du Conscient. Le dessin reproduira une maison réelle sans fantasmes de ce qui se passe dans la chambre des parents par exemple tandis que les volets fermés ne symboliseront plus les yeux fermés au niveau du Cs.
Ainsi l'enfant se construit petit à petit les différents étages séparés entre le Ca, le Soi et le Moi., entre l'Ics, le Pcs et le Cs. Aussi entre le virtuel et le réel. Mais tout le monden'acquiert pas ces séparations protectrices. Les artistes par exemple, peuvent être directement en lien avec leur inconscient et leur tableau représente directement leurs pulsions brutes ou leur délire interne.

5 A la fin, la réalité extérieure prédomine.
Durant toute leur évolution, les images internes seront confirmées par l'environnement. Dans le miroir du cerveau, il y a continuellement une interaction entre l'intérieur et l'environnement extérieur. Et c'est ainsi que la réalité prendra le dessus. L'exemple du sourire de l'enfant décrit par R. Spitz) nous montre comment à ce niveau  (dans un bon environnement de cénesthésie) le bébé fait la synthèse des yeux (image visuelle, de l'oreille (image auditive) et la bouche(image motrice) de sa mère. Il y répond par un sourire ce qui montre qu'il a fait l'unité par la cénesthésie de l'image du visage de sa mère en même temps que son unité intérieure. Le Ça extérieur du bébé est devenu Soi. D'ailleurs c'est de même manière que se fera l'unité de l'image de tout son corps ou, si l'on préfère, de son identité. Il fera de même la synthèse de toute l'image de son corps et d'autres jeux d'identité.  Dans une étape plus évoluée encore, la pensée consciente structure les images et permettra au Moi de leur donner de la logique et du raisonnement et de l'intelligence... Chez l'enfant le Ca deviendra progressivement le il, le tu, le Moi etc..
Le mot résulte d'un jeu entre la bouche de la mère et l'oreille du bébé. La synthèse entre les deux devient le langage. Par exemple, le cri d'abord sans sens, prend du sens interne par la faim à laquelle, en réponse externe, la mère répond par le sein. La succion du sein devient le "m" chez le bébé. A ce "m" s'ajoutera le "a" guttural de l'enfant qui avale et les deux deviendront "mam mam" puis maman. Plus tard maman deviendra "aime" et ainsi ces mots deviendront une phrase. C'est ainsi aussi que les images partent du corps
jusqu’à devenir plus abstraites et ainsi plus adaptable à la réalité. Dans cette histoire le rôle du père sert à filtrer et à protéger positivement de la réalité extérieure.

Idéal et Surmoi.
L'Idéalisation consiste à donner une image aux pulsions ou à un objet et ce sont les images qui leurs donnent du narcissisme.
Cela se passe à plusieurs niveaux.
Le cerveau lui même se revêt de narcissisme tel un dieu tout puissant ou comme le montre les auréoles qui revêtent la tête avec un soleil de narcissisme.
De même quand bébé tête le sein de sa mère qui fantasme ou quand la mère lui chante des berceuses, il apprend à fantasmer lui-même en rêvassant. Par l'oralité le bébé assure sa survie par le lait du sein et il met en lui la cénesthésie de la mère en même temps que l'érotisme du sein.  Le sourire  donne du narcissisme oral au bébé.
L'analité
fait la synthèse ente le narcissisme et l'analité. Chez les Incas le Soleil revêt la toute puissance du roi-soleil. Dans l'usage de la monnaie, on voit bien que le narcissisme revêt la valeur des choses (= analité). Souvent l’effigie narcissique figure sur la pièce en or. Dans ce cas c'est le narcissisme qui revêt l'analité (les excréments) pour la transformer en valeur ( la valeur 10 sur le narcissisme en or d'une pièce ronde. Normalement il n'y a pas de décalage entre le narcissisme et la valeur réelle, le travail notamment a sa juste valeur, le juste salaire. Quand une personne se donne soit une valeur soit un narcissisme exagéré, il y a une surestimation et le rapport narcissisme-analité est faussé.
L'argent pour vivre est aussi un système anal de survie.
L'analité régit aussi les systèmes manque-vide-plein de narcissisme ou de valeur et leur contrôle actif ou passif.
C'est la sexualité qui fait la synthèse des synthèses et l'idéalisation et les pulsions prennent leur juste place. Le corps et son image sont satisfaits. La sexualité est une évolution de l'instinct et des pulsions de vie. A l'origine il y a la cénesthésie puis l'érotisme du sein puis la puissance anale puis la synthèse des pulsions de vie avec les images et le narcissisme du corps tout entier.
*Le Surmoi suit les mêmes étapes que les images dont il fixe les limites et les interdits. Il gère et organise les pulsions instinctuelles, orales, anales et  il est intégré par la synthèse sexuelle.
*L’Idéal et le Surmoi ensemble construisent le Ça, le Soi et le Moi.*Dans tous les cas, les images peuvent suivre leur chemin tout seul sans lien à la réalité comme dans les idéologies et autres sur-idéalisations. Dans les mégalomanies, ce sont les systèmes pulsionnels (et de valeurs) qui sont amplifiées (et la toute puissance du foetus est encore là)...

UN EXEMPLE DE FANTASME DE VIOLENCE AU CINEMA, À LA TÉLÉ ET DANS LES JEUX VIDEO : SCREAM.

