The Rock
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Un
vieil homme assoupi
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Les deux mondes sont endormis,
Voici qu'ils dorment maintenant.
Une léthargie les possède
Ainsi qu'une solennité.
Ce que l'on est et puis la terre —
Tes pensées et tes émotions,
Ce que tu crois et ne crois pas,
Tout ton lopin singulier;
Tes marronniers dans la rougeur
De leur rougeâtre, la rivière
Dans son mouvement, mouvement
Engourdi de la rivière R.
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Les
falaises irlandaises de Moher
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Qui est mon père dans ce monde, sous ce
toit,
À la base de l'esprit ?
Le père de mon père, et son père à lui, son —
Des ombres remontent, vents,
Vers un parent d'avant penser, d'avant parler,
À la tête du passé.
Elles vont vers Moher qui lève ses falaises
Dans la brume, hors du réel,
Qui les lève du temps et de l'endroit présents,
Hors de l'herbe humide et verte.
Nul paysage ici, plein du somnambulesque
De poésie et de mer.
Ceci, c'est mon père ou bien, peut-être, que c'est
Ceci qu'il aura été,
Un air de famille, un de la race des pères:
La terre et la mer et l'air. |
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Le
sens ordinaire des choses
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On en revient, après que sont tombées les
feuilles,
À un sens ordinaire des choses. C'est comme
Si nous avions atteint, dans l'imagination,
Un terme, inanimés en un *savoir* inerte.
Il devient même ardu de choisir l'adjectif
Pour ce froid vacant, cette tristesse sans cause.
L'ample structure est maintenant maison mineure.
Aucun turban n'arpente les sols dépréciés.
Comme jamais, la serre a besoin qu'on la peigne.
La cheminée penche d'un bord, cinquantenaire.
Un fantastique effort vient d'échouer, redite
Dans le répétitif des hommes et des mouches.
Pourtant l'absence de l'imagination même
A dû être elle aussi imaginée. L'étang,
Le sens ordinaire qu'on en a, sans reflets,
Les feuilles, la boue, l'eau telle une vitre sale,
Exprimant un genre de silence, silence
D'un rat curieux, l'étang et son gâchis de lys,
Tout a dû être imaginé, à la manière
D'un entendement inévitable, exigé
De la façon qu'exige une nécessité.
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Un
des habitants de l'ouest
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Nos divinations,
Mécanismes d'un penser angélique,
Les agents de la prophétie,
Nous alertent plus vivement
Face à l'astre unique du soir
Et à son texte pastoral,
Lorsque les établissements
Du vent, de l'éclat et des nues
Patientent pour une arrivée,
De celui qui lit le texte,
Ce lecteur sans aucun corps,
Et le lit tranquillement:
«Atroces effigies de la Méduse,
Ces accents-là sont pour expliciter
La tombée scintillante de la nuit
Sur l'Europe, jusqu'à l'Alpe dernière,
Et sur l'Atlantique de millefeuilles.
Il ne s'agit pas ici de banlieues
Où feraient défaut des hommes de pierre
Dans un vesper-hâle bien enrosé
Qui leur soit en propre.
Je suis l'archange du soir et célèbre
Le brasier de cet astre.
Suppose qu'il y fût d'une goutte de sang…
Tant gît de ce qui est coupable
À l'en dessous de l'innocence
Des jours d'automne.» |
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Lebensweisheitspielerei
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Faiblissant, toujours plus faiblissant, le
soleil
S'affaisse sur l'après-midi. Les fiers, les forts
S'en sont allés.
Ceux qui restent relèvent de l'inaccompli
Du finalement humain,
Natifs d'une sphère étrécie.
Leur indigence est une indigence
Qui est indigence de la lumière,
Pâleur stellaire prise aux fils.
Et par degrés le dénuement
De l'espace automnal se change
En regard, en rares mots dits.
Chaque personne nous touche complètement
Par ce qu'elle est et par sa manière de l'être
Dans la grandeur croupie de l'annihilation.
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L'ermitage
au centre
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Les feuilles au macadam émettent un bruit
—
Combien douce est l'herbe sur quoi le désiré
Gît dans la température du paradis —
Comme des contes narrés au jour d'avant-hier —
Soyeuse dans une nudité naturelle,
Elle s'empresse auprès des tintinnabula —
Et le vent branle en grande chose trébuchante —
Des oiseaux convoqués par plus que le soleil,
Oiseaux d'un esprit plus piquant, qui substituent
—
Qui soudain est dissoute toute et disparue —
L'intelligibilité de leur gazouillis
À une pensée qui est inintelligible.
Et pourtant cette fin et ce début sont un,
Et un regard dernier aux canards est de voir
Autour d'elle un anneau d'enfants luminescents. |
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La
plante verte
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Le silence est une forme qui a passé.
Les roses-lion d'o-toubre, les voici papier.
Les ombres des arbres sont comme
Des naufrages de parapluies.
