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- Chaque nuit, les crabes envahissaient mon ventre. Chaque jour, mon
ventre se faisait plage de sable froid où bataillaient les crabes.
Chaque nuit, je me recroquevillais et je grelottais dans le regret de
ma seule fenêtre ouverte. Toutes les nuits, les crabes crissaient
autour de la maison, leurs pinces crissaient sur le toit, le long des
murs, contre les pierres. Elles s’ouvraient et grinçaient et elles
se refermaient dans le frémir des antennes et le criaillement des
carapaces articulées. Puis voici que les crabes venaient à moi. Ils
étaient sur moi, ils progressaient sur moi, patte après patte, la
pointue après la plus pointue encore, et celle qui semble velue avec
celle qui est brisée, et ils entraient en moi: par la bouche, et
par les yeux, et par l’anus ainsi que par les narines, et par les
oreilles encore, et par les plaies de mes engelures, et celles de mes
lèvres gercées, ils entraient par leur bruit et leur odeur, par leur
répulsion et leur faim, ils pénétraient par leur rage et leur
terreur et leur horreur, par leur cliquetis d’animaux-presque-choses
et leur obstination de vivants à vivre – et ils se battaient dans
mon ventre froid. Chaque nuit. Et toutes.
- Il n’y a qu’ici que la nuit est la nuit. Il n’y a qu’ici qu’elle
honore chacun de ses serments.
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