Un film accusé de causer la violence. 
  Plusieurs fois, ce film a été accusé d'être à l'origine de mises en acte criminelles. Les journaux ont rapporté comment, après avoir vu le film, un jeune homme a tué ses parents parce qu'ils ont divorcé, le Père ayant une maîtresse. Le fantasme mis en jeu ressemble à celui du film et l'incapacité de fantasmer du jeune homme a provoqué la même mise en acte que dans Scream. Avec ou sans Scream, cela eut été pareil. Une autre fois, un lycéen, après avoir regardé le film, s'est déguisé en revenant avec le même masque de Scream que le tueur du film et il a poignardé une camarade de classe. La situation familiale de ce lycéen était, elle aussi, du même ordre fantasmatique que celle du film. Dans les deux cas, on s'est rapidement aperçu que les deux jeunes gens, d'une part, mélangeaient fantasmes et réalité et que, d'autre part, ils avaient préparé leur acte bien avant d'avoir vu Scream et que tous les deux avaient en eux un besoin d'évacuer leurs propres pensées de suicide.
A la même époque, les infos télévisuelles parlaient de la nécessité de censurer les films d'horreurs. La même chaîne enchaînait ses injonctions par des séquences qui montraient, dans le détail, des images de tortionnaires qui coupaient la tête de leurs ennemis en prenant un plaisir sadique à les achever. Ainsi la même émission condamnait la violence des fantasmes et montrait sans scrupules la violence dans sa plus cruelle dimension de réalité.

La grande leçon de Scream c'est qu'il faut bien faire la différence entre le virtuel et le réel. Le film est fait d'images mises en scène (en film) et non mises en acte et qu'il y a là une différence du tout au tout. Dans le film lui-même le meurtrier explique à sa victime que le modèle virtuel de son fantasme est le film Halloween qu'il avait vu, et qu'il faut rester dans la virtualité des films d'horreur. Avant chaque crime, le criminel rappelle à ses victimes les règles qui régissent les fantasmes des films d’horreur sans quoi ils deviennent réalité, sans quoi ils sont mis en acte par leur mise à mort... Cela signifie aussi que le spectateur du film ne doit pas, non plus, confondre le film avec la réalité.
Notons ici que parfois la télé fait l'inverse : la réalité, comme l'attaque des tours du Trade center de New York par exemple, devient virtuelle comme si la réalité était un film, un fantasme. En un mot : le virtuel peut devenir réalité et la réalité peut devenir virtuelle ou les deux peuvent se superposer.
Tout cela montre que d'une manière générale, le fantasme assume les pulsions brutes pour que ces dernières ne soient mises en acte. C'est l'incapacité de fantasmer qui conduit au suicide. Les pensées de suicide peuvent être projetées à l'extérieur sur quelqu'un d'autre et deviennent alors un crime. Ce phénomène de projection peut être cristallisé par l'adolescence  lorsque l'adolescent ou une bande d'adolescent ne trouvent pas leur place dans la société. West-Side Story est un tel exemple.

A propos du masque...




Scream le mort-vivant

   

   

       Il existe beaucoup de masques de morts-vivants : les moulages de morts chez les grecs, les masques d'ancêtres en Afrique, les masques des Incas, les fantômes. ........                                        

    







......           

   

Une variété de masques de morts-vivants est constituée par les masques de Halloween. Ils représentent des fœtus mort-nés (et autres interruptions de grossesse) dont la grossesse est symbolisée par la citrouille. Ces masques (d’origine Irlandaise) sont particulièrement négatifs. Rappelons que le film "Halloween" a servi de modèle au film "Scream".

                                                                      

  

 

SCREAM met en image et en scène, une pulsions de meurtre de la Mère, du Père et du Fils.

Thème du film.    
 Wes Craven s'est servi du film Scream (Le Cri) pour projeter à l'écran les propres pulsions sadiques de l'écrivain K. Williamson. Ils sont faits à la fois de sexualité (de jouissance) et d'agressivité (de mort) parce que ses pulsions brutes étaient en manque d'images. Dans cette projection sur l'écran, le meurtrier se déguise en Halloween et en Ghostface c'est-à-dire en foetus et en revenant-mort-vivant. Il tue d'abord la mauvaise mère, l'amante de son père à cause de laquelle sa mère a abandonné son mari et son fils. Puis il tue ses mauvaises images paternelles. Par un enchaînement logique, il assassine aussi tous ses propres doubles de jeunes couples de son âge. A la fin, il est tué lui-même en même temps que son ami qui est aussi son double.

L'exemple de Scream

        Parmi les films d'horreur, Scream est certainement celui qui a subi le plus d'attaques pour sa violence. Il est en effet difficile de supporter sa dimension œdipienne négative.  Scream décrit, en effet, un Œdipe inversé et perverti.
A l'intérieur même du film (comme en un double miroir), le tueur accomplit ses meurtres par une mise en acte qui doit obligatoirement se dérouler en conformité à deux fantasmes précis.
Dans son premier fantasme, le tueur pense qu'il a été détruit dans le ventre de sa mère. Le tueur se déguise avec un masque de Halloween. La citrouille (= gros ventre maternel) se superpose à une tête de mort. En Irlande, Halloween symbolise des revenants et des bébés morts qui reviennent pour se venger. Ce masque montre que le meurtrier s'identifie à un mauvais fœtus dans un mauvais ventre maternel. Avec une logique implacable le meurtrier projette son fantasme de naissance destructeur et inversé sur ses victimes. Deux de ses victimes sont éventrées et pendues par une corde, comme fantasme de mauvais ventre maternel et de mauvais cordon ombilical.
 Le deuxième fantasme central du film est une tentative pour le tueur de se débarrasser de ses idées de suicide. Le suicide a pour origine le fait qu'un certain Oedipe primitif n'a pas pu se mettre en place à la naissance. Ainsi les pulsions de vie et de mort restent brutes. Ce genre de pulsions ne sont liées à aucune image maternelle ou paternelle et se retourne ainsi contre soi (ou plutôt contre le Ça ).
Ce fonctionnement primaire est cristallisé et réactivité par le fait que le meurtrier n'avait pas supporté l'amour adultère qui avait conduit ses parents à divorcer. Le fantasme œdipien se retourne sur lui-même. Il transforme ses désirs de suicide en un fantasme de meurtre par lequel il tue la maîtresse de son père. C'est une mauvaise mère-amante qui est tuée par un fils incapable d'intégrer que le Père couche avec une autre femme. Tout le film se décline et s'enchaîne à partir de ce meurtre de la mauvaise mère et entraîne  la destruction de l'image paternelle. A la fin cela fait revenir en lui la pensée de mort dans un mauvais ventre maternel (le suicide). Ainsi toutes les images symboliques sont détruite:le Père, la Mère et le Fils lui-même.
    L'objectif final du meurtrier aurait pu être d'arriver au meurtre symbolique du Père. Ce film aurait pu exprimer un  fantasme œdipien inversé dans lequel on aurait pu voir l'effort du meurtrier pour se débarrasser de ses fantasmes pervers afin de rétablir une situation œdipienne. Malheureusement, il n'arrivera pas à commettre le meurtre fantasmatique du Père et c'est le Fils qui va mourir à sa place (comme le Christ est mort à la place du Père). L'adolescent sera tué par une femme journaliste, figure symbolique à la fois de la mauvaise mère et de l'amante tandis que le journalisme symbolise le processus d'autoanalyse qui se retourne contre lui-même.
D'un point de vue psychanalytique, Scream est un bon film œdipien. Il n'y a aucune erreur dans le déroulement et l'enchaînement psychologique du film.
Ce qui est frappant, c'est que les adolescents qui regardent ce film comprennent, sans le savoir, ces jeux des fantasmes tandis que la plupart des adultes ne peuvent lire ce film qu'en surface, dans une logique raisonnée ou pire dans la vision d'images superficielles faites de sang et d'images de morts qu'ils prennent pour vraies.