Il n'est rien désormais que puisse encore
dire
Le vocabulaire suranné de l'été.
Et le brun au bas bout du rouge,
L'orange tout au fond du jaune
Sont les falsifications
D'un soleil issu d'un miroir,
Sans chaleur, d'une secondarité constante,
Une virage plongeant vers la finalité —
Sauf qu'une plante verte irradie, quand tu
vois
La légende de la forêt olive et mauve
Irradie, hors de la légende, en vert barbare
De la réalité âpre à quoi elle a part.
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*Madame
La Fleurie*
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Avec les grands poids de la fin, ô astres
biais, pesez, appesez-le.
Scellez l'y. À voir dans un miroir de la terre, il crut qu'il y vivait.
Voici qu'il porte tout ce qu'il vit de la terre, à la mère en attente.
Son savoir net et clair est dévoré par elle, en dessous la rosée.
Appesez-le, pesez, appesez-le de l'endormissement de lune.
Ce fut un miroir car il y vit, rien de plus – rien qu'on eût pu lui
dire;
Un langage qu'il parla, car il le devait, sans pourtant qu'il le sût.
Ce fut une page qu'il avait trouvée au précis du crève-cœur.
Les fugato noirs vont tambourinant les ténèbres de la noirceur…
Les gutturales à fleuron sont balbutiées par les cordes touffues.
Il ne gît pas là à se remémorer disons le geai bleu, le geai.
Il souffre de ce que sa mère se nourrit de lui et ce qu'il vit,
Dans cette chambre au loin, reine barbue, mauvaise dans sa lueur morte. |
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Pour
un vieux philosophe à Rome
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Au seuil des cieux, les figures des rues
deviennent
Les figures des cieux, l'auguste mouvement
D'hommes qui vont décroissant au fil de l'espace,
Chantant, à voix qui vont décroissant, décroissant,
Absolution inintelligible, une fin -
Le seuil, Rome, et cette autre, plus
clémente Rome
Au-delà, l'une et l'autre égales au creuset
De l'esprit. Comme si, dans la grandeur d'un homme,
Deux parallèles ne formaient plus qu'une seule,
Une perspective à laquelle tous les hommes
Appartenaient, dans l'empan comme dans la lieue.
Combien facilement les bannières bouffantes
Se transforment en ailes... Les choses obscures
Aux horizons de la perception deviennent
Accompagnements de fortune, mais fortune
De l'esprit, par-delà l'oeil, non de cette sphère,
Sans pourtant qu'elles se trouvent trop au-delà,
Dans la plus grande portée de l'esprit, la
fin
Humaine, l'extrême du connu en présence
De l'extrême de l'inconnu. Le bruissement
Des crieurs de journaux devient un murmure autre
Et l'odeur du remède, arôme à préserver...
Le lit, les livres, le fauteuil, les
religieuses
En mouvement, cette chandelle qui élude
Le regard, telles sont les sources du bonheur
Sous la forme de Rome, une forme comprise
Dans les cercles anciens des formes, elles-mêmes
Sous l'ombre d'une forme en une confusion
Sur le lit et les livres; et sur le fauteuil,
D'un présage; sur les soeurs, d'une transparence
En mouvement; d'une lueur, dans la chandelle
S'arrachant à la mèche pour aller rejoindre
Une excellence en suspens, échappant au feu
Pour n'être qu'à cela dont le feu est
symbole:
Le céleste possible. Parle à l'oreiller
Comme s'il était toi. Forme-toi l'orateur,
Mais d'une langue exacte et sans nulle éloquence,
De la pitié qui est mémorial de la chambre,
Ô somnolent, pour que nous puissions éprouver
Dans ce vaste éclairé, le petit véritable,
Que chacun de nous puisse en toi se contempler,
Chacun entende sa propre voix dans la tienne,
Toi, maître, toi, homme de commisération,
Pris tout entier par tes paillettes d'outre-faire,
Par tes demi-sommeils au profond de l'éveil,
Par la chaleur du lit, au rebord de la chaise,
Vivant, mais en deux mondes vif, impénitent
Quant à l'un, quant à l'autre, le plus pénitent,
Impatient de la grandeur dont tu as besoin
Dans un dénuement si vaste, et ne la
trouvant
Que dans le dénuement, dans la ruine vatique,
La poésie profonde du pauvre et du mort,
Comme en l'ultime goutte du plus secret sang
Qui s'échappe du coeur et qui s'offre au regard,
Voire le sang de tout un empire, peut-être,
Pour qui réside aux cieux, bien qu'il demeure à Rome.
De toutes, c'est la parole du dénuement
Qui nous requiert le plus, elle qui est plus vieille
Que la plus ancienne parole de Rome.
Tel est l'accent tragique de la scène. Et toi —
Tu es celui qui le profères, sans parole;
Les syllabes les plus altières au milieu
Des plus altières choses; seul invulnérable
Au milieu de capitaines frustes; tu es,
Si tu veux, la majesté nue de ces arcades
À nids et de ces voûtes maculées de pluie.
