Konrad Zuse

1910-1995

Je vous propose aujourd’hui d’évoquer une figure relativement peu connue, mais qui mérite assurément de figurer parmi les pionniers. Il s’agit de Konrad Zuse .

Né le 22 juin 1910, il est contemporain des Von Neumann, Turing, Aiken, Eckert et Mauchley, Atanasoff et autres Stibitz, mais il eut la malchance, pendant la deuxième guerre mondiale , à l’époque de l’explosion des projets d’ordinateur, d’être du mauvais coté :

L’Allemagne en guerre ne croyait pas dans le calcul automatique, et Zuse ne bénéficiant pas de crédits publics fut un inventeur isolé.

De plus plusieurs de ses prototypes furent détruits par les bombardements alliés.

Enfin , bien entendu, il ne profita pas de la médiatisation américaine.

Etudiant à l’Institut polytechnique de Berlin-Charlottenburg, il est frappé par " l’horreur que me causaient les innombrables calculs compliqués aux quels j’étais astreint pendant mes études d’ingénieur civil "

Bien que sans compétence particulière dans le domaine, il décide de se pencher sur l’automatisation des calculs et se met au travail à sa sortie d’école en 1935 dans " un modeste atelier installé dans la maison de mes parents ".

Sa première réalisation, le Z1, est terminée en 1938. Elle est entièrement mécanique : mémoire et unité arithmétique (qui sont indépendantes) sont constituées à base de petits barreaux coulissants à 2 positions. C’est donc déjà une machine binaire. Elle travaillait en virgule flottante.

 La Z2 , basée sur la Z1, avec un processeur à relais tourne en 1939.

Puis il attaque la Z3, entièrement à relais, qui fonctionnera en 1941.

Elle comprend :

Une unité de contrôle.

Une unité arithmétique et logique à 2 registres.

Une mémoire de 64 mots ( l’adressage est à 6 bits)

Des unités d’entrée-sortie : Lecteur de ruban papier qui stocke le programme, clavier pour entrée des données, affichage numérique pour les résultats.

 
 Les instructions d’entrée-sortie arrêtent la machine pour permettre d’entrer une donnée ou de lire un résultat.

La fréquence est d’environ 5 hz

On constate que l’architecture du Z3 n’est pas loin de celle d’un ordinateur moderne. La principale lacune est l’absence de branchement conditionnel…

Zuse est ensuite mobilisé quelque temps, mais la société aéronautique qui l’employait (Henschell ) parvient à le faire libérer et il met au point le Z4, analogue au Z3 mais plus puissant., qui tournera en 1945. Il travaille aussi à cette époque sur des calculateurs spécialisés sur des calculs d’ailes.

 Son atelier est bombardé. Il ne parvient qu’a sauver le Z4 qu’il parviendra à emporter dans un village de Haute-Bavière, ou il restera jusqu’en 1948, perfectionnant son Z4 avec des moyens artisanaux et réfléchissant aux aspects théoriques du traitement de l’information .C’est à cette époque qu’il met au point son " Plankalkül ", langage de programmation de haut niveautrès en avance sur son temps.

Malgré tout, Zuse commence à être connu et le Z4 attire l’attention du professeur Steifel, de l’Ecole technique Supérieure confédérale de Zürich où il est bientôt installé et où une démonstration a lieu devant une centaine d’industriels.

Zuse obtient des contrats qui lui permettent de fonder une société, la Zuse KG et d’installer une usine d’où sortiront environ 300 systèmes de différents modèles, à relais, à tubes, à transistors, couvrant des domaines d’utilisation très variés (surtout dans les domaines industriels et scientifiques), jusqu'à une machine à dessiner.

Les besoins en capitaux font progressivement passer la Zuse KG sous le contrôle de Siemens, pour lequel Zuse devient consultant.

Il meurt le 18 décembre 1995.

 Pour en savoir plus :

- IEEE Annals of History of computing, Vol 19, N° 2, 1997

- Exposé de Daniel M. Dubois au 3éme colloque sur l’Histoire de l’Informatique, Sofia Antipolis, 1993. Cet exposé comprend la conférence que fit (en français) Konrad Zuse en septembre 1981, lorsqu’il reçut la Médaille d’Or de l’Université de Liège.

- Les Cahiers de Science et Vie, Hors série N° 36, dec 1996 : Qui a inventé l’ordinateur.

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