Les Passages parisiens

 

De 1990 à 1999, Krzysztof Rutkowski à publié chaque semaine dans Gazeta Wyborcza puis dans Rzeczpospolita des essais, que l’on serait tenté de désigner par « feuilletons », mais qui n’en sont pas. K. Rutkowski nous ouvre la voie de ses « passages » : « J’étais alors à la recherche de nouveaux genres du discours, à la croisée des chemins qui me conduiraient de la chronique à l’essai littéraire, à la prose artistique. Je créai un Laboratoire « clandestin » et monoplace des genres du discours (…) ». K. Rutkowski jetait un pont culturel et spirituel qui, pendant une décennie, reliait Varsovie à Paris et Paris à Varsovie.

Ce « Laboratoire de l’antifeuilleton » donna naissance à trois recueils de textes édités en Pologne chez Slowo/obraz terytoria sous les titres suivants : (Les passages parisiens, 1995/ Brèves de fin de siècle, 1997/ La mort dans l’eau, 1999).

Les essais publiés dans la presse polonaise ne correspondent pas au contenu des livres édités par la suite en Pologne, en France et en Allemagne. 

Les trois volumes en polonais, le volume intitulé en français « Les Passages parisiens. Chroniques d’un écrivain polonais  » (Paris 1998, Ed. Exils, traduit par Frédérique Laurent) et le livre allemand « Notizen am Ende des Jahrhunderts »   (Hambourg1999, Rospo Verlag, traduit par Nina Kozlowska) doivent être considérés comme des passages indépendants les uns des autres, ayant une existence à part entière. Il convient de les regarder comme des petits ponts jetés par les essais dans la presse qui nous invitent à découvrir de nouveaux passages, uniques dans leur composition et leur esprit. Il aurait été insensé de les laisser se copier, se décupler, se répéter à leur gré … Ils auraient été inutiles et inertes dans un simple jeu de miroir fidèle.

La version allemande « Notizen am Ende des Jahrhunderts » (Hambourg1999, Rospo Verlag, traduit par Nina Kozlowska) a été saluée par une presse enthousiaste, telles les chroniques de Marta Kijowska (Süddeutsche Zeitung 3.3.2000), et de Ekkehard Faude (Weltwoche, 2.3.2000).

La version française, « Les Passages parisiens. Chroniques d’un écrivain polonais »  (Paris 1998, Ed. Exils, traduit par Frédérique Laurent) a connu un succès d’estime et un accueil favorable de la presse. Claire Devarrieux, dans Libération (31.12.1998), parle de « lien d’œuvre à œuvre ou d’homme à homme » (…) où  « le charme de cet ouvrage tient à la présence polonaise ». Gilles Costaz, dans Le Magazine littéraire (Avril 1999), nous invite à « ouvrir les magistraux Passages parisiens, écrits d’une plume toujours inattendue (…) ».

L’originalité des Passages parisiens tient non seulement à une plume, mais aussi à une musique, une résonance, qui loin d’être confinée, s’élève jusqu’au faîte de la voûte vitrée, la transperce, s’envole en tenant sa partie ainsi : « (…) Chaque moment de l’existence, aussi bref soit-il, est grave, unique et digne d’être saisi au vol, comme une lumière, une voix, un regard. (…) Qu’il faut parler de la terre de façon inépuisable, ouverte, attentive, avec vigilance et circonspection, qu’il faut injurier, murmurer, prier les choses pour qu’elles s’expriment de leur propre voix, et seulement alors il sera possible d’arrêter le temps et d’apercevoir dans les vitrines des passages quelque chose de plus que le bout de son nez. Qu’il faut choisir les genres adéquats du discours et les construire, selon les règles de l’art (…). ».

Nous touchons là aux moments sublimes et élaborés des Passages, nous entrons sans détour dans le Laboratoire clandestin des genres du discours.

 

 

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