Il y avait des gens et des cercles de gens, sur les pentes où campait le vent son campement de tentes éphémères, avec des attroupements bavards et d’autres, au contraire, ils se tenaient isolés, avec leur menton dans leur main, et d’autres encore, ils suivaient du regard un début de pensée qu’ils ne connaissaient pas, ou un début d’émotion qu’ils ne comprenaient pas mais qui leur importait. Il y avait des lavandières, par exemple: j’ai vu les couffins où le linge tressaille sous le battoir du vent et mes narines s’emplissaient par instants du goût aigu du linge remis à neuf et comme craquant d’un craquement de galette trop cuite. Il y avait toutes sortes de gens, sur les pentes, oisifs avec leur oisiveté autour d’eux déployée comme un tapis pour la sieste auprès d’autres, encore, qui allaient et venaient et étaient en souci, semblaient en quête et en travail et en attente de choses inquiétantes. Et des soldats aussi, il y en avait, debout dans l’encombrement de leur armure ainsi que des insectes surpris sous la roche soulevée qui ne bougent plus et se campent dans leur immobilité bardée d’antennes et d’anneaux. Il y avait des esclaves et toutes espèces de pauvres gens, avec également aussi toutes espèces de gens très riches dont les litières jetaient des ombres carrées sur le sol humble.

Trois brèves légendes: deuxième brève légende - 6