ISBN : 2351750039 |
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Lété 430. Genseric refusa de quitter lAfrique. La faible armée de Boniface perdit une bataille. Après cette victoire les troupes du roi vandale se répandirent dans les sept provinces fertiles africaines depuis Tanger jusquà Tripoli appelées «le grenier de Rome». Ils ne toléraient aucune résistance: la mort de lun des leurs était vengée par la destruction de la ville devant laquelle il avait perdu la vie. Etant particulièrement féroces et cruels, les Maures et les donatistes se vengeaient de leurs oppressions et de leurs persécutions. Après sa défaite, Boniface se retira dans la ville dHippone qui fut immédiatement assiégé par les Vandales. Son vieil ami Augustin, évêque de la ville, était malade. Consideré actuellement comme le premier grand philosophe chrétien, un des saint les plus estimés de lEglise catholique, il avait alors soixante-seize ans. Sa vie était remplie de réflexions et navait pas été exempte derreurs. Augustin était né à Tagaste en Afrique. Sa mère Monique avait été une chrétienne fervente et Patricius, son père, restait fidèle à la religion traditionnelle païenne. Les parents discutaient souvent de léducation de leur enfant et Patricius faisait tout afin que son fils reçoive une bonne formation. Augustin écrit dans ses «Confessions» quil menait dans sa jeunesse une vie qui mettait souvent au désespoir sa mère très pieuse. Marié tôt, après être devenu professeur de rhétorique, il adhère à la secte manichéene. Il habitent Rome et Milan. Mais après sa conversion à trente-deux ans, ses moeurs furent toujours pures et austères, il consacra sa vie à la lutte contre les hérésies de toutes les dénominations : des manichéens, des pélagiens, des donatistes et dautres. Le comte Boniface visite son ami malade. Couché dans son lit, lévêque dicte à son secrétaire. Son ami Possidius, évêque de Calama, est assis à ses cotés. Augustin regarde tristement le comte: - Mon fils, lAfrique est en flamme ! Ces hérétiques et incroyants font des atrocités inouïs. Seul la vraie foi peut sauver lhumanité. Je voudrais te conseiller ... La voix dAugustin faiblit. Un valet lui donne à boire. Boniface se pelotonne en attendant un conseil, impossible à refuser dun homme saint. - Je voudrais te conseiller de parler avec ta femme ... Surpris, le comte tressaillit. Lévêque le regarde attentivement dans les yeux : - Obtient de ta femme la permission de passer le reste de ta vie au service de Dieu. Elle peut partir pour lEspagne vivre avec ses riches parents. Les Vandales ne sont plus là. Pourquoi continuer les plaisirs charnels ? Si tu le fais, Dieu écoutera tes prières et te pardonnera tes fautes et tes pêchés. Tu pourras alors sauver lAfrique des Vandales. Boniface se redresse : - Non, je ne peux pas devenir moine ! Je dois commander mon armée et me battre contre les ennemis de lEmpire ! Sauver lAfrique ... lEspagne ... tout lEmpire. Augustin dit lentement mais dune voix haute : - Tu continueras à commander ton armée mais comme un vrai guerrier du Christ ! Tu pourrais devenir le grand fondateur de lEtat chrétien soutenu par lEglise militante. En voyant lexpression désemparée du visage de son ami, lévêque ninsiste plus : - Tu pensais peu à ces questions bien que nous en ayons déjà discuté. Afin de bien assimiler ces idées il faut lire et réfléchir sur chaque proposition. Je te donne mes oeuvres : plus de deux cents livres et traités sur différents sujets théologiques, une explication complète des Evangiles et des psaumes et dautres oeuvres. Boniface sexclame involontairement : - Mais je naurai pas le temps de lire tout ça ... Augustin fait une grimace comme sil avait une douleur aiguë. Le comte se mord la langue et regarde son ami avec compassion. Lévêque lui tend un livre : - Lis et laisse-le comme un souvenir de moi. Cest une version abrégée de la «Cité de Dieu» que jai adaptée pour toi. Il me reste peu de temps à vivre. Je te demandes de sauver avec mon ami Possidius tous mes livres et les transmettre au Pape. Viens parfois discuter avec moi. Peut-être, trouveras-tu encore la voix de Dieu. Augustin est mort le 28 août de 430 au troisième mois de siège. Ce siège dura quatorze mois. La ville était approvisionnée grâce à la voie maritime. Les environs étaient ravagés par les Vandales. Mais leur armée fut forcée par la famine de lever le siège. Lempereur Théodose envoya sur la demande de Placidia le général Aspar avec une armée et une flotte. Mais les forces réunies sous les ordre de Boniface ont été de nouveau vaincues par Geneseric. LAfrique était perdue. Les restes des troupes sembarquèrent avec précipitation et les habitants dHippone obtinrent la permission doccuper dans les vaisseaux les places des soldats tués ou faits prisonniers par les Vandales. Dans ces moments de désespoir et de panique, Boniface noublia pas son ami défunt. Tous les livres et oeuvres dAugustin furent sauvés. |
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