Howard H. Aiken  (1900 - 1973)

 

Howard Hathaway Aiken naît à Hoboken dans le New Jersey  le 9 mars 1900. Il fait  ses études à Madison, à l’université du Wisconsin où il est licencié en sciences en 1923 et  devient professeur à l’université de Miami.

  Il reprend des études  en 1935 à Cambridge (Université de Harvard) pour passer un PhD de physique. Sa thèse porte sur l’amélioration des tubes à vide. Ce travail traite principalement des trajets des particules chargées et demande la résolution d’équations différentielles non linéaires qui ne peuvent se résoudre que par approximations, exigeant de longs et fastidieux calculs. 

C’est alors qu’il songe à mécaniser ces calculs, en améliorant les machines d’Hollerith, en particulier en leur permettant d’effectuer les 4 opérations arithmétiques et des fonctions mathématiques telles que logarithmes ou fonctions trigonométriques, et en enchaînant  les opérations sans intervention humaine.

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 Il définit les grandes lignes de son projet dans un mémoire qu’il adresse au président du département de physique de Cambridge, Frederick Saunders. Celui- ci lui indique alors avoir entendu parler, par un technicien du labo nommé Carmelo Lanza, d’une machine un peu analogue stockée dans un grenier  de l’université.

 Lanza l’emmène dans ce grenier où il découvre un ensemble d’engrenages en cuivre, qui ne sont autres que des morceaux de la machine analytique de Charles Babbage qui, comme chacun sait, n’a jamais été terminée.S’étant procuré en plus des mains du propre petit-fils du grand inventeur britannique un ensemble d’ouvrages de et sur Babbage,  Aiken s’aperçoit rapidement que son projet était tout à fait similaire à celui de Babbage 100 ans auparavant.

La direction d’Harvard finit par accepter le projet qui intéresse également l’US navy pour faire ses calculs de balistique. Aiken contacte alors la Monroe Calculating Company qui décline l’offre mais suggère le nom de Tom Watson, patron d’IBM. Celui-ci accepte de construire la machine et  supportera les deux tiers du financement, le reste étant pris en charge par la marine.

 La construction démarre en 1939 chez IBM à Endicott sous la direction de Clair  D. Lake  assisté de Frank Hamilton et Benjamin Durfee, Aiken  supervisant le tout. (On voit ces 4 personnages sur la photo devant l’ASCC ; de gauche à droite : Hamilton, Lake, Aiken, Durfee). Bien qu’a cette époque la technologie des tubes électroniques fut disponible, la machine sera construite avec des relais, technologie moins onéreuse qu’IBM maîtrise parfaitement sur ses équipements mécanographiques. Elle portera le nom d’ASCC : Automatic Sequence Control Computer.

 Les travaux coûteront fort cher et seront retardés par la guerre. Ils ne se termineront que fin 1943 et la machine, donnée par IBM à Harvard y sera transportée.

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 L’ASCC avait pour principale caractéristique de comporter 72 registres de 23 chiffres décimaux qu’elle commandait elle-même, ce qui permettait d’enchaîner les opérations.

 Elle faisait 3 additions ou soustractions par seconde, une multiplication en 6 secondes et une fonction complexe (logarithme, sinus ..) en une minute ou plus. Si elle était très lente, elle était aussi très fiable et travailla sans aucune erreur 24 heures par jour 7 jours par semaine durant 15 ans.(remarquons au passage que n’importe quel micro d’aujourd’hui prendrait quelques secondes pour faire toutes les opérations qu’a faites l’ASCC durant ses 15 ans de vie active). Le programme était entré sur bande perforée, les données sur carte perforée et les sorties se faisaient sur télétype. Grace Murray Hopper, envoyée par la marine travailler  sur l’ASCC participera activement à sa programmation.

Sur le plan matériel, comme toutes les machines comparables de l’époque, l’ASCC était imposante : 15 mètres de long, 5 tonnes, 750000 composants, 2200 roues de registres, 3300 relais, 800 kilomètres de câblage. La machine est synchronisée par un arbre sur toute sa longueur, comme les anciens ateliers de menuiserie ou de mécanique. Un moteur de 5 cv le fait tourner.

 Après le transfert de la machine à Harvard une polémique s’instaure entre Aiken et Watson sur sa paternité et le pauvre Watson n’est même pas invité à l’inauguration !

 Du coup la machine va s’appeler Harvard Mark 1, nom sous lequel elle est plus connue aujourd’hui. Ne pas  confondre avec le Manchester Mark 1 dont nous avons déjà parlé.

 IBM d’un coté, Aiken de l’autre développent des machines à tubes sur la même architecture :  IBM sort le SSEC (Selective Sequence Electronic Controler) en janvier 1948.    Aiken développe successivement les Harvard Mark 2 (1947), 3 (1949) et 4 (1952).

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Harvard  Mark 2    Photo Science et Vie

Aiken va également s’impliquer dans l’enseignement à partir de 1947 et crée en particulier le laboratoire d’informatique de Harvard, le premier au monde. Il prend sa retraite d’Harvard en 1961 mais continue à enseigner à Miami.  Il aura aussi publié  des ouvrages sur l’électronique et sur la théorie de la commutation.

Il reçoit en 1964 de la Computer Society la Harry M. Goode Memorial Award (une médaille et 2000$) pour « sa contribution originale au calcul automatique, qui a conduit au premier grand calculateur digital universel. »  Il recevra également des distinctions venant du monde entier, Etats-Unis, Allemagne, Belgique, Pays Bas et France.

Il meurt à Saint Louis le 14 mars 1973. 

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