Dans la demeure du village, dans sa maison aveugle et blanche, la femme du chef du village, pour ma bienvenue, elle s’était parée comme un reine. Il y avait des surlignements et des soulignements bleus sur ses yeux, et il y avait, sur ses mains, de larges taches rouges et sur sa robe, dans ses plis, il y avait de l’or et des choses brillantes encore: des diamants peut-être, et des perles, et des petits miroirs encore, des fragments de miroir au cassé de l’étoffe, comme des fleurs, des froides, entre les couleurs. Elle se tint sur le seuil, comme une reine, elle était comme une souveraine entre la lumière et l’ombre – et, dans la lumière, les miroirs scintillants, et encore, dans l’ombre, celle de sa face souriante – et de sa main elle me fit de sa demeure offrande, de la main, et sans un mot, offrande, avec, sans cesse, les yeux baissés en direction du sol, où reposaient ses pieds nus, en direction de la poussière, dans la fière humiliation de la terre, auprès de son époux.
Le chef du village s’est incliné devant moi.
Il a dit: voici ta maison.
Il a dit: ma maison est ta maison, elle est mon cœur humble que je t’offre.
Les maisons d’ici, les vieilles aveugles blanches, leur intérieur, il est d’une grotte: un fruit de fraîcheur y gonfle. Il est d’un fruit inconnu, et tiède à la paume, et chaleureux au palais, et à la langue délicieux, qui aspire son suc: un noyau de froideur s’y tient, dur sous la dent, doux dans la bouche. Les maisons, ici, elles sont vides comme la bouche qui mord le fruit. Leurs fenêtres minuscules (mais, de minuscule, qu’y a-t-il, quand c’est le ciel qui y gîte, et le soleil entier avec le jour entier dans son exacte mesure éblouissante, et la fenêtre d’en face y trace son carré d’ombre?) ne s’ouvrent qu’en leur dedans, vers le dedans, telles des pieuses devant l’autel et des orantes devant la Face Divine, elles refusent l’au-dehors et le là-bas et l’horizon chargé de poussières, de nuages et d’aventures, elles refusent et elles savent: au milieu de chaque maison est un jardin. Les oiseaux y chantent. Au milieu des maisons sont les oiseaux: ils chantent. Même en leur absence, ils chantent.
Au milieu des jardins est une fontaine, est un bassin, est une source et un affleurement liquide et une nappe inquiète et suave: le ciel s’y baigne, mais ce n’est plus le ciel, et le soleil s’y baigne, qui n’est plus le soleil mais l’avant-goût d’une autre histoire. L’eau des fontaines, et des bassins, est bleue. Elle est bleue plus que le bleu.

Trois brèves légendes: troisième brève légende - 5