 

D'une manière générale le film de Scream et ces événements nous posent plusieurs questions :

  • Qu'est-ce-que la violence ? Pourquoi se déclenche-t-elle ?
  • Qu'est-ce que le fantasme ? A quoi sert-il ?
  • Qu'est-ce-que la mise en acte ?

 LA VIOLENCE

DÉFINITION
Avec l'évolution le Ça devient le Soi puis le Moi. Le  Moi sera le gouvernement central qui gère l'ensemble de l'appareil psy. Il n'existe pas d'emblée, mais se construit petit à petit jusqu'à la fin de l'adolescence (et après). Certaines personnes n'acquièrent pas un Moi assez fort pour maîtriser les pulsions et organiser les images. La violence se déclenche dans le Ça, lorsque le Moi se sent trop faible pour assumer les images ou les pulsions qu'on lui demande de gérer.
La violence se définit comme une pénétration, comme un viol avec effraction du Moi, par une quantité insupportable de pulsions ou d'images. La défense consiste alors à régresser au Soi puis au Ça. L'origine de toute violence réside dans la peur de  n'avoir plus le droit d'exister, de n'avoir plus le droit à l'identité ou de n'avoir plus le droit de vivre. L'instinct de survie est directement touché. Le Moi trop faible ne peut ni contrôler ni maîtriser cette invasion, il a peur d'être débordé, il se sent menacé dans son existence et il devient violent par une régression aux instincts de survie et aux pulsions brutes. Lorsqu'il ne sait pas quoi faire avec son énergie et, dès que l'agressivité s'accumule, ou bien il la projette sur les autres ou bien il explose ou implose lui-même ! Les personnes qui ne peuvent évacuer cette violence la transforment en destruction. Le suicide, le crime, le viol, la guerre sont autant de tentatives du Moi pour se débarrasser de la violence et de l'agressivité.
Dans Scream, le meurtrier ne pouvait plus vivre sans sa mère. Sans ses parents, il se sentait impuissant et déstructuré devant la vie. Il était obligé de projeter sur les autres ce qui menaçait de le détruire lui-même. Il projetait son suicide sur les persécuteurs, sur les coupables présumés de son malheur.

Un retour aux pulsions brutes. Différence avec la régression sexuelle.
L'animal humain a conservé en lui l'instinct animal. Lorsqu'il part à l'attaque d'une proie, l'animal utilise l'excitation brute en même temps que l'agressivité brute. Lorsqu'il se sent menacé par un grand danger,  il y répond par l'agressivité brute, sans images.
Il y a différentes sortes de régressions. Il y a par exemple le viol et la vraie sexualité. Le viol produit une régression aux pulsions brutes sans images. Le viol brule et court-circuite toutes les étapes du Moi au Ça. Quand le Ça prend le dessus sans contrôle par les images, c'est l'instinct animal ou les pulsions de mort qui prennent le dessus. Dans la bonne sexualité, le couple descend du Cs, à travers le Pcs jusqu'au Ça, jusque dans le corps animal du coté des pulsions de vie. Le bon narcissisme brut (comme celui du foetus) fait alors sa synthèse avec les pulsions brutes. Dans la sexualité, les fantasmes et le narcissisme rendent les pulsions et l'image du corps positives.      

Le suicide est est une régression des fantasmes jusqu'aux pulsions brutes sans images.   
Toute régression vers le suicide provoque, à un moment, un remplacement des images des pulsions de vie par des images de destructions et de mort. Tout suicide superpose un fantasme de naissance avec un fantasme de mort.  Alors le fantasme de la naissance (c'est à dire la manière dont la personne a inscrit sa propre naissance dans son imaginaire) s'inverse en un désir de retour symbolique dans le ventre maternel jusqu'au néant d'où on est venu. Le suicide est une histoire de fœtus-mort-vivant ou de fantôme de morts (Ghostface). Les personnes suicidaires fonctionnent sur le mode des morts-vivants. Leurs pensées de mort ou celle d'un fœtus avant eux, ou encore celle d'un deuil non résolu d'un de leurs ancêtres, se superposent avec leur naissance. Leurs fantasmes de mort  deviennent ainsi un fantasme de retour et un désir de régression dans un ventre maternel destructeur. Ils redeviennent un fœtus qui retourne d'où il est venu avec toute l'autodestruction que cela comporte. La régression annule alors la mutation qu'a effectuée la naissance entre le foetus et le bébé et les pulsions deviennent alors brutes et séparées des images de fantasmes.
Dans cette régression, il faut passer plusieurs barrages qui interdisent ce retour en arrière. Un des derniers niveaux régressifs enclenche dans l'Inconscient les processus de mise en acte du suicide. Une dernière défense consiste alors à projeter sa propre autodestruction sur les autres, sur le monde extérieur. L'autosuicide  devient alors un désir de crime. Le fantasme précis qui aurait présidé au suicide sera alors fidèlement reproduit dans le crime par projection du suicide sur d'autres personnes sous la forme du meurtre. Le meurtrier au lieu de se suicider préfère suicider les autres. A la fin, ces actes peuvent se retourner contre leur auteur.
Ce sont tous ces processus qui  déroulent leur logique dans le film "Scream".

