Enigme de l'histoire: Le mécanisme d'Anticythère


En 1900, l'épave d'un navire grec est découverte au large de l'île d'Anticythère, petite île située entre la pointe sud est du Peloponnèse et la Crète. La cargaison du navire, datée de 87 av J.C. est exceptionnelle pour les archéologues : statues, pièces de monnaie, bronzes …
Cependant, au milieu de toutes ces pièces rares, en 1902, un archéologue grec remarque d'étranges pièces. Il s'agit de roues dentées maintenues entre elles par les restes d'une structure de bois.
Que fait cet étrange mécanisme, aujourd'hui conservé au Musée national archéologique d'Athènes dans une cargaison datée de 80 avant notre ère ?
Vous trouverez ci-dessous des extraits de Wikipedia faisant le point sur cette affaire.


Position du problème
D'instinct, ce disque apparaît " curieux " à tous ceux qui l'ont approché. Il a été tour à tour qualifié " d'étrangeté ", " de merveille", " de relique ", etc. Et les hypothèses les plus extravagantes ont circulé à son sujet.
La diversité des opinions ne converge que sur un point : c'est un calculateur. Or en Occident, le premier calculateur connu fut celui que créa Pascal en 1641 (la Pascaline). Soit, pour Anticythère, une antériorité de 17 siècles ! Ce qui pose immédiatement nombre de questions, par exemple :
" Comment les Grecs, peu réputés pour leur culture technologique, ont-ils pu réaliser un tel instrument, si en avance sur son temps "
" Comment une telle technologie a-t-elle pu se créer puis disparaître" ?
" Que se serait-il passé si cette technologie avait pu se répandre dans les civilisations gréco-romaine, puis médiévale ?


Description
Cette machine de bronze, de forme circulaire, actuellement fragmentée en 3 parties, occupe le volume d'un petit boîtier haut de 21 cm, large de 16 et épais de 5 (dimensions d'un livre de taille moyenne).
Elle est composée de 32 éléments dont une vingtaine de roues dentées. Elle devait probablement être actionnée à la main ou par un système hydraulique. Son fonctionnement se base sur les mouvements différentiels des engrenages permettant de " calculer " la position des astres à un moment donné.

       

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 Interprétation
Elle semble être la première machine capable de restituer des données transformées après entrée d'autres données. De ce point de vue, elle peut être considérée comme une véritable machine à calculer.

Datation
Si, assez logiquement, les premières études avaient identifié l'âge du mécanisme à celui du navire, soit 87 av. J.-C., les nouvelles études (voir infra) le font plus ancien d'un siècle voire deux ! Ce qui d'une part, 'bouscule' d'emblée plusieurs hypothèses (dont celles de Poséidonios, voir infra), mais d'autre part en en rendant son usage séculaire, voire pluri-séculaire, le fait sortir du rang des simples 'gadgets'.

Premières études : premières hypothèses
Le soin et l'adresse avec lesquels cette machine fut réalisée, ainsi que les connaissances nécessaires en mécanique et en astronomie la place au rang des énigmes helléniques mais aussi astronomiques ou mathématiques. En effet, l'aristocratie grecque était réputée pour son ''dégoût'' des techniques et arts appliqués qui étaient de fait laissés aux esclaves. Ils leurs préféraient des sciences plus abstraites, telles que les mathématiques ou la physique. On se demande donc toujours qui a pu réaliser une œuvre aussi complexe.
Une hypothèse avancée est que le mécanisme fut construit par un mécanicien ingénieux de l'école de Poséidonios à Rhodes. Cicéron, qui visita l'île en 79/78 av. J.-C. rapporte en effet que de tels engins étaient conçus par le philosophe stoïcien Poséidonios d'Apamée (135 av. J.-C., 51 av. J.-C.). La conception du mécanisme d'Anticythère paraît suivre la tradition du planétarium d'Archimède, et si elle peut être reliée aux cadrans solaires, elle apparaît plus complexe qu'un astrolabe.

