Le château de Madrid

 

Blessé et fait prisonnier le 24 février 1525 à la bataille de Pavie, François I° a été détenu à Madrid en Espagne. Le 14 janvier 1526, il signe avec Charles-Quint le traité de Madrid qui lui rend la liberté en échange de la Bourgogne et de son renoncement à l'Italie. Rentré à Paris, François I°, qui trouve le Louvre très inconfortable, décide en 1528 de construire un château d'agrément au bout du bois de Boulogne, entre le port de Neuilly et l'abbaye de Longchamp. L'emplacement de ce château correspond aujourd'hui, à Neuilly, à l'angle du boulevard du Commandant Charcot et du boulevard Richard Wallace, les jardins allant jusqu'à la rue du bois de Boulogne. D'abord appelé château de Boulogne, il prendra vite le nom de château de Madrid en souvenir de la captivité de François I°.

Construit à partir de 1529 par plusieurs architectes : Jérôme della Robia puis Philibert Delorme et enfin le jeune Jacques I Androuet du Cerceau (1510-1584), père de Jacques II à qui on doit entre autres le Pont-Neuf, ce château est composé d'un grand corps de bâtiment appuyé de plusieurs pavillons et flanqué de tours. Les murs des façades sont recouverts de faïence, émaillés en relief et de couleurs vives. Il y a aussi de grandes plaques émaillées sur cuivre, exécutées à Limoges, dont neuf sont aujourd'hui au musée de Cluny. C'est à cause de ces émaux que ce château a été surnommé : le château de Faïence. Il était à l'origine entouré de fossés qui furent, peu de temps après, remplacés par des murs.

Au début Henri IV aime venir à Madrid avec Mlle d'Entragues, la belle Gabrielle d'Estrée ou autre favorite, puis il s'en lasse et fait installer une magnanerie et planter 15.000 mûriers dans le bois pour nourrir les vers à soie ; par la suite il la supprime et donne Madrid à sa première femme Marguerite de Valois qui y demeure plusieurs années avec son aumônier Saint Vincent de Paul. Si Louis XIII vient souvent y chasser pendant sa jeunesse, il y vient peu par la suite sauf en 1636 où, pour éviter une épidémie, il s'y réfugie avec Anne d'Autriche. En 1656, on installe à Madrid une manufacture de bas de soie qui comptera 79 compagnons en 1672. Louis XIV n'y vient pas mais y loge des personnes de marque notamment Fleurian d'Armenonville, capitaine des gardes de la garenne du bois puis garde des sceaux. Quant à Louis XVI, il n'aime pas Madrid et songe en 1788 à le vendre.

Vendu comme bien national le 27 mars 1793 au sieur Leroy, celui-ci fait démolir le château pour tirer profit de chaque élément ; mais Madrid était si solidement construit que les frais de démolition dépassèrent la valeur des matériaux. A cause de cet acte de vandalisme dicté par l'appât aveugle du gain, la France a perdu un des plus beaux chefs d'oeuvre de la Renaissance.

© Hubert DEMORY

 

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