CE SONT LES PERSONNES QUI NE PEUVENT PAS FANTASMER QUI DEVIENNENT VIOLENTES...

Ce sont les fantasmes qui transforment la violence en images.
Il y a une corrélation qui veut que moins l'enfant apprend à fantasmer, plus il sera violent. Plus les fantasmes sont pauvres, moins la violence est assumée. L'absence d'images fantasmées forme un « trou noir » insupportable et, dès lors, l'agressivité qui s'accumule devient violence. Le moyen normal et obligé pour transformer l'utile agressivité fondamentale consiste à la transformer en images (les psychanalystes disent en narcissisme positif pour le Moi). L'agressivité peut aussi être transformée par le travail. Elle peut être transformée en sexualité. Mais le passage obligé consiste pour le Moi à la transformer en fantasmes. La richesse des images permet au narcissisme d'absorber la violence et il en résulte le plaisir. C'est ce narcissisme qui permet au Moi de vivre une vie positive. C'est, par exemple, en fantasmant de belles images de femmes que certains hommes peuvent assumer la grande quantité de pulsions nécessaires à l'acte d'amour. Et réciproquement pour certaines femmes.

Le fantasme résulte de la capacité de symboliser.
Le Moi ne peut gérer et organiser les pulsions qu'en les transformant en images, en symboles. Les fantasmes donnent ainsi un sens aux pulsions, les fantasmes donnent du sens à l'Inconscient. C'est le rôle du rêve ou du jeu. Rêver ou fantasmer, c'est un peu la même chose sauf que le fantasme forme la partie symbolisée du rêve. Le fantasme a également un rôle diurne dans l'imagination qui préside, entre autres, aux dessins et aux jeux de l'enfant. Le cinéma joue ce même rôle de transformer les pulsions et les sentiments en images et en fantasmes. Le film de Scream a été créé par son auteur par suite de son besoin de gérer ses pulsions intérieures. Le film remplace les fantasmes qu'il n'était pas capable de fantasmer dans sa tête. Sa violence est transformée en images et projetée sur la pellicule qui dès lors peut l'assumer. Les spectateurs du film profitent (pour leur plus grand plaisir) du travail de transformation des pulsions en fantasmes que l'auteur a effectué à leur place... Van Gogh projetait pareillement ses pulsions sur la toile de ses peintures. Il n'y a pas d'art ou de travail ou de sexualité sans ce processus !

COMMENT LES FANTASMES EVOLUENT JUSQU'A L'ADOLESCENCE

Le sens de la vie est oedipien dès le début de la vie.
On pourrait dire que le sens de la vie est issu de l'instinct groupal de survie. Il donne un sens aux pulsions de mort et aux pulsions de vie. Dès le début  ces pulsions ont un sens œdipien :  L'Adn puis les images liées aux pulsions brutes puis les images "délirantes ont déjà ce sens de la survie et de strugel for live contre la mort. Puis dès la naissance ( la sexualité, l'amour) gèrera les pulsions de vie tandis que les pulsions de mort s'exprimeront par l'utile agressivité et toutes sortes de puissances. Tu aimeras pour reproduire la race, tu tueras pour être plus fort que la mort et faire vivre la race...

Le rêve se crée petit à petit.
Après l'évolution des images primaires, le bébé apprend à rêver petit à petit. Ce n'est pas acquis d'avance. Il rêve d'abord d'ombre et de lumière. Cette forme de rêve instaure le système binaire. Ce rêve rudimentaire peut être comparé à la consonne et à la voyelle. Puis le rêve se perfectionne et devient un « mot de rêve ». Vers dix-huit mois, l'enfant sait faire une « phrase de rêve ». Plus tard le rêve devient une histoire complète. Les fantasmes sont (tout comme le rêve) liés à l'âge et l'on peut dire qu'il y a des fantasmes spécifiques à tous les âges de l'enfance et de l'adolescence et plus tard. Les histoires que rêve l'enfant évolueront selon une trame bien définie jusqu'à la fin de l'adolescence avant d'être libérées pour toutes sortes de sens. 

Jusqu'à dix ans, l'enfant apprend à symboliser.
D'une part, les fantasmes de délire puis de monstres permettent de maitriser les pulsions de mort et, longtemps après, d'intégrer l'analité.

