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- - Le jour baisse.
- - Peut-être il meurt.
- - Il cède - mais ce n'est pas à la nuit qu'il cède.
- - Comme sous l'effet de son intérieure pression, il cède: comme la
cruche mal cuite: elle cède aussitôt sous le poids en elle du
liquide versé. Or qui boit le liquide ainsi répandu, la bouche
ouverte au rebord de la table?
- - Comme le corps, à la fin, recru, il se rend à la terre, et
l'herbe aux durs matins d'hiver, sous la glace en croûtes, elle se
rend à l'hiver, ainsi il cède et ce qui le suit et le chasse n'est
pas la nuit, mais l'obscurité seulement, et rougeâtre,
l'étouffement et l'assombrissement et la reddition.
- - Une lassitude d'elle-même lasse...
- - Ainsi qu'une très longue fièvre: encore, après la très forte
fièvre, un accès de fièvre très forte, puis un plus doux, puis
adouci - mais cela ne cesse pas: la guérison échappe et elle fuit.
- - Pas même la nuit à attendre.
- - Rien à attendre.
- - Rien espéré ni souhaitable: une perpétuation et une
perpétration sans fin.
- - Remettons-nous en route: l'orage approche et c'est lui,
peut-être, qui rend notre guet inquiet: la dague enfin de l'éclair,
peut-être, quand elle trouera cette outre que fait le ciel durci
au-dessus de nous, peut-être il en échappera l'eau fraîche dont
laver ce jour qui ne respire pas? Il nous faut rentrer, commère - il
faut rentrer, et relaver le linge par la pluie sale bientôt souillé,
et raviver le feu qui se sera éteint en feulant.
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