Les rumeurs s'insinuent. Les édifices sont
Remémorés. Jamais la vie de la cité
Ne fait relâche et jamais ne le souhaites-tu.
Elle est un élément de la vie de ta chambre.
Ses dômes sont l'architecture de ton lit.
Les cloches vont redisant des noms solennels
En choeurs et en chorales de choeurs, peu
enclins
À accepter que la pitié soit un mystère
Du silence, ou que la solitude des sens
Te donne plus que leurs accords particuliers,
Leurs réverbérations cramponnées au murmure.
À la fin, c'est un genre de grandeur totale,
Où tout le visible se trouve élargi, sans
Être autre qu'une chaise, qu'un lit, que des soeurs
En mouvement, le théâtre le plus immense,
Le porche à colonnade, la bougie, le livre
Dans l'ambre de ta chambre, la grandeur totale
D'un total édifice qu'a choisi pour soi
Un inquisiteur de structures. Sur ce seuil,
Il pause, comme si le dessein de ses mots
Prenait corps, recevait, du fait de la pensée,
Son cadre et se trouvait soudain réalisé.
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Vacance
dans le parc
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Mars... Quelqu'un a marché sur la neige,
quelqu'un
À la recherche d'il ne savait pas trop quoi.
C'est ainsi qu'un bateau qui vient de
s'éloigner
D'un rivage, la nuit, avant de disparaître.
Ainsi qu'une guitare laissée sur la table
Par une femme qui l'a ensuite oubliée.
C'est ainsi que l'émotion que ressent un
homme
Revenu revoir une certaine maison.
Dans la tonnelle rustique les quatre vents
Soufflent au-dessous de ses matelas de vignes.
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Le
poème qui prit l'emplacement d'une montagne
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Il était campé là, mot pour mot, le poème
Qui avait pris l'emplacement d'une montagne.
Même avec le livre retourné sur sa table
Dans la poussière, il en respirait l'oxygène.
Il lui rappelait la force de son besoin
D'un emplacement où aller selon son but,
Comment il y avait recomposé les pins,
Bougé les rocs, creusé sa voie parmi les nues,
À la recherche du juste panorama,
Dans lequel il atteindrait au complet de soi
Dans une complétion sans une explication:
Le roc exact duquel ses inexactitudes
Découvriraient, à la fin, la vue vers laquelle
Elles s'étaient insinuées, où il pourrait
S'étendre et, ses yeux fixés sur la mer au bas,
Reconnaître sa seule demeure esseulée. |
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Deux
illustrations de ce que le monde est ce que l'on en fait |
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I
La constante disquisition du vent
Le ciel semblait si maigre en ce jour-là d'hiver,
Jour crasseux sur un monde dépourvu de vie,
Contracté à la façon d'un fétu flétri.
Ce n'était l'ombre du nuage ni du froid,
Mais l'impression de la distance du soleil —
L'ombre d'une impression que l'homme avait en propre,
Dans la connaissance que le jour effectif
Était bien moindre encore. Seul le vent semblait
Et vaste et sonore et puissant et élevé.
Et tandis qu'il pensait au sein de la pensée
Du vent, dans l'ignorance que cette pensée
N'était pas sa pensée, ni celle de quiconque,
L'image la plus appropriée de lui-même,
Ainsi formée, devint lui-même; il inhala
Pour la sienne l'haleine d'une nature autre,
Mais d'elle seulement l'haleine d'un moment,
À l'extérieur et par-delà le jour crasseux,
Qui jamais ne pourrait qu'elle soit animale,
Une nature encore démunie de forme,
Hors celle qu'il avait — peut-être bien, la sienne,
Dans l'inactivité violente d'un dimanche.
II
Le monde est plus vaste en été
Il laissa une épaule et une demi-tête
Par quoi se reconnaître dans l'après du temps.
Ces marbres qui jonchaient l'herbe se délabrèrent
Quand c'en fut fait de l'été, quand le changement
De l'été et du soleil, la vie de l'été
Et du soleil, eurent tout à fait disparu.
Il avait dit que chaque chose possédait
La puissance de se transformer ou, sinon,
Et c'était plus décisif, d'être transformée.
Il fit la découverte des teintes de lune
Dans un seul épicéa quand, soudain, cet arbre
Fut un éblouissement érigé dans l'air
Et que sur lui du bleu déboula du soleil,
Un bleu de baudequin, un bouffement de bleu,
Comme l'éclat du jour, à l'embellir du temps,
Dans l'été charnel érigé de tout son haut.