Les images brutes internes qui correspondent aux pulsions brutes sont petit à petit apprivoisées. L'enfant apprendra à fantasmer toutes sortes de monstres,t toutes sortes de vampires, de dragons et autres dinosaures. Tous ces animaux fantasmés  se transformeront un jour en animaux de sa ferme et les pulsions brutes sont ainsi apprivoisées. Le train de la vie et les autres camions de ses jouets qui conduiront l'enfant dans sa vie, seront des symboles encore plus puissants.
Après les images brutes, l'enfant s'invente des sorcières et des fées, des fantômes et des halloween, toutes ces images des morts qui deviendront les ancêtres morts. Ces images permettront d'intégrer les images de morts et de toutes sortes de peurs. Grâce à ces fantasmes, l'enfant devient, vers 14 ans seulement, capable de faire un deuil. Ces fantasmes lui apprendront aussi à n'avoir pas peur de ces images et de ces pulsions négatives qui concernent l'agressivité, la destruction et la mort. Il construit ainsi sa puissance.
Finalement, à l'adolescence, ces représentations lui permettront d'intégrer le jeu de la vie et de la mort, le jeu du narcissisme et des pulsions.
D'autre part, les fantasmes sont au service des pulsions de vie.
La sexualité a pour modèle la naissance. L'enfant a tôt la notion de foetus et de vie intra-utérine puis il apprend à rêver sur tous les modes et sur tous les tons qu'il quitte le cocon maternel et qu'il passe par un passage pour aller prendre sa place au soleil. L'enfant n'a conscience qu'il existe qu'à partir de ce moment-là. Il construira son Ca, son Soi et son Moi et autres mutations initiatiques, à partir de ce modèle! Les fantasmes des origines (de grossesse, d'accouchement ou de naissance) sont au service des pulsions de vie.
A ces fantasmes originaires correspondent les innombrables mythes originaires comme notre bonne vieille histoire d'Adam et d'Eve.
 
Les fantasmes des parents qui font l'amour (la scène primitive) feront une synthèse entre les pulsions de vie et les pulsions de mort .
Par l'adn et les pulsions primaires  les images donnent déjà du sens aux pulsions de vie et de mor. Aux fantasmes de grossesse-accouchement-naissance s'ajouteront les rêves de scènes des parents qui font l'amour. Il a besoin de rêver ses origines et qu'il est né de l'amour de ses parents pour intégrer les deux versants des pulsions de vie et des pulsions de mort. Mais ce n'est que par la scène parentale des parents qui font l'amour  que viendra la synthèse dite Oedipienne. Le fantasme directeur de l'enfance et de l'adolescence est constitué par la scène dite parentale des parents qui font l'amour pour donner naissance à l'enfant. L'enfant apprend petit à petit à fantasmer que les parents font l'amour.  L'enfant a une idée floue de cette scène dès l'âge de dix-huit mois.
Cette scène parentale ne prend une forme plus Œdipienne que vers six ans. Vers six ans, ces deux fantasmes de scène parentale et d'enfantement feront une première synthèse des fantasmes œdipiens par lesquels le garçon voudra un jour s'attacher aux femmes en faisant comme le Père (et la fille inversement). Les petites voitures « qui se rentrent dedans » ou « se font des accidents » dans le jeu de l'enfant symboliseront déjà cette scène parentale mais l'enfant n'ajoutera  le sexe aux dessins du bonhomme (qui le représente lui-même) que vers 6 ans.
La naissance, le sexe et la mort, voilà le vrai enjeu des fantasmes!

Les fantasmes sont intégrés dans le préconscient.
Vers dix ans
, le fantasme disparaît des dessins et du jeu de l'enfant et il est intégré dans le Préconscient. Cela veut dire que le fantasme a lieu sans que l'on s'en rende compte consciemment. Il sert désormais à la richesse de l'imagination et au plaisir sous toutes ses formes. Il agit un peu à la manière dont la grammaire sous-tend le langage sans même que l'on s'en rende compte et le plaisir est sous-jacent à son travail. Par contre, l'enfant qui n'intègre pas les fantasmes dans son inconscient sera un enfant absent de sa classe, il est comme vide... Lorsque ce vide, ce manque de fantasme est trop important, il conduit aux addictions comme la drogue ou autres...

Vers 14 ans : la puberté et les deuils.
Vers 10-11 ans la sexualité s'installe dans le corps. Les fantasmes sont spécifiques à cette arrivée des pulsions sexuelles et des menstrues-pulsions de mort. Ce n'est que vers 14 ans que le jeune commence à être capable de faire un deuil ou de maitriser les pulsions de mort. Le sexe et la mort vont se délier.

Les mythes.
À l'adolescence aussi
, les fantasmes deviennent des fantasmes socialisés qui prennent la forme des mythes et des rites de passages initiatiques comme, par exemple, l'histoire de Moïse et de son passage par la mer Rouge. La rupture des eaux et la fin du monde passé (intra-utérin) président à ce récit. Ce fantasme de passage initiatique est même devenu un mythe, c'est-à-dire un fantasme dans lequel se retrouve toute une société. Ce fantasme-mythe préside au passage des adolescents vers la vie sociale. Notons, en passant, que ce passage de la mer Rouge aurait pu être un film d'une grande violence puisque la mer est remplie de sang et qu'il y a plein de morts. Des films comme « Le Titanic »et sa rupture des eaux ou comme « West Side Story » sont des mythologies contemporaines semblables à l'histoire de Moïse. Ils sont, eux aussi, issu d'un fantasme de naissance et d'adolescence!
L'adolescence et la sexualité.
Notons, ici, que ce n'est qu'à l'adolescence que l'Oedipe prendra une forme plus définitive. L'adolescent intègre sur le plan de l'identité, l'idée qu'il faut s'identifier aux parents, qu'il faut faire comme les parents pour devenir soi-même père pour faire l'amour avec une femme ou devenir soi-même mère pour faire l'amour avec un garçon.
C'est la sexualité qui réalise la vraie synthèse entre le narcissisme et les pulsions, entre les fantasmes et les pulsions, entre la sexualité virtuelle et réelle, entre l'image et le corps. Tous les autres moyens ne sont que des substituts.

POURQUOI CERTAINS ENFANTS N'APPRENNENT-ILS PAS A FANTASMER ?

Il y a mille et une causes à l'absence de la capacité à fantasmer, mais on peut les rapporter à quelques formes précises de carences de la toute première enfance.

