(Peut-être est-ce le vent qu'on entend, le vent venu de ville par exemple, avec en lui les bruits de ville comme un colporteur sur son dos transporte sa boutique, bruits de foules et de gens seuls, bruits de choses en foules et de vent seul, le vent de ville charriant la rumeur de ville: charrois et chaises à porteur, portes qui claquent et fontaines, marchands marchandant en plein vent - ou peut-être est-ce vent venu d'ailleurs, vent de désert et de forêt, vent de fleuve encore et de ruisseaux, vent grinçant comme noria et entrechoqué encore ainsi qu'un arbre violent sous le vent violent, et vent même de mer, avec le mât dans le vent qu'il cogne et les vergues dans le vent qu'elles lient et nouent - et peut-être est-ce aussi: vent de colline, seulement, vent d'ici seulement, répercutant les bruits d'ici: celui des croix qui grincent sous leur propre poids, celui de la roche au pied des croix, et les soupirs des gens ici en affliction, avec encore et aussi le cri d'un oiseau égaré ici. Et peut-être encore n'y a-t-il pas de vent ici, mais son attente seulement, et son désir et son absence. On entend: Tiu-tiu-toutoutourlouït, avec comme un choc à l'en-dessous de ce cri. On entend - et l'on cherche l'origine de ce cri qui peut-être est un chant.
Et l'on ne voit rien.
On ne voit pas d'oiseau.
On ne sent pas de vent.
Or le ciel est rouge et bas et lourd. Et on ne sent pas de vent. Et il n'y a pas d'oiseau.)

Trois sentinelles: troisième sentinelle - 11