Le maître de l'épicéa, l'homme lui-même,
Connut la transformation. Pourtant, sa maîtrise
Ne laissait que des fragments, découverts dans l'herbe,
Issus de son projet, tel qu'enfin magnifié. |
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Prologues
à ce qui est possible |
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I
L'esprit éprouvait une aise pareille à ce
que c'est d'être seul dans un bateau en pleine mer,
Un bateau emporté par des vagues ressemblant à des rameurs au dos
brillant,
Qui empoignent fermement leur aviron, comme s'ils étaient sûrs de la
voie vers leur destination,
Qui se voûtent puis d'une traction sur les manches de bois se redressent,
Gainés d'eau et rutilants dans l'unanimité de leur mouvement.
Le bateau était bâti de pierres qui avaient perdu leur poids et dès
lors allégées
Ne conservaient en elles qu'une brillance, d'origine inaccoutumée,
De sorte que celui qui se tenait debout dans le bateau incliné et les
yeux d'avant,
Ne filait pas à la manière d'un voyageur en partance pour l'en dehors et
l'au-delà du familier.
Il appartenait au départ plus qu'étranger de son vaisseau et il en
était élément,
Un élément du spéculum du feu à sa proue, son symbole, quoi que ce
pût être,
Un élément des flancs vitreux sur quoi la nef voguait au travers d'une
eau tavelée de sel,
Tandis qu'il voyageait en solitaire, à la façon d'un homme alléché
d'une syllabe dépourvue d'aucune signification,
Une syllabe dont il pressentait, avec une résolution appointée,
Qu'elle renfermait la signification dans laquelle il voulait pénétrer,
Une signification qui, comme il y pénétrerait, pulvériserait le bateau
et laisserait en paix les rameurs
Comme en un point d'arrivée centrale, un moment instantané, essentiel ou
futile,
Détaché de toute grève, détaché d'homme et de femme, et sans besoin
d'aucun.
II
La métaphore attisa sa crainte. L'objet à l'aune duquel il était
comparé
Se tenait au-delà de son acceptation. Par là il sut que cette figuration
de lui-même
Ne s'étendait que jusque là, sans plus, à moins qu'entre lui-même
Et les choses au-delà de la ressemblance ne se tînt tel ou tel objet
déterminé à se faire accepter,
Le ci et ça enclos aux palissades des hypothèses
Sur lesquelles les hommes spéculaient en été dans une semi-somnolence.
Quelle âme, par exemple, renfermait-il qui n'avait pas encore été
déliée,
Feulant en lui d'être découverte alors que se déployaient ses
attentions,
Comme si toutes ses lumières héréditaires se trouvaient soudain accrues
D'une fièvre de couleur, une vacillation neuve, inobservée, vague,
La plus infime lampe, qui ajoutait son vigoureux à-coup, à quoi il
conféra
Un nom et un privilège sur l'ordinaire de son lieu commun -
Un à-coup qui s'ajouta à ce qui était réel et à son vocabulaire,
À la manière dont quelque initiale chose immiscée entre les arbres
septentrionaux
Leur ajoute le vocabulaire entier du sud,
À la manière dont la première lumière distincte dans le ciel du soir,
au printemps
Crée du néant un univers neuf par l'ajout qu'elle y fait de soi,
À la manière dont un regard ou un toucher révèle ses magnitudes
inattendues. |
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Voyant
à travers champs les oiseaux qui s'envolent
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Parmi les plus irritantes idées mineures
De M. Homburg quand il revenait chez lui
À Concorde, au rebord des choses, celle-ci:
Penser à terme l'herbe, les arbres, les
nues,
Non pas les transformer en aucune autre chose,
Ce n'est que ce que fait le soleil chaque jour.
À moins que nous ne disions que peut-être
existe
Une nature pensive, une mécanique
D'operandum vaguement détestable, libre
Du spectre d'homme, plus vaste mais y
ressemblant
Un peu, sans sa littérature et sans ses dieux...
Nul doute que nous vivons par-delà nous-mêmes
Dans l'air, cet élément qui ne fait pas si
bien
Pour nous ce que nous-mêmes nous faisons, trop large,
Planifié ni pour l'imagerie ni la foi,
Sans nul rapport avec les mythes masculins
Que nous avions coutume de nous fabriquer,
Cette transparence que trame l'hirondelle,
Dépourvue de forme et de conscience de
forme,
Ce que nous connaissons dans ce que nous voyons,
Ce que nous sentons dans ce que nous entendons,
Ce que nous sommes, par-delà la controverse
Mystique, dans le chahut des intégrations
Issues du ciel, et ce que nous pensons, ce souffle
Pareil au vent, part mouvante d'un mouvement,
Une découverte part d'une découverte,
Un changement part d'un changement, un partage
D'une couleur dont on est aussi une part.
L'après-midi est visiblement une source,
Tout à la fois trop étendue et irisée
Pour être plus que calme, ressemblant par
trop
Au fait de penser pour être moins que pensée,
Parent très obscur et très obscur patriarche,
Majesté quotidienne de méditation,
Qui vient et va dans des silences de son cru.