Le manque d'images et de fantasmes est lié au manque de cénesthésie.
La fonction et la capacité de fantasmer sont très liées au bon contact de l'enfant avec la peau de sa mère qui érotise très légèrement les images de son enfant. Le père en donne les limites et il apprend à en contrôler l'intensité. En simplifiant, la mère assume plutot les pulsions de vie et le père les pulsions de mort.
C'est lorsque les premiers rudiments de fantasmes ne se mettent pas en place que l'enfant parle d'un « trou noir » comme d'un manque ou d'un vide psychologique. C'est le cas, par exemple de ces petits enfants dont l'absence de contact avec les parents est trop importante, soit que les parents sont présents mais tout de même absents, soit que les parents sont absents trop longtemps. C'est le bien-être cénesthésique (= la qualité de la tendresse et de la chaleur des parents pour leur enfant) qui fait la qualité des fantasmes !

L'incapacité de fantasmer la scène parentale.
Les bébés qui auront dormi dans la chambre des parents et qui auront assisté de visu aux ébats amoureux des parents auront beaucoup de difficultés à fantasmer la scène parentale. Les petits enfants n'ayant pas encore de sexualité mature, vivront cette scène originaire comme quelque chose de très violent et ils ne pourront pas la fantasmer.
Un cas extrême de ce genre de situation peut, entre autres, conduire à la pornographie. La pornographie plait aux hommes qui sont restés bloqués sur la scène parentale. Pour les hommes, elle résulte souvent du voyeurisme d'une scène parentale brute. Souvent les femmes perverses préfèrent l'exhibition. La pornographie est une perversion du fantasme de la scène parentale. Une mère ou un père qui, par exemple, excitent trop leur enfant en faisant l'amour en sa présence ou en se promenant nus devant lui ou encore par des attouchements sexuels réels, aboutiront au fait que cet enfant ne pourra plus fantasmer ses parents faisant l'amour : il y aurait confusion entre réalité et fantasme et il pourrait en résulter toutes sortes de perversions.
Le garçon devenu adulte remplacera le fantasme qu'il ne peut faire dans sa tête par le film pornographique ou même par des objets fétiches comme les chaînes ou les fouets sado-maso. Il s'excitera avec ce genre de films comme remplacement de ses fantasmes et comme si les films étaient réels. Cela cache une certaine souffrance, mais là encore il vaut mieux avoir des images de substitution que rien du tout. La pornographie canalise une masse énorme de violence.
L'équivalent féminin des pulsions brutes sans narcissisme conduit certaines femmes à la prostitution. Pour faire l'amour à une prostituée, l'homme n'a pas besoin d'utiliser la séduction qui est un jeu de fantasmes et de narcissisme. Il suffit de payer, l'argent remplace le narcissisme...

L'enfant qui n'a pas le droit d'être passif.
L'enfant qui n'a pas le droit d'être passif, n'apprend pas à fantasmer et c'est la motricité qui supplée. C'est notamment le cas des enfants qui vont trop tôt dans le groupe et qui ne peuvent pas fantasmer individuellement dans leur petit coin. L'enfant qui ne sait pas fantasmer et plus spécialement l'enfant qui ne sait pas jouer des jeux à fantasmes, peut éventuellement devenir un enfant agité. Chez l'adulte, la cigarette, entre autres, peut jouer le même rôle : au lieu du fantasme, c'est la motricité qui décharge une certaine tension.

L'absence de symbolisation est à l'origine de la peur des images.
Il y a de nombreuses déviations de la fonction fantasmatique. Chacune peut être plus ou moins grave. Tout le monde connaît les phobies comme la peur des araignées, des ascenseurs, de la foule au supermarché ou de conduire les voitures. Elles sont une peur inutile de certains fantasmes. La peur de l'araignée n'est pas une peur de la petite bête mais d'un fantasme qui fait de l'araignée un symbole sexuel féminin et de sa toile un symbole de l'excitation sexuelle qui envahit le réseau nerveux et le cerveau. Certains enfants ont peur du loup alors même qu'ils n'en n'ont jamais vus. La plupart des censeurs d'images ont peurs de certains symboles ou fantasmes, alors ils érigent en loi interdictrice leur propre peur. Normalement l'enfant fait bien la différence entre une image fantasmée et une image réelle et il n'a pas peur du loup imaginaire ! Une image de mort dans Scream n'est pas une image vraie comme celles des infos télévisuelles qui montrent les morts vrais, la violence réelle !

Il y a beaucoup d'autres sortes de perversions des images et des fantasmes.
D'autres formes de perversions des images nous sont données par les sectes (et dans une moindre mesure par les idéologies). Leurs membres utilisent des images, des pensées ou du narcissisme extérieurs à eux, en substitution à une incapacité de structurer les images et les identités. Les fantasmes et les mythologies sont alors donnés par des groupes extérieurs ou par la société. Les psychanalystes appellent cela la perversion de l'Idéal.

LES MOYENS DE REMPLACEMENTS DES FANTASMES

Les enfants ou les adultes trop pauvres en fantasmes n'ont pas d'autres solutions que de remplacer l'absence de fantasme par toutes sortes de moyens. Ils utilisent des moyens de substitution parce qu'il faut acquérir des images à tout prix. Et il vaut mieux acquérir des images violentes que pas du tout ! Chacun cherchera ses images selon ses besoins et là où il les trouve. Plus les tensions sont violentes plus les images de substitutions seront violentes. Seules les images ont la capacité de transformer la violence et même si elles sont violentes, elles donnent un sens aux pulsions. On voit que remplacer l'absence de fantasme par des images de films est un moyens très agréable et très positif. C'est pourquoi, il faudrait inonder d'images visuelles les endroits de violence. Malheureusement il faut déjà un certain niveau de symbolisation pour regarder des films ou pour jouer des jeux vidéos ou pour lire des romans.
A l'âge adulte, les personnes qui ne sont pas capables d'entrer dans le monde des images sont souvent obligées de remplacer cette carence de fantasmes par la drogue ou par l'alcool ou par des délires qui en créent ou encore par des idéologies. Les drogués, par exemple, produisent des images par la drogue et leur violence interne se calme. Les alcooliques produisent un certain délire qui permet, pendant un certain temps de lever les inhibitions et d'évacuer les tensions. L'alcool calme les tensions en donnant une multitude d'images pouvant aller jusqu'au délire.
Le délire est le dernier recours dans l'impossibilité d'avoir des images fantasmées. Le délire est une production surabondante d'images morcelées. Il est comme une usine à images qui éclate parce que la personne ne sait pas structurer ses fantasmes.