Dans les années 50
Un calculateur ? c'est ce que voulut vérifier le Dr Derek de Solla Price, physicien anglais, utilisant le procédé de désoxydation électrolytique, étudia longuement le disque et fit apparaître un dispositif extrêmement complexe, comprenant, outre la vingtaine de roues dentées déjà répertoriées, des axes, des tambours, des aiguilles mobiles et trois cadrans gravés d'inscriptions et de signes astronomiques. En 1959, il consigna son étude dans un article extrêmement détaillé : Gears From The Greeks: The Antikythera Mechanism, A Calendar Computer from Circa 80 BC. Cependant, il ne put trancher sur la véritable nature du mécanisme: astrolabe, horloge, calculateur,...

Études actuelles
Comme il était impossible de démonter le disque sans l'endommager gravement et que d'autre part les moyens classiques, tel que la radiographie s'avéraient inadaptés, pendant des décennies toute nouvelle étude du disque fut bloquée jusqu'à ce que, en 2000, l'astronome Mike Edmunds de l'Université de Cardiff, eut l'idée d'utiliser le scanner. Malheureusement aucun scanner ne se révéla adapté à cet usage ; si bien qu'en 2002, Edmunds se résolut à faire construire un appareil spécialement adapté.
Paradoxe : pour étudier un si petit objet (quelques centaines de grammes), il fallut construire un scanner à rayons X (en fait un tomographe de 450 kilovolts), pesant, avec sa console, plus de huit tonnes!
Cet appareil s'avère capable de reconstituer et produire des images tridimensionnelles avec une précision de 50 microns.
De plus, pour parachever cette nouvelle expertise scientifique, Edmunds suscita, à l'automne 2005, une équipe pluri-disciplinaire associant des astronomes, des physiciens, des mathématiciens et des paléographes des trois universités les plus concernées, impliquant les départements suivants :
" Université de Cardiff, G-B, école de Physique et d'Astronomie (82 personnes).
" Université d'Athènes : Section d'Astronomie, Astrophysique et Mécanique. Directeur Pr Laskarides Paulos- (Responsable : Pr Xénophon Moussas)- (71 personnes).
" Université Aristote de Thessalonique : Section d'Astrophysique, Astronomie et Mécanique du département de Physique (72 personnes). (Responsable : Pr John Seiradakis).
Pour Xénophon Moussas, directeur du laboratoire d'astrophysique de l'université d'Athènes, qui participe aux investigations en cours sur le disque: "La pièce grecque est beaucoup plus complexe que tous les astrolabes connus, puisque l'un des astrolabes les plus sophistiqués que l'on connaisse, conservé à Londres, au British Museum, ne comporte comparativement, que quelques engrenages et roues à dents." (source 'AFP', conférence de presse du 9 juin 2006). Il indique dans ce même article : "Nous avons pu découvrir de nouvelles inscriptions en grec, sur les pièces du mécanisme ou sur des fragments de feuilles de bronze et ainsi déchiffrer plus de 2000 lettres contre seulement 900 pour Price. Ces textes, qui comptent au total un millier de caractères, sont à la fois un mode d'emploi de l'appareil et un traité d'astronomie, faisant référence aux étoiles. Chaque semaine nous en apprend un peu plus", s'enthousiasme-t-il. Quatre cadrans "au moins" - et non pas trois - indiquent les positions du Soleil et de la Lune, ainsi que, pour le plus petit des cadrans, les phases de notre satellite.
"Nous sommes sûrs aujourd'hui qu'il s'agissait d'une machine à calculer les mouvements du Soleil et de la Lune, peut-être aussi - nous n'en sommes pas certains - ceux de quelques planètes". Cependant, le terme d'horloge astronomique me paraît toutefois inapproprié, le mécanisme étant apparemment actionné par une manivelle ".
D'autres part, la forme des caractères, comparée à celles d'autres inscriptions de la même époque, conduit les experts à dater la pièce de la fin du IIe siècle avant notre ère.

Perspectives
L'équipe du Projet de recherche prévoit de communiquer les résultats des analyses en cours à l'automne 2006, lors d'une conférence internationale à Athènes, le 30 novembre et le 1er décembre 2006. Les données expérimentales (plus de un téraoctet) devraient être mises en ligne courant 2007.

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