Nous pensons alors ainsi que le soleil brille
Ou non. Nous pensons ainsi que le vent
effleure
Une mare au champ ou nous mettons un manteau
Sur nos mots car ce même vent, en s'élevant
Et s'élevant toujours, produit un son pareil
À l'assourdissement de l'hiver à sa fin.
Un neuf érudit qui en remplace un ancien
Réfléchit un moment à cette fantasia.
Il est en quête d'un humain dont on pourrait
Rendre compte. L'esprit provient du corps du monde,
Ou du moins le pensait M. Homburg: le corps
D'un monde dont les lois tranchées ont pour effet
Une affectation de l'esprit, le maniérisme
De la nature pris dans un verre, y changeant
Alors en maniérisme de l'esprit, un verre
Foisonnant d'objets allant aussi loin qu'ils peuvent.
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Chanson
d'accord immuable
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Rou-cou déclara la colombe,
Comme le doux sieur du chagrin,
Du doux d'amour et son chagrin,
Et aubade en salut aubain
À ce matin.
Elle était juchée sur le toit,
Douchée d'un rien d'aile et doloir,
Et là elle rou-ait dans l'air,
Pipant bas parmi les soleils
Dans leur flamboiement ordinaire,
Soleil de cinq, soleil de six,
Dans leur caractère ordinaire,
Et l'ordinaire aussi de sept,
Qu'elle acceptait à la façon
D'un ciel immuable, sujette
À rien qui soit de changement…
Du jour l'invisible novice,
Le sieur d'amour et doux chagrin,
Qui s'était juché sur le toit,
La chambardait avec délices. |
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Le
monde comme méditation
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*J'ai passé trop de
temps à travailler mon violon, à voyager. Mais l'exercice essentiel
du compositeur — la méditation —
rien ne l'a jamais suspendu en moi... Je vis un rêve permanent, qui
ne s'arrête ni nuit ni jour.
Georges Enesco*
Est-ce Ulysse qui s'approche par l'orient,
L'aventurier interminable? Tous les arbres
Sont émondés. Cet hiver-là est déblayé.
Sur l'horizon quelqu'un se déplace et
s'élève
Au-dessus de sa ligne. Une forme de feu
Vient, s'approche des cretonnes de Pénélope,
Dont la seule présence féroce réveille
Le monde où elle réside. Elle a composé,
Un long temps, ce qu'elle est avec quoi l'accueillir,
Compagne de cela qu'il est pour elle, qu'elle
A imaginé, deux êtres dans un abri
Profondément fondé, l'ami et tendre ami.
Les arbres ont été émondés, en manière
D'exercice essentiel d'une méditation
Inhumaine, plus vaste que la sienne. Au soir,
Aucun vent ne l'a gardée comme eût fait un
chien.
Elle ne voulait rien qu'il ne pût lui porter
Par sa seule venue. Elle ne voulait rien
De recherché. Ses bras lui seraient son
collier
Et son ceinturon, seraient l'ultime fortune
De leur désir. Mais était-ce vraiment Ulysse?
Ou bien n'était-ce que la chaleur du soleil
Sur son coussin? La pensée en battait en elle,
Comme un coeur. Les deux battaient d'unisson. C'était
Le jour, rien que le jour. C'était et ce
n'était
Pas Ulysse. Pourtant, ils s'étaient rencontrés,
Ami et tendre ami, et encouragement
De toute une planète. La force barbare
Qui l'habitait ne viendrait jamais à faillir.
Elle se parlait un peu, peignant ses cheveux,
En répétant ce nom aux syllabes patientes,
En n'oubliant jamais celui qui s'en venait,
Qui s'approchait sans cesse, toujours plus prochain. |
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Longs
vers à pas de limace
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Cela ne fait vraiment guère de différence,
à soixante-dix ans
Bien plus que passés: où que l'on porte ses yeux, on a déjà été.
La fumée d'un feu de bois sourd entre les
arbres, puis se trouve aspirée
Vers le haut et se dissipe en volutes. Mais il en a souvent été ainsi.
Les arbres ont l'air d'être affublés de
noms tristes
Et de redire sans cesse et sans cesse une chose, la même et la même
Dans une espèce de tintamarre, parce qu'un
opposite, une contradiction
Les a enragés, les a rendus désireux de lui clore le bec.
Quel opposite? Serait-ce ce bout de jaune, ce
pan
De maison, qui fait croire que la maison rit;
Ou bien ces -essent-issant pré-personnages:
première mouche,
Comme comique infante des drapés tragiques,
Puérilité du forsythia, en foi qu'on rafle,
Fantôme et fabrications du magnolia nu?
... Vagabond, tout ceci n'est que la
préhistoire
De février. La vie, dans l'esprit, du poème
N'en est pas encore à son commencement. Toi,
Tu n'étais pas encore au monde quand les arbres
Étaient de cristal, et tu n'es toujours pas
né
Dans cet état d'éveil au-dedans d'un sommeil.
