Interprétation
Elle semble être la première machine capable de
restituer des données transformées après
entrée d'autres données. De ce point de vue, elle
peut être considérée comme une véritable
machine à calculer.
Datation
Si, assez logiquement, les premières études avaient
identifié l'âge du mécanisme à celui
du navire, soit 87 av. J.-C., les nouvelles études (voir
infra) le font plus ancien d'un siècle voire deux ! Ce
qui d'une part, 'bouscule' d'emblée plusieurs hypothèses
(dont celles de Poséidonios, voir infra), mais d'autre
part en en rendant son usage séculaire, voire pluri-séculaire,
le fait sortir du rang des simples 'gadgets'.
Premières études : premières
hypothèses
Le soin et l'adresse avec lesquels cette machine fut réalisée,
ainsi que les connaissances nécessaires en mécanique
et en astronomie la place au rang des énigmes helléniques
mais aussi astronomiques ou mathématiques. En effet, l'aristocratie
grecque était réputée pour son ''dégoût''
des techniques et arts appliqués qui étaient de
fait laissés aux esclaves. Ils leurs préféraient
des sciences plus abstraites, telles que les mathématiques
ou la physique. On se demande donc toujours qui a pu réaliser
une uvre aussi complexe.
Une hypothèse avancée est que le mécanisme
fut construit par un mécanicien ingénieux de l'école
de Poséidonios à Rhodes. Cicéron, qui visita
l'île en 79/78 av. J.-C. rapporte en effet que de tels
engins étaient conçus par le philosophe stoïcien
Poséidonios d'Apamée (135 av. J.-C., 51 av. J.-C.).
La conception du mécanisme d'Anticythère paraît
suivre la tradition du planétarium d'Archimède,
et si elle peut être reliée aux cadrans solaires,
elle apparaît plus complexe qu'un astrolabe.
Dans les années 50
Un calculateur ? c'est ce que voulut vérifier le Dr Derek
de Solla Price, physicien anglais, utilisant le procédé
de désoxydation électrolytique, étudia longuement
le disque et fit apparaître un dispositif extrêmement
complexe, comprenant, outre la vingtaine de roues dentées
déjà répertoriées, des axes, des
tambours, des aiguilles mobiles et trois cadrans gravés
d'inscriptions et de signes astronomiques. En 1959, il consigna
son étude dans un article extrêmement détaillé
: Gears From The Greeks: The Antikythera Mechanism, A Calendar
Computer from Circa 80 BC. Cependant, il ne put trancher sur
la véritable nature du mécanisme: astrolabe, horloge,
calculateur,...
Études actuelles
Comme il était impossible de démonter le disque
sans l'endommager gravement et que d'autre part les moyens classiques,
tel que la radiographie s'avéraient inadaptés,
pendant des décennies toute nouvelle étude du disque
fut bloquée jusqu'à ce que, en 2000, l'astronome
Mike Edmunds de l'Université de Cardiff, eut l'idée
d'utiliser le scanner. Malheureusement aucun scanner ne se révéla
adapté à cet usage ; si bien qu'en 2002, Edmunds
se résolut à faire construire un appareil spécialement
adapté.
Paradoxe : pour étudier un si petit objet (quelques centaines
de grammes), il fallut construire un scanner à rayons
X (en fait un tomographe de 450 kilovolts), pesant, avec sa console,
plus de huit tonnes!
Cet appareil s'avère capable de reconstituer et produire
des images tridimensionnelles avec une précision de 50
microns.
De plus, pour parachever cette nouvelle expertise scientifique,
Edmunds suscita, à l'automne 2005, une équipe pluri-disciplinaire
associant des astronomes, des physiciens, des mathématiciens
et des paléographes des trois universités les plus
concernées, impliquant les départements suivants
:
" Université de Cardiff, G-B, école de Physique
et d'Astronomie (82 personnes).
" Université d'Athènes : Section d'Astronomie,
Astrophysique et Mécanique. Directeur Pr Laskarides Paulos-
(Responsable : Pr Xénophon Moussas)- (71 personnes).
" Université Aristote de Thessalonique : Section
d'Astrophysique, Astronomie et Mécanique du département
de Physique (72 personnes). (Responsable : Pr John Seiradakis).
Pour Xénophon Moussas, directeur du laboratoire
d'astrophysique de l'université d'Athènes, qui
participe aux investigations en cours sur le disque: "La
pièce grecque est beaucoup plus complexe que tous les
astrolabes connus, puisque l'un des astrolabes les plus sophistiqués
que l'on connaisse, conservé à Londres, au British
Museum, ne comporte comparativement, que quelques engrenages
et roues à dents." (source 'AFP', conférence
de presse du 9 juin 2006). Il indique dans ce même article
: "Nous avons pu découvrir de nouvelles inscriptions
en grec, sur les pièces du mécanisme ou sur des
fragments de feuilles de bronze et ainsi déchiffrer plus
de 2000 lettres contre seulement 900 pour Price. Ces textes,
qui comptent au total un millier de caractères, sont à
la fois un mode d'emploi de l'appareil et un traité d'astronomie,
faisant référence aux étoiles. Chaque semaine
nous en apprend un peu plus", s'enthousiasme-t-il. Quatre
cadrans "au moins" - et non pas trois - indiquent les
positions du Soleil et de la Lune, ainsi que, pour le plus petit
des cadrans, les phases de notre satellite.
"Nous sommes sûrs aujourd'hui qu'il s'agissait d'une
machine à calculer les mouvements du Soleil et de la Lune,
peut-être aussi - nous n'en sommes pas certains - ceux
de quelques planètes". Cependant, le terme d'horloge
astronomique me paraît toutefois inapproprié, le
mécanisme étant apparemment actionné par
une manivelle ".
D'autres part, la forme des caractères, comparée
à celles d'autres inscriptions de la même époque,
conduit les experts à dater la pièce de la fin
du IIe siècle avant notre ère.
Perspectives
L'équipe du Projet de recherche prévoit de communiquer
les résultats des analyses en cours à l'automne
2006, lors d'une conférence
internationale
à Athènes, le 30 novembre et le 1er décembre
2006. Les données expérimentales (plus de un téraoctet)
devraient être mises en ligne courant 2007. |