A QUOI SERVENT LES FANTASMES ?

Deux exemples permettront de comprendre plus facilement ce à quoi servent les fantasmes.

Un petit garçon avait perdu son père à trois ans. A six ans, à l'âge où l'on apprend à écrire à l'école, il n'arrivait pas à faire le "p" et le "t". Pour le "p" la maîtresse disait que c'était comme "papa" et pour le "t" comme "tousse". Le soir, il est rentré à la maison en larmes disant qu'il était totalement incapable d'écrire ces lettres. Sa mère fut angoissée, elle aussi, d'entendre ce que la maîtresse avait dit, mais elle comprit que le papa qui tousse évoquait le père qui était mort d'un cancer des poumons. Elle lui demanda si ce n'était pas le souvenir du père qui l'empêchait d'écrire ses lettres. L'enfant fut soulagé mais il n'arrivait pas encore à les former. Quelques nuits plus tard, le garçon fit un cauchemar. Il y voyait un énorme volcan avec un "pipi" dedans. Le volcan fit un "pet" aussi grand qu'une explosion en faisant "t"... et en projetant du caca. Le lendemain, il reçut trois bons points à l'école pour avoir écrit le "p" et le "t" ainsi que les mots papa, maman et pipi...
Cet exemple nous montre qu'il y avait un double blocage chez ce garçon. Le premier se situait au niveau du symbolisme. Le p et le t n'étaient ni libres ni neutres parce qu'ils étaient liés à la mort du père. L'interprétation par la mère les a libérés dans un premier temps et le garçon put dès lors (non sans peine puisque cela s'est produit sous la forme d'un cauchemar) élaborer le fantasme d'une scène parentale.
Sans que personne ne s'en rende compte, tout enfant doit fantasmer une scène sexuelle du genre de ce volcan (symbole du sexe de la mère) dans lequel il y a un pipi (sexe du père) pour arriver à produire le p et le t comme un pet. Il est d'ailleurs intéressant de constater que tous les éléments du cauchemar ont été écrits: papa, maman, pipi, p et t. Seuls les mots caca et explosion ne l'ont pas été. Ils ont en effet servi à libérer la mise en acte moteur de telle sorte que l'acte d'écrire p et t puisse se faire sans danger aucun.
Et voilà un autre exemple qui pourrait résumer ce à quoi sert le travail des images.


Dessin de vache

Un soir une petite fille de huit ans s'était faite sermonner par sa mère en colère parce qu'elle n'avait pas mangé sa soupe. Très fâchée elle se met à pleurer, quitte la table et monte dans sa chambre. Elle prend une page de papier qu'elle intitule "Pauvre Fleure", Fleure avec un "e" comme "pleure" parce que le dessin est une projection de ses pleurs sur le papier. Puis elle transpose sa colère contre sa mère en y dessinant une vache sans mamelles, avec une cloche au cou. A l'endroit des mamelles une fleur tient un écriteau portant l'inscription: "Non à la violence"! Autre projection de l'agressivité, la robe de la vache est tachetée de marron et de noir et pour compléter le tout, une autre fleur brandit une petite pancarte avec ce cri du coeur: "A bas las vaches". Dès lors la petite fille en oublie son malheur puisqu'elle ne sait pas consciemment que la vache est sa mère. Et pour parachever son travail de réparation, elle se dessine elle-même sous la forme d'une belle fleur bleue dont le bras est certes blessé, mais bien entouré de son bandage par une autre petite fille, une infirmière équipée de sa mallette de soins. D'autres fleurs l'entourent et montrent que le problème est réglé et oublié. Le dessin a complètement assumé et sublimé le problème de la soupe.
>Ainsi le travail des images sert à transformer les bonnes et les mauvaises tensions en narcissisme.

** Quelque part au fond de la personne, le travail intellectuel des adultes a la même fonction de réparer l'agressivité et la violence fondamentale. Lorsque cette réparation produit des fleurs, on parlera plutôt de création. Et lorsque le travail réussit à faire la synthèse complète et à transformer entièrement nos pulsions en narcissisme, on parlera de sublimation réussie.

LA MISE EN ACTE

LA MAUVAISE MISE EN ACTE.
Une grande peur, souvent invoquée contre les films et les jeux violents est la mise en acte. La mauvaise mise en acte consiste à agir des fantasmes au lieu de les voir en images visuelles. En simplifiant, on peut dire que la mauvaise mise en acte consiste à court-circuiter le fantasme par un acte moteur, c'est la motricité qui est privilégiée. L'agir est en prise directe avec l'inconscient trop pauvre en fantasmes. Il s'agit alors d'une pathologie liée à la pauvreté des fantasmes. Le somnambule, par exemple, au lieu de rêver ou de fantasmer qu'il saute par la fenêtre, le fait ou parfois il fait ce qu'il rêve.
Un exemple nous est donné par le suicide : au lieu de fantasmer la mort d'une manière ou d'une autre, le suicidaire le fait. Le suicidaire met en acte moteur un fantasme qui consiste à retourner dans le ventre de la mère. Le fantasme de la naissance où l'on sort du ventre de la mère est inversé. Tant qu'il y a un petit reste d'images fantasmées le suicide échoue. Quand il n'y a plus de fantasme du tout, la mise en acte va jusqu'au bout. Il s'agit de personnes qui n'ont pas su investir un monde d'images et de fantasmes au narcissisme positif. Ces personnes sont restées bloquées au fantasme de leur naissance qu'elles superposent avec la mort. Leur monde fantasmatique est aussi vide que le trou noir dans lequel elles veulent s'enterrer. Le criminel ou le violeur ont des fonctionnements analogues à ceci près qu'au lieu de se suicider, le criminel suicide les autres. Les pulsions de mort brutes prennent le dessus sur les pulsions de vie. Qu'on se souvienne de la Petite Sirène. Son narcissisme ne savait pas faire la synthèse avec les pulsions de ses amants et ils étaient entrainés dans la mort.
Une variante de mise en acte concerne les personnes qui ne pouvant fantasmer, empruntent des fantasmes aux films ou là où elles en trouvent pour les mettre en acte tel cet adolescent qui a utilisé le film de Scream pour commettre un crime de la même manière. Mais, là encore, il s'agit d'une incapacité de fantasmer et le contraire aurait évité le crime. Ce jeune a cherché un fantasme de remplacement dans le film, il aurait aussi bien pu le chercher dans la bible dans l'histoire de Caïn qui a tué son frère Abel, c'est sa pauvreté fantasmatique qui est coupable et non le film...