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Une
vie quiète et normale
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Y prenant place, il pensa que son lieu
n'était
Dans rien qu'il eût construit, si frêle, d'éclairage
Si chiche, et tellement sis dans l'ombre, et néant,
Tel, par exemple, un monde dont, comme la
neige,
Il fût devenu habitant, en vasselage
Des notions galantes de la part du froid.
C'était ici, ceci — le décor, la saison.
Ici dans sa maison, dans sa chambre et sa chaise,
La pensée la plus impassible s'étiolait
Et le coeur le plus chaud, le plus vieux, se
coupait
Aux notions galantes de la part du noir —
Tardifs et seuls tous deux, au-dessus des accords
Des grillons babillant, chacun, son bruit
unique.
Aucune furie dans les formes transcendantes.
Mais l'actuel de sa bougie flambait d'artifice. |
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Dernier
soliloque de l'amour intérieure
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Allume la première lumière du soir,
Comme dans une pièce où nous reposerions
Et, sans grande raison, viendrions à penser
Que le monde imaginé est le bien ultime.
Ceci est donc le plus intense rendez-vous.
C'est dans cette pensée que nous pouvons alors
Hors de toutes les indifférences, cueillir
Ce que nous sommes au creux d'une seule chose:
Au-dedans d'une chose unique, un châle
unique
Noué sur nous au plus étroit, puisque nous sommes
Pauvres, une tiédeur, une luminescence,
Une force, l'influence miraculeuse.
Ici, maintenant, nous nous oublions l'un
l'autre
Et oublions qui nous sommes. Nous éprouvons
L'obscurité d'un ordre, une totalité,
Un savoir, ce dont le rendez-vous procéda,
Au-dedans de ces confins vitaux, dans
l'esprit.
Nous disons Dieu et l'imagination sont un...
Quelle immense lueur cette chandelle immense
Projette dans les profondeurs de la noirceur...
Avec ce même éclat, avec l'esprit central,
Nous établissons alors une résidence
Au sein de l'air du soir, où il est suffisant
Que nous soyons et que nous y soyons ensemble.
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Le
roc
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I
Soixante-dix
ans plus tard
C'est illusion que nous fûmes
jamais en vie,
Vécûmes aux maisons des mères, disposâmes
Qui nous étions au moyen de nos mouvements
Dans une liberté d'air.
Arrête-toi sur
La liberté d'il y a soixante-dix ans.
Elle n'est plus de l'air. Si les maisons sont là,
Encore, c'est rigides en vide
rigide.
Nos ombres et leurs ombres même, rien ne reste.
Les vies que dans l'esprit elles ont vécues touchent
À leur fin. Jamais elles n'ont
été... Les sons
De la guitare ont et n'ont pas été. Absurde.
Les mots dits ont et n'ont pas été. N'y point croire.
Le rendez-vous de midi, au
rebord du champ,
Paraît une invention, étreinte d'un lourdaud
Sans espoir par un autre, dans une conscience
Fantasque, en bizarre assertion
d'humanité:
Théorème proposé entre ces deux-là —
Deux figures inscrites dans une nature
De soleil, dans la conception
que le soleil
Se fait de son bonheur, comme si le néant
Recelait un métier, une assomption vitale,
Une impermanence dans son froid
permanent,
Une illusion désirée tant qu'un vert feuillage
Vint couvrir le haut roc, que les lilas s'en vinrent
Fleurir, ainsi qu'une cécité
nettoyée
S'exclamant regard vif, à sa satisfaction
Dans la naissance du regard. Les floraisons
Et le musc étaient vivre,
étaient l'être vivant
Vivant incessamment, particularités
De l'être qui est, cet univers grossier là.
II
Le poème en
tant qu'icône
Couvrir le roc de feuilles ne
saurait suffire.
Il nous faut en guérir, soit que le sol lui-même
Soit guéri, soit que nous soyons guéris nous-mêmes
Par une cure égale à la cure
du sol
Par-delà l'atteinte de l'oubli. Mais les feuilles,
Si elles en venaient à passer en bourgeons
Et à passer en fleurs et à
passer en fruits,
Et si nous mangions l'incipit des coloris
De leur fraîche cueille, pourraient être une cure
Du sol. La fiction des feuilles
est l'icône
Du poème, la présentation figurée
De la félicité, et l'icône, c'est l'homme.
Le chapelet perlé du printemps,
la couronne
Magne de l'été, la mantille pour l'automne
Du temps, sa copie du soleil, couvrent le roc.
Ces feuilles sont le poème,
l'icône et l'homme.
Elles sont une cure et du sol et de nous,
Dans le prédicat qui veut qu'il n'y ait rien d'autre.
Elles ont bourgeons, fleurs et
fruits, sans changement.
Elles sont plus que feuilles couvrant le roc nu.
D'elles provient le bourgeon de l'oeil le plus blanc,
La pousse la plus pâle, sens
neufs apportés
Par les engendrements des sens, le désir d'être
Aux confins des distances, le corps ravivé
Et l'esprit en racine. Elles
éclosent comme
Un homme aime, comme un homme vit en amour.
