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- (Peut-être est-ce le vent qu'on entend, le vent venu de ville par
exemple, avec en lui les bruits de ville comme un colporteur sur son
dos transporte sa boutique, bruits de foules et de gens seuls, bruits
de choses en foules et de vent seul, le vent de ville charriant la
rumeur de ville: charrois et chaises à porteur, portes qui claquent
et fontaines, marchands marchandant en plein vent - ou peut-être
est-ce vent venu d'ailleurs, vent de désert et de forêt, vent de
fleuve encore et de ruisseaux, vent grinçant comme noria et
entrechoqué encore ainsi qu'un arbre violent sous le vent violent, et
vent même de mer, avec le mât dans le vent qu'il cogne et les
vergues dans le vent qu'elles lient et nouent - et peut-être est-ce
aussi: vent de colline, seulement, vent d'ici seulement, répercutant
les bruits d'ici: celui des croix qui grincent sous leur propre poids,
celui de la roche au pied des croix, et les soupirs des gens ici en
affliction, avec encore et aussi le cri d'un oiseau égaré ici. Et
peut-être encore n'y a-t-il pas de vent ici, mais son attente
seulement, et son désir et son absence. On entend:
Tiu-tiu-toutoutourlouït, avec comme un choc à l'en-dessous de ce
cri. On entend - et l'on cherche l'origine de ce cri qui peut-être
est un chant.
- Et l'on ne voit rien.
- On ne voit pas d'oiseau.
- On ne sent pas de vent.
- Or le ciel est rouge et bas et lourd. Et on ne sent pas de vent. Et
il n'y a pas d'oiseau.)
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