La pauvreté fantasmatique de Hitler un reste exemple le plus tristement célèbre. Elle était telle qu'il a été obligé de mettre en acte la mort de millions de personnes. Hitler était si pauvre en fantasmes que le seul fantasme qu'il pouvait mettre en acte était le fantasme de déféquer sur sa mère. On a des témoignages qui disent qu'il a déféqué sur plusieurs femmes avec lesquelles il a fait l'amour (dont plusieurs se sont suicidées). Il en a fait autant avec les juifs, il en a fait autant avec toute l'Europe.

LA BONNE MISE EN ACTE

Elle a pour origine le jeu. Il y a un lien entre l'acte moteur et le fantasme.
C'est la motricité qui met en acte les fantasmes dans le jeu. Mais vers dix ans, le fantasme disparaît du jeu et du dessin. A la puberté, le fantasme du jeu et du dessin est refoulé  au niveau du Pcs. L'enfant fait alors davantage la différence entre le fantasme et la réalité. D'une part les images deviendront réalité, un dessin de carotte sera une carotte réelle sans arrière pensée... Et d'autre part la mise en acte motrice du jeu (de Lego par exemple) se transformera en bricolage avant de devenir le travail à l'âge adulte. Cependant l'amour et la richesse du travail resteront liés à la richesse du jeu de l'enfance désormais inscrite dans le Pcs. Cela veut dire que le fantasme a lieu sans que l'on s'en rende compte consciemment. Il sert désormais à la richesse de l'imagination et au plaisir sous toutes ses formes. Il agit un peu à la manière dont la grammaire sous-tend le langage sans même que l'on s'en rende compte et le plaisir est sous-jacent au travail. Pour ceux qui savent fantasmer à travers la mise en acte, le travail prendra une dimension de plaisir, de création et de satisfaction narcissique. Les personnes qui, dans leur enfance, n'ont pas intégré du tout la mise en acte des fantasmes par le jeu, n'auront pas accès au travail. C'est le contraire, lorsque le travail est régi par le besoin d'emprise ou par le besoin continuel de contrôle.

Conditions de la bonne mise en acte.
On voit l'importance du fantasme dans le jeu. Il faut savoir que petit enfant ne peut fantasmer dans ses jeux que s'il peut s'isoler dans son petit monde et que s'il n'est pas loin d'une personne qu'il aime bien et avec qui il a une relation individuelle. Il faut aussi que cette personne ait un minimum de capacité à fantasmer. Le fantasme vrai ne naît que dans une bonne relation où l'enfant est fortement individualisé, grâce à une mère aimant les fantasmes et un père les structurant. Cela suppose une vie individuelle importante que peu de sociétés supportent.
Par ailleurs beaucoup de personnes privilégient la motricité à la passivité. Or la passivité  favorise le fantasme. A l'école maternelle par exemple, il est très difficile à l'enfant de fantasmer à cause du groupe et parce qu'il faut toujours faire quelque chose ! On oublie que le fantasme est la base d'une vie intellectuelle riche dans toutes ses dimensions.
A tout cela, on peut ajouter que pour pouvoir bien fantasmer, même si les jeux ont besoin de rester dans la zone des fantasmes des parents, l'enfant a cependant besoin de choisir (et d'acheter) lui-même ses jeux. Les fantasmes font partie du monde de chaque enfant individuellement. L'enfant a besoin de la liberté de créer son monde imaginaire à lui !

L'aboutissement de la bonne mise en acte c'est la sexualité.
Le but ultime de la mise en acte est d'arriver à la mise en acte sexuelle. Les pulsions de vie doivent prendre le dessus sur les pulsions de mort. C'est pour cela que beaucoup d'animaux ont besoin de tuer le rival pour pouvoir prendre leur femelle. La pénétration met en jeu une grande quantité de fantasmes et de pulsions. Il s'agit de fantasmer en sortes que les pulsions deviennent un rituel nuptial. L'orgasme fait la synthèse finale. Et c'est ainsi que l'image et le corps peuvent, pour quelque temps, faire leur unité. La vie prend le dessus sans plus se préoccuper des pulsions de violence de la mort. La violence est assumée.

Voilà donc les rapports entre fantasmes, mise en acte et violence. Ils nous apprennent comment la richesse de ses fantasmes et la richesse de ses jeux font la richesse de l'enfant. Un enfant qui sait fantasmer et qui joue bien, a l'avenir devant lui. Il y a là, aussi, une clé pour notre société. La vie fantasmatique assume la violence.

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© 2011/01/fév à 2021 Alfred ERBS
Docteur ès sciences humaines
Docteur en ethnologie
Psychanalyste à ORLÉANS
e-mail : alfrederbs@gmail.com
web : http://www.psychanalyseerbs.com/

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