Elles passent en fruit pour que l'année soit sue,
Comme si sa compréhension avait
peau brune,
Et le miel dans sa pulpe, et le final trouvé
Et la profusion de l'année et du monde.
Dans ce profus, le poème
impartit au roc
Ses sens, mouvements si mêlés, images telles,
Que sa nudité se transforme en mille choses
Et de ce fait n'existe plus.
Telle est la cure
Des feuilles et du sol et de ce que nous sommes.
Ses mots sont tout à la fois et l'icône et l'homme.
III
Formes du
roc dans un hymne de nuit
Il est, le roc, la
particularité grise
De la vie d'homme, il est le rocher sur lequel
Il s'élève hisse-et-ho, le degré qui l'amène
Vers les profondeurs plus mornes
de ses descentes...
Il est, le roc, la particularité âpre
De l'air, le miroir des planètes, une à une,
Mais dans l'oeil d'homme, leur
silencieux rhapsode,
Roc est turquoise, au soir détestable brillant
D'une rougeur qui s'enlise aux rêves mauvais,
La justesse ardue du jour à
demi levé.
Il est, le roc, l'habitation du tout, sa force
Et sa mesure, ce qui est proche, point A
Dans une perspective qui reprend
en B:
L'origine de la pelure de la mangue.
C'est sur le roc qu'il faut au tranquille alléguer
Ce qu'il est de tranquille, la
vigueur des choses,
L'esprit, point de départ de l'humain et sa fin,
Cela en quoi l'espace lui-même est compris,
Le portique qui mène à
l'enceinte, le jour,
Les choses que le jour illumine, la nuit
Et cela que la nuit illumine, la nuit
Et ses parfums frappés du coin
de la minuit,
Et l'hymne que la nuit entonne quant au roc,
Comme au creux d'un sommeil plein de vivacité.
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L'église
de St Armurier vue de l'extérieur
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Saint Armurier fut jadis un succès immense,
D'une stature altière et de masse imposante;
Et reposer dans son enclos, dans la province
De Saint Armurier, vous établissait votre homme
À jamais dans le jour couleur de géranium.
Ce qui en reste a l'odeur d'étranger du plâtre
Et la senteur renfermée du foin. Sur l'autel,
Croît un sumac qui se hisse vers les lueurs,
Mais pris à l'intérieur. Des réverbérations
S'égouttent et s'absentent parmi les lézardes…
Sa chapelle surgit de *Terre Ensevelie*,
En braise d'un oui parmi ses cendres de nons,
Celui de cet homme: une chapelle d'haleine,
Une apparence qui se construit pour un signe
De sens au milieu de ce qui n'a pas de sens,
Non point la réflexion d'un flamboiement défunt,
Mais quelque chose vue avec un œil mystique,
Non point la vie en signe, mais bien la vie même,
La présence de l'intelligible au cœur même
De ce qui fut créé pour lui être symbole.
C'est comme un compte neuf de tout ce qui est vieux,
Matisse à Vence et infiniment plus que ça,
Un soleil à coloris neufs qui va bientôt,
Imaginons, faire que toute forme change
Et enduire d'hallucinations chaque feuille.
La chapelle surgit, la sienne, son époque,
Une civilisation à la forme issue
Du vide aux rebords, une syllabe sacrée
Surgie d'un dire saqué, la première auto
*En voyage* à émerger de quelque tunnel
Dans des terres aux fruits d'un rudement rubis,
Instituées non du seul désir, de la vente,
Et des choses mercantiles dont se bousculent,
Robustes payses d'un monde paysan,
Leurs intentions d'atteindre au sérieux au final —
Final pour celui-ci: cette prose acceptée,
Les perfections que le temps impartit rendues
À paraître moindres que le besoin échu
À chaque génération d'être ce qu'elle est,
Le besoin d'être telle et d'être qui elle est.
St Armurier n'a rien qui soit de ce présent,
De ce *vif *, de cet ébloui-ébaubissant
D'être le neuf et d'être dans le devenir,
Pour lesquels la chapelle dispose ses arches
Dans le vivace de son élément, dans l'air
De nouveauté de cet élément, dans un air
De fraîcheur, de clarté, de verdeur, de bleuté,
Lequel toujours commence avec ce qui débute
Parce que toujours il fait partie de cela
Qui commence toujours, et encore et encore.
La chapelle sous les murs de St Armurier
S'érige dans l'éclat, le sien, jour naturel,
Origine et substance de sa santé propre,
Celles aussi de celui qui y déambule,
Qui marche là et agit comme il vit et veut. |
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Note
sur le clair de lune
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Le seul vrai clair de lune, au soir de
couleur simple,
Tel un poète ordinaire dont l'esprit scrute
Le monotone de son univers divers,
Brille sur rien que l'objectivité des choses.
Et c'est à croire qu'être c'est être
observé,
À croire que, parmi les possibles visées
De ce qu'on voit, la visée qui survient d'abord,
La surface, est la visée qui doit être vue,
Le propre de la lune, cela qu'elle évoque.
C'est déceler l'essentielle présence, celle,
Par exemple, d'un mont, amplifié, exhaussé
Presque au rang de sens, un objet de moins; sinon
C'est déceler dans la figure qui attend
Sur la route un objet de plus, forme indécise,
Entre dos rond du fusilier et de l'amant,
Un geste dans le noir, une peur qu'on éprouve
Dans les vastes aperçus de l'air de la nuit,
Qui revêt cette forme, au milieu des branches
Paraissant précipités d'arbres de Saturne.
Cette quiétude alors, chaude, immense, où le temps
Ne change pas, est animée d'une puissance,
D'une vie inhérente, malgré la présence
De rien que la simple objectivité des choses,
Telle un pic de nuage au recoin d'un miroir,
Un changement de couleur parmi les pensées
Du poète ordinaire — la nuit, le silence
Perturbés par un bruit issu de l'intérieur,
Le seul vrai clair de lune, l'univers divers,
Si tendus dans la seule intention d'être
vus;
Visée peut-être vaine et absurde peut-être,
Mais visée tout du moins, visée toujours plus vive
Et certaine. Ah! Certaine, on peut en être sûr...
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La
planète sur la table
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Ariel était heureux d'avoir écrit ses
poèmes.
Ils relevaient d'un temps remémoré
Ou de quelque vue qui lui avait plu.
D'autres façons du soleil
N'étaient que friches et fouillis
Et l'arbrisseau mûr se crispait.
Son être et le soleil ne formaient qu'un
seul
Et ses poèmes, bien que façons de son être,
N'en étaient pas moins façons du soleil.
Leur survie n'avait aucune importance.
Ce qui comptait, c'était qu'ils comportassent
Quelque linéament, ou caractère,
Quelque affluence, même mi-perçue,
Dans le dénuement de leurs mots,
De la planète dont ils faisaient partie.
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Le
fleuve des fleuves au Connecticut
[NdT: cette
traduction est dédiée à Barbès-Rochechouart, Lady de Baskerville]
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Un grand fleuve coule, à ce bord-ci de
Stygie,
Avant qu'on en arrive aux cataractes noires
Et aux arbres sans rien de l'intellect des arbres.
Dans ce fleuve, au plus lointain des bords de Stygie,
Le simple flot de l'eau est gaieté, est éclair
Éclatant d'éclat dans le soleil. Sur ses rives,
Nulle ombre qui marche. Le fleuve est fatidique
Comme l'est l'ultime. Mais, ici, nul nocher,
Il ne pourrait s'arquer contre la force allante.
Ce n'est pas de le voir dessous les apparences
Qui le signale. Le clocher de Farmington
Reluit et Haddam étincelle qui oscille.
C'est le tiers communément, et le jour et l'air,
Abstraction locale, vigueur, curriculum…
Dis-le fleuve, encore une fois, flux innommé,
D'espace empli, reflet des saisons, légendaire
De chacun des sens, dis-le, toujours et encore,
Le fleuve allant vers nulle part, comme une mer. |
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Non
pas idées quant à la chose, mais la chose même
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En mars, dans le début de la fin de l'hiver,
Un cri émacié qui venait du dehors
Lui parut avoir été bruit dans son esprit.
Il savait qu'il l'avait entendu, que c'était
Un cri d'oiseau en plein jour, ou avant le jour,
Dans la bise qui soufflait au début de mars.
Le soleil, dont le lever était à six
heures,
N'était plus panache délabré sur la neige...
La provenance du cri était au-dehors.
Il n'était pas issu du grand ventriloquisme
Du papier mâché délavé du sommeil...
C'était de l'au-dehors que venait le soleil.
Le cri émacié, tout à l'heure — avait
été
Un choriste dont l'ut a précédé le chœur.
Et il faisait partie du soleil colossal,
Qui est environné de ses chœurs résonnant,
Encore très lointain. Il était tout pareil
À un nouveau savoir de la réalité.
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De
l'être, simplement
[Ce poème ne
fait pas partie des Collected Poems. Comme il semblerait que ce
soit le dernier que WS ait achevé, il a naturellement sa place à la fin
de mon parcours.]
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Le palmier, au bout de l'esprit,
Au-delà de la pensée dernière, s'élève
Dans le décor de bronze.
Un oiseau au plumage d'or
Chante dans le palmier, sans aucun sens humain,
Sans sentiment humain, sa chanson d'étranger.
Et tu sais alors que ce n'est pas la raison
Qui nous rend malheureux ou qui nous rend heureux.
L'oiseau chante. Ses plumes brillent.
Le palmier se tient sur le rebord de
l'espace.
Et lentement le vent s'émeut dans les ramures.
La plume au pli de flamme, éployée, balle, basse.
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