Or voici que l’homme de Perse voit le seigneur Antoine s’effondrer sur le sol et il voit que de la bouche du seigneur Antoine s’écoule un flot de sang et un flot de choses noirâtres et pestilentielles.
Mais la mer est là qui s’avance qui lave le sang et le flot pestilentiel.
Et un oiseau s’abat dans la lumière et il picore les choses pestilentielles.
Puis l’homme de Perse dépose le corps du seigneur Antoine, le corps sanglant et puant du roi dans la litière et il voit que les lèvres d’Antoine, ses lèvres pleines de sable, peintes de sang et de sucs noirs, il voit que ces lèvres sont pleines de rires.
Il éponge le front du seigneur Antoine.
Et le vieil homme aussi est là qui baigne la plaie du seigneur Antoine avec de l’eau prise à la mer, qui nettoie le corps de son seigneur avec de l’eau venue de mer et qui prépare le corps de son seigneur pour son retour entre les bras d’Égypte.
Et l’homme de Perse, à l’entrouvert de la litière, entend le vent sur l’Heptastade, la fête du vent.
Il entend la foule aussi malgré le vent.
Car la foule approche, malgré le vent.
Et tandis que se remet en marche la litière, malgré le vent, ce qu’on entend n’est pas le vent mais la rumeur environnante d’Alexandrie qui pénètre sur l’Heptastade comme les soldats de Rome, avec le vent, pénètrent dans la ville.

Trois brèves légendes